[1, rue de la Paix] - Le Menn/Lacroix (Rés principale)

[Hélène Le Menn]

Avec sa voix calme et ô combien charmeuse, Hélène ne put se dire que Louis mentait qu'il affirma qu'il aurait du mal à vivre sans me voir ainsi que Daniel et Alexandre. Mais cela ne lui convenait guère...

Euh... Mon chaton, tu te rappelles que je bosse sur Vauxin, donc bon... Je sais que tu as des impératifs, je comprends ! Mais te rappelles-tu que tu voulais prendre un châlet en montagne bien avant la naissance des jumeaux... Que tu voulais mettre un bon trait à la politique et profiter de ta famille... Moi j'ai pas vraiment oublier, surtout le fait que tu voulais profiter de ta "nana", et maintenant de tes enfants en plus... Excuse-moi, mais le fait que tu remettes dans ce bain, ça m'a pas trop plu on va dire...

Histoire de bien faire les choses, Hélène repoussa le bras de Louis-Damien et partit en trombe dans la chambre d'ami...

[Louis-Damien Lacroix de Beaufoy]

Louis-Damien haussa les sourcils de surprise. Il ne l'avait pas vu venir, celle-là. Il écouta Hélène lui répondre et la regarda partir vers la chambre d'ami après l'avoir repoussé...

- Non mais... attends...

Il se leva et la suivit, se contentant de rester sur le seuil de la porte de cette fameuse chambre d'ami.

- Le coup du chalet, c'était de la nostalgie, je sortais d'un mandat présidentiel, j'avais de la pression à évacuer. On a emménagé sur Vauxin parce que c'était plus agréable pour nous deux, j'avais le calme que je recherchais, et toi aussi. Tu ne peux pas dire que je n'ai pas été présent. J'ai même démissionné de la Mairie de Vauxin pour me rapprocher de vous. Mais je suis incapable de ne pas bouger et d'attendre à la maison que tu rentres le soir. J'ai simplement repris à un poste de Maire, je ne suis pas engagé dans un gouvernement ou que sais-je d'autre. Et puis pourquoi tu ne me l'as pas dit plus tôt ? Pourquoi tu sors ça ce soir, j'ai fait quelque chose de mal ? Je ne le pense pas. Mais si tu as quelque chose à me dire, dis-le moi maintenant et en face. Parce que vu ce que tu me dis ça ne doit pas dater d'hier tout ça.

[Hélène Le Menn]

Hélène était restée derrière la porte écoutant son "Jules"... Etant "fière", elle avait une détestation incroyable quand il fallait qu'elle admette qu'elle ait tort... Alors elle décida qu'elle irait rejoindre Louis-Damien dans le lit conjugal une fois qu'il dormirait.

(HRP\ On va dire que la nuit s'était passé, et que Hélène était effectivement revenu dans le lit alors que Louis-Damien dormait... Et qu'au petit matin, elle avait fait en sorte qu'il sentait sa présence, ok ? ^^' /HRP)

Au petit matin, Hélène ouvrit un oeil et se retourna vers son mari qui dormait à poings fermés, comme un bébé. Alors elle se rendormit et se blottit contre lui de manière que "LD" sente cette présence. Une sorte d'excuse de la part de la jeune femme.

[Louis-Damien Lacroix de Beaufoy]

Louis-Damien avait rapidement laissé tomber toute tentative de dialogue alors que la porte de la chambre d'ami était fermée. Il partit se coucher dans son propre lit, non sans tirer la tronche. Lui aussi avait mauvais caractère dans le sens où il était rancunier. Avec de nombreuses personnes, il était en apparence mielleuse mais n'en pensait pas moins. Il cala sa tête sur l'oreiller et en profita pour lire un peu avant de s'endormir.

La nuit passa sans qu'il ne se réveille. Lui aussi était fatigué, encore plus ces derniers jours, alors que ses migraines revenaient. C'est au petit matin, quand il sentit sa femme près de lui qu'il ouvrit les yeux. Dérouté pendant quelques secondes il se demanda si tout ce qui s'était passé la veille était un rêve ou pas. Finalement, les choses se remirent en ordre et il la regarda. Il était incapable de lui en vouloir longtemps. Même si à cet instant, il voulait clairement lui signifier que c'était lui qui tirait la tronche. Après tout elle lui avait laissé la porte close, elle n'avait même pas répondu à sa demande. Lacroix n'était pas quelqu'un de fier ou d'orgueilleux. En revanche, il était autoritaire et supportait mal que l'on le défie ouvertement ou pire qu'on l'ignore. Doucement, sans mouvement brusque, il sortit du lit, vêtu d'un simple caleçon. Il s'étira faisant craquer bon nombre de ses articulations et partit vers la cuisine. D'habitude, il faisait toujours un baiser à sa femme et lui apportait le petit déjeuner au lit. Mais là, autant dire qu'elle pouvait aller se le faire cuire elle-même, l'oeuf.

[Hélène Le Menn]

Hélène avait plus ou moins remarqué que Louis s'était levé... Elle attendit quelques minutes, le temps sûrement de penser à son comportement de la veille... Après approuver intérieurement qu'elle était en tort, elle se leva et vit Louis-Damien à la table de la cuisine avec "son" petit-déj', il avait surement fait exprès de ne pas mettre les "ingrédients" du petit déjeuner pour les enfants mais surtout ce que mangeait habituellement Hélène. En signe de protestation contre le comportement "débile" de Hélène. Elle s'approcha et s'asseya aux côtés de Loulou. Elle le fixa, les yeux dans les yeux et s'excusa :

Bonjour mon chaton. Bien dormi malgré tout ? Ecoute-moi, je suis conne point barre. Alors acceptes-tu mes excuses... Je suis vraiment sur les nerfs en ce moment, et bizarrement tu es en rien responsable. Mais t'as tout pris dans la tronche... Je suis vraiment désolé, Vauxin me manque ! Kervern me manque ! Et je sais même pas si je pourrais prendre un petit RTT, c'est dire... Tout dépend de la mairie de Vauxin. A croire que la Mairie de cette ville est moins conciliante que celle de Kervern ou que l'Education Nationale...

[Louis-Damien Lacroix de Beaufoy]

Louis-Damien s'était préparé son propre petit-déjeuner, se disant qu'il ferait celui des enfants après. Il vit Hélène se lever et la laissa s'asseoir à côté de lui sans lui adresser la parole. Quand elle le regarda dans les yeux, il dut reconnaître qu'elle avait le don de le fasciner comme la première fois qu'il l'avait vu. Peut-être que cette lueur se voyait dans ses yeux parce qu'il en était follement amoureux, comme au premier jour. Il la laissa terminer et finit par lui dire, froid :

- 10 heures pour me répondre, c'est intéressant comme communication. Très moderne.

Il regarda sa montre, comme s'il devait se rendre au bureau rapidement. Rancunier, il ajouta :

- Surtout si je ne suis en rien responsable de la situation. C'est encore mieux. J'arrive content de vous retrouver, je me fais jeter, j'essaie d'en parler et tu me laisses la porte fermée en refusant de me répondre. Bref, là, tu vois, c'est moi qui n'aies pas envie d'en parler, ni de parler tout court.

Il repoussa son café et se leva pour se rendre dans son bureau. Il y trouva un document qu'il avait récupéré quelques jours plus tôt. C'était l'avancement de la commission sur les agissements de la dictature. Il fronça les sourcils tout en prenant la feuille. Il ne savais pas si Hélène l'avait suivi. A vrai dire la commission l'inquiétait particulièrement... il en oubliait même sa rancune.

[Hélène Le Menn]

Hélène se sentit désamparée et honteuse... Pourquoi avait-elle réagi comme une grosse conne égoïste ? Elle s'en voulait "à mort" ! Après quelques secondes, elle se décida de se lever et d'aller prendre Louis dans ses bras... Car elle sentait qu'il y avait quelque chose qui n'allait pas... Elle essaya donc en plus de se faire pardonner, de le rassurer si vraiment quelque chose le tracassait vraiment...

[Louis-Damien Lacroix de Beaufoy]

Louis-Damien se laissa enlacer. Le contact d'Hélène avait bien quelque chose de rassurant. Faut dire qu'il angoissait particulièrement ces derniers temps à cause de tout le battage politique sur la dictature. De sa main libre, il prit la main de sa femme pour la serrer légèrement. Puis il dit :

- Je ne sais pas ce qui va ressortir de cette commission sur la dictature. Mais ce ne sera pas bon pour moi, du moins je le crois... Tu sais tout de moi, tu me connais, mes bons et mes mauvais côtés... toi et moi c'était la chose la plus improbable... Mais maintenant, je ne sais pas quoi faire. Tout le passé que j'essayais d'oublier surgit à nouveau. Cette fois, ils vont traquer tout le monde. J'avais pensé fuir mais je ne suis plus seul. Il y a toi, les enfants... et c'est absurde de fuir. Il me faut rester et parler, j'ai des choses à dire, des éléments à communiquer à cette commission.

Il se tourna et la regarda dans les yeux. D'habitude, il ne se livrait pas sur ses craintes mais là.

- Je vais réellement avoir besoin de ton soutien... les choses pourraient très mal se passer pour moi. Même si mon action politique a montré que j'avais rompu avec mon passé, je ne sais pas si elle suffira.

[Hélène Le Menn]

Hélène sourit (un sourire d'affection et de soutien) à son homme lorsqu'il se retourna pour la fixer. Quelques secondes d'un silence intense plus tard, elle reprit :

Je crois qu'il va falloir réellement et plus souvent nous faire confiance mutuellement. Surtout en ce moment pour toi... Je pense que le fait d'avoir été enfant à cette période et que tu as été contraint de faire ses horreurs contre ton gré pourrait te faire acquitter... Franchement à part ma famille, quelles autres familles ont subi tes services indirectement ? Tu me l'as jamais dit ça par contre...

Hélène marqua une pause et se dit que Louis devait cacher des choses assez importantes, même à sa femme, pour être aussi "paniqué" qu'à ce moment...

[Louis-Damien Lacroix de Beaufoy]

Louis-Damien soupira :

- Il n'y a pas eu que ta famille... il y en a eu d'autres aussi, sur lesquelles j'ai été chargé d'enquêter et de réunir des informations. Ces informations ont ensuite été utilisées pour les exécuter. Officiellement, quand j'essayais de savoir pourquoi je faisais ces recherches, on me disait que je permettais simplement la rédaction de rapports de sécurité et de surveillance. Et après on me faisait changer de personnes, je n'ai appris que bien plus tard que tout ceux sur qui j'avais mené une enquête avait été tués.

Il posa le papier et se tourna vers sa femme pour la regarder dans les yeux.

- J'ai fait des choses dont je ne suis pas fier, Hélène. Il y a eu des manipulations, c'est vrai, mais il y a eu aussi des grands moments de lâcheté. Parfois, je me doutais des choses mais je préférais me taire et les permettre plutôt que risquer ma peau. Mais je ne suis pas comme lui... j'ai toujours voulu me racheter de ce que j'avais pu faire. J'ai des remords, des regrets, j'aurais aimé revenir en arrière. Je ne suis pas un monstre sanguinaire... mais j'ai croisé sa route. Et je n'en suis pas ressorti indemne.