Je commence à en avoir vraiment assez de tout le mépris que l'on utilise autour des candidatures de Marine Le Pen et de Jean-Luc Mélenchon.
Sans déconner, observez bien la situation actuelle et comprenez que le corps des bloquages qui nous touchent aujourd'hui se retrouvent à l'échelle européenne. Les seules personnes qui ont lutté contre l'Europe telle qu'elle est devenue aujourd'hui et qui affichent à l'heure actuelle une position forte et (à défaut d'être forcément innovante) rafraîchissante sur le sujet ce sont ces deux-là (et Nicolas Dupont-Aignant mais personne ne semble vouloir parler de lui). Voilà pourquoi il m'est insupportable de voir qui s'inquiéter parce que "les extrêmes montent" sans jamais aller plus loin (ni même se demander si cette proposition a un minimum de validité) ou avancer que les français ne sont finalement que des cons parce qu'ils participe(rai)ent à ce phénomène.
Cette condescendance, on la retrouve aussi auprès des médias qui tentent de faire passer ces candidats pour les derniers des imbéciles. Il est pourtant drôle de voir que, avant la fusillade de Toulouse, les deux sujets qui ont le plus occupé l'espace public français étaient (pour le meilleur et pour le pire, à vous de classer cela comme vous le souhaitez) le halal et la fiscalité des hauts revenus ; sujets lancés respectivement par Mme Le Pen et M. Mélenchon. Pas mal pour des idiots.
Plus personnellement, je me revendique comme fondamentalement de Gauche. Mon héritage intellectuel vient du socialisme républicain français avec la figure de Jaurès et le slogan "Vive la sociale !". Si je ne suis pas un social-démocrate (et encore moins un social-libéral), je ne suis pas non plus un marxiste, un libertaire, un anar' ou je ne sais quelle famille que l'on associe traditionnellement à l'extrême gauche. Et pourtant, en dépit de cela,
je refuserai d'accorder mon bulletin de vote à François Hollande et au Parti socialiste au second tour. Ce choix découle d'une simplicité élémentaire. Mon engagement repose essentiellement sur des principes républicains ; cela implique simplement de la part des gouvernants de la cohérence et du courage politique. Or, la direction qu'a pris le PS (au moins au niveau national) et qu'incarne François Hollande est celui d'une Gauche lâche et abandonnant ses ambitions. C'est également celle d'une Gauche qui n'a pas fait un effort de réflexion réel global de ce à quoi elle aspire et qui n'est donc que condamnée à être une suiveuse de sujets. Voilà pourquoi je défie quiconque de me dire que je suis un idiot utile à Nicolas Sarkozy ; la Gauche qui a réussi à faire des classes populaires des abstentionnistes, qui n'est plus capable d'initier le moindre débat sur l'espace public, bref, la Gauche qui s'est sabordée toute seule comme une grande, c'est le PS.
Et pour répondre à la sortie très mal renseignée de Mackenzie, j'aimerai juste renvoyer vers ce lien ci :
http://www.lemonde.fr/election-presiden ... 71069.html.
Non, le FdG n'ira pas embrasser vos petites mains grassouillettes pour obtenir des maroquins, du moins s'est-il engagé là-dessus. S'il tient sa parole, il vous mettra face à vos responsabilités et vous devrez enfin montrer, chers camarades socialistes, ce que vous avez dans le ventre. Parce que là, vous n'aurez pas une caution en gauchisme comme au beau temps de la Gauche plurielle (votre piédestal -pardon, les écolos- ça ne vous donnera pas ça).
Il faudrait aussi ouvrir les yeux sur quelques trucs.
Yev' a fait remarquer qu'il avait eu un déjà vu en lisant quelques lignes du programme de Hollande. Normal, si vous observez bien, Hollande et Sarkozy ont un grand point en commun, celui de dire globalement tout et n'importe quoi et de n'avoir aucune réelle ligne directrice dans leur projet. Je trouve que l'on en arrive à un moment symbolique d'une ère politique assez nouvelle : celle de la mercatique. Désormais, il ne s'agit plus que d'écraser tout projet derrière quelques mesures phares que l'on arrange à loisir (sans réelle concertation globale du mouvement politique) et (surtout) au grès de la très sacrée "Opinion Publique" (que sa volonté soit faite). Et comme l'Opinion publique n'est, en fait, qu'une pure masturbation intellectuelle, elle change vite. Et comme elle change vite, mais qu'elle est la base de toute proposition, il faut évoluer vite. Bienvenue dans l'ère de la désacralisation de la décision et du politique qui a vaincu en réalisant une énième prophétie autoréalisatrice. Au passage, ceci débouche, naturellement, sur des pouvoirs publics officiels affaiblis, puisqu'ils gouvernent non avec en tête un intérêt général mais simplement la volonté de plaire à telle portion de l'électorat (déjà aussi appelé "public" et qui deviendra, un jour peut-être, "les clients" vu qu'on arrête pas le progrès) ou plutôt, à la représentation qu'ils se font et/ou qu'on leur donne de cet électorat (à travers le beau prisme/filtre que l'on appelle "Opinion publique").
Le pire reste que tout ceci non content de déboucher sur un affaiblissement effectif du pouvoir politique de ceux qui pratiquent cette prophétie contamine également la pensée d'autres candidats. Ainsi, si j'accorde à Bayrou de l'estime pour la personne qu'il est et sa volonté d'indépendance, il n'en reste pas moins que toute sa réflexion politique est polluée par l'idée (absolument fausse, saugrenue et aberrante) "qu'il n'existe aucune marge de manœuvre" et que, lui aussi, contribue à ce merveilleux effort pour nous faire changer d'ère politique. Certains le font par la pratique, lui par l'idéologie (car oui, ceci est une idéologie). Chapeau les artistes.