[9, rue Molière] Le Menn - Lacroix de Beaufoy

[Louis-Damien Lacroix de Beaufoy]

Louis-Damien profitait de son temps libre pour s'occuper de sa famille, du moins de ses deux fils. Il venait tout juste de rentrer lorsqu'il regarda le reportage désigné par Hélène. Alexandre dans les bras, calé sur son épaule, il fit une moue hésitante et répondit :

- Je le trouve pas si fou que ça, Hamilton. Il a raison quand il dit que le Gouvernement actuel ne fait rien. D'ailleurs, je pense que tu devrais insister pour qu'il y ait une réaction. La mollesse actuelle pourrait te nuire. Enfin bon, je dis ça, ça ne me regarde pas. Bref, je trouve Riga beaucoup plus dangereux qu'Hamilton, car lui au moins ne menace pas la sécurité nationale et l'intégrité du territoire pour donner l'indépendance à une localité incapable de s'assumer. Après tu connais les médias, ils en font des tonnes...

Il savait que le sujet était sensible car cela faisait parti des nombreux thèmes sur lesquels ils n'arrivaient pas à s'entendre. Louis-Damien, en bon diplomate changea donc de sujet, d'autant plus qu'il lui paraissait plus important :

- Au fait, je suis allé au cimetière pour voir mon père et ma mère. J'ai croisé quelqu'un dont je me serais bien passé... Léon Parvault, un proche du Général... il a ouvert la discussion et comme tu peux t'en douter, ça a dérivé. J'ai pris congé quand il a commencé à me menacer. Il m'a dit qu'il avait de quoi m'envoyer à l'ombre... j'en doute puisqu'il y a prescription. Mais avec ce genre de type, on se sait jamais à quoi s'attendre. Il avait l'air particulièrement intéressé par Alexandre. Je veux que tu fasses attention, si tu sors avec les enfants ou même toute seule. Ces gens sont capables des pires atrocités...

Il avait un visage fermé, où on sentait l'inquiétude. Louis-Damien pour avoir été l'un des agents de la Veilleuse savait que les menaces n'étaient jamais à prendre à la légère.

[Hélène Le Menn]

Mouais Riga est bizarre je trouve... Il se dit communiste révolutionnaire... Mouais, je pense plus qu'il veut du pouvoir et qu'il l'aura jamais à Aspen alors il veut créer son propre état avec Salusa... Oui il est fou ! Moi j'ai rien contre plus d'autonomie des régions, bien au contraire. Mais bon Hamilton, ce qu'il a sorti, bah ça sent un peu le fascisme quand même. J'en ai l'impression ! Enfin du moins, avoue que c'est un populiste de droite, limite poujadiste !

En écoutant la rencontre qu'avait fait "Loulou", Hélène commença à paniquer ! Elle se précipita à la fenêtre du salon, par laquelle on avait le meilleur champ de vision (et aussi le plus grand) de la rue Molière. Puis quelques secondes de surveillance, elle alla fermer à double tour la porte d'entrée !

Attends, attends. J'ai pas compris, là on t'a menacé ? Et tu portes pas plainte ?? Mais putain, tu fous quoi là bordel !!! On t'as pas suivi au moins ?! Mais attends j'appelle mon parrain, le fameux Daniel Gallon. Il t'accompagnera au commissariat du quartier ! Si tu portes pas plainte, moi je le fais !

[Louis-Damien Lacroix de Beaufoy]

- Non, Hélène... je ne vais pas porter plainte...

Il se posa sur le canapé et regarda sa femme avec attention.

- Si je porte plainte, ils se serviront de ce qu'ils ont contre moi. Si je vais au commissariat je vais devoir expliquer aux policiers ce qu'ils ont contre moi. Je n'ai pas été un enfant de choeur... tu le sais. J'ai fait mon possible pour réparer tout ça, mais rien ne peut jamais être totalement effacé. Je n'ai pas envie de voir certaines périodes de mon passé déballées en place publique. Je ne veux pas que ça vous fasse souffrir, toi et les enfants. Restons vigilants, c'est tout. Si ça se trouve, je me fais une tragédie tout seul... il faut dire que j'ai pas été des plus polis avec cet homme, et que la tension est montée assez vite. Il a peut-être dit ça par "amertume". Je te demande de faire attention à toi et de rien tenter. Et non, je n'ai pas été suivi. Par contre, au besoin, j'ai de quoi nous défendre.

Son regard s'assombrit. Dans sa jeunesse il avait été entraîné par les membres de la Veilleuse et il en avait gardé quelques souvenirs dans un endroit bien caché de la maison. A vrai dire, tout était dans un coffre blindé, placé dans son bureau.

[Hélène Le Menn]

Hélène l'écouta avec attention et ne put s'empêcher de reconnaître que Louis avait des arguments qui tenaient la route... Mais elle demanda tout de même ceci :

Tu as de quoi nous défendre ? Et c'est quoi cette "chose" ou ces "choses" alors ?

[Louis-Damien Lacroix de Beaufoy]

Louis-Damien était prudent. Il préférait ne pas donner trop d'informations sur les cartes qu'il avait en main. Quand il avait été Président, il avait toujours travaillé comme ça. Il se contenta de répondre :

- On va dire que ce sont des souvenirs que je ne pensais jamais sortir de leurs limbes.

Il changea de sujet, considérant celui-ci comme clos :

- Parlons d'autre chose. Comment ça se passe au Ministère ? Comment tu peux bosser pour McGregor ? Je le sens pas fiable, mais alors pas du tout...

[Hélène Le Menn]

Bah ça va au Ministère ! Personnellement, je me fiche de savoir si McGregor est fiable ou pas. J'ai hérité d'un ministère assez important quand même et ça me plait d'apporter ma pierre à la société frôceuse.

[Louis-Damien Lacroix de Beaufoy]

- Fais attention. Il a déjà été impliqué dans des magouilles avec l'Esprit Frôceux. Je ne le sens pas du tout comme type.

Il se leva et haussa les épaules avec un sourire :

- J'imagine que son côté gauchiste n'arrange rien à l'affaire...

Il coucha Alexandre dans le parc qui était non loin d'eux, près de son frère puis il revint auprès d'Hélène, se calant contre elle :

- Te voir Ministre ça me rappelle quand on s'est rencontré... la première fois que tu as été secrétaire d'état... Je sais que je ne te le dis pas souvent mais le côté gauchiste te va bien, j'aime ça... du moins tant qu'on ne rentre pas de longs débats...

Il déposa un baiser dans le creux de son cou et passa un doigt sur son épaule pour caresser sa peau.

- On pourrait peut-être profiter de l'accalmie des deux petits diables là-bas pour penser un peu à nous... non ?

Se faisant plus insistant, il se rapprocha doucement d'elle, posant son autre main sur son ventre, d'une façon sensuelle qui résumait parfaitement ce qu'il avait derrière la tête...

[Louis-Damien Lacroix de Beaufoy]

Depuis près de deux mois, Louis-Damien et Hélène avait mené une vie tranquille. Toujours désireux d'investir dans quelque chose de stable et qui lui rapporterait, Lacroix avait acheté un appartement dans une résidence de luxe à Aspen. Il voulait se rapprocher un peu plus de la vie mondaine. La résidence de Vauxin était devenu une résidence secondaire, où le couple venait tous les week-end. Louis-Damien en profitait d'ailleurs pour célébrer le chabat dans la petite synagogue qu'abritait l'ancienne ville dont il avait été Maire. L'avantage d'avoir une maison de vacances comme celle-là, c'est qu'il pouvait vraiment faire un break et repartir sur un bon pied.

[Daniel Gallon]

Daniel Gallon avait eu du mal à trouver la rue Molière... En arrivant devant le n°9, il se dit que ce Lacroix junior avait bien réussir sa vie, hé hé !

Dany sortit de sa Peugeot 406 Coupé 2.2 HDI et se dirigea vers la porte d'entrée pour sonner.

[Louis-Damien Lacroix de Beaufoy]

Louis-Damien fronça les sourcils lorsqu'il entendit sonner à la porte. Il n'attendait personne et comme il célébrait le chabat, il n'aimait pas qu'on le dérange. Il se leva de son fauteuil, laissant son verre d'eau de côté et se dirigea vers la porte. Il l'ouvrit et regarda Daniel Gallon avec un air légèrement surpris :

- Bonjour...