[Présidentielle 07/13] Meeting de George Montgomery

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George Montgomery
Président de la République
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[Présidentielle 07/13] Meeting de George Montgomery

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MEETING DE GEORGE MONTGOMERY

CASARASTRA - CATALOGNE - SEPTIMANIE
La campagne du second tour de la présidentielle battait son plein. Le premier meeting de George Montgomery s’était tenu sur l’esplanade du Vieux Port d’Aspen, en Lombardie. Son équipe de campagne connaissait l’importance que les électeurs accordait à ce que les candidats, dans n’importe quelle élection nationale, portent une attention à équilibrer les déplacements, visites ou meetings dans les deux régions. Après un meeting du premier tour à Aspen, l’équipe de campagne réfléchissait depuis plusieurs jours au lieu idéal en Septimanie pour accueillir le meeting. Il était question de faire neuf, d’innover, de ne pas aller dans des sentiers battus par des vieux briscards de la politique. L’équipe de George était en pleine réunion dans l’un des avions privés prêtaient au candidat socialiste pour faire campagne. Il se murmurait qu’il était financé allègrement par un homme d’affaires, connu pour son mécénat, à gauche. Les discussions étaient animées ce soir-là : comment remporter l’élection ? Comment convaincre les abstentionnistes de voter Montgomery ? Comment donner l’illusion d’une gauche unie ? Les questions étaient nombreuses et souvent, sans réponses.
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Quand il fut cette fois ci question de décider de l’organisation du second et dernier meeting de la présidentielle, aucun des membres présent autour de la table à 11 000 mètres d’altitude ne prit la parole. L’avion était en direction de l’aéroport d’Izirgua pour ensuite rejoindre par hélicoptère la propriété de George dans les alentours d’Uzarie. Une publicité s’affichait sur un écran de télévision accroché au mur central. George porta une attention toute particulière à cette publicité, et pour cause, c’était une publicité pour la vente de billets à la Casa Arena pour voir un match de football du Casarastra FC. A ce moment-là, George se leva de son siège pourtant bien dodu, il demanda le silence autour de la table puis expliqua calmement son idée. Une assistante téléphona aux services des sports de la mairie de Casarastra pour une demande de renseignements. Quelques instants plus tard, elle hocha la tête du bas vers le haut, le stylo aux lèvres pour signifier à George que c’était bon. C’est alors que le trésorier de campagne fut appelé lui aussi, il n’était pas dans l’avion puisqu’il réglait le paiement des frais engendrés par le grand meeting du premier tour. Celui-ci donna vraisemblablement une réponse positive à la question de l’assistante : le meeting du second tour aurait lieu dans la Casa Arena de Casarastra !
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Le matin même, les équipes techniques qui travaillaient pour la campagne présidentielle du candidat Montgomery étaient en action dans l’enceinte du stade de Casarastra, la Casa Arena. L’équipe de campagne tablait sur une foule de 150 000 personnes en additionnant les tribunes et la pelouse. Il avait décidé que George parlerait sur une estrade située en plein milieu du stade. Il dominerait du regard près de quatre-vingt pourcent du stade de cette façon, le reste étant dans son dos et sur ses côtés. C’était la meilleure solution pour attirer une foule considérable. Il n’y aurait pas de concert comme c’était la mode chez d’autres candidats du premier tour. L’enjeu était trop énorme pour se laisser aller à des divagations pouvant endormir ou lasser le public. L’installation technique se voulait beaucoup plus raisonnable que pour le premier meeting mais l’ambiance promettait d’être une nouvelle fois exceptionnelle dans ce temple du football mondial.
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George était parti tôt le matin de sa propriété d’Uzarie pour rejoindre la villa d’un ami dans la proche banlieue de Casarastra afin d’être prêt pour le grand meeting du second tour. Sa conseillère en communication principale lui avait sélectionnée plusieurs chemises et plusieurs cravates pour faire le bon choix le moment venu. On n’imagine pas comment le ton d’une cravate peut avoir un impact considérable sur l’image d’un homme politique. Elle savait que George souffrait d’un manque de sympathie parmi la population, qu’il était vu comme un bureaucrate quelque peu éloigné du peuple. C’était la stratégique de la « gauche caviar » que le candidat de droite prenait un certain plaisir à répéter continuellement. Le choix fut vite fait dans son esprit : il portera une cravate oscillant entre le rouge et le pourpre sur une chemise blanche et une veste de costume noire ajustée et signée Armani.
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A quelques minutes du début du meeting, les tribunes du stade étaient pleines. Le stade était archicomble. Il n’y avait plus une seule chaise de disponible sur la pelouse. Les rangées étaient parfaitement visibles à l’œil nu si l’on prenait un peu de hauteur. Une foule considérable s’était rendue dans la Casa Arena pour écouter le candidat en tête au premier tour. A chaque entrée du stade, une fouille au corps avait été réalisée. En effet, les prises de position du candidat socialiste pouvaient amener certains illuminés à commettre l’irréparable. Il était hors de question pour les organisateurs et l’équipe de campagne de laisser une seule faille. Il fallait assurer la sécurité des 150 000 spectateurs. Au-delà du succès comptable, c’était aussi et surtout un succès populaire : on pouvait voir des familles entières se rendre en masse au meeting, les garçons sur les épaules du père, les filles tenant la main à la mère. C’était une certaine image idyllique de ce qu’était la société frôceuse voulue par le candidat socialiste. La forte présence de jeunes et d’étudiants était elle aussi remarquable. En effet, par son expérience et son aura sur le monde politique, personne ne remettait en cause les compétences professionnelles de l’ancien juriste qu’était George. On pouvait croiser de nombreux étudiants en droit ou en économie dans les rangs des spectateurs.
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Les personnalités étaient une nouvelle fois venues en masse pour assister au meeting du candidat socialiste à l’élection présidentielle, mais cette fois ci, il n’y avait que des personnalités frôceuses à la demande de George. Ce meeting était celui des Frôceux et uniquement des Frôceux. Il était le symbole du lien entre le candidat et tout un peuple acquis à sa cause. L’image de George ne devait en aucun cas souffrir de ses bonnes relations avec les grands dirigeants européens ou internationaux. Le Premier ministre Thomas François était là, la Présidente de la République par intérim, Anne Lore Zahara également, le ministre d’Etat, de l’Intérieur et de la Défense, Luca Pappa, la ministre de l’Economie, des Finances et du Travail, Deborah Da Silva, le ministre de l’Environnement, de l’Energie et des Transports, Mehmet Ismalotyglu, le ministre de la Santé et des Affaires sociales, Léon Boniface, la ministre de la Culture et des Sports, Rosalinda Hanke et enfin l’ancien Premier ministre socialiste, Stefano Peruzzi. Tout ce beau monde était assis et constituait le premier rang face à la tribune d’où s’exprimerait dans quelques minutes George Montgomery.
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Mais fait assez inhabituel depuis le début de cette campagne, les caméras montrèrent à l’écran le carré réservé à la famille de George. On pouvait y voir assis les uns aux côtés des autres : sa femme, Irène, avec qui il est marié depuis 2005, leur fille, Julia, née en 2007, mais aussi ses deux fils qu’il avait eu avec Catherine Campbell, sa première femme, Mark né en 1991 et Andrew né en 1994. On pouvait également apercevoir le père et la mère de George, assis derrière les enfants. Ce carré était aussi celui des très proches du candidat où pouvait figurer son avocat, son attaché de presse, son conseiller en communication et quelques amis de longue date. C’était la première fois que l’ensemble de la famille Montgomery était réunie dans un meeting politique. Il était temps pouvait-on entendre parmi les chuchotements de la foule à l’apparition de ces images sur les écrans géants.
A la surprise générale, une musique assourdissante raisonne dans l’enceinte du stade. Il s’agit de « Hells Bells » du groupe AC/DC. Le bruit des cloches réveille alors le public qui commence à siffler. L’impatience monte dans les tribunes. Aux premières notes de guitare, un épais nuage de fumé blanche entoure l’entrée réservée d’habitude aux joueurs de football. C’est alors que George Montgomery fit sa sortie, tel un boxeur, il fit mine de faire un jogging pendant quelques mètres tout en saluant la foule. Il s’arrêta, sourire aux lèvres. Une intense acclamation monta des tribunes pour faire vibrer le stade. Cet après-midi, Montgomery était chaud comme la braise. C’était son jour, sa campagne, sa victoire, son moment. Il ne laisserait personne lui voler cet instant unique, cette gloire. Toujours au son de « Hells Bells », le candidat socialiste serra des centaines de mains avant d’atteindre la tribune sur laquelle il prononcerait son dernier discours de campagne. Les spectateurs les plus surélevés dans le stade pouvaient suivre sa progression sur la pelouse au milieu des sympathisants sur les écrans géants dispersés un peu partout dans l’enceinte du stade. Lorsqu’il fit son apparition enfin sur la tribune, une clameur s’éleva des travées de la Casa Arena. L’ambiance était exceptionnelle pour un public pourtant non stimulé par un concert auparavant. Les télévisions ne ratèrent pour la plupart pas une miette du show qui était en train de se jouer à Casarastra ce soir. Tout était fait pour faire parler le premier et rendre cette réunion publique sensationnelle. Personne ne cachait les intentions du candidat Montgomery d’écraser son concurrent de droite. Il avait prévenu, cet après-midi, il donnerait tout. Après plusieurs minutes sur la scène à attendre la fin des applaudissements, il réajusta sa cravate, attendit encore quelques secondes un silence de cathédrale puis il commença son discours d’une voix grave et solennelle.
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« Mes chers amis,

Ils pensaient que vous ne viendriez pas. Ils pensaient, peut-être même espéraient ils, que le peuple de Frôce ne serait pas au rendez-vous de l’histoire. Et le peuple de Frôce est venu, puisque vous êtes là ! Le peuple de Frôce est venu de tous les quartiers de Casarastra. Il est venu de toute la Septimanie. Il est venu de toutes les provinces, de toutes les villes. La vague immense qui submerge aujourd’hui le cœur de votre ville, de notre ville, ce stade magnifique, porte cette idée de Frôce comme une irrésistible espérance.

Applaudissements.

Si j’ai voulu vous réunir tous ici aujourd’hui, c’est parce qu’en ce lieu, l’histoire sportive d’un certain club s’est faite au-delà de toutes nos espérances. Il y a eu dans ce stade des exploits retentissants dépassant le simple cercle des amateurs de football. Il y a eu dans ce stade une véritable communion entre des acteurs d’un jeu bien connu et des amateurs, des passionnés. Cet endroit est réservé aux passionnés. Il offre des émotions comme il est rarement possible d’en ressentir au cours d’une vie d’homme, mais encore plus au cours d’une vie de dirigeant politique. C’est dans ce lieu mythique que nous avons connu nos plus grandes fiertés sportives.

Applaudissements.

Le match que nous disputons ensemble aujourd’hui, c’est celui qui ne pourra de toute manière jamais satisfaire toute une Nation, il ne pourra jamais convaincre tout un peuple mais il en convaincra suffisamment pour que son résultat soit admis et respecté par tous. Nous sommes à quelques minutes de la fin de la partie, nous jetons toutes nos forces dans la bataille parce qu’il nous faut convaincre, oui, convaincre ! Je n’utile aucun autre terme parce que celui-ci désigne parfaitement l’état d’esprit qui est le miens depuis que j’ai décidé de solliciter le soutien de mes camarades au Nouveau Parti Socialiste, qui m’ont fait une confiance remarquable alors que tout n’était pas gagné. Le succès du premier tour et ce score extraordinaire de plus de 44 % au premier tour d’une présidentielle est du jamais vu dans notre démocratie républicaine. Ce que vous avez eu le courage d’accomplir dimanche dernier, c’était un exploit mes amis !

Acclamations.

En vous rendant ici ce soir, vous n’êtes pas là seulement pour vous-mêmes. Vous êtes les représentants de tous ceux qui n’ont pas pu venir mais qui veulent espérer en la Frôce. Il n’y a pas de Frôce des riches, des pauvres, des analphabètes, des lettrés, des professeurs, des courtiers, des agriculteurs, des enseignants, des profiteurs, des courageux, des méritants, des assistés. Cette Frôce n’existe pas et n’existera jamais. Cette Frôce est celle d’une famille politique qui base ses succès politiques locaux et ses idées programmatiques sur la différence et le maintien d’une reproduction des élites sans donner la chance aux autres d’avoir un minimum l’espoir d’y figurer un jour. Cette Frôce ne nous ressemble pas et les 150 000 personnes qui sont ici ce soir ne ressemblent pas à cette vision là que l’on nous vend comme étant la réalité de l’autre côté !

Hurlements, sifflets contre l’adversaire.

Vous êtes les témoins, ceux qui opposent inlassablement la vérité à la répétition du mensonge jusqu’à ce que la vérité finisse par triompher du mensonge. Je n’ai eu de cesse pendant toute cette campagne de rappeler les points de mon programme et de celui de la famille politique de gauche et du centre, unis, qui me soutiennent pleinement dans cette élection. Il a été dit que j’étais un homme isolé, un homme seul amorphe et sans personnalité, que j’inspirais ni confiance ni engouement. Mais pourtant, vous étiez 200 000 au premier tour, remplissant l’esplanade du Vieux Port d’Aspen et vous êtes 150 000 aujourd’hui, pour ce second tour, permettant à la Casa Arena qui nous reçoit aimablement aujourd’hui de n’être pas pleine ni bien fournie mais archicomble.

Se sentent concerné, le public réagit et s’enflamme. George redemande le calme avec le sourire.

Voilà l’émotion que vous permet de donner un candidat sans envergure, un candidat qui n’enchante pas la foule. Vous êtes toujours aussi nombreux, vous êtes plusieurs milliers sur les plages de Casarastra à suivre cette réunion publique. Je veux vous aussi vous dire merci pour votre présence et votre constant soutient depuis le début de cette campagne électorale. Ceux qui vous ont dit que j’étais seul, ceux qui vous ont dit que j’étais sans convictions, ceux qui vous ont dit que j’étais une roue de secours, ceux qui vous ont dit que je n’étais qu’une solution temporaire le temps d’une élection. A tous ces gens-là, vous venez ce soir d’affirmer haut et fort que ce n’était que des mensonges et des pourfendeurs de la vérité. Voilà la véritable réponse du peuple de Frôce !

Hourras du public conquis. Les spectateurs sont debout et applaudissent à tout rompre.

Ce dimanche, comme pour dimanche dernier, il ne s’agira pas, mes chers compatriotes, de choisir un camp. Il s’agira de décider pour l’avenir à un moment historique où l’avenir de notre pays se joue. La nouvelle Constitution augmente de manière considérable les prérogatives du chef de l’Etat. Celui qui l’emportera dimanche se verra doter de nombreux pouvoirs. Des pouvoirs dont il faut une expérience et des connaissances suffisantes pour bien les manier. Vous connaissez tout de moi. Depuis ce soir, vous connaissez même ma famille !

Montrant du doigt le carré réservé à la famille.

Alors oui, s’il fallait un candidat de la vérité, je serais ce candidat-là !

Le public applaudit fortement.

Vous savez, cette vérité dont Nicholas Machiavel nous parlait il y a déjà plusieurs siècles. Vérité dont il disait qu’elle était dans les faits et non pas dans l’imagination. Voilà le véritable problème de ceux qui aujourd’hui se sont opposés à ma candidature. Elle était et restera gênante jusqu’à la dernière minute de cette présidentielle exceptionnelle parce qu’elle n’a qu’un intérêt : tout dire à la Frôce et aux Frôceux. Parce que nous devons bien trop humble pour présider aux destinées d’un pays pour se permettre de lui cacher, à lui et a son peuple, ce que je considère comme être une vérité nécessaire. Ce devoir de transparence, il doit s’appliquer à tous. Chacun doit voter en son âme et conscience. Il ne doit pas y avoir de vice de forme comme aurait pu dire le juriste que je suis il y a plusieurs décennies en arrière. N’a de valeur que ce qui est utile à l’intérêt personnel de l’individu disait Machiavel, moi aujourd’hui, je vous dis clairement que ce qui est dépositaire d’une certaine valeur à mes yeux, c’est ce qui est utile à l’intérêt public, à l’intérêt collectif. Je souhaite en finir avec cette société de l’égo où la soif d’un pouvoir d’un seul homme, insatisfaite depuis plusieurs années, ressurgit le temps d’une campagne déterminante, allant jusqu’à rassembler des hommes et des femmes ne partageant aucune de ses convictions si ce n’est celle de l’opportunisme !

Sifflets très nombreux, véritable bronca du public contre le candidat de droite et ses soutiens.

Parce que cette campagne doit être la campagne de la vérité, je ne peux pas passer sous silence les faits et méfaits de certains hommes de gauche, soutenant aujourd’hui le candidat de la droite, lui-même soutenu par l’extrême droite, orpheline de son leader charismatique, et de l’autre côté, par le candidat libertarien qui au terme d’une intervention télévisée aussi utile que le h de Hawaii, s’est permis de donner son avis sur les deux candidats en lice. Sous couvert d’une expérience de Premier ministre dont l’homme de gauche que je suis retiendra les dizaines de milliers de fonctionnaires licenciés et envoyés sur les listes d’attente de l’Agence nationale pour l’emploi. Cette caricature de la vie politique ne doit pas dérouter les Frôceux de l’objectif premier de cette campagne : élire le Président de la République et non pas un chef de clan.

La foule reprend en chœur « Montgomery Président ! Montgomery Président ! ».

Je n’ai aucune prétention sur ce thème-là, je n’ai jamais eu un carnet d’adresses aussi fournis que celui de mon adversaire, je n’ai jamais eu de soutiens économiques aussi majeurs que lui, la plupart des entreprises me tournent le dos parce que j’ose déclamer dans mes discours depuis le début de cette campagne qu’il est inadmissible et insoutenable plus longtemps qu’une petite ou moyenne entreprise paye plus d’impôt en valeur qu’une multinationale profitant déjà des largesses du système fiscal frôceux. Parce que l’on affirme la vérité sur une situation honteuse, on se retrouve avec les puissants réseaux de la finance internationale dont font partie certaines grandes entreprises frôceuses à votre dos. Je le dis et le redis ce soir : je suis fier d’être le candidat du peuple et non le candidat des marchés financiers !

Applaudissements nourris du public.

Mais revenons-en aux hommes et aux femmes qui ont pu faire l’histoire de notre pays dans le bien mais qui se retrouvent aujourd’hui dans une position intellectuellement insoutenable. Voici qu’un ancien Premier ministre socialiste bien connu, éternel revenant de la politique, que j’ai moi-même soutenu comme des millions de Frôceux depuis plusieurs décennies se décide à rejoindre le candidat de la droite, des libéraux et de l’extrême droite pour on ne sait quel raison. Comment pouvait-il se dire de gauche si c’est pour rejoindre un ancien compagnon de route de M. Marshall, sioniste notoire et virulent de notre République ? Quand le Frôceux lambda, qui regarde sa télévision le soir pendant qu’il dîne, honnêtement, que peut-il se dire ? Tous pourris. Voilà ce qu’il se dit. Alors s’il faut être entouré seulement de ses amis et de ses sympathisants pour organiser une réunion publique comme celle de ce soir, moi je vous dis oui tout de suite. Je préfère largement aux amitiés ponctuelles les preuves de fidélités. Et celles que je reçois ce soir comme la semaine dernière de la part de certains de nos plus grands dirigeants historiques me font véritablement chavirer de bonheur, comme votre présence à vous, mes amis, dans ce formidable lieu !

Les spectateurs, majoritairement issus de la région, réagissent bien et applaudissent vigoureusement.

Dimanche 21 juillet se décidera l’avenir de notre pays et de nos enfants. Le prochain Président de la République engagera notre Nation pour les quatre prochaines années. C’est un moment historique où l’avenir de notre pays se joue. C’est pourquoi je veux parler à ces millions de Frôceux qu’une histoire personne ou familiale n’attache pas à un parti. Je veux parler à cette majorité de Frôceux qui, une fois encore, tient le destin de la Frôce entre ses mains. Cette majorité de Frôceux qui ne se rend pas dans les bureaux de votes pour accomplir son devoir de citoyen. Vous n’avez plus le droit aujourd’hui de refuser d’accomplir cette tâche, il vous faut vous mobiliser pour faire entendre votre voix encore plus bruyamment. C’est à cette seule et unique condition qu’il vous sera possible d’être enfin maitre de votre destin et de votre avenir. Regardez au-delà des simples frontières de l’Europe occidentale, regardez chez des peuples amis comment le pouvoir souverain du Peuple se retrouve annexé par les puissances de l’argent. Vous avez le pouvoir de changer votre vie, vous avez le pouvoir de changer la vie de votre famille, de vos amis, de vos proches, de vos collègues de travail, de vos camarades d’université, de vos camarades de lutte syndicale. J’ai besoin de vous pour gagner, j’ai besoin de vous comme jamais un candidat n’a eu besoin du peuple de Frôce !

Nouvelle standing ovation du public qui applaudit son favori.

Je suis allé à la rencontre des Frôceux. Que demandent-ils ? Ils demandent la justice. Ils demandent la liberté. Ils demandent l’espoir. La justice qui est dans l’équilibre des droits et des devoirs. La liberté qui permet à chacun d’écrire sa propre histoire. L’espoir qui fait reculer la peur de l’avenir. Mais comment leur répondre si délibérément on tourne le dos à la réalité du monde ? Comment répondre si délibérément on fait semblant d’être seul au monde ? Comment affronter des crises dont on se refuserait à reconnaitre l’existence ? Comment relever des défis que l’on ne voudrait pas regarder en face ? Je vais vous le dire : c’est en affrontant les difficultés que l’on peut les surmonter. « Ils ne savaient pas que c’était impossible, alors ils l’ont fait » nous expliquait Mark Twain en son temps.

Cette nouvelle référence intellectuelle fait ressentir une admiration dans les travées du stade.

Ces débats ont montrés une autre facette des candidats, une certaine vision du pouvoir, de l’omni Président pour mon adversaire, du pouvoir comme source d’une énergie de la revanche. Mais être Président de la République, ce n’est pas la récompense d’un parcours politique chaotique ou malchanceux. Etre Président de la République, c’est produire une campagne électorale honnête et ancrée dans le réel, c’est recevoir un mandat du peuple de Frôce souverain pour diriger et gouverner à sa place mais en son nom. Ce n’est en aucun cas le pouvoir personnel d’un homme et de sa Cour qui dicte le rythme des réformes et de la vie politique de notre République à travers ce nouveau régime. Si nous voulons de la stabilité, alors il faut un homme stable au pouvoir. Nous n’avons pas besoin d’un opportuniste, nous n’avons pas besoin d’un ancien proche des partis d’extrême droite, nous n’avons pas besoin d’un proche des milieux d’affaires, nous n’avons pas besoin de tout cela.

Sous les sifflets, George poursuit avec vigueur son discours et se fait applaudir fortement.

Nous avons besoin d’un Président de la République élu apportant dans ses bagages au Palais d’Anthelme la force tranquille selon l’expression désormais consacré. Nous ne voulons pas d’une brute, les frôceux n’en veulent pas. Cette fonction donne des pouvoirs mais aussi des devoirs, notamment celui de représenter la Frôce, les Frôceux et les interets de l’Etat ou de nos fleurons industriels partout dans le monde. Mais c’est aussi un rôle de diplomate ancré dans la réalité des relations internationales. Un candidat qui vous dit qu’il peut tout ne fera rien. Un candidat qui vous dit qu’il se refuse d’être assimilé à une famille politique n’est pas sûr de ses convictions. Un candidat qui en appelle publiquement au soutien concret de son propre parti politique n’est pas en confiance pour convaincre, seul, le peuple de Frôce. Ais je eu besoin de vous promettre monts et merveilles ? Jamais. Ais je eu besoin de renier mes origines politiques ? Jamais. Ais je eu besoin de demander à mon parti politique un communiqué de presse à ma gloire ? Jamais. Pourquoi ? Parce que mon discours est le même que celui qui a fait de moi l’homme que je suis, avec mes forces et mes faiblesses. Notre époque réclame autre chose que l’outrance des uns ou le déni des autres. Voilà pourquoi je veux faire campagne sur la vérité. Car seule la vérité permettra à la Frôce de s’en sortir. Face à la montée des périls qui nous menacent, il faut de la solidité et de la gravité.

Une nouvelle fois, le public reprend en chœur « Montgomery Président ! Montgomery Président !».

A l’heure où nous avons besoin de cohésion, nous ne laisserons pas détruire les institutions qui fondent la République : je parle de l’école et de la famille. L’école parce qu’elle appartient aux familles de Frôce, pas aux organisations communautaires ou confessionnelles. La famille, parce qu’ici en Frôce chacun sait que quand la vie est cruelle, il a sa famille derrière lui. La famille, en Frôce, c’est sacré. Il ne s’agit pas de rassembler les Frôceux pour qu’ils se ferment au monde mais au contraire qu’ils soient assez forts pour ne pas avoir peur de l’ouverture au monde. Jamais je ne plaiderai le repliement sur soi. Ceux qui vous disent que c’est la faute des autres sont incapables de voir que le monde change mais que notre pays ne change pas assez vite. Il faut l’admettre parce que sinon nous ne nous en remettrons jamais : nous sommes dans une compétition internationale. Cette compétition, c’est comme un match de football, rien ne sert de produire du beau jeu si au final la victoire n’est pas au bout. Je suis peut être un idéaliste et je l’assume, mais je veux avoir cette ambition pour notre pays de remporter la victoire en produisant du beau jeu. Je me souviens alors de cette formidable formule d’Oscar Wilde, « pas une carte au monde n’est digne d’un regard si le pays de l’utopie n’y figure pas ». Je veux faire de cette utopie une réalité : la Frôce.

Encore une standing ovation pour George Montgomery. Le public debou est conquis.

Voilà, mes chers amis, ce que j’étais venu vous dire à Casarastra ce soir. Je n’ai pas envie de vous quitter, parce que nous sommes bien ensemble et que nous avons tant de joies à partager, tant d’objectifs à réunir, tant de conditions à poser ensemble pour que nous puissions donner une grande victoire à notre pays. La campagne que j’ai voulu mener doit ressembler à la prochaine présidence. Il n’y a pas de différence entre une campagne et un candidat. Ma campagne a été volontaire. Elle a été digne. Elle a été fraternelle. Je veux que le prochain Président de la République soit volontaire, soit digne, soit fraternel. Nous croyons tous ici à un autre ordre, plus juste, plus digne, plus humain pour notre pays. Nous croyons à la République une et indivisible, capable de reconnaitre et d’accueillir tous ses enfants dans leur diversité. Nous croyons à la justice, à l’égalité, à un pays, le nôtre, où les destins ne seraient pas irrémédiablement figés, fixés, écrits dès le premier jour de la naissance. Nous croyons à une Frôce du travail, de l’innovation, du mérite, de l’investissement.

Toujours debout, le public poursuit ses applaudissements pendant que le candidat s’exprime.

Je veux que la fête, si fête il y a le 21 juillet, soit la fête de toute la République et des Frôceux de toute condition ! Non pas d’un camp contre un autre, d’un parti contre un autre, non, d’une Frôce éternelle, parce que ce sera notre victoire, parce que ce sera la victoire de la République, parce que ce sera la victoire de la Frôce ! Merci d’être à ce rendez-vous. Merci de croire en ce que nous représentons. Merci d’être dignes, dans ce combat, des valeurs que vous portez. Merci parce que sans vous, il n’y a pas de victoire possible. Et je veux demain être votre Président, ici, partout.

Vive la République,
Vive la Frôce ! »

Après cette dernière explosion d’applaudissements et de hourras, la foule s’est mise à entonner un air de la victoire bien connu des rassemblements politiques. Le public venu en masse est debout. Il applaudit à tout rompre le discours désormais mythique du candidat à la présidentielle, George Montgomery. Des drapeaux sont agités dans les airs, dans les tribunes et sur la pelouse. Une dizaine d’enfants monte sur scène. Ils se positionnent autour de George. L’hymne nationale commence à raisonner dans l’enceinte du stade. Main sur le cœur, George l’entonne avec force et regarde la foule innombrable face à lui. Toute la Casa Arena reprend en chœur le refrain de l’hymne national Frôceux.
A la fin de l’hymne national, George salua la foule de sa tribune. Il fit plusieurs fois le tour de sa petite estrade pour saluer l’ensemble des parties du stade de football dans lequel il venait de prononcer son dernier discours de campagne. Il quitta la scène par un petit escaler mobile et s’engouffra dans la foule. Il était protégé par une quinzaine de gardes du corps. On pouvait apercevoir depuis la fin du meeting une meute de photographes à ses trousses. Sa famille et ses amis étaient eux aussi soumis à une intense séance de photos, à la fois pour la presse nationale mais aussi pour la presse people. Après plus d’une vingtaine de minutes dans la foule, il était parvenu à rejoindre l’intérieur du stade où se trouvaient les salons privés notamment. Les personnalités et les célébrités soutenant sa candidature l’attendaient dans un salon privé où se trouvait un magnifique buffet réalisé par le meilleur traiteur de Casarastra. Traiteur sélectionné, selon la rumeur, sur le conseil de Vincent Valbonesi, ancien maire de la ville et ancien chef de l’Etat. Aucune chaîne de télévision n’avait pu accéder aux parties privées du stade. On racontait que le candidat viendrait d’ici quelques minutes pour rencontrer ses invités. A l’extérieur, le stade était toujours en train de se vider, les esplanades entourant la Casa Arena étaient encore très vivantes, chacun se livrant à sa manière à un bilan du meeting du candidat socialiste.
Spectateurs selon les organisateurs : +/- 150 000
Niveau du meeting : Maximum
Nombre de mots : 5 037 (discours seul : 3 102)
Président de la République

Ancien Premier ministre
Ancien Président de la Cour Suprême
Ancien Ministre d'Etat, de l'Intérieur et de la Défense
Ancien Ministre de la Justice et des Institutions
Ancien Ministre de l'Economie, des Finances et du Travail
Ancien Représentant parlementaire
Verrouillé

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