Prenons votre intervention point par point :
Pour être tout à fait honnête, je m'attendais à votre intervention, étant donné, comme vous le soulignez, que vous vous êtiez opposée à ce point aux législatives.Je n'ai pas l'habitude de critiquer des projets d'une équipe dont je fais partie, mais je m'étais opposée à ce point lors de la campagne législative et ce serait un manque de respect envers ceux qui ont porté leurs voix sur mon nom que de ne pas exposer mes inquiétudes à monsieur le ministre.
Je me permettrais de vous rappeler, uniquement, que j'étais le porte drapeau de cette proposition lors des législatives et que j'ai été le mieux élu des membres de la FDF. Toutes bonnes choses dites, intéressons nous à votre argumentation :
L'obligation est source de responsabilisation car elle va obliger toute notre jeunesse à prendre des initiatives, à approcher, peut être contrainte au début, le monde professionnel, institutionnel et/ou humanitaire. Voilà le premier point. L'obligation va également favoriser l'émancipation de chaque frange de notre jeunesse. Le jeune de banlieue défavorisée va en sortir pour découvrir une mission humanitaire quelconque, la jeune de bonne famille va pouvoir mettre ses bras et/ou son esprit au service de la collectivité, l'élève en difficulté scolaire va découvrir que l'on peut être reconnu dans notre société par le travail de ses mains et non pas uniquement de sa tête. L'obligation va déseclaver les jeunes et favoriser le mélange de cette jeunesse en proie au cloisonnement, au communautarisme, à la séparation, qui sont autant de sirènes attrayantes selon les milieux sociaux.En premier lieu, en quoi l'obligation est source de responsabilisation ? Souvent, la jeunesse est une période de rébellion, ce qui est imposé devient ringard, ce qui est interdit devient branché, c'est une réaction de trouble face à des changements importants dans la vie. Pour gérer des troubles, il faut agir de manière subtile et psychologique, et pour ça les professeurs me paraissent bien mieux placés que les militaires ou n'importe quelle association humanitaire. Une instruction civique de qualité me parait bien plus importante que ce gadget coûteux et liberticide.
L'obligation, même si elle va sembler contraignante au début, va être source d'amélioration parce qu'elle va entrainer une dynamique propice à l'échange, à la découverte des autres, à la découverte d'une profession, d'une vocation, d'une révélation !
Le jeune de banlieue va peut être découvrir qu'il peut être utile pour la collectivité, alors qu'il se sentait jusque là mis à l'écart.
La jeune de bonne famille va peut être découvrir qu'elle a un avenir dans les métiers de l'armée, alors qu'elle avait une image erronnée de cette institution.
Bref, l'obligation est peut être un mal pour certains, mais un mal pour un bien, in fine. Et c'est à long terme que nous, femmes et hommes politiques, devons nous projeter.
L'âge de 16 ans, énoncé dans ma propostion, sera remonté à 18 ans afin que le projet soit en accord avec les lois de la république. Le principe n'est pas de subtiliser des élèves en cours de cursus, mais d'aider d'anciens élèves qui viennent de terminer la période obligatoire de scolarité. D'ailleurs, vous remarquerez que pour le cas de la scolarité, l'obligation a une utilité reconnue !De plus, ce projet semble institutionnaliser la possibilité de stopper ses études à partir de l'âge de 16 ans, alors que droite comme gauche ont voté au début de cette année la scolarité obligatoire jusqu'à 18 ans, pensez vous vraiment que la place d'un mineur soit plus dans les rangs de l'armée que sur les bancs du lycée ?
Vous m'accusiez d'être liberticide et par vos arguments, vous me poussez presque à obliger certains jeunes à choisir d'exercer leur service en zones "prolétaires" et d'autres en zones "favorisées".Vous parlez de possibilité de mission humanitaire à l'étranger, mesurez-vous les risques encourus par des mineurs tant les pays dans le besoin peuvent être dangereux ? D'ailleurs, cette possibilité de mission humanitaire est un moyen d'échapper à la pseudo égalité tant vantée par certains défenseurs de ce type de projet, comme les fils de bourgeois pourront trouver une mission tranquille dans une association au pied de leur domicile alors que les enfants de prolétaires auront le choix entre accepter une autre forme de service ou se confronter au plus dures tâches.
Je ne tomberai bien entendu pas dans cette dérive. Nous ne pouvons pas obliger les gens à être honnêtes, malheureusement. Par contre, si ce genre de choses venait à se produire, il appartiendra au gouvernement en place, une fois la période d'observation passée, de prendre des mesures pour garantir une égalité parmi notre jeunesse.
Cependant, il est tout à fait envisageable d'imaginer qu'il soit demandé aux jeunes de choisir des associations, collectivités (etc...) à plus de 10 kms de leur domicile.
Ils devront tout de même terminer leur service civique.D'ailleurs en matière d'échappatoires, vous parlez de la possibilité de convertir ce service en formation professionnelle pour ceux qui auraient immédiatement trouvé un travail, c'est à dire les jeunes très capables qui ont bien mérité un bon départ dans la vie professionnelle tout comme les petits pistonnés qui n'ont pas de mal à trouver un emploi dans la boite d'un ami à papa.
Je pourrais rajouter cependant que tout jeune ayant trouvé un emploi devra consacrer au moins 10 jours par an à l'accomplissement de son service jusqu'à ce que le temps restant à accomplir le soit.
Pas du tout. Je vous ai soumis ce projet de loi dans le but d'obtenir des compléments voire de meilleures idées. Vous en apportez.En revanche, aucun aménagement prévu pour les handicapés ou personnes souffrant de troubles du comportement, à croire qu'ils n'ont aucune importance pour la Frôce de demain.
C'est une question sur laquelle il va falloir que je réfléchisse.
Mais déjà, il me vient quelques idées.
Il est effectivement envisageable de menacer de sanctions toute soustraction au service.Pour terminer sur les critiques, je ne vois pas quelle est la "vraie" sanction pour une personne qui se soustrairait à cette obligation que ce soit par idéologie profonde, par rébellion inutile ou par simple paresse, étant donné que la pièce remise à la fin du service est un certificat qui est une pièce facultative concernant la recherche d'un emploi.
Mais le service permettra tout à fait à certains jeunes de tisser des liens avec une collectivité, une institutions, une associations puis de continuer à offrir ses services pour obtenir une expérience intéressante.
Et à long terme, le but est de rendre le service attractif pour les employeurs. Le service doit être un vivier ! Et ceux qui ne seront pas embauchés à la sortie des universités et des écoles professionnalisantes, le seront à la sortie du service civique obligatoire. C'est ma grande ambition.