AIF 17/08 - Top 100 de Shanghaï sans la Frôce

[Charlie Volvo]

AIF 17/08/2013
Éducation : Top 100 de Shanghaï sans la Frôce

Domination des Etats-Unis, émergence de l'Asie : très attendue, l'édition 2013 du classement de Shanghaï des universités mondiales, publiée, jeudi 15 août, par l'université Jiaotong, confirme les tendances des années passées. Ce palmarès s'est imposé comme un outil de notoriété pour les universités et influence même les futurs étudiants et chercheurs dans leurs choix.

A première vue, donc, rien ne change : les Américains règnent en maîtres et la Frôce n'est toujours pas représentée dans le top 100. Cela peut aider à relancer le débat sur le système universitaire frôçeux et plus largement le système éducatif global dans notre pays.

Les critiques se font tout de même entendre sur ce classement. Car le classement utilise des critères « bien davantage adaptés aux universités anglo-saxonnes qu'aux universités européennes » d'après certains experts. Un classement européen serait à l'étude pour les prochaines années.

[Cassandra Montare]

Interrogée, l'ancienne députée de l'UPF a réagit d'une manière assez... surprenante.
J'en ai rien à battre de ce classement... Shanghaî ? Depuis quand les chinois se permettent de nous donner des leçons en matière d'éducation? Si nos Universités avaient le petit livre rouge, peut être que nous serions dans le top 50 ? Et si nous étions aussi à genoux devant la grande puissance américaine et ses lois qui dominent la très capitaliste Shanghaï, alors nous serions peut être dans le top 10. Je le redis, cette étude est aussi importante à mes yeux que savoir que le sucre diminuera la libido des gens !

[Alessandra Gasparini]

Arrêtée sur le trotoir devant sa Mairie Alessandra Gasparini livra sa réaction aux journalistes.

"Ce classement est une fumisterie sans nom. C'est l'outil idéologique de la pensée dominante pour justifier l'alignement de tous les systèmes éducatifs sur un seul modèle, le modèle anglo-saxon ultra libéral, où tout est marchandise, tout est concurence...

Il faut au contraire réfléchir à un modèle alternatif qui nous tire vers le haut, où la coopération est la norme."

[Fabio Martini]

Un journaliste questionna Fabio Martini sur cette nouvelle.

Certaines personnalités sont partis dans la critique. Personnellement, je pense que nous avons un problème. La première étape pour trouver une solution c'est de reconnaître d'en avoir un. Les universités frôçeuses ne disposent pas assez de laboratoires et de liens avec les entreprises. L'enseignement supérieur forme sans observer le monde actuel.

[Gaspard Salcedo]

Gaspard Salcedo réagit sur le plateau d'un journal télévisé.

"La gauche bien-pensante a encore frappé ! Un "modèle alternatif"... Et puis quoi encore ? A l'heure de la mondialisation, réfléchir encore comme cela est une blague ! A un moment il faut avoir les couilles de le dire : notre système éducatif n'est pas bon ! Il n'est PAS BON ! Personne n'ose jamais s'attaquer à l'enseignement supérieur, le résultat est là : des diplômes à peine reconnus dans notre propre pays, risibles vus de l'étranger, et sans perspectives d'améliorations ! Il faut engager une réforme, nécessaire à la visibilité de notre système éducatif au niveau international. Nos universités doivent figurer dans ce classement ! Lançons une réflexion d'ampleur avec des universitaires compétents, mettons en place des partenariats avec le privé (comme l'a judicieusement fait remarquer Martini, apparemment seul gauchiste à en avoir où je pense), ainsi que des partenariats avec des universités étrangères... Il est temps de se bouger le tiroir à saucisses vite fait."

[Patrick Carles]

Je propose de concert avec M. Salcedo de réfléchir (mais pas trop quand même, il semblerait que cela soit chronophage) au devenir de l'enseignement supérieur. Il fait d'ailleurs appel à des universitaires compétents : universitaire, je le suis ; ma compétence sera peut-être, elle, soumise à sa très inspirée caution.

Pour faire figurer des universités dans le classement de Shangaï il faut comprendre comment celui-ci fonctionne, quels sont les facteurs qu'il valorise. De manière très schématique, ce classement repose en grande partie sur la quantité des travaux de recherche effectués. Sans même faire un effort de sociologie (micro et macro) du monde universitaire, on est tenté d'insister sur la faiblesse de cette variable. En effet, elle tend à promouvoir des universités disposant de nombreuses facultés (d'où la surreprésentation d'universités anglo-saxonnes) mais également celles qui produisent beaucoup… la qualité n'est pas réellement mesurée. Ce classement ressemble a donc à peu près autant d'intérêt que le PIB : il donne une idée des gros acteurs du milieu.
Je ne détaillerai même pas les dangers d'une recherche inféodée à des intérêts privés, je ne ferai qu'insister sur le fait qu'ils contribuent à détourner la recherche de deux de ses utilités fondamentales : servir l'Humanité et développer la Science. C'est un autre défi et une autre ambition que d'apparaître dans un classement.