[ARCHIVES] Makhno Show

[Yevgueni Makhno]

Le public était installé, dans un certain brouhaha. Les rideaux tirés de la scène télé ne laissaient rien entrevoir. Première émission, première grosse interview depuis un moment, Yevi n'était pas sûr de lui. Qu'à cela ne tienne. "Musique!" cria-t-il au régisseur.

Les rideaux s'ouvrent et laissent Yevgueni et son invité Laurent de Montredon à jour.

- Bienvenue au MAKHNO SHOW ! Ce soir, pour notre spéciale interview, quelqu'un de tout à fait unique de par son action de ministre de l'Intérieur sur l'Education Nationale: Laurent de Montredon!
Merci d'être venu sur le plateau de l'émission Laurent. Je vais te tutoyer, je ne sais pas faire autrement, j'espère que ça ne te dérange pas. Et au pire, je m'en fous.

- Je crois que je n'ai donc pas le choix.

- Bien, on va commencer, on est là pour ça n'est ce pas? Alors Laurent je t'explique le principe: je lance une série de questions, tu y réponds en quelques mots, très rapidement... C'est parti !
Ton principal trait de caractère ?

- Généreux.

- La qualité que tu préfères chez un homme ou une femme ?

- Le respect.

- Ce que tu apprécies le plus chez tes amis ?

- Leur fidélité.

- Ton occupation préférée ?

- La lecture.

- Ce que tu voudrais être ?

- Un grand serviteur de l'état.

- Ce que tu détestes par-dessus tout ?

- L'injustice.

- Comment aimerais-tu mourir ?

- Dans mon lit, dans mon sommeil.

- Ta devise ?

- Tout se paie un jour, dans le sens "on n'échappe pas à ses actes, on en paye toujours le prix un jour".

- Je vois, très philosophique tout ça! Je ne comprend pas, quand tu dis que tu souhaites être un grand serviteur de l'Etat, il n'y a pas contradiction avec ton engagement à la FDF qui se voudrait plus "proche" du peuple que de l'Etat ?

- Je reprendrai en partie des propos qu'aurait tenu Louis XIV, même si aujourd'hui beaucoup s'accordent à dire qu'il ne les a pas vraiment tenus, mais passons. Louis XIV aurait dit "l'état c'est moi". Et bien moi je pense que l'état c'est le peuple. Etre au service de l'état, c'est être au service du peuple. Il n'y a donc aucune contradiction. On ne peut imaginer servir l'état comme une fin en soi, on le fait car derrière il y a des vies.

- Que t'inspirent les blocages des lycées en ce moment ? Trouves tu que c'est légitime ? Si oui, explique, si non, polémique.

- Je suis en total désaccord avec la méthode. Je conçois que les lycéens souhaitent être entendus mais le blocage n'est pas une solution. C'est une action de crispation et une déclaration d'hostilités qui ne souffre d'aucun malentendu. C'est pour cela qu'en proposant de discuter avec les syndicats lycéens, j'ai demandé que les blocages s'interrompent.
Je rectifie également votre affirmation. Les lycées ne sont plus bloqués au jour d'aujourd'hui.

- Mon service de rédaction est à la ramasse, je t'engagerai pour me tenir au courant des mouvements. Et maintenant, que comptes tu faire lorsque ton mandat sera terminé ?

- Je me présenterai aux législatives et entre temps, j'irai me resourcer à Etchegorda, ville où je suis maire. Je gère actuellement les affaires à distance, mais un rapprochement serait bienheureux. Vous savez, le mandat ministériel est passionnant. On se retrouve propulsé aux manettes. Ce que l'on décide influe sur la destinée du pays. Parfois, cela passe, parfois, cela peut casser.
Pour répondre simplement, je poursuivrai mon engagement politique.


- Je vois, j'ai été Premier Ministre, et Ministre, et Représentant Parlementaire. C'est vrai que la vie qu'on mène durant ces mandats est compliquée et surtout très très rapide. C'est pour ça que j'ai quitté la politique. Qu'est ce qui t'as plu le plus dans ton mandat ? Moi c'était le téléphone nacré et la carte bleue full-option.

- Mes déplacements sur le terrain. Je suis allé à plusieurs reprises à la rencontrer des forces de l'ordre sur le terrain, pour y organiser la réforme de la sécurité intérieure. Je me suis retrouvé face à des gens engagés, motivés, qui ne souhaitaient qu'une chose : améliorer la société frôceuse. Ces déplacements m'ont considérablement enrichi. Je viens d'une petite ville de Cofonoria, archipel excentré de la République. Là j'ai appris des choses.

- On pourrait te penser solitaire, parce qu'on ne te voit pas vraiment en compagnie de beaucoup d'individus du monde politique, alors avec qui préfères tu travailler ?

- Sans hésitation, avec Dominique Skorpio. Nous avons eu peu l'occasion d'échanger, sauf dernièrement mais le maire d'Aspen a tout d'un grand personnage. Il est dévoué à sa ville, à son pays et, tout avec lui semble facile, même les négociations ardues. Je recommande d'ailleurs Dominique au futur chef du gouvernement s'il souhaite avoir dans son équipe un ministre compétent et efficace.
Mais me penser solitaire n'est pas faux en soi. J'aime me retrancher pour réfléchir à mes projets. J'ai besoin de cet équilibre entre la discussion, le débat et la méditation, la réflexion.

- Ce n'est pas un programme d'annonce publique Monsieur le ministre. Restons sur le sujet d'ailleurs, des personnalités politiques. Si je te dis: Vincent Valbonesi, tu réponds quoi ?

- Qui ça ?

- Daniel Faraday, tu réponds quoi ?

- Un homme qui, à l'avenir, avec l'expérience, saura rassembler.

- J'espère que tu rigoles. Faraday est le stéréotype impeccable sur lui du bonhomme suiveur. Le genre de petit garçon qui joue avec des plus grands que lui et qui n'en est même pas très content, ni même mécontent.

- C'est l'image qu'il donne. Je suis persuadé que derrière son image effacée il y a un homme politique tenace. On peut très bien suivre et un jour être amené à rassembler.

- Bref, Benjamin McGregor ?

- Un meneur qui a l'autorité suffisante pour gérer les affaires du pays.

- Hugo Salinovitch, tu réponds quoi ?

- Un visionnaire, un homme généreux, un bonhomme comme dirait mon grand père.

- Moi je l'aime bien et des fois je ne l'aime pas. Il a le don de ma casser les pieds parfois, et je ne l'ai toujours pas insulté...

- C'est en soi une marque de respect ...

- Gustavo Riga ?

- Combien la baguette ?

- Haha, bien joué ! Tu as de l'humour en fait, tu n'es pas ce ministre sombre et rabat-joie!

- Mieux, je fais de l'humour en faisant passer un message ... Puisque par cette réponse, je ne fais que rappeler à Monsieur Riga qu'il a tout intérêt à se contenter de gérer son affaire car c'est, de toute évidence, ce qu'il sait le mieux faire.

- Tu es mesquin en plus, c'est de mieux en mieux. Luke machin truc, tu réponds quoi ?

- Je réponds de Askalovitch et qu'il est un président de l'assemblée travailleur qui a su mener, contrairement à certaines accusations, sa tâche avec honnêteté et probité.

- Très bien ! La régie me demande d'accélérer parce qu'on perd de l'audience à parler de toi ! Rappelons à tout le monde que tu es ministre de l'Intérieur en exercice, qu'il ne te reste que deux semaines de popularité, surtout chez les lycéens (rires dans le public) et qu'ensuite tu disparais à la campagne ! Merci d'avoir répondu aux questions, c'était sympa de ta part. Merci à tout le monde pour avoir suivi cette émission, et à très bientôt !

[Daniel Gallon]

Devant son écran d'ordinateur, Daniel Gallon avait pu voir en streaming (et toc, Kalachnikova, le vieux crouton de Gallon sait se servir des nouvelles technologies) la première de cette nouvelle émission ! Le Makhno était fidèle à sa réput' de chieur et de mec franc ! Il se marmonnait à lui-même :

Excellent c't'truc là ! Bien envie d'y participer si on me le demande gentiment !