Le coin (-coin) des américains

[Jack Kusher]

Pour le coup je suis plutôt d'accord avec Riga, la politique américaine m'intéresse, comme la politique française, mais elle ne me fait pas rêver, loin de là. Ya des rebondissements, etc, soit, mais derrière ça c'est clair que ce pays souffre (et là ça me semble vraiment pathologique... ) d'un manque flagrant de pluralisme (deux partis, et encore, d'accord la moitié du temps...), sans parler des problèmes du lobbying et des intérêts financiers (enfin ça ça tend à devenir pareil en France, mais bon).

[Mike Harper]

Déjà, en quoi l'admiration de la culture américaine est mauvaise ? On est peut être pas de la même génération mais la mienne écoute, regarde et mange de l'américain, personnellement, je me sens idéologiquement intéressé par cette culture et j'aimerais pouvoir mettre les pieds là-bas un jour. Et je revendique être atlantiste du moins être un ami des Etats-Unis, on a toujours une gêne à dire cela en France, par contre, je me sens proche aussi des espagnols, des italiens, des allemands, des anglais ou des japonnais. C'est ça la globalisation, enfin la conséquence, aujourd'hui je me sens autant citoyen français que citoyen européen ou du monde. Donc, je ne suis pas dans cette espèce de logique nationale, selon laquelle on serait français et point barre et que ce serait un affront d'apprécier ce qu'il y au-delà des montagnes et des océans. Je ne dis pas que c'est bien ou mal, ni même que je suis un modèle de la jeunesse française, c'est simplement ce que je suis.

Est-ce que j'ai dit que la politique française devait être devenir comme la politique américaine ? Non. J'ai dit que j'appréciais la première et suivais aussi la seconde. Je mettais juste en avant le fait que la première était plus passionnante dans une vision cinématographique ou télégénique.

Et que certaines choses me déplaisait en France dont notamment dans ce renouvellement, les Etats-Unis ont aussi ce que tu décris mais en 1995, les visages n'étaient pas vraiment les mêmes. Ensuite, tu évoques quelque chose de fade dans la politique américaine, je te comprends parfaitement, en tout cas moi ça me plait.

Qu'est-ce que Bordeaux vient faire là-dedans avec une mesure incroyablement bête ? Ma ville a voulu pendant des années construire une mixité sociale, or, aujourd'hui sa politique a fait du logement social à outrance depuis les années 60. Certains quartiers sont devenus, notamment celui dans lequel je vis, de vrais ghettos. Il n'y a pas d'avenir pour les jeunes qui grandissent dans ces tours, si ce n'est de se retrouver à rouler en belle voiture grâce à des trafics mais où est la vraie ascension sociale ? Nulle part. Evidement, on s'enferme dans une exécrable insécurité. Est-ce normal que je ne puisse pas, moi qui ait 17 ans, sortir après 19h sans craindre de me faire stopper par des gens qui veulent mon billet de 5euros dans mon portefeuille ? On devrait pouvoir se sentir en sécurité, avoir une ville propre au lieu de jeter ses papiers par terre. En créant ces ghettos, la ville a contribué à cette situation. Et on sait que l'éducation ne passe pas quand on voit les membres de sa famille galérer, que l'on vit dans une tour et que le trafic est facile pour gagner de l'argent. Les écoles font parties des moins bonnes du département. Je trouve anormal que les parents des classes moyennes, mêmes basses, dont je fais partie, soient obligés d'envoyer leurs enfants dans les écoles des autres villes pour réussir. C'est navrant d'en arriver là. Bref, c'est un constat d'échec pour cette ville et je crois qu'il y a d'autres choses à faire que s'enfoncer dans cette voie là.

[Paul Rogin]

Déjà, en quoi l'admiration de la culture américaine est mauvaise ? On est peut être pas de la même génération mais la mienne écoute, regarde et mange de l'américain, personnellement, je me sens idéologiquement intéressé par cette culture et j'aimerais pouvoir mettre les pieds là-bas un jour. Et je revendique être atlantiste du moins être un ami des Etats-Unis, on a toujours une gêne à dire cela en France, par contre, je me sens proche aussi des espagnols, des italiens, des allemands, des anglais ou des japonnais. C'est ça la globalisation, enfin la conséquence, aujourd'hui je me sens autant citoyen français que citoyen européen ou du monde. Donc, je ne suis pas dans cette espèce de logique nationale, selon laquelle on serait français et point barre et que ce serait un affront d'apprécier ce qu'il y au-delà des montagnes et des océans. Je ne dis pas que c'est bien ou mal, ni même que je suis un modèle de la jeunesse française, c'est simplement ce que je suis.
Est-ce que j'ai dit que la politique française devait être devenir comme la politique américaine ? Non.

Je suis en parfaite accord avec Mike sur ces points là!!

[Jack Kusher]

Ce n'est pas le débat, mais je tiens quand même à souligner que pour un "citoyen du monde" tu as une vision bien locale des choses. Tu ne crois pas que justement, ce qui crée des ghettoisations (chez toi, mais si c'était le quartier d'à-côté ce serait pareil, non ?) c'est justement le manque de mixité sociale ailleurs ? Si toutes les villes appliquaient le même taux de logement social, il n'y aurait pas de genre de problème (ou pas dans ces proportions), ça semble assez évident. Alors évidemment, s'il n'y a que les mairies communistes qui respectent cette loi, tous les pauvres se retrouvent au même endroit, mais bon, il faut bien qu'ils aillent quelque part.

[Mike Harper]

On a un taux de logements sociaux bien au-dessus de celui fixé par la loi. Et il me semble que c'est Borloo qui a fait cette loi non ? Je te parle de quelque chose qui dure depuis 50 ans.

[Hugo Salinovitch]

Le taux de 20% n est pas de borloo. Il est appliqué et respecté par peu de villes. Et si on met les 20% au même endroit ca change rien au probleme.

[Ciaran McKenna]

Ok. Vos interventions renforcent donc ma conviction. Vous regardez les élections américaines comme je regarde le Superbowl. Parce que c'est divertissant. Après, est-ce le rôle de la politique ?
Ce n'est pas un jugement de valeur que je fais, qu'on s'entende bien. J'essaye juste de comprendre l'attrait que ça peut avoir.

Edit: au passage je n'ai jamais dit que s'intéresser à la culture américaine était une mauvaise chose. Ce qui me gêne, et ce que je pense Gustavo voulait exprimer, c'est cet espèce de fantasme des nouvelles générations sur les USA. Les USA c'est un produit de consommation géant, c'est un pays-merchandising, c'est le symbole même de la communication à un niveau international. "Vous, pauvres habitants d'autres pays, rêvez d'être comme nous, fantasmez d'être comme nous, car vous n'êtes rien et nous sommes tout"... et le pire c'est que ça marche car ils ont la machinerie financière et mercantile qui va avec.
Quand je vois le nombre de personnes qui aujourd'hui usent et abusent de l'américanisation de tous les produits sans même s'en rendre compte ça fait un peu flipper. L'Europe (entre autres) c'est le nouveau Mexique des USA.

[Yevgueni Makhno]

Ciaran ferait bander des viagreux juste avec ses mots. Sans déconner.

[Gustavo Riga]

Qu'est-ce que Bordeaux vient faire là-dedans avec une mesure incroyablement bête ? Ma ville a voulu pendant des années construire une mixité sociale, or, aujourd'hui sa politique a fait du logement social à outrance depuis les années 60. Certains quartiers sont devenus, notamment celui dans lequel je vis, de vrais ghettos

Tu me parles de ta ville, je te parle d'une autre. Ce n'est pas une ville communiste mais une ville UMP, et pourtant il y a de vrais ghettos : des quartiers où l'on trouve les plus riches, propres, bien entretenus. Et d'autres beaucoup plus sales comme le quartier de la gare, avec une proportion très importante d'étrangers, une violence perceptible et une présence policière bien visible. Il y a à côté des politiques de "gentrification de quartiers", c'est-à-dire d'exclusion et de ghettoïsation. La seule façon d'enrayer ces processus, c'est de mettre en place des logements sociaux. Kusher a bien répondu, on ne peut pas répondre à tous ces problèmes à l'échelle d'une ville. Ta ville est communiste, pourquoi ? Sans doute fait-elle partie de l'ancienne "ceinture rouge" de Paris ? La plupart des villes communistes ont une tradition ouvrière, elles sont donc nées dans les classes défavorisées. Leur but n'était pas de supprimer la misère, c'est impossible à l'échelle d'une ville, mais d'essayer de l'atténuer, en construisant comme tu dis des logements sociaux, des crèches, etc. Je pourrais parler d'autres villes qui ne sont pas communistes, comme Toulouse, entourée de "cités" où l'on recommande de ne pas s'arrêter en voiture. On dit que même les TER sont devenus très dangereux pour les agents de la SNCF faisant le service de nuit.

[Mike Harper]

Je ne suis pas un électeur UMP donc je ne vante pas les mérites des villes de droite. Et j'ai le droit de dire que ma mairie sous l'impulsion communiste a fait une mauvaise politique. Je ne dis pas qu'il y a des endroits pires, je pense simplement qu'il y autre chose à faire. Ai-je le droit de le dire ?

Bref, on est HS.