Niamh Fourcade a écrit :Gustavo Riga a écrit :Ohlalah, l'ignorance de Niamh Fourcade fait peur. Cela fait des années que les sociologues répètent que les électeurs FN sont très rarement passés par l'extrême-gauche, et surement pas plus que par la gauche modérée. Il y a certes des ouvriers qui votent FN, mais il faut arrêter de croire que les ouvriers sont naturellement d'extrême-gauche ou qu'ils appartiendraient par excellence au PC. Les électeurs sont libres..
Pourtant les dernières études sont assez claires. Les jeunes ont préféré Hollande, les femmes sarko, les ouvriers Le Pen.
Donc tout les ouvriers sont pour toi des fachos ?
Ton obscurantisme communiste fait peur, très peur , comme les propositions irréalistes de ton candidat, véritable populiste utilisant les mêmes procédés que le parti qu'il est censé combattre : populisme, opposition des communautés (enfin des classes pour lui mais ça revient au même.
J'espère qu'un jour, les 35 % d'électeurs qui ont voté aux extrêmes se rendront compte de leur bêtise. C'est pas gagné avec des Le Pen et Mélenchon dans le circuit.
Woaw.
Alors déjà, Niamh, d'où tiens-tu ta source ? Qu'est-ce qui te fait dire avec autant d'assurance et de condescendance que les ouvriers ont bien voté Le Pen ?
Moi la seule chose que j'ai pu voir actuellement, c'est la cartographie des résultats. Regardez celle de Marine Le Pen et vous verrez qu'elle a obtenu ses meilleurs scores sur la ceinture méditerranéenne (sociologiquement pas réellement "ouvrière") et dans le Nord-Nord Est (Nord de la Bourgogne et du Jura, Haut Rhin, Lorraine, Champagne-Ardennes, Nord-Pas-de-Calais, Picardie). Mais encore une fois, on ne peut pas en dire grand chose puisqu'il est pour le moment impossible de croiser les données (ni même d'avoir l'ensemble des données). On n'évoque jamais les écarts d'abstention par exemple.
Au reste, je ris du propos de Mike quant à l'électorat bobo. Regarde le score de Méluche à Paris (qui est quasiment identique à son score national) puis les départements qui lui ont accordé le plus de voix (les deux premiers sont la Seine-St-Denis et l'Ariège… ultra-bobo) et tu comprendras qu'il faudrait peut-être prendre un certain recul. À ce titre je pourrai regarder le résultat de Nice, constater que cette ville (de vieux riches) a accordé un score fantastique à Nicolas Sarkozy et Marine Le Pen et en déduire que leur électorat est fortement composé de vieux riches urbains. Un peu de sérieux, pitié.
Mais maintenant on va en revenir à quelque chose qui m'exaspère toujours autant et que je vais synthétiser par une phrase
à la Niamh : "Les électeurs des extrêmes sont des imbéciles qui font fausse route en se laissant avoir par les sirènes populistes ; comprendront-ils un jour ?". Voilà en substance la teneur de tes propos.
Alors je vais te faire une fleur (aussi parce que j'ai pas que ça à faire non plus) et je ne vais pas revenir longuement sur la faiblesse originelle de ta proposition. Les "extrêmes" restent un concept on ne peut plus flou et tu ne te fends pas du moindre effort de définition. De plus, si définition il n'y a pas, tu te permets également de rassembler (et c'était à la mode récemment encore) dans un même paquet de courants politiques qui, pourtant, historiquement, se sont affrontés jusque dans la rue. Mais bon, encore une fois, acceptons, passons.
Et donc sur ce, tu estimes que le vote extrême est un vote d'imbécile. Mais au fond que peut-on reprocher (ou plutôt en quoi pouvons-nous rapprocher) les candidats "extrémistes" ? Certainement de croire et de dire que, oui, les pouvoirs publics ont encore des marges de manœuvre. Mais dans ce cas, Nicolas Dupont-Aignant et Jacques Cheminade sont également de dangereux extrémistes. De ce fait, si on s'en tient à ça, expliquer aux gens que le politique peut encore agir, c'est "faire miroiter des promesses intenables". Expliquer qu'il n'y a pas de fatalité, c'est "refuser de manière idéologique la réalité/modernité". Dire enfin qu'il faut avoir du courage politique c'est "être un dangereux fanatique, radical à la limite de la dictature". Le populisme en France (et je trouve ça intéressant) n'est même plus rapproché de propos qui cherchent à exciter des passions populaires mal considérées (car les questions sociétales ont été secondaires et j'en suis très heureux), le populisme en France, c'est de dire que voter fait sens parce que le politique peut réellement avoir des marges de manœuvre. Je trouve ceci fabuleux.
En gros, tout le mépris que tu portes à ces électeurs provient de l'idée que seul le discours audible est celui qui tend à expliquer que les pouvoirs publics ne peuvent plus grand chose. Et il est très drôle de voir que, finalement, celui qui reproche à certains une conception trop idéologique des faits est lui même un idéologue qui considère que l'impuissance publique est un postulat non-discutable. Bienvenue dans un monde utilitaro-libéral.
Voilà pourquoi, à défaut de te demander de complexifier ta vision des extrêmes et des populistes, je te demanderai d'avoir une simple once de respect pour ces électeurs. Au fond, ils sont comme toi, ils ont une conception du monde qu'il tente d'influer, ils ne sont pas des enfants débiles qui votent pour quelqu'un qui parle fort et bien mais leur ment effrontément.
EDIT : J'avais oublié de le placer.
Je rappelle également que les travaux d'universitaires se portant sur le vote FN montrent quelques trucs.
D'abord, historiquement, le vote FN ne prenait pas dans les zones rurales. Il faudra voir ça maintenant, mais en gros, la socialisation particulièrement forte et traditionnelle (avec notamment la pratique religieuse et le poids important de celle-ci) décourageait le vote FN. À l'inverse, le vote FN était favorisé par l'appartenance à la classe moyenne (surtout si celle-ci se sentait déclassée) ainsi que l'habitation dans une ville moyenne où la socialisation était la moins forte. Autre gros facteur de vote FN être catholique non pratiquant.
En outre, pour le vote ouvrier, celui-ci allait dans l'essentiel à… l'abstention. La résignation à celle-ci se retrouve très fortement dans les classes populaires et de nombreux ouvrages géniaux (
La démocratie de l'abstention et
Le Cens caché) sont lumineux sur ces sujets.
La donne peut avoir changé maintenant, mais, à ma connaissance, on n'a pour l'instant rien de tangible pour parler de ça.