
L'Elysée veut discuter
"Nous sommes prêts à discuter avec les ravisseurs", a en effet confirmé dimanche l'Elysée après les déclarations du ministre de la Défense et du chef d'état-major des armées. "J'ai bien entendu espoir, mais c'est forcément quelque chose de complexe, difficile, incertain avec en face un groupe de 450 à 500 hommes - puisque c'est à peu près cela le nombre de combattants d'Al Qaïda sur ces zones immenses -, un groupe qui fait la guerre à la totalité de l'Occident", a déclaré le ministre de la Défense Hervé Morin sur Canal +. Le gouvernement semble vouloir ainsi suivre l'exemple de l'Espagne qui avait versé plusieurs millions de dollars à Aqmi en échange de la libération de deux de ses ressortissants.
Paris s'adoucit comme l'a fait Madrid
A l'époque, Nicolas Sarkozy avait pourtant vivement critiqué Madrid pour avoir jouer le jeu des terroristes. Le revirement de la position française n'est certainement pas étranger au fiasco de l'opération de sauvetage kamikaze de l'otage français Michel Germaneau, qui avait été exécuté le 24 juillet dernier. Le chef de l'Aqmi, Abou Moussab Abdelwadoud avait alors juré qu'il tiendrait sa vengeance après la mort de six de ses hommes.''Sarkozy a été incapable de libérer son compatriote au cours de son opération manquée mais il a sans aucun doute ouvert l'une des portes de l'enfer pour lui, son peuple et sa nation'', avait menacé un responsable d'Aqmi, Abdoul Wahoud. Le même groupe radical avait d'ailleurs salué le positionnement diplomatique espagnol, le qualifiant de "leçon pour les services secrets français". Paris aurait compris le message et donnerait maintenant dans la poignée de main plutôt que dans le bras de fer avec les terroristes.
Pas d'autres choix ?
Pour Antoine Glaser, journaliste spécialiste de l'Afrique et directeur de La Lettre du Continent interrogé par Europe 1, la France a une marge de manœuvre "extrêmement étroite" au Niger, où ses intérêts économiques sont très importants. Si Paris a peu d'autres options que de lancer des discussions avec l'Aqmi, ces négociations avec l'ennemi risquent d'envoyer le message que Paris est prêt à payer des rançons pour libérer ses citoyens, faisant ainsi des ressortissants français des cibles de choix. D'autant plus dangereux que la sécurité des expatriés français ne semble pas bien prise en charge dans les zones à risque. Plusieurs pays dont les Etats-Unis, la Russie, la Grande-Bretagne, et l'Italie refusent systématiquement de céder au chantage financier. L'Algérie s'oppose également à toute discussion avec Aqmi.