Procès Gaverny c/ Wilson

[Sébastien Capell]

Merci Melle Kenwood.

La Cour aimerait entendre, l'inspecteur Foley en qualité de témoin.

Inspecteur, pourriez-vous nous décrire la situation dans laquelle vous vous êtes quand vous avez voulu procéder à l'arrestation de M. Wilson. De plus la Cour souhaite savoir si le nom de Melle Kenwood figurait sur le mandat d'arrêt.

[Brigade d'intervention]

Le mandat d'arrêt concernait à la fois M. Wilson pour tous les motifs précités, ainsi que Mlle Kenwood pour complicité. Nous avions en outre un mandat de saisie de toutes les robes présentes ce soir la dans l'enceinte de la chapelle Saint Syre.
Mon équipe et moi avions déjà effectué des centaines d'arrestations comme celle-ci. Nous n'avions pas demandé de renfort particulier, pensant que M. Wilson, politique connu, ne pourrait pas faire d'esclandre au sein d'une aussi large assemblée. Pour nous, c'était une affaire simple, sans risque de débordements. Une arrestation des plus faciles.

Mes hommes et moi sommes entrés dans la salle et j'ai prévenu du pourquoi de notre intervention tout en demandant à l'assistance de sortir du lieu non sans avoir auparavant laisser leur identité. C'est la procédure classique. Pendant que les personnes se dirigeaient donc vers la sortie, j'ai rejoins M. Wilson, lui ai expliqué les motifs de son arrestation et lui ai demandé de me suivre. Je n'avais même pas envisagé de lui passer les menottes, ne le jugeant pas potentiellement dangereux et pensant qu'il obtempérerait immédiatement.
M. Wilson m'a alors demandé deux petites secondes. Je pensais que c'était pour ramasser ses affaires, mais en réalité c'était pour glisser quelques mots à sa soeur, Mlle Kenwood, qui a aussitôt réagi en demandant à la dizaine de gardes présents de faire obstacle entre moi-même et M. Wilson. Ces quelques mots glissés ont vraisemblablement conditionnés le reste de la soirée. Les gardes nous ont insultés et ont aussitôt sorti leurs armes en nous menaçant directement de mort avec des phrases telles que, je cite "Faite un pas et je vous explose la figure".

J'avoue avoir été surpris par cette réaction qui est au-delà de l'excès pour une banale arrestation. J'ai alors tenté de parlementer avec les gardes en leur demandant de déposer leurs armes tandis que mes hommes se plaçaient de manière à pouvoir réagir en cas de coup de feu. M. Wilson est intervenu, expliquant que je ne savais pas qui j'avais en face de moi et me menaçant d'avoir de graves problèmes et d'être par la suite licencié de mon boulot si je continuais à vouloir l'arrêter. Il m'a demandé d'apporter des preuves et que si tel était le cas, il me suivrait alors sans discuter. J'avais un mandat, je ne sais pas quel autre preuve il souhaitait ! Durant cette conversation, les gardes n'avaient toujours pas baissé leurs armes, les invités avaient tous été évacués et mes hommes avaient pu se placer.

J'ai lancé une dernière sommation à toute la petite bande, M. Wilson et Mlle Kenwood compris, leur demandant de déposer leurs armes, et de se placer face contre terre pour qu'on puisse les menotter. La situation était devenue telle que j'avais plus l'impression d'avoir affaire à un braquage de banques qu'à une simple saisie/arrestation.
M. Wilson a alors continué à me parler. Il a, à nouveau, tenté de négocier l'arrestation. Il m'a affirmé qu'il me suivrait si on laissait sa soeur tranquille, tout en continuant à me menacer.
Mlle Kenwood étant sur le mandat d'arrestation et vu le rôle qu'elle avait tenu dans cette soirée, il m'était impossible de la laisser en totale liberté. De plus, M. Wilson n'avait en aucun cas à négocier quoique ce soit. Sentant qu'il commençait à tergiverser, j'ai appuyé un peu plus mes injonctions de se rendre, ce que finalement tout le monde a fait. Nous avons alors menotté M. Wilson, Mlle Kenwood et leurs gardes et les avons emmené au poste.

[Sébastien Capell]

En plus des robes saisies, avez-vous découvert d'autres documents qui permettent d'étayer les chefs d'accusation ?

[Brigade d'intervention]

En effet. Lors de l'intervention à la Chapelle, nous avons trouvé une lettre de M. Harold Gaverny adressée à John Wilson lui demandant de cesser l'utilisation de son nom et de sa marque. Cette lettre date de quelques semaines avant le problème de santé de M. Gaverny. Elle a été mise sous scellé lors de la saisie mais une copie vous sera délivrée dans le dossier des pièces à conviction.
Par ailleurs, un autre document a été retrouvé lors de la fouille de l'atelier de M. Gaverny. Il s'agit d'une lettre de l'ANPI (Agence Nationale de la Propriété Intellectuelle) lui demandant de cesser l'utilisation de la marque Gaverny dans les plus brefs délais, sous peine de poursuites.

[Richard Mathieu Phillippe Pierre Le Maud]

Richard prit la parole après la réponse de l'inspecteur Folley.

- Inspecteur Folley, vous avez précisé tout à l'heure que Madame Kenwood avait ordonné aux gardes du corps de Monsieur Wilson d'agir après que ce dernier soit allé lui glisser 3 mots à l'oreille. Avez-vous entendu ce que Monsieur Wilson lui a dit ? Avant que Monsieur Wilson ne se rapproche de sa soeur, comment s'était comportée cette dernière envers les forces de l'ordre ? Avait-elle manifesté une quelconque agressivité ?

[Brigade d'intervention]

Avant que M. Wilson ne parle à sa soeur, elle n'avait pas bouger. Elle semblait assez interloquée, ne comprenant visiblement pas ce qu'il était en train de se passer. En tout cas, elle n'avait montré aucun signe d'agressivité.
J'ai parfaitement entendu les paroles de M. Wilson a sa soeur. Il lui a dit "Marie , faite ce qu'il faut, notre famille t'en sera reconnaissante et prévient notre Père il saura ce qu'il faut faire..."

[Sébastien Capell]

Quelqu'un a-t-il encore des questions à poser soient aux témoins ou aux accusés ?

Sinon, nous passerons aux plaidoiries à partir de demain après-midi.

[Richard Mathieu Phillippe Pierre Le Maud]

Monsieur Capell, j'aimerais simplement finir par quelques questions adressées à Madame Kenwood.

Il se tourna vers elle et lui demanda :

Madame Kenwood, pouvez-vous nous dire si vous avez déjà subi une pression quelconque de la part de votre frère, si vous étiez au courant de ses agissements et si ce n'est pas le cas, pourquoi l'avez-vous suivi ? Comment définiriez-vous le lien qui vous unit à votre frère ? Eprouvez-vous une quelconque crainte lorsque vous êtes en présence de votre père ou de votre frère ? A part la réaction que vous avez eu, qui si nous écoutons vos dires est lié à une douloureuse expérience passée, auriez-vous tenté d'intervenir comme vous l'avez fait si votre frère ne vous l'avait pas demandé.

[Charles de la Tour]

Inspecteur, avez-vous utilisé une quelconque violence envers Monsieur Wilson qui aurait pu expliquer sa crainte de coopérer avec vous ?

[Brigade d'intervention]

A aucun moment je n'ai ne serait-ce que touché M. Wilson avant de lui passer les menottes. Le seul moment où j'ai du élever un peu le ton a été en réaction aux armes que ses hommes pointaient sur les miens. Et la encore, j'ai pris le parti de demander calmement une capitulation de leur part plutôt que d'employer la force.