[Restaurant Le Prestige] Une demande très spéciale (PV)

[Louis-Damien Lacroix de Beaufoy]

Louis-Damien avait planifié cet instant depuis quelques jours. Il avait d'abord pensé le faire à Anthelme, mais le Palais étant quelque peu austère et banal, il avait décidé de sortir de ce cadre pour changer le quotidien. Et puis, ce n'était pas une soirée comme les autres, c'était même très spécial. 18 heures sonnèrent et Hélène apparut avec la robe qu'il lui avait faite livrer, un peu plus tôt dans l'après-midi.

- Tu es merveilleuse...

Il sentit la chaleur monter en lui à la vue de la jeune femme. Elle était magnifique, même sans la robe d'ailleurs... A cet instant précis, Louis-Damien se serait bien laissé porter par son zèle, mais il s'abstint. Il n'aimait pas être en retard, encore moins dans un restaurant très chic. Les deux amoureux montèrent dans la voiture, accompagnés par Cyprien qui conduisait et Boris qui feuilletait une magazine sur des ogives nucléaires de l'ancienne URSS. Assis à l'arrière, les deux jeunes gens étaient isolés par une vitre de séparation. Louis-Damien avait un magnifique costard et il s'était soigné pour cette soirée. Il caressa la joue de la jeune femme et lui dit :

- Tu m'as manqué, j'ai eu une semaine de dingue mais j'aurais aimé que tu sois là. Moralement ce fut difficile, et avec ton absence, mes forces semblaient avoir disparu...

Et il l'embrassa. Ils avaient un petit laps de temps avant l'arrivée à Vauxin, il y avait tout de même pas mal de circulation et en plus les vitres étaient teintées. Bien évidemment, cette ambiance était loin de déplaire au Président.

[Hélène Le Menn]

Toi aussi tu es superbe ! Excellent choix que ce "costard". Et toi aussi tu m'as manqué... Tu savais que l'on m'avait demandé de ne pas resté hier à Anthelme alors que je voulais passer la nuit avec toi... Mais bon, ne vire pas la personne qui m'a refoulé, c'était la consigne d'après ce que j'ai compris... D'un côté, c'est pas plus mal !! Car j'ai vu ton message accompagné de cette robe magnifique... Tu commences vraiment à me connaître, dis-donc !


Hélène était plus qu'aux anges de revoir "son Jules"... Une semaine, que c'était long, "sacrebleu" (pour être poli, on va dire ! ^^') ! Elle ne pouvait plus se passer de lui... Le fait que Louis lui avait annoncé dans la voiture en sortant de l'enceinte du Palais, qu'ils allaient dans un restaurant chic de Vauxin, l'intriguait fortement. Elle était même partagé entre un sentiment de remerciement et curiosité... Elle pensait que le fait que "se poser" dans un resto chic devait traduire que Louis allait lui demander quelque chose d'important, sinon Anthelme ou l'un de leurs logements auraient l'affaire... Mais qu'elle était cette chose... Cela allait même à tracasser un peu Hélène. C'est dire !

* On verra ! * pensa Hélène

[Louis-Damien Lacroix de Beaufoy]

Louis-Damien parut gêné. C'était lui qui avait demandé à ce qu'Hélène ne vienne pas à Anthelme... il s'expliqua :

- J'ai eu besoin de te faire la surprise, pour aujourd'hui... c'est pour ça que je ne voulais pas que tu entres à Anthelme, car j'avais quelques préparatifs et rendez-vous qui t'auraient mis la puce à l'oreille. Excuse-moi, c'était très maladroit... je n'avais pas pensé à la chose plus que ça en fait...

Il posa ses yeux azurs, empreints d'une amour profond et sincère sur Hélène :

- Je souhaite te connaître par coeur, pour te combler. Je t'aime, et ton bonheur m'importe plus que tout. J'essaie donc de te faire plaisir même si je sais parfaitement qu'un robe ou une invitation à dîner se remplaceront jamais ma présence auprès de toi. Que dirais-tu après ma présidence d'acheter une maison commune ? Je pensais aller dans le Massif des Prigors, loin de la ville, pour mieux me ressourcer. Qu'en dis-tu ?

[Hélène Le Menn]

Une surprise ? Génial ! Du coup, je te pardonne presque on va dire... Tout dépend de la surprise en question !

Pour ce qui est de ta proposition, c'est plus qu'alléchant ! Mais je t'avouerais que ça n'a jamais été aussi vite entre un homme et moi ce genre de proposition... Mais la montagne, j'adore ça... Mais je veux prendre mon temps pour ce genre de choix de vie... Tu comprends ? Donc j'aimerais bien que tu sois le plus longtemps possible Président ! ^^'

[Louis-Damien Lacroix de Beaufoy]

- A vrai dire, constitutionnellement, c'est impossible d'aller au delà des prochaines échéances... et de mon côté, je languis que ça se termine, ne serait-ce que parce que je veux passer à autre chose après ça...

Et il était hors de question de modifier la Constitution afin de se permettre un troisième mandat. Maintenant qu'il avait fait ses preuves, il ne comptait pas utiliser le pouvoir à ses fins personnelles et d'ailleurs, il avait hâte de s'en débarasser, étant donné la pression qui reposait sur lui.

- Je veux faire ces choses avec toi à mes côtés. Et si tu veux, tu peux garder ton appartement et moi le mien, c'est juste pour avoir un endroit que l'on puisse partager, toi et moi, un peu isolé pour être tranquilles, loin des journalistes et de la folie des villes.

[Hélène Le Menn]

En entendant les explications du futur projet de Louis, Hélène fut un peu rassuré car elle appréhendait un peu cette fameuse "surprise"...
Un achat en commun en plus de nos logements... Ma fois pourquoi pas ! Mais faut bien prendre le temps de réfléchir, ok ? Je veux pas me faire baiser... A part si c'est toi et au sens "propre" du terme !

Après cette dernière phrase plus que coquine, limite pornographique, Hélène embraya sur un autre sujet... Valmont et le soi-disant mal-être de son "Loulou"...

Au fait, Loulou, je pense que tu savais que Valmont m'avait présenté ses excuses ! J'ai été plus que surprise... Et y'a aussi un truc que j'aurais aimé te demander depuis le début... Il y a une chose qui te tracasse vraiment depuis quelques semaines, je le vois bien ! C'est quoi ! Tu sais que tu peux me faire confiance, et ça m'a rendu malade que de te voir comme ça. Je croyais que j'en étais la cause ! Dis-moi, s'il te plait ! Tu m'as choisi pour passer un bout de ta vie avec moi, chose que j'ai accepté sans hésiter. Je te fais confiance, j'aimerais bien que tu me le montres aussi, que tu me fasses confiance !

Pour couronner le tout, Hélène lui adressa un sourire plus que charmeur, le "pire" dans la catégorie ! Histoire de l'inciter lui dire les raisons de ses soucis !

[Louis-Damien Lacroix de Beaufoy]

D'entendre Hélène parler de leurs ébats amoureux de façon aussi directe et claire avait gêné Louis-Damien qui rougit. Il ne faisait pas trop clair, ce qui fait que la jeune femme n'en vit rien. Lacroix repense à leur dernière nuit, très torride. Il devait bien avoué que celle qu'il aimait avait une façon très directe et ouverte de lui faire du bien et qu'elle s'était permis des choses que jamais son esprit plutôt conservateur et religieux ne lui aurait dit comme possibles. Elle avait un sacré tempérament et il adorait ça. Cela le rejouissait de braver l'interdit en suivant Hélène, il y avait beaucoup d'excitation à agir ainsi.

Son attitude changea lorsqu'ils abordèrent le sujet sensible : Christian. Louis-Damien demeura silencieux, même face à ce sourire charmeur qui lui inspirait confiance et qui le faisait fondre. Il ne prit la parole qu'après de longues minutes d'un silence pesant :

- J'ai été déçu par ce qu'il a fait, mais ça s'est arrangé... ne le prends pas mal, Hélène, mais de toutes les personnes que je connais, c'est la seule qui est restée mon amie depuis le début. Il compte énormément pour moi, et ce qu'il a fait m'a fait mal. Nous nous sommes expliqués, c'est du passé. Je veux simplement que tu saches qu'il sait tout ce qu'il y a à savoir hormis deux ou trois choses, sur mon passé. Il m'a accepté quand même et m'a laissé ma chance comme tu l'as fait avec moi. Vous êtes les deux personnes les plus précieuses que j'ai, vous êtes ma famille... la seule qu'il me reste même si nous n'avons pas de liens de sang. Forcément quand ça va mal avec l'un de vous deux, ça va mal partout...

Son regard se perdit dans le vide et le véhicule s'immobilisa. On leur ouvrit la portière pour qu'ils descendent et ils furent accueillit à la réception. Un serveur les amena dans un coin très chic du restaurant Le Prestige : un balcon couvert, où les fenêtres étaient transparentes et donnaient l'impression d'être à l'extérieur, le froid en moins. Il y avait une vue magnifique sur le quartier latin de la ville. On leur apporta la carte et Louis-Damien posa amoureusement ses yeux bleus sur Hélène :

- C'est ma surprise. Je me suis dit que ce serait bien de manger en tête à tête, dehors. Et j'ai trouvé cet endroit magnifique, c'était le seul qui t'allait comme un gant et qui pouvait prétendre à t'égaler.

[Hélène Le Menn]

Hélène, en découvrant le lieu où ils allaient passer un bout de la soirée, avait le souffle coupé ! "Le Prestige", rien que ça ! Décidément, ce que voulait lui demander Louis devait être vraiment quelque chose de très important... Elle essaya de passer en revue tout ce qui pouvait être le sujet de cette demande... Mais bon, la chaleur de l'équipe, du lieu et la décoration très "chicosse" lui fit penser à autre chose... Qu'allait-elle prendre comme repas ?
Tu sais mon Loulou, j'aurais jamais pensé manger ici, parce que j'en ai jamais eu envie, je trouve tout cela pas vraiment naturel à vrai dire ! Mais ça veut pas dire que tu as mal fait, car je t'avais jamais dit ça... C'est pas grave, tu le sauras la prochaine fois ! ^^'


Sinon au fait, c'est décidé, je laisse tomber définitivement la politique, à compter des législatives, je reprends mon taf' d'assistante sociale, et j'vais passer le concours pour devenir animatrice socio-culturelle par la suite et m'investir en parallèle dans la CTF ! Cela me touche vraiment à coeur depuis hier soir et la montée inquiétante du conservatisme... Moins de droits pour les travailleurs, les femmes, les étrangers, bref toutes les couches les "vulnérables" de la population contre le patronat. Je sors peut être avec toi, je vais vivre une bonne partie de ma vie avec toi qui a des idées politiques un peu éloignées des miennes mais je reste la Hélène communiste !

[Louis-Damien Lacroix de Beaufoy]

Lacroix s'en voulut d'avoir été aussi bête et d'avoir pensé qu'Hélène serait à l'aise ici... elle était communiste ! Elle avait donc horreur par principe, viscéralement, même des lieux chics comme ceux-là qui exprimaient la réussite de l'enrichissement personnel. Il déglutit discrètement mais avec difficulté. Déjà qu'il stressait... si en plus tout commençait à partir en vrille... Et s'il y avait bien un sujet qu'il n'attendait pas c'était la politique. Louis-Damien lui répondit, avec visiblement un peu moins d'assurance :

- Mais je n'ai jamais dit que sortir avec moi était renoncer à tes convictions politiques... ou alors je ne m'en rappelle plus...

Il parut troublé. Lui faisait-elle un reproche ? Il se sentait mal à l'aise et ajouta :

- La montée du conservatisme m'inquiète également mais plus parce que c'est un phénomène de mode que parce que c'est un mouvement durable. La nouveauté, si elle est bien vendue attire des gens... mais elle finit par lasser lorsque ça devient vieux. Nous n'avons pas les mêmes conceptions politiques, certes... mais ça ne change rien à ce que je ressens pour toi, moi... je t'aime... que tu sois communiste ou non...

Il savait qu'il avait foiré son coup avec le resto. Lui avait vécu dans un domaine bourgeois, aristocrate, entretenu par son grand-père. Il n'était un type des milieux en difficulté... et en ça, les deux étaient décalage flagrant. Il osa demander, timidement :

- Tu veux que nous allions ailleurs, pour manger ?

[Hélène Le Menn]

Non, c'est pas grave pour le lieu, on va faire avec ! Je suppose que tu veux demander quelque chose ce soir, et bien on attendra d'être sorti de ce resto si tu veux ! En tout cas je préfère manger tranquillement à penser à ce que tu peux me demander ! Pour en revenir à ce que j'ai sorti à propos de nos convictions politiques, j'ai jamais pensé que tu demanderais à ce que je renie mes opinions politiques, je commence à te connaître et je trouve que j'ai fait une belle connerie en pensant que tu aurais pu être comme ton grand-père, mais j'ai fait des recherches par le biais d'un détective véreux que ton père avait coupé tous les ponts avec le sien... Moi je pense que tu vénères plus ton père que ton grand-père, non ?

Hélène savait pas pourquoi elle avait continué sur son passé, car elle se doutait que cela lui faisait "mal" d'en parler. C'est pourquoi elle s'empressa d'embrayer sur un autre sujet, les commandes !

Bon tu as choisi mon chaton ? Moi, j'vais prendre une pièce de boeuf au beurre d'échalote accompagné d'haricots verts et de pommes de terre façon sarladaise ! Pour le vin, juste un verre de rouge qui accompagnera parfaitement mon choix... Donc j'attendrais le sommelier pour choisir selon ses conseils.