[9, rue Molière] Le Menn - Lacroix de Beaufoy

[Hélène Le Menn]

Oui. Voilà, Une journaliste, Anna Miaoulis, m'a contacté et demandé si je me sentais en danger avec la Commission. Donc je lui ai dit que non. Et que tu n'avais rien à te reprocher ! Par contre, vu que ça fait facile 15 jours qu'on s'est vu, bah elle a zappé de la publier. Je t'avouerais qu'elle m'a demandé de se voir juste après une journée de boulot. Donc pas eu trop le temps de te demander ce que tu en pensais. Bah je le fait maintenant. Et puis les derniers jours ont été éprouvants pour moi, donc j'ai essayé de plus du tout penser à cette commission.

[Louis-Damien Lacroix de Beaufoy]

Louis-Damien n'avais jamais apprécié les journalistes, sauf quand il s'agissait de mettre en avant son travail. Il s'en méfiait comme la peste et il pensait même que la presse s'accordait parfois trop de liberté. Néanmoins, elle avait un grand pouvoir et il valait mieux l'avoir dans la poche que sur son dos, à cause de son influence grandissante. Louis-Damien profita du fait qu'ils soient dans l'intimité pour être franc. Il lui répondit donc :

- Si ça ne tenait qu'à moi, les journalistes auraient des comptes à rendre à la Justice à chaque fois qu'ils se mêlent de ce qui ne les regarde pas. Mais ça ne tient pas à moi et puis si je dis vraiment ce que je pense, on va faire un raccourci facile avec "Lui". Mais tu as bien répondu, je ne vois pas quoi ajouter. Méfies-toi d'elle, autant que des autres d'ailleurs. Je n'ai jamais eu confiance en la presse et tu le sais. Qu'ils ne viennent pas s'amuser à nous pister pour des clichés, parce que je ne les manquerais pas.

Il avait parlé avec fermeté. Il était du genre à faire un grand sourire devant les médias pour avoir une bonne image alors qu'en réalité, une partie de lui soutenait la censure. Hélène ne pouvait pas lui en vouloir d'avoir de temps à autre des expressions de son éducation passée. Il enleva ses lunettes de soleil, posa ses yeux bleus sur elle et ajouta :

- C'est toi qui vois. Si tu veux faire une interview et si tu penses que ça peut être bénéfique pour nous, alors vas-y. Je reste sceptique mais étant donné que tu as toujours eu une bonne intuition...

[Hélène Le Menn]

En rentrant de la crèche avec les jumeaux, Hélène les posa dans leur grand parc. Ces bambins étaient vraiment complices au point d'avoir encore fait les "400 coups" ensemble à la crèche aujourd'hui... La femme comblée se posa enfin dans le canapé jouxtant le parc et alluma la chaîne Hi-Fi et mit un album des Dubliners qui commença la chanson "Dirty Old Town"

Tout en faisant un petit thé artisanal réunionnais et en attendant le retour Louis.

[Louis-Damien Lacroix de Beaufoy]

Louis-Damien rentra chez lui vers 17 heures, c'était tôt mais comme il n'avait pas de rendez-vous à l'Assemblée Nationale, il avait choisi de partir plus tôt. Il se demandait si les Représentants Parlementaires de la majorité n'avaient pas fait une erreur en élisant Lantier plutôt que Marshall. Ce dernier paraissait plus actif, présent et compétent que la jeune femme, même s'il était issu du PPL, un parti trop à droite pour Lacroix. Cela restait à voir, il espérait qu'elle choisisse une Vice-Président plus actif qu'elle...

Lacroix gara la magnifique Porsche qu'il avait acquise et dont il était particulièrement fier. Cette belle voiture en avait sous le capot, son moteur ronronnait comme il fallait et elle était confortable avec ses fauteuils tout en cuir, rembourrés. Dans la propriété, les petits bijoux automobiles s'accumulaient. Louis-Damien aimait les voitures et ça se voyait, puisqu'il ne possédait désormais six... Une passion qui n'était pas tout à fait du goût d'Hélène, et de son côté écolo. Aussi s'était-il promis, pour lui faire plaisir que sa prochaine voiture serait électrique, du moins en solaire.

Il sortit de sa Panamera Berline la ferma à distance avec la télécommande et se dirigea vers la porte. Alors qu'il entrait chez lui, le son des Dubliners résonna à ses oreilles. Cette musique ne lui était pas désagréable, il aimait bien, bon, ça n'était pas passionnel comme goût mais bon, il savait que ça plaisait à sa femme. Particulièrement de bonne humeur, il entra dans la cuisine où l'odeur du thé vint titiller ses narines. Il fit un grand sourire en voyant Hélène et l'embrassa tendrement. Il sortit un verre, le remplit d'eau fraîche et tout en cherchant des petits biscuits, il dit, avec entrain :

- Bonjour mon coeur ! Alors, comment s'est passé ta journée ? Et où sont les petits monstres ?

[Hélène Le Menn]

Hélène lui rendit son sourire, mais là ne pas remarquer les enfants dans leur parc qui prend une bonne partie du salon et qui est voyant de part sa hauteur, Hélène s'étonna de cela et répondit d'un ton amusé :

Coucou mon chaton ! Bien chargée cette journée avec des réunions à rallonge cet après-midi... Mais bon, nickel ! Et toi ta journée ? Sinon la marmaille est dans son parc... Juste à côté du canapé où je suis avachie ! T'as intérêt à te coucher tôt ce soir chéri !

Sur ces mots, Hélène se mit à éclater de rire devant la réaction de Louis du fait qu'il n'avait pas vu ses garçons dans leur parc !

[Louis-Damien Lacroix de Beaufoy]

Effectivement, Louis-Damien avait la tête ailleurs. Il jeta un oeil au parc pour voir ses deux garçons s'amuser tranquillement. Il but et posa son verre sur la table basse et les prit tous les deux dans ses bras. Ils pesaient un peu ! Il les embrassa l'un après l'autre et s'assit sur le canapé près d'Hélène. Maintenant qu'ils grandissaient, il était plus à l'aise, il avait moins peur de leur faire mal.

- Ma journée a été assez banale, j'ai pris possession de mon bureau à l'Assemblée Nationale, j'ai posé mes cartons. J'en ai profité pour bien planifier mes horaires de disponibilité de façon être tranquille pour le chabbat. Et puis j'ai pris connaissance du vote pour le perchoir. Sans surprise, Lantier a écrasé Marshall... je ne suis pas sûr qu'il ait été judicieux de la soutenir, tant son activité me semble ectoplasmique... mais bon, ça ne sont pas mes affaires. Qu'ils se débrouillent donc comme de grands hommes politiques responsables qu'ils sont... à gauche.

Il y avait une petite touche ironique dans sa voix mais il enchaîna :

- J'ai aussi contacté Finacci, pour l'enquête sur la dictature. Je vais lui communiquer mon rapport écrit sur mes anciens contacts, sur tout ce que je sais au sujet des anciens de la Veilleuse. En échange, il m'a garanti l'immunité. J'ai donc bien fait de t'écouter. Sinon, sur le chemin du retour, j'ai vu... tu vas encore me faire la tête, mais j'ai vu une voiture splendide, une jaguar de collection, elle doit coûter une fortune... je me demande si je peux négocier le prix...

[Hélène Le Menn]

Sans quitter des yeux l'émission qui portait sur les manifestations contre le fameux film anti-islam, Hélène fronça les sourcils
Encore tes voitures ? Pourtant tu as une bonne taille ( ) ! Tu pourrais commencer à m'aider à mettre de côté pour l'avenir des enfants, non ?

Sinon pour Finacci, tu vois ! Il faut m'écouter, c'est ça l'intuition féminine, mon cher monsieur !

[Louis-Damien Lacroix de Beaufoy]

Louis-Damien n'avait jamais été très fan d'allusions graveleuses, en fait il avait du mal à les comprendre et à être à l'aise avec. Même quand sa femme profita des voitures pour parler de taille, il se mit à rougir légèrement. Alors que le film anti-islam semblait faire débat, il changea de sujet :

- Ne t'en fais pas pour les bouts de chou... Avec l'argent que j'ai mis de côté par mes placements boursiers, les revenus des Editions et le petit pécule que j'ai en épargne, nous aurons largement de quoi leur garantir un avenir ! Je les imagine bien en médecine, ou en droit. D'ailleurs, ils ont ouvert une école privée à Aspen et ils ont recruté des enseignements prestigieux. L'idéal, ce serait qu'il y en ait un qui devienne gérontologue, il nous soignerait sur nos vieux jours. Et l'autre devrait peut-être devenir journaliste, nous aurions des entrées VIP dans les soirées mondaines quand notre notoriété sera loin derrière nous.

Alors que des images concernant les émeutes défilaient, Lacroix soupira :

- Des fois, quand je les vois ou que je les entends parler, je me dis que Marshall n'a pas tort. Ils sont violents et particulièrement sauvages. Explique-moi en quoi c'est juste de tuer un ambassadeur à cause d'un film de 10 minutes dont personne n'a franchement entendu parler... C'est lamentable et ça témoigne de leur incapacité à tolérer ce qui diffère d'eux.

[Hugo Salinovitch]

Un inconnu sonna à la porte. Il portait un costume gris foncé.

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[Louis-Damien Lacroix de Beaufoy]

Louis-Damien s'attendait à une réponse un peu cinglante d'Hélène, concernant sa remarque, mais on sonna à la porte. Il haussa un sourcil, intrigué. Il s eleva, replaça ses deux garçons dans le parc et dit simplement :

- Encore un voisin qui doit vouloir admirer la Porsche... je vais ouvrir.

Il se dirigea vers la porte d'entrée et ouvrit. Il tomba nez à nez avec un homme un peu étrange. Bien habillé mais inconnu au bataillon. Louis-Damien et son habituelle amabilité l'accueillirent. A vrai dire, Lacroix avait toujours été plutôt froid, parfois hautain et cette fois-ci encore, il n'avait pas abandonné son attitude naturelle.

- Qui êtes-vous ? C'est à quel sujet ?