Citoyen je me réserve le droit de donner des leçons de morale à qui je veux. Je juge sur pièce et tes propos sont éloquents. Dire que l'URSS était raciste, oui je trouve cela tout à fait honteux. Que tu n'apprécies pas l'URSS je veux bien l'admettre, mais il y a des limites à la colomnie. Je veux bien débattre mais encore faut-il que l'échange soit de bonne foi. Tu ne me feras pas croire qu'en accusant l'URSS de racisme tu tenais des propos honnêtes. L'URSS s'est toujours revendiquée comme un Etat fédéral et multi-ethnique. Par exemple dans le magnifique film
Aerograd (1935), ce sont tous les peuples de l'URSS qui sont à l'honneur, et en plus ils se mélangent. On y voit de beaux blancs se taper de superbes asiatiques. Ce film est un film de propagande anti-japonaise. Le Japon y est représenté par un samouraï va-nus-pieds, ce qui prouve que l'URSS n'avait pas de vision raciste mais une analyse de classe comme il convient pour un communiste.
Hé bien renseignes toi sur l'histoire du PCF, il y en a eu. Et comme je l'ai déjà dit, si le PCF est interdit en septembre 1939, ceci vient de sa non-condamnation du traité URSS/ Allemagne.
C'est l'argument officiel, mais il faut beaucoup de bonne volonté pour y croire. La vérité c'est que le PCF devenait gênant car il a longtemps demandé la guerre face à l'Allemagne et fut l'initiateur du Front populaire. Ces gens-là qui n'avaient rien pour l'Espagne ni rien fait à Munich (résultat condamné par le PCF) ont sauté sur la première occasion pour interdire le Parti.
Là c'est le pom-pom. Tu crois un instant que le 26 août 1939, la guerre n'était pas prête. Tu crois que la France et la GB, je parle des responsables politiques, ignoraient que l'Allemagne et l'Ursse s'apprêtait à dévorer la Pologne? Tu es vraiment de mauvaise foi: la seule raison qui a fait que l'URSS se tourne vers l'Allemagne est la volonté expansionniste de Staline, qui voulait envahir la Pologne, Hitler lui a offert, pas les démocraties occidentales (cette même volonté que l'on retrouvera d'ailleurs après la 2nde GM).
La seule revendication territoriale de l'URSS était l'isthme de Carélie, afin de pouvoir sécuriser le district de Leningrad. Hitler voulait effectivement envahir la Pologne, ce qui aurait rapproché ses troupes de la frontière soviétique. Stratégiquement l'URSS aurait perdu si elle n'avait pas elle-même progressé en territoire polonais. Les historiens militaires débattent encore pour savoir si effectivement cette acquisition territoriale a permis à l'URSS de se sauver de la débâcle dès les premiers jours de l'opération Barbarossa, mais ce fut assurément la motivation principale du gouvernement soviétique. Après les accords de Munich, la Pologne (qui avait honteusement pris part à la crise des Sudètes), devait de toute façon sombrer. Tu peux trouver ça déplorable, mais c'est simplement de la "realpolitik".
Hé bien renseignes toi sur l'histoire du PCF, il y en a eu. Et comme je l'ai déjà dit, si le PCF est interdit en septembre 1939, ceci vient de sa non-condamnation du traité URSS/ Allemagne.
Je veux une liste de noms. Au PCF on appliquait la discipline de parti. Toutes les actions devaient être approuvée par le Parti, comme celle menée par le Colonel Fabien, le premier en France à avoir abattu un soldat allemand. Le premier acte de résistance armée en France, commis par un communiste. Le PCF n'a jamais condamné ni exclu Fabien, et aujourd'hui le siège du PCF se trouve toujours place du Colonel Fabien.
D'ailleurs, c'est moi qui m'exprimerai bientôt pour les Jeunes communistes en mémoire de l'appel lancé par Charles Tillon.
En 1939, certains communistes, craignant de se faire arrêter, sont sortis du PCF pour condamner le pacte germano-soviétique. Ils ont tous sombré dans la collaboration ou voté les pleins pouvoir à Pétain, comme le gouvernement français et la majorité des députés SFIO.
Enfin, concernant Maurice Thorez, ses biographes écrivent tous qu'il a déserté à contre-coeur obéissant aux ordres de l'Internationale communiste. Il aurait fait une erreur grave en restant dans une armée de futurs collabos, au service d'un gouvernement qui venait d'enfermer dans des camps les députés communistes. Il aurait probablement été envoyé se faire tuer et son rôle était de diriger le PCF pour la résistance à venir, pas d'être sous-officier dans l'armée. Accuser Thorez de désertion est aussi stupide que d'accuser De Gaulle de désertion. Dois-je te rappeler - peut-être devrais-je l'écrire en gras - que De Gaulle a déserté ?
De Gaulle a déserté
C'est un fait, et il fut condamné à mort par le gouvernement Pétain. Je ne me pardonnerais pas de l'accuser pour cela. Il a fait son devoir de militaire français, comme Thorez a fait son devoir de communiste français. Je pense qu'il n'aurait pas du aller à Moscou, mais rester en France avec Duclos.
Là encore tes références historiques sont encore une fois tronquées. Ton historienne communiste a toujours eu une vision particulière de l'histoire et ne fait pas l'unanimité chez ses collègues: sa vision de la famine en Ukraine par exemple fait froid dans le dos.
Mais ne t'inquiètes pas les "collègues" chez lesquels elle ne fait pas l'unanimité ne font pas l'unanimité non-plus. D'ailleurs certains ont raté leur parcours d'historien, comme Stéphane Courtois, car l'Université leur bloquait les portes à l'époque. Annie Lacroix-Riz est spécialisée dans les relations internationales des années 1930. Tous ses travaux comme
Le choix de la défaite, sont appuyés sur les documents d'archives. Elle n'a jamais perdu un seul débat qu'elle a inité. Par exemple, elle a accusé une entreprise française de livrer du Zyklon B à l'Allemagne. Certains "historiens" sont accourus défendre cette entreprise, de peur sans doute que l'on découvre que la France était allée très loin dans la collaboration. Après avoir déterré tous les documents d'archives qu'il fallait, ces gens ont été contraints de reconnaître que Lacroix-Riz avait raison.
Concernant la famine en Ukraine, elle ne s'est pas spécialisée dans les événements en URSS. Elle a étudié les archives et conclu qu'il y avait une campagne de propagande orchestrée par le Reich et le Vatican. Cette conclusion est absolument indéniable. Pour le reste, elle n'a pas nié la possible existence d'une famine en Ukraine, mais considéré que son empleur était certainement moindre que ce qu'en disaient les nazis. Elle s'appuie notamment sur des témoignages de plusieurs diplomates français de l'époque. Elle a aussi contesté les chiffres d'Alain Blum, un historien français qui a rédigé un ouvrage sur la démographie soviétique au milieu des années 1990. Je l'ai à la maison.
Certains historiens sont par contre spécialisés en histoire soviétique, mais aussi dans la démographie. C'est le cas de Mark Tauger, historien américain qui, après avoir travaillé dans les archives soviétiques, a conclu que la famine fut probablement le résultat d'une mauvaise récolte de céréales. Il s'en prend aux autres historiens qui accusent le gouvernement soviétique de l'avoir orchestrée, et rappelle que ce même gouvernement a organisé des campagnes de ravitaillement. Ces faits sont également indéniables, mais il y a en France et aux Etats-Unis de puissants groupes de pression ukrainiens qui d'ailleurs ont menacé plus d'une fois Annie Lacroix-Riz.
Je précise qu'Annie Lacroix-Riz est communiste, mais que Mark Tauger ne l'est pas.
Alors le PCF et l'Algérie: parlons-en. Le PCF était contre l'indépendance de l'Algérie jusqu'en 1956. Ainsi, les pères de l'indépendance algérienne, dont Messali Hadj, passait par le PCF s'en sont tous éloignés du fait que ce parti jouait un double jeu, entre ses discours sur l'autodétermination et la réalité politique. Le PCF n'a jamais condamné la lutte contre les indépendantistes, il n'a jamais rien dit contre l'emprisonnement subi par Messali, il n'a rien dit sur les massacres de 1945. Je ne lui reproche pas, car il est facile et aisé d'évoquer cette période en 2012, mais cesses de croire que ton aprti a été tout blanc dans cette histoire. Beaucoup de communistes se sont sacrifiés pour l'indépendace de l'Algérie, citions seulement Audin ou Alleg (qui lui n'est pas mort), mais la ligne du aprti est claire jusqu'en 1956: améliorer les conditions de vie des algériens, en faire des citoyens à part entière mais non l'indépendance.
Quand au terme nation en formation, il atteste bien d'une vision ethno-centriste: croire que le concept d'Etat Nation européen est exportable dans le monde atteste la fermeture d'esprit du déserteur Thorez.
Le concept de nation n'est pas ethno-centriste. Toutes les luttes anticoloniales se sont revendiquées de l'indépendance nationale et du droit des peuples à s'auto-déterminer. Ainsi le Vietnam, la Chine, l'Algérie et tant d'autres pays forment aujourd'hui des nations. Les nations faillies sombrent souvent dans la guerre civile, comme la Libye et peut-être demain la Syrie. En parlant donc de "nation en formation" dès 1939, le PCF signifiait par là qu'il viendrait un moment où l'Algérie aurait elle aussi à se séparer de la France. Il défendait cependant le concept d'Union française, qui devait permettre à des pays comme l'Algérie ou le Vietnam de prendre pacifiquement leur indépendance, tout en restant associés à la France.
Dans les deux cas, l'Algérie comme le Vietnam, le PCF défendait une solution pacifique. Au Vietnam il n'y avait qu'un interlocuteur crédible, Ho Chi Minh. En Algérie il n'y avait pas d'interlocuteur, et les premières méthodes utilisées étaient clairement terroristes. Le PCF a condamné logiquement ces méthodes et ce mouvement qu'il ne connaissait pas. Son interlocuteur en Algérie était le Parti communiste algérien, car le PCF n'opérait pas en Algérie vu qu'il défendait le droit des Algérien à l'autodétermination, droit qu'il a rappelé plusieurs fois avant 1956.
Il y a effectivement eu en 1945 le fameux massacre de Sétif. On doit s'en souvenir aujourd'hui comme un crime colonial, mais le PCF n'avait rien à voir avec cela. Il ne dirigeait pas l'Algérie, et n'avait pas de raison de croire que ces émeutes n'étaient pas le fruit, comme on l'a dit à l'époque, de provocateurs fascistes. Les nazis ont joué plus d'une fois de la carte nationale. Ils avaient ainsi de très bonnes relations avec les Frères musulmans égyptiens ou avec les indépendantistes bretons. Le PCF a donc commis une erreur d'appréciation, mais ça ne veut pas dire qu'il était contre le droit des peuples à l'autodétermination. Cela fait longtemps que le PCF a reconnu cette erreur.
Jusqu'en 1956, le PCF a cru à une solution pacifique en Algérie. Il avait soutenu Guy Mollet (SFIO) sur cette base. Ce dernier en a voulu autrement et a organisé la répression. A cette date, il était effectivement impossible pour le PCF de soutenir encore une solution pacifique. Il a donc pris le parti de la lutte armée. Je considère qu'il n'a pas commis d'erreur pour l'Algérie, et a eu raison de défendre jusqu'au bout une solution pacifique.
Les seuls réellement anticolonialiste durant tout ce conflit ont été les trotskystes et les leaders du futur PSU.
C'est ce qu'on appelle des gauchistes. Ils sont anticommunistes et révolutionnaires en parole, mais contre-révolutionnaires dans les faits car ils servent toujours à justifier la répression par leurs actions individuelles et irresponsables. La seule chose qu'ils savent faire, c'est accuser les autres de ne pas être assez révolutionnaires ou d'avoir fait échouer une révolution. Au final ils n'ont pas servi à grand chose. C'est un peu le genre de personnes à aller jeter des tomates sur Guy Mollet pour aller se plaindre après qu'il organise la répression en Algérie.