Yevgueni posa ses bagages. Le voilà enfin chez lui, après avoir mis en location l'appartement de ses parents à Aspen. Saint-Frôçois, sur une île. Idéal pour rester tranquille, loin de la capitale et de son agitation. Idéal pour écrire. Mais écrire quoi ? Yevgueni se metta à la fenêtre donnant sur la rue et observa attentivement les passants. La démocratie revenue, à quoi pensaient tous ces gens ? En tous cas, pas à la nourriture, la dictature avait eu au moins l'avantage de ne pas créer de pénuries.
Yevgueni descendit dans la rue, alla au premier tabac-presse, acheta un paquet de cigarettes et le journal. Dans les titres, une recrudescence de suicide. Normal, une fois libre on ne sait plus quoi faire se dit Yevgueni. Une fois remonté dans son appartement, il appela la comptable de l'entreprise dont il avait la gestion, Recycl Ez, et lui demanda si il pouvait bientôt percevoir son salaire.
- Je suis désolé Monsieur, mais pour le moment on risque d'être au chômage technique, les entreprises n'ont pas encore repris leurs productions, nous n'avons plus de déchets à traiter.
- D'accord... Avons nous assez de capital ?
- Oui Monsieur.
- On se servira des instruments financier, les combinaisons capital-travail sont loin d'être parfaites en ce moment. Y'a plus qu'à attendre, je vous laisse, bonne journée.
- Bonne journée Monsieur Makhno.
Yevgueni s'installa à son bureau, pris un stylo et une feuille, et commença à écrire.
Enfin, nous y sommes. Les libres courent dans les rues, non sans savoir qu'ils n'ont plus de buts. Paisible ville, Aspen ne me manque pas, Saint-Frôçois a l'avantage d'être ensoleillée. J'imagine qu'ils ont des boites de nuits, cela me permettra de rencontrer du monde. Il faut aussi reprendre contact avec mes derniers camarades capitalistes et capitaleux, j'ai des affaires à conclure.
Note à moi même: penser à acheter un ordinateur