Projet de Loi sur les jours fériés

[Sylvain Kelmann]

Monsieur le Premier Ministre,

Je me permets de répondre à la place de Mme Cossac, car je suis d'accord avec elle sur ce point.
Les exemples que vous prenez sont le cas typique des fêtes qui peuvent être créées car elles proviennent d'une volonté commune, et qu'elles ont une signification qui a une résonance au sein même de notre histoire.

Les Frôceux savent que le 8 mai rappelle le 8 mai 1945, que le 11 novembre rappelle le 11 novembre 1918. Ces fêtes ne sont pas dénuées de fondement. Elles correspondent à des moments graves de notre histoire et personne n'oserait les remettre en cause. Ce sont tout de même des armistices de guerres mondiales...

Ce que je veux dire en conclusion, c'est qu'un Etat qui crée des fêtes qui n'ont de signification que pour ses dirigeants, qui plus est en supprimant des fêtes chrétiennes sous couvert d'une bien-pensance démagogique , est un Etat qui a des oeillères et qui n'écoute pas son peuple.

[Asuka Finacci]

Comme l'a dit le premier ministre, un jour férié ça peut se créer, je comprends que l'habitude des fêtes chrétiennes puisse déboussoler certains, mais il est temps d'affirmer la suprématie des valeurs républicaines. Et je vous demande un instant de vous mettre dans la peau du frôceux moyen, si on n'inclut pas les catholiques les plus fervents qui ne constituent pas la majorité de la population, que lui importe que ce soit le jeudi de l'ascension ou le 1er mars qui soit férié ?

Les fêtes préservées le sont, car leur date est une évocation immédiate pour chacun, qui n'a jamais passé de 25 décembre en famille ? Qui n'attache aucune importance à la tradition du muguet le 1er mai ? Qui n'a aucune pensée tournée vers la Seconde Guerre Mondiale à l'évocation de la date du 8 mai ?

Beaucoup d'entre vous ont souligné les résultats du sondage de l'AFP, mais je rappelle que seule une minorité veut le maintien du calendrier chrétien, la majorité veut une réforme, nous avons le choix entre le tout religieux et le tout laïc, je fais ce second choix car il me parait impossible d'estimer à partir de quel point une religion est digne de compter un jour férié ou de négocier le calendrier avec le Gouvernement, alors qu'il n'y a qu'une seule devise pour la République Frôceuse.

Ce choix, c'est un choix de symbolique et de raison pour ne pas céder face au communautarisme et ne pas hésiter à montrer que la Frôce est devenue un pays résolument tourné vers l'avenir sans oublier les traditions avec la préservation des dates les plus profondément ancrées dans la tradition frôceuse.

[Marie Cossac]

Ce que cela importe au citoyen, je m'en fiche. Ce qui m'intéresse c'est la sauvegarde d'une identité frôceuse. Afin que la Frôce reste la Frôce.

[Asuka Finacci]

La Frôce est laïque depuis 1867, ce qui en fait le premier pays laïc au sens strict du terme de l'Histoire, c'est un pan de notre identité nationale bien plus fort que n'importe que n'importe quel jeudi de l'Ascension ou lundi de Pentecôte.

[Sylvain Kelmann]

Comme l'a dit le premier ministre, un jour férié ça peut se créer, je comprends que l'habitude des fêtes chrétiennes puisse déboussoler certains, mais il est temps d'affirmer la suprématie des valeurs républicaines.
Et je vous demande un instant de vous mettre dans la peau du frôceux moyen, si on n'inclut pas les catholiques les plus fervents qui ne constituent pas la majorité de la population, que lui importe que ce soit le jeudi de l'ascension ou le 1er mars qui soit férié ?

Vous me demandez à moi de me mettre dans la peau du Frôceux moyen, moi qui sais les écouter et lire les conclusions d'un sondage où l'écrasante majorité d'entre eux souhaite des fêtes d'origine religieuse?
Vous évoquez les "catholiques les plus fervents" mais visiblement vous n'avez toujours pas compris que la chrétienté frôceuse est davantage présente dans la tradition que dans la pratique assidue. Peut-être avez-vous remarqué ces drôles d'édifices surmontés d'une croix, généralement placés au centre de nos villes et villages? Et si aujourd'hui l'assiduité aux messes n'est plus ce qu'elle était, il n'en reste pas moins que l'écrasante majorité de nos concitoyens se sent de culture chrétienne.
Ce que vous ne voulez pas voir avec vos principes prétendument républicains, c'est que le jeudi de l'ascension est devenu une fête républicaine. Nombreux sont les Juifs ou les Musulmans qui sont heureux de disposer du Pont de l'Ascension, sans pour autant croire qu'il s'agisse de la montée de qui vous savez au ciel.

Beaucoup d'entre vous ont souligné les résultats du sondage de l'AFP, mais je rappelle que seule une minorité veut le maintien du calendrier chrétien, la majorité veut une réforme, nous avons le choix entre le tout religieux et le tout laïc, je fais ce second choix car il me parait impossible d'estimer à partir de quel point une religion est digne de compter un jour férié ou de négocier le calendrier avec le Gouvernement, alors qu'il n'y a qu'une seule devise pour la République Frôceuse.

Je m'insurge devant la fausseté d'une telle affirmation. Reprenons les chiffres si vous le voulez bien :
32 % Souhaitent des jours fériés répartis équitablement entre les religions
29 % Souhaitent le maintien de l'exclusivité de jours fériés chrétiens
24 % Soutiennent le projet de jours fériés laïcs
12 % Souhaitent le maintien des jours fériés chrétiens et l'ajout d'un jour férié pour les juifs et musulmans
3 % Sont sans opinion

Comme vous pouvez le constater, seuls 24% des Frôceux souhaitent que le calendrier "chrétien" ne soit pas du tout maintenu.
Or c'est la réforme que vous proposez...

D'autre part, le tout-religieux que vous évoquez représente 32% des Frôceux, contre 41% qui désirent au minimum que les fêtes d'origine chrétienne soient conservées telles quelles...

Ce choix, c'est un choix de symbolique et de raison pour ne pas céder face au communautarisme et ne pas hésiter à montrer que la Frôce est devenue un pays résolument tourné vers l'avenir sans oublier les traditions avec la préservation des dates les plus profondément ancrées dans la tradition frôceuse.

Qui a parlé de communautarisme? C'est vous qui dressez les Frôceux les uns contre les autres en affirmant que le respect des traditions est une offense à une partie d'entre eux. Mais je vois que vous maniez avec brio l'art de l'auto-contradiction, car vous souhaitez préserver les dates les plus profondément ancrées dans la tradition frôceuse. Et quoi de plus ancré que des dates de plusieurs millénaires d'existence?!

[Asuka Finacci]

Vous me demandez à moi de me mettre dans la peau du Frôceux moyen, moi qui sais les écouter et lire les conclusions d'un sondage où l'écrasante majorité d'entre eux souhaite des fêtes d'origine religieuse?

Le problème est qu'ils ne souhaitent pas tous les mêmes fêtes religieuses, et certains ont pu être choqués par l'absence du 25 décembre du projet original ne l'oublions pas, il faudrait contenter tout le monde, ce qui en l'état est impossible. Si l'on ne peut être rassembleur, il faut être pragmatique, et les jours laïcs échappent à la querelle du "qui mérite / qui ne mérite pas".

Après, je ne suis pas folle, si ce projet provoque un fort rejet dans les rues, il sera retiré, ce serait dommage d'enclencher un conflit sur un thème où le Gouvernement n'aurait rien à gagner à être trop ferme.

Vous évoquez les "catholiques les plus fervents" mais visiblement vous n'avez toujours pas compris que la chrétienté frôceuse est davantage présente dans la tradition que dans la pratique assidue. Peut-être avez-vous remarqué ces drôles d'édifices surmontés d'une croix, généralement placés au centre de nos villes et villages? Et si aujourd'hui l'assiduité aux messes n'est plus ce qu'elle était, il n'en reste pas moins que l'écrasante majorité de nos concitoyens se sent de culture chrétienne.

Ces églises font partie du patrimoine de notre pays, je suis favorable à l'état laïc, pas à l'athéisme d'Etat, mais il faut prendre en compte qu'elles sont là depuis des siècles et des siècles, suffisant pour faire partie du patrimoine, oui, mais être au coeur des préoccupations des frôceux, peut être pas, si la chrétienté était ancrée si fortement que vous le dites ce serait une majorité absolue de frôceux qui se prononcerait pour l'exclusive du calendrier de jours férirés chrétiens, alors qu'il y a à l'heure actuelle une forte division entre un calendrier de distribution entre religions et un calendrier chrétien parmi les opposants à ce texte.

Ce que vous ne voulez pas voir avec vos principes prétendument républicains, c'est que le jeudi de l'ascension est devenu une fête républicaine. Nombreux sont les Juifs ou les Musulmans qui sont heureux de disposer du Pont de l'Ascension, sans pour autant croire qu'il s'agisse de la montée de qui vous savez au ciel.

Les mêmes personnes profiteront avec la même joie de la journée de la laïcité fériée du 1er mars, et concernant le "vous savez qui", comprenez que le jeu sur les mots entre Noël et la Fête de la Famille est une question d'officialité, nous pouvons parler sans tabous.

D'autre part, le tout-religieux que vous évoquez représente 32% des Frôceux, contre 41% qui désirent au minimum que les fêtes d'origine chrétienne soient conservées telles quelles...

Et le tout-chrétien représente 29 % contre 44 % qui souhaitent accorder au moins un jour aux trois religions principales, l'échec dans l'opinion est partagé entre ce projet et ceux qui ont défendu corps et âme le maintien du tout-chétien.

Il est impossible de trouver une majorité dans l'opinion sur ce sujet, il appartient au Gouvernement de se montrer constructif et de proposer la solution la plus équitable et conforme aux principes de la République, mais je rappelle qu'en cas de forte mobilisation, nous ne tenterons pas de folie.

Qui a parlé de communautarisme? C'est vous qui dressez les Frôceux les uns contre les autres en affirmant que le respect des traditions est une offense à une partie d'entre eux. Mais je vois que vous maniez avec brio l'art de l'auto-contradiction, car vous souhaitez préserver les dates les plus profondément ancrées dans la tradition frôceuse. Et quoi de plus ancré que des dates de plusieurs millénaires d'existence?!

Il y a une différence entre tradition chrétienne et tradition frôceuse, jamais un pays de tradition purement chrétienne n'aurait sacré de roi juif au XIX ème siècle, la Frôce a ses particularités, qu'il faut préserver. Mais le fait est que le même sondage que vous brandissez sans cesse montre seulement 41 % des frôceux soutient un calendrier pro-chrétien, il y a bien plus fort comme ancrage dans les traditions.

[Sylvain Kelmann]

Avant toute chose, je tiens quand même à rappeler que ce débat concerne la volonté acharnée du gouvernement de supprimer 6 jours sur 365, soit moins de 2% d'une année... 6 petits jours visiblement oppressants et représentatifs d'un prosélytisme chrétien qui bafoue honteusement les règles de la laïcité...
Le contexte étant mis en place, je vous réponds.

[...] si la chrétienté était ancrée si fortement que vous le dites ce serait une majorité absolue de frôceux qui se prononcerait pour l'exclusive du calendrier de jours férirés chrétiens, alors qu'il y a à l'heure actuelle une forte division entre un calendrier de distribution entre religions et un calendrier chrétien parmi les opposants à ce texte.

Vous vous trompez de sens de lecture, madame la Ministre. Vous lisez qu'une minorité demande l'exclusivité des fêtes chrétiennes, et moi je vous réponds qu'une immense majorité ne veut pas les supprimer. Il y a une grande nuance. Et parmi ces concitoyens qui soutiennent cette base de notre calendrier, croyez-le bien, il n'y a pas que des Chrétiens.

Cette majorité rejoint d'ailleurs mon discours : je ne suis pas pour l'exclusivité, je suis contre la suppression au profit de fêtes sans âme.

Il est impossible de trouver une majorité dans l'opinion sur ce sujet, il appartient au Gouvernement de se montrer constructif et de proposer la solution la plus équitable et conforme aux principes de la République, mais je rappelle qu'en cas de forte mobilisation, nous ne tenterons pas de folie.

Alors abandonnez dès maintenant cette idée de ne constituer un calendrier que de jours fériés laïcs, car cette majorité que vous semblez chercher vous ne pourrez pas la rater : elle sera dans les rues de Frôce.

[Asuka Finacci]

Si cette volonté était si acharnée, je ne parlerais jamais de retrait possible si la pression est trop forte. De plus nous ne parlons que de quatre suppressions et non six, n'oubliez pas le 25 décembre et la coïncidence du 15 août. Je ne crois pas que remplacer quatre jours fériés chrétiens qui sont surtout célébrés par les plus fidèles par des fêtes commémorant les valeurs principales de la République détruira les traditions frôceuses.

Sur la majorité en faveur de la préservation de jours fériés chrétiens, il y a tout de même 32 % qui réclament un équilibre entre religions, qui souhaitent donc voir cette part diminuer au profit d'autres religions. Si on retire ces 32 %, il n'y a plus de majorité absolue pour soutenir le calendrier actuel, ça prouve qu'un certain nombre de frôceux souhaite du mouvement dans le calendrier, mais on ne peut contenter tout le monde, je prends donc le pari de préférer la mise en avant des valeurs de la République au risque du communautarisme ou au maintien d'une exclusivité obsolète.

Vous parlez de fêtes sans âme, mais précisez moi que dégageait de plus le jeudi de l'ascension que le 1er mars pour une large partie de la population ? On ne se rue pas à la messe dans les villages, on y voit surtout un jour de repos bienvenu. Et une célébration "sans âme" peut très bien s'imposer, pensez à la fête de la musique, qui à défaut d'être fériée recense bien plus de "pratiquants" que le jeudi de l'ascension alors qu'elle n'existait nulle part il y a trente ans.

Vous parlez d'une majorité dans les rues de Frôce, nous verrons bien à l'avenir, j'ai déjà parlé de renoncer à ce projet s'il y avait un trop fort conflit en vue et je m'y tiendrai, nous sommes dans un pays démocratique, pas dans un pays qui se contrefiche de l'avis des sans-grades comme le font trop souvent certains pays proches.

Mais comprenez bien que si je ne vois pas cette majorité dans les rues, il n'y aura aucun motif raisonnable de retirer ce projet avant de le soumettre aux voix des représentants du peuple.

[Sylvain Kelmann]

De plus nous ne parlons que de quatre suppressions et non six, n'oubliez pas le 25 décembre et la coïncidence du 15 août. Je ne crois pas que remplacer quatre jours fériés chrétiens qui sont surtout célébrés par les plus fidèles par des fêtes commémorant les valeurs principales de la République détruira les traditions frôceuses.

Vous avez raison, la tournée traditionnelle des cimetières le 1er novembre pour refleurir les tombes et se remémorer les souvenirs familiaux n'a aucune valeur de tradition...

Et une célébration "sans âme" peut très bien s'imposer, pensez à la fête de la musique, qui à défaut d'être fériée recense bien plus de "pratiquants" que le jeudi de l'ascension alors qu'elle n'existait nulle part il y a trente ans.

Excellent exemple de rassemblement en effet, mais on n'est pas sur le même registre je pense.

Que signifie ce "pratiquant"? L'intérêt d'une fête d'origine chrétienne serait donc uniquement celui d'aller à la messe selon vous? Et puis qu'en savez-vous après tout? Et ceux qui se recueillent chez eux, ils entrent dans vos drôles de statistiques? Et ceux qui en profitent pour célébrer un repas car depuis des décennies ils en profitent pour rassembler la famille en ce jour?...
Depuis quand l'Etat se mêle-t-il des affaires religieuses, d'ordre privé? N'est-ce pas contraire au principe de laïcité que vous brandissez comme un étendard?

Admettez que je n'ai jamais parlé de pratiquants, simplement de symboles.

Si on regarde le calendrier que vous nous proposez d'un point de vue purement pragmatique tout le monde y perd à vrai dire. L'avantage d'avoir les lundis de Pâques et de Pentecôte ainsi que le jeudi de l'Ascension permet d'avoir des jours feriés assurés pendant l'année, formule très appréciée par ailleurs par nos concitoyens. Imposer systématiquement des dates fixes rendra certains jours fériés parfaitement "invisibles" certaines années.
En 2011, on comptera l'extraordinaire nombre de 4 jours réellement fériés, si on suit votre projet de loi. Et c'est 4 de plus si vous y incluez les fêtes chrétiennes.

Vous parlez d'une majorité dans les rues de Frôce, nous verrons bien à l'avenir, j'ai déjà parlé de renoncer à ce projet s'il y avait un trop fort conflit en vue et je m'y tiendrai, nous sommes dans un pays démocratique, pas dans un pays qui se contrefiche de l'avis des sans-grades comme le font trop souvent certains pays proches.

C'est tout à votre honneur, mais reconnaissez l'honnêteté de ma démarche d'avoir voulu vous mettre en garde avant que ce conflit s'envenime.

[Asuka Finacci]

Concernant le 1er novembre, vous marquez un point indéniable, un ajout n'est pas à exclure dans une version ultérieure du projet, même s'il faut constater que cette tradition a été bien plus provoquée par le caractère férié du jour que par l'Église catholique, la commémoration des morts étant officiellement fixée le 2 novembre par l'Église.

Concernant les jours fériés qui ont lieu un samedi ou un dimanche, certaines conventions collectives prévoient un journée de congé supplémentaire en guise de compensation, il est à envisager d'étendre cette pratique à tous les métiers, je proposerai en ce sens une version corrigée au reste du Gouvernement qui sera bien entendue affichée en public.

Venons-en maintenant au raisonnement sur le nombre de "pratiquants", vous avez vous même souligné qu'il y avait approximativement une église catholique par village frôceux, je crois sincèrement que si les traditions étaient si profondément ancrées, la majorité des personnes profondément marquées par le catholicisme se rendrait à l'église comme il n'y a guère besoin d'un périple exceptionnel pour s'y rendre. Et force est de constater que même pour les messes de Noël, on ne verra jamais ne serait-ce que 15 % de la population à l'église, et je suis très optimiste en évoquant ce chiffre.

De plus si le raisonnement que je mène comptait ce qui se passe dans la sphère privée (il me semble difficile d'accéder à une église sans passer par la voie publique), nous détournerions vraiment le principe de laïcité, alors qu'évaluer le nombre de personnes qui se rendent à l'église est un constat comme un autre en plus de ne jamais pouvoir disposer de données fiables, si on exclut celles des instituts de sondage.

Mais je crois sincèrement que si une famille veut se réunir après dix ans, peu lui importera que ce soir le 1er mars ou le lundi de pâques qui soit férié.