Mais Gustavo, tu ne me feras pas changer d'avis sur le bulletin que je glisserais dans l'urne.
Mélenchon est passé de 3% à 15% en quelques mois. Si j'arrive pas à convaincre une seule personne en 1 jour, je me pends !
Par contre, tu sembles oublier que pour nationaliser, il va falloir de l'argent, donc ça va créer des dépenses. Tous les nouveaux fonctionnaires qui vont être recrutés de fait, tu vas les payer comment ? Comment vas-tu assurer le financement de leurs retraites ? Autre chose, quand des pans entiers de l'économie française seront nationalisés ou délocalisés c'est qui que tu vas taxer pour renflouer les caisses ? L'argent, tu vas aller le chercher où ? Regarde un peu ce qu'il s'est produit dans les pays qui ont tout nationalisé ou presque, l'URSS par exemple. Tu ne peux pas me dire que les comptes publics vont être équilibrés avec des nationalisations et que les entreprises qui vont délocaliser vont être isolées. Elles vont perdre le marché français mais le marché français, il vaut quoi face au reste du monde ? Pas grand chose. Tu me reproches d'être flou sur l'austérité juste, mais tu l'es aussi sur la question de la compétitivité. Explique-moi en quoi la compétitivité va être encore plus grande avec le FdG, je suis tout ouïe.
Je ne suis pas économiste. Mais en matière de compétitivité, c'est évident qu'un pays qui a une infrastructure économique gagne en compétitivité. Généralement les services publics sont perçus comme un atout de la France, qui permettent de la différencier des autres pays. Un climat de travail serein, de bons salaires, une bonne santé, contribuent très largement à la compétitivité du pays. Concernant le financement, nos comptes sont équilibrés. Je laisse Jacques Généreux te répondre. Moi je ne dis pas que tu es flou, mais incohérent. On ne peut pas avoir la justice et l'austérité à la fois, car l'austérité est la façon libérale de réduire la dette (qui sert surtout de prétexte pour nourrir les marchés financiers).
http://www.bastamag.net/article2301.html
L'austérité juste c'est ce qui est globalement expliqué dans le programme d'Hollande. Prendre l'argent là où il est, faire se serrer la ceinture à ceux qui l'ont ouverte grâce à Sarkozy, baisser les dépenses inutiles et superflues, encourager les véritables secteurs qui ont plus que jamais besoin d'argent : l'emploi, l'éducation et la santé.
Le PS est le parti qui ne propose rien. Son programme fait 20 pages avec des images, je l'ai reçu à la maison. Ce n'est que du blabla. Par exemple, il proclame "nous reviendrons à la retraite à 60 ans... mais pour ceux qui auront cotisé 41 annuités". Bien entendu, personne ne comprend ce charabia, tout le monde entend retraite à 60 ans. Sur les logements pareil, j'ai entendu : nous allons plafonner les loyers ! Mais non, leur programme ne propose que l'encadrement des loyers à certains endroits. La réduction des dépenses publiques est intenable. La situation est devenue catastrophique pour les salariés dans tous les secteurs : la santé, l'éducation, l'inspection du travail qui est débordée. On se suicide un peu partout. Et Hollande veut continuer les coupes budgétaires. Cela va s'accélérer avec les attaques spéculatives, prépare-toi. La politique d'austérité, en période de crise, ne fait qu'accélérer la contraction de l'activité économique. Et puis il faut voir la réalité en face, c'est cette politique libérale, qui refuse le recours à l'Etat, qui est la cause de l'explosion de la dette, comme le rappelle justement le manifeste des économistes atterrés.
Pour être tout à fait honnête (tu pourras voter Hollande avec plus de ferveur !), je pense que tu es vraiment naïf. Hollande n'a pas l'intention de revenir sur la politique du "un sur deux". Ce n'est pas parce-qu'il s'est tourné un clip de campagne sur l'égalité qu'il va devenir communiste. En fait, il a même l'intention d'aller plus loin que le "un sur deux". Voir ici :
http://www.publicsenat.fr/lcp/politique ... ons-204489
Tu me rappelles un peu ce MJS avec lequel je parlais dans le transport en commun, qui pensait que Hollande s'attaquerait aux banques en les nationalisant. Je n'ai pas répondu, évidemment.
Ne pas savoir faire la différence entre Sarkozy et Hollande, c'est finalement se situer au même niveau intellectuel que Le Pen et c'est franchement pas glorieux, mais bon, il faut croire que je suis bourgeois, avec mes indemnités maladie, mon logement social et mon taf au SMIC que je reprendrais dans quelques mois. Tu vois je nage sur l'or, c'est merveilleux et magnifique. Oh et au fait, je sais pas si tu as remarqué que Mélenchon était majoritairement soutenu par les cadres, on peut pas dire que ça soit des prolos, eux ils ont plutôt tendance à soutenir Hollande et Le Pen, comme quoi...
Mélenchon est soutenu autant par les cadres que par les personnes gagnant moins de 1500 euros par mois. Le programme du Front de gauche n'est pas un programme de révolution communiste et ne prétend pas l'être. Par contre ce qui se cache derrière Hollande, c'est une partie de la bourgeoisie, la vraie. Celle qui possède les moyens de production, à la différence des cadres. Il est normal que certaines personnes qui ne sont pas bourgeoises votent Hollande, car le PS domine depuis très longtemps à gauche et s'est accaparé une part énorme du temps de parole. Sans compter la peur de Nicolas Sarkozy.
Regarde un peu ce qu'il s'est produit dans les pays qui ont tout nationalisé ou presque, l'URSS par exemple.
Sur le plan économique l'URSS fut certainement le plus gros succès de l'histoire de l'Humanité. En l'espace d'une trentaine d'années, elle est devenue l'une des deux superpuissances mondiales, et cela malgré les énormes destructions de la Seconde Guerre mondiale. Jusqu'au milieu des années 1960 les économistes occidentaux sont effrayés et prévoient un rattrapage de l'économie US vers la fin des années 1970. Malheureusement, ce rattrapage n'a jamais eu lieu, car l'U.R.S.S. a connu bien des problèmes qui étaient à mon avis plus économiques que politiques.
Avec l'historiographie de la Guerre froide et la propagande anticommuniste, toujours bien vivante, on a effacé de l'histoire les succès économiques de l'URSS, et on n'a gardé que les réformes de "Papa maïs" et la catastrophe de la perstroïka. Mais j'ai à la maison des textes de gens pas très à gauche comme Alain de Jouvenelle, qui terrorisés par les succès de l'économie soviétique, cherchaient à en trouver les raisons. Je lis toujours ces textes avec beaucoup de plaisir, beaucoup tomberaient des nues en voyant ça.