[167, rue de la Résistance] Chez Christian

[Christian Valmont]

Si je n’en veux pas c’est peut-être parce qu’on n’a pas la même vision des choses, et pour te répondre, n'en déplaise à monsieur le président, quand on choisit d'être président, on choisit aussi de mettre sa vie privée sous le regard de tout le monde, et ce n'est pas de moi qu'il te faut avoir peur à ce sujet.
Et ce que tu connais d’elle c’est ce qu’elle a bien voulu montrer à la télévision et aux cours de ses interventions publiques, des interventions ou la plus part du temps, elle dit à quel point, elle, contrairement à toi, ne t’aime pas.

Christian regarda Louis et dit

je ne changerai pas d'avis, à toi de décider...en tant que président...

[Louis-Damien Lacroix de Beaufoy]

- Mais je n'ai pas peur de toi sur le sujet. Je sais qu'elle me hait, tu n'as pas besoin de remuer ce maudit couteau dans la plaie ! Elle a toutes les raisons de me haïr ! J'étais là quand on a fait fusiller sa famille. J'étais avec la Veilleuse. C'est moi qui aies chargé les cadavres. Je l'avais vu elle et sa seur dans le sous-sol. Je n'ai pas pu les dénoncer. Elles se sont enfuies, mais j'ai jamais oublié son visage. Elle me hait parce que j'étais là. Pendant la campagne, j'ai prouvé aux gens que je n'étais pas mon grand-père, ni tous ceux qui l'ont accompagné de près ou de loin. Mais elle, elle le croit... et si je veux la nommer, c'est parce que je sais que nous allons faire de grandes choses et qu'en travaillant pas très loin de moi, elle se rendra compte, peut-être, que je ne suis pas un monstre...

Il venait d'exploser pour la première fois. Cela lui faisait un peu de bien... certes mais n'enlevait rien à son agacement.

- Voilà, tu es content, tu voulais tout savoir, tu sais tout. Elle me plait, je ne le nie pas. Elle fait même plus que me plaire, si tu veux tout savoir. J'ai gâché la dernière chance que j'avais, il me reste que ça si je veux qu'elle ait une autre vision de moi.

[Christian Valmont]

Christian ne s’attendait pas à ça, il détestait ce genre de situations parce qu’elles le mettaient mal à l’aise.
Il resta silencieux un moment, il n’allait pas revenir sur ce que Louis-Damien venait de lui dire, c’était assez difficile pour lui de lui en parler déjà et en plus, les mélodrames ce n’était pas trop son turc.

Bon…écoute, on pourrait peut-être trouver un compromis.

Il hésita avant de continuer.

Si tu insistes, tu es quand même le président, alors elle peut…être nommée ministre du développement durable, mais à une condition.
Si elle n’est pas à la hauteur ou si elle est incontrôlable, on la vire, sinon tu risques fort de voir partir tous les autres ministres et je ne dis pas ça par plaisir.

[Louis-Damien Lacroix de Beaufoy]

Louis-Damien ne reprit pas la parole de suite. Il se rassit sur le canapé et médita longuement sur le compromis de Christian. Il savait bien que si Hélène se montrait trop véhémente, il allait devoir prendre une décision, celle de la mettre dehors. Oui... mais en aurait-il le courage ? Lui qui était pourtant si lâche, dès qu'il s'agissait de sa vie privée.

- Je ne suis pas sûr, d'être bon juge pour voir si elle devient incontrôlable ou incompétente... tu as raison de dire que je ne suis pas le mieux placé pour juger. Je doute que cela arrive, mais si ça venait quand même à se produire, j'aurais besoin de toi... pour me remettre sur les rails et m'éclairer. Même si pour cela tu dois user de menaces importantes. J'aurais besoin de toi, Christian, vraiment.

Mieux valait être sincère, car sinon, il risquait fort d'être manipulé par ses sentiments et ça, il ne pouvait pas se le permettre, il lui fallait une douche froide. Et vu l'altercation qu'ils venaient d'avoir, Christian était le mieux à même d'assumer ce rôle, surtout qu'il connaissait maintenant la vérité.

[Christian Valmont]

Pas la peine de me le répéter, je l’aurai à l’œil.

Christian sentait Louis un peu perdu, alors il décida de changer de sujet, pour lui celui ci est clos, et le problème est réglé, pas la peine de s'y attarder.

Alors, tu n'en as pas marre de l'eau ? tu ne veux pas quelque chose de plus...fort.

[Louis-Damien Lacroix de Beaufoy]

Rien de tel que de changer de sujet pour éviter le silence. Louis-Damien regarda son verre d'eau et répondit avec un sourire amusé :

- Si je ne te connaissais pas mieux, je dirais que tu veux me saouler ou que tu me pousses à la consommation. Enfin si tu as, je veux bien une bière.

[Christian Valmont]

Christian alla chercher deux bières.

Pourtant ça ne te ferait pas de mal de te saouler un peu de temps en temps.

Répondit-il pour plaisanter.

[Louis-Damien Lacroix de Beaufoy]

- Tu le crois vraiment ? J'ai une idée. On se saoulera le jour où nous serons toi et moi au terme de notre mandat.

Il prit la bière et l'ouvrit.

- A t'entendre, on dirait que je ne bois jamais, ce qui est faux. Je bois, après bon je vois pas trop l'utilité de me retrouver bourré à zigzaguer sur les trottoirs.

[Isabella Nerio]

................Messagerie............

Chris, j'ai bien reçu ton message, tu peux passer me voir demain soir

[Louis-Damien Lacroix de Beaufoy]

Le chabbat était l'occasion pour Louis-Damien de ne pas travailler et de prendre son jour de repos. Christian était au courant, du coup, il était lui-même en congé improvisé. Lacroix était sûr de le trouver chez lui. Il arriva donc avec sa voiture, conduite par Pete, le garde du corps. L'homme l'escorta jusqu'à la porte tandis que le Président de la République sonna chez son Premier Ministre, espérant qu'il serait là. Il allait peut-être le réveiller, étant donné qu'il était neuf heures du matin... C'est que Louis-Damien était toujours très matinal.