

Cette semaine politique a été riche en rebondissements et pour cause, elle a été dominée par la campagne du premier tour de la présidentielle anticipée. Nous allons regarder l'intro d'Yves Gaubert avant de retrouver mes deux camarades pour le débat de la semaine.
Caméra en plongée vers le plateau, Applaudissements du public.Bande annonce :
"Chers Frôceux, chères Frôceuses,
Je vous transmet par cette présente allocution télévisuelle ma décision de démissionner de mon poste de Président de la République. Cette décision fait suite à celle de la Cour Suprême prononcée aujourd'hui même. En effet, après avoir décidé que la nouvelle constitution prendrait immédiatement effet, la Justice est revenue sur son avis et a décidé de maintenir les effets de la précédente constitution [...]"
C'était il y a un peu plus d'une semaine, le 5 juillet 2013, coup de tonnerre dans la vie politique. Marc de St Imberb annonce sa démission et son retrait de la vie politique, alors que rien ne le présageait. Est-ce l'envie de faire un pied de nez à la Cour Suprême en claquant la porte? Une chose est sûre, les réactions ont été mitigées.
A gauche par exemple, on salue le départ d'un homme d'Etat au service des frôceux :
GEORGES MONTGOMERY : Marc de Saint-Imberb était un grand Président de la République
Du côté de l'opposition, la réaction n'a rien d'étonnante puisque le chef de l'UDR avait soutenu le St-Imberb avant son élection :
FRANÇOIS BERTRAND: Je regrette cette démission, elle parvient trop tôt
Le candidat de centre-droit semblait regretter la démission de l'ancien président, mais depuis il a décidé d'en être le successeur. Fausse compassion ou sincérité ?
Le Premier ministre, Thomas François, s'est voulu beaucoup moins sentimental, voulant apparaître droit dans ses bottes et soucieux de la continuité des institutions, il s'est contenté de réagir d'une façon sobre :
THOMAS FRANCOIS : J'ai donc appris aujourd'hui sa démission, je prends acte de sa décision, et la respecte [...] Le chemin parcourus ne doit pas être interrompus, c'est pourquoi j'assure à tous les Frôceux et les Frôceuses, que je mènerai jusqu'à la prochaine échéance électorale mon gouvernement nouvellement nommé. En aucun cas les conséquences d'une telle décision de la part du Président de la république ne doivent porter atteinte à la stabilité de notre pays
Le cœur du monde politique aspinois n'a pas arrêté de battre à l'annonce de cette démission. On a pu le voir, la démission de Marc de St-Imberb n'a pas empêché la lutte politique de reprendre avec autant de vigueur qu'avant. Les ambitions cachées se sont manifestées, profitant de l'échéance moins longue qu'impliquait cette élection anticipée.
Valentino Borgia, François Bertrand et Georges Montgomery, ce sont les noms des trois candidats déclarés.
Toute cette semaine, les trois prétendants au trône d'Anthelme n'en ont pas fini de s'échanger leur vision de la Frôce de demain tantôt en se crêpant les chignons tantôt en se complimentant avec complaisance. Ces derniers compteraient-il sur un report de voix en cas de passage au second tour ? C'est ce que nous allons demander ce soir à nos deux chroniqueurs fétiches, Xavier Kryptz-Herblain pour SRF infos et Hervé Gateau pour PAB Radio, et ça se passe dans Regards Croisés.

On va commencer par vous Hervé, vous vous attendiez à ce que Marc de St Imberb présente sa démission?

De plus, politiquement parlant, sa situation n'était pas tenable très longtemps. Soit il poursuivait et risquait de ternir son mandat, et donc l'efficacité de sa mission, jusqu'aux prochaines échéances, soit il s'arrêtait et partait avec un certain brio. On voit bien que sa démission a plu à son électorat et a séduit les opposants. Pour différentes raisons certes.
Marc de Saint Imberb a agi, et c'est suffisamment rare pour le souligner, avec intelligence dans cette histoire. Pas rare pour lui mais rare dans la classe politique en général. Nous sommes bien placés pour disserter sur les décisions plus ou moins cohérentes de nos dirigeants. Là pour le coup, il a bien agi.


Néanmoins, on peut penser que Saint-Imberb aurait sans doute animé un peu plus le gouvernement qu'actuellement. Je ne remet pas en doute ses qualités d'homme d'état.


HERVÉ GATEAU : Pour moi le Premier Ministre, de part la démission du Président, perd aussi de sa légitimité. C'est injuste mais c'est une réalité. Du coup, il se met peut être inconsciemment en retrait. Il avait déjà des difficultés à s'imposer, là, avec le changement de constitution, son rôle apparaît comme flou. Doit il attendre l'élection du prochain président ou se comporter comme le premier ministre de la précédente constitution ?
Déjà que le Premier Ministre semblait un peu perdu, ce qui est normal dans les premières semaines de prise de responsabilités, avec ce changement de constitution il ne sait plus quelle posture avoir.



Certes les militants ont répondu présent mais c'est resté, à mon avis, une campagne très "intime".



François Bertrand est la surprise de la campagne. Non pas qu'il ait révolutionner l'exercice de la campagne mais il s'est révél à nous comme un homme constant, rigoureux, présent, qualités que nous ne lui connaissions pas. De plus, il a su lui aussi surprendre en obtenant notamment le soutien de l'ancien Premier Ministre McGregor. Sa campagne ressemble, vous savez, à ces premières campagnes de candidats qui ont un avenir. Cela me fait justement pensé à la première campagne de Valentino Borgia : belle présence, beaux débats, bons arguments. Pourtant, cela reste insuffisant pour convaincre car, justement, cette première campagne ne suffit pas à efface le passif encore trop récent du candidat. Monsieur Bertrand a une réputation qui le précède : inconstant, taciturne, lunatique. Il pourra certainement un jour effacer ces reproches qu'on lui fait mais il faudra pour ça qu'il garde l'attitude qu'il a aujourd'hui pour longtemps encore.
Valentino Borgia lui est un peu l'intru. On se demande ce qu'il fait là. Quoi ? Un candidat libertarien qui veut devenir Président ? Le symbole même de l'Etatisme ? A cela, il répond qu'il veut justement confiner le rôle du président au strict minimum pour sauvegarder les pouvoirs du Parlement. C'est une posture dangereuse sauf que ! Oui sauf que la nouvelle constitution bien qu'ayant été adoptée l'a été qu'à une faible majorité, 56%, il mise sans doute sur les 44 autres pourcents pour passer au moins le premier tour.
Pourquoi, sauf qu'il apparaît comme l'empêcheur de tourner en rond, comme le réac qui ne veut pas que le système change. C'est étrange pour un libertarien. Pour autant, comme il se plait à le rappeler, Monsieur Borgia a un bon bilan en tant que premier ministre, même s'il n'en est pas le seul déclencheur et cela pourrait revenir à la mémoire des Frôceux.



George Montgomery, qualifié pour le second tour avec 35% des voix
François Bertrand qualifié pour le second tour avec 25% des voix
Valentino Borgia non qualifié avec 20% des fois.
Je pense à 20% d'abstention.


Par contre, avec Borgia aux manettes, malgré son annonce de conserver le premier ministre dans ses fonctions, cela risque d'être plus délicat. On connait la "haine" qu'ont les libertariens pour les centristes. A mon avis, si Borgia est Président alors il y aura sûrement de l'activité au sommet de l'Etat mais pas forcément dans le sens que l'on croit.
A mon avis, nous partons plutôt pour un renforcement de la coalition en place mais, et ce n'est pas paradoxal, pour un affaiblissement du premier ministre. Ce qui finalement est plutôt fidèle à la constitution récemment adoptée. Un président fort, un premier ministre comme second et un gouvernement à l'application, le parlement devant se contenter de valider les lois votées en conseil des ministres.

Les trois candidats se sont tous rendus aux bureaux de vote de leur circonscription ce dimanche et il n'y a rien de particulier à signaler jusqu'ici si ce n'est cette remarque pleine de sous-entendus d'un Valentino Borgia qui cache bien ses intentions. "Va où tu veux, meurs où tu dois!"
C'est quand même significatif non, cette phrase? La première partie a l'air de faire référence à la liberté et la deuxième à un frein à cette liberté. En gros, ça voudrait peut-être dire qu'il est des moments où, aussi libéral et libertarien que l'on puisse être, certains événements s'imposent à nous sans que l'on puisse y faire quelque chose. Vous en pensez quoi vous? Qu'est-ce que ça veut dire? Quel message Valentino Borgia a t-il voulu faire passer?

Pour autant, la seconde partie de la phrase sonne plutôt comme une "the end" pas forcément joyeuse. A mon avis, il anticipe son élimination au premier tour. "Meurs où tu dois" fait à mon avis référence à sa mort politique ici en Frôce. Il devait, selon lui, être en Frôce, il doit y mourir un peu.
Nous verrons si la suite nous donne raison.

Sans transition, nous allons tout de suite voir en duplex la réaction d'une personnalité politique de premier plan, Caroline Askalovitch, qui a tenu à réagir aux résultats du scrutin. Écoutons là.
A la fin de la réaction de la ministre, la caméra fait un zoom vers l'animateur :En duplexCAROLINE ASKALOVITCH : Ce sont des résultats relativement peu surprenants lorsqu'on connait le paysage politique actuel. La coalition centre/gauche actuellement majoritaire à l'Assemblée Nationale est un peu en recul si l'on considère George Montgomery comme le candidat de cette agrégation de partis, peut-être parce que ce candidat est trop marqué à gauche ce qui a vu un certain nombre d'électeurs centristes se déporter sur les deux autres candidatures. Monsieur Borgia qui est éliminé faisait un retour après un long moment d'absence, son score est tout à fait honorable mais il a du payer son silence radio des derniers mois... Quant à François Bertrand, il a fait une campagne honnête et je pense qu'il a les épaules pour devenir président de la République. Même si d'un point de vue programmatique, en se basant sur les positions de l'ADL, j'aurais plus tendu vers la candidature de Borgia, la personnalité et le parcours d'un homme comme Bertrand m'ont fait me porter sur son nom et je souhaite qu'il investisse Anthelme la semaine prochaine.
DELMAS : Oui nous venons de l'entendre, c'est une nouvelle assez surprenante, Caroline Askalovitch vient d'annoncer son soutien à François Bertrand alors que rien ne le laissait présager et après un long silence sur la présidentielle.
Arnaud Delmas semble gêné par son micro, il met un index sur son oreille droite.
DELMAS : Heu... On m'annonce en régie qu'un de nos journalistes a pu avoir la réaction de Vincent Valbonesi alors qu'il s'apprêtait à faire un déplacement en voiture. Voici les images.
Retour sur le plateau :En duplex
VINCENT VALBONESI - PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE : Ces résultats ne sont pas une surprise. Il fallait s’attendre à un gros score au premier tour du candidat de la gauche. Il n’y a rien d’étonnant. Cependant, je ne peux que saluer l’excellent score de François Bertrand, candidat seul et unique du rassemblement nécessaire à notre pays. Dépasser la barre des 30 % en ayant un candidat de droite, libertarien, ancien Premier ministre, comme concurrent, c’est une performance de très haut niveau. L’abstention reste importante mais il y a toujours plus de mobilisation pour le second tour

Xavier Kryptz-Herblain, Hervé Gateau, je vous remercie pour cette première de Regards Croisés, nous nous retrouvons la semaine prochaine
Se tournant vers la caméra :
D'ici là je vous retrouve demain pour le 13 heures avec Debora Da Silva, ministre RSLP de la coalition et soutien de Georges Montgomery. Nous allons également tenter d'avoir les réactions des personnalités politiques qui n'ont pas pu s'exprimer ce soir.
Bonne fin de soirée et à demain, nous allons écouter la réaction du candidat arrivé en tête puis nous passerons l'antenne.

« Mes chers compatriotes,
Ce soir, le peuple frôceux s’est exprimé. Il l’a fait avec clarté. En se rendant nombreux aux urnes, les frôceux ont exprimé leur volonté de ne laisser personne décider à leur place. En me plaçant largement en tête de ce premier tour et en plaçant M. Bertrand en deuxième position, ils ont marqué clairement leur souhait d’aller au bout du débat entre deux idées de la Nation, deux projets de société, deux systèmes de valeurs, deux conceptions de la politique. Aux six millions d’électeurs qui ont voté pour moi au premier tour parce qu’ils se sont reconnus dans les idées que j’ai exprimées, je veux dire merci du fond du cœur. Ils m’ont fait confiance. Je ferai tout pour être digne de cette confiance.
Comme je l’ai dit dans mon dernier meeting d’Aspen, il reste huit jours les amis, huit jours. Nous allons ensemble convaincre les frôceux indécis que le vote pour l’avenir, c’est le vote socialiste. Il n’est plus question aujourd’hui de revenir aux vieilles recettes du passé. Un projet politique neuf doit être construit et il doit être porté par une majorité. Je vous demande à toutes et à tous de m’aider pour construire cette majorité nécessaire pour remporter une victoire qui ne sera pas nôtre mais bien celle de la République. Le score de ce premier tour témoigne de la grande confiance que peut me témoigner le peuple de Frôce depuis déjà de nombreuses années. Ce premier tour était une étape. La victoire finale se décidera toute cette semaine. Le choix décisif pour les quatre prochaines devra être fait dimanche prochain.
Je dois beaucoup à la Frôce. Je lui dois tout. Et à mon tour je veux tout lui rendre. J’invite tous les frôceux de bonne volonté quelles que soient leurs origines, leurs croyances, leurs partis à s’unir à moi pour qu’ensemble nous puissions bâtir la Frôce dont nous rêvons.
Vive la République,
Vive la Frôce ! »