Par Valérie Kowl, journaliste indépendante
Le gouvernement nouveau est arrivé. Le dernier enfant de l'alliance PSD-RSE qui, comme on peut aisément l'imaginer, n'a pas du être aisée est né.
En comptant Belley, le PSD, vainqueur des dernières législatives, hérite de cinq ministères. Le RSE en possède donc trois. Décortiquons maintenant leurs fonctions à la loupe, en attendant la ligne de conduite de chaque ministère :
Le PSD a bien sûr obtenu les plus importants. L'économie et les Finances reviennent à Mr Pappa, un ministère difficile à tenir pour une personne qui n'a jamais possédé de fonction aussi importante. Le Travail et les Affaires sociales reviennent à Mr McGregor, directeur de campagne du PSD, qui a d'ailleurs commencé son travail. La Justice et les Institutions restent entre les mains de Mr Fontaine. Enfin, le ministère de l'Environnement, de l'Energie et des Transports sera conduit par Mr de St Imberb, commençant vraisemblablement à monter en grade.
Le RSE a, de son côté, obtenu le ministère d’État, des Affaires Étrangères et de la Défense, avec à sa tête Mme Gasparini. Mr Rolland conduira, lui, le ministère de l’Education, de la Santé, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. Mr Cypher a obtenu l'Intérieur, la Culture et les Sports.
Quelque chose de frappant est l’absence de fonctions économiques pour le RSE. Le PSD a vraisemblablement refusé de céder le Travail, l'Economie et les Finances. Le parti démocrate a donc mis les points sur les "i" : pas de fonctions économiques pour le RSE. Après tout, le PSD était libre de former le gouvernement qu'il désirait. Autre point curieux : le Rassemblement Socialiste et Ecologiste n'est pas aux commandes de l'Environnement. Nous pouvons dès à présent nous interroger : volonté du PSD de prendre irrémédiablement la place du Rassemblement, déjà affaibli à ce sujet, au niveau de l'Ecologie ? Ou bien volonté du RSE, préférant s'affirmer à d'autres niveaux ? Peu importe, donner l'environnement au RSE aurait été illégitime.
On attends du côté du ministère de Mr Fontaine la grande réforme portant sur la décentralisation, réforme annoncée par le PSD dont "Le Temps" a publié ce qui en serait des extraits. Ce sera donc vers le ministère de la Justice et des Institutions que seront braqués tous les regards dans les deux prochains mois. La victoire et la légitimité du PSD pendant les prochaines élections dépendra de ce texte.
L'enjeu du gouvernement pour les deux partis est à la fois commun et individuel. Les deux partis de gauche doivent montrer qu'ils savent travailler ensemble, mettre en place des compromis et des alliances qui tiennent. Le RSE doit montrer sa capacité à pouvoir être présent et gouverner, chose qu'il a peu fait dans le dernier gouvernement. Le PSD enfin doit prouver à chaque personne qui semblait démotivée par leur reconduite au pouvoir qu'il sait être captivant et rassembleur.
Car si le gouvernement Vossen échoue, les deux partis traineront leur bilan comme un boulet. L'ADL et l'UPF ne manqueront pas de démontrer ce qu'ils affirmaient, à savoir que la politique voulue par le PSD et le RSE ne tient pas debout. Avec les prochaines élections législatives qui s'annoncent violentes, le gouvernement de Mr Vossen n'a pas le droit à l'erreur.
Rédacteur en chef et Directeur du journal "Le Temps" et de la radio "SRF Info"
Présentateur de l'émission "On dé-Krypzt l'actu" sur Canal 4
