[Villa Aquila] Résidence principale de Vincent Valbonesi

[Vincent Valbonesi]

Villa Aquila

Un nid d'aigle accroché à la roche, dominant une nature flamboyante au coucher du soleil. Probablement la plus belle propriété de l’Archipel pour beaucoup de connaisseurs. Située en bordure d'un village perché près de Casarastra, la propriété s'ouvre sur la nature en conservant une totale intimité. Un ascenseur facilite la circulation entre les différents niveaux de cette demeure caractérisée par son esprit loft aux larges baies vitrées, offrant des vues spectaculaires et imprenables. Terrain de 4 700 m². Plusieurs terrasses. Construite en 1980, cette propriété a été totalement rénovée en 2009 par des décorateurs et des architectes proches de Vincent au moment de son acquisition, tout cela dans un esprit résolument contemporain. Désormais, il y vit à l’année en qualité de résidence principale et y reçoit ses visites, officielles comme officieuses...

[Isabel de Trastamara]

Isabel de Trastamara avait appelé à la Mairie. On lui avait dit que Vincent était chez lui à cette heure. Elle décida donc de s'y rendre, sans le prévenir. Après tout, elle avait reçu une invitation !

Son chauffeur la déposa. Elle lui fit signe de ne pas attendre. Elle se débrouillerait pour rentrer. Probablement appellerait-elle un taxi. Elle sonna au portail, et attendit la venue de Vincent.

[Vincent Valbonesi]

Alors que le bain moussant de Vincent était en phase terminale, la sonnerie du portail sonna. Ni une ni deux, il prit une serviette, la passa autour de son bas ventre et se dirigea vers l’interphone afin de constater de lui-même qui était au portail à cette heure-ci alors qu’il venait de terminer sa journée éprouvante de député-maire… L’image de la caméra de surveillance à l’entrée avait un peu de mal à s’afficher, elle n’était pas très stable, satané matériel chinois pensait-il. L’image vint peu à peu et il découvrit Isabel. Surpris, il lâcha prise et la serviette tomba d’elle au sol laissant Vincent dans le plus simple appareil. Il est vrai que la nature avait eu la main généreuse avec lui, que ce soit d’un point de vue général ou particulier… Il répondit à Isabel…

- Mademoiselle de Trastamara, quelle surprise de vous voir ici ce soir. Je vous ouvre, vous pouvez venir. Ne faites pas attention au chien, il apprécie suffisamment la compagnie des belles femmes pour ne vous aucun mal.

Le grand portail de la propriété était en train de s’ouvrir, laissant admirer à Isabel les jardins qui entouraient la villa. On aurait pu croire que Vincent eu la main verte, à la seule nuance que le jardinier était en passe de partir et en profita pour saluer, convenablement, la princesse des Baléares-Cofonoria qui fut surprise d’une telle présence à cette heure-ci. Pendant ce temps, Vincent s’était habillé, un pantalon en lin, une chemise blanche, un coup de peigne, du parfum et c’était parti. Isabel s’avançait vers l’entrée de la villa quand Vincent ouvrit la porte. Un sourire, charmeur et taquin s’était emparé de lui…

- Isabel, bonsoir. C’est un plaisir pour moi que de vous accueillir ici, chez moi. Je n'étais pas au courant de votre venue, dirons nous anticipée ! J’espère que l’animal n’aura pas eu de gestes malheureux à votre égard. Entrez je vous en prie. Ne faites pas attention aux cartons, je viens de terminer les travaux dans une chambre de la maison, celle-ci n’est pas encore tout à fait au point…

[Isabel de Trastamara]

-J'imagine que lorsque vous parlez de l'animal, c'est de votre chien dont il s'agit.

Elle sourit.

- Non non, il n'a pas été méchant.

Elle le précéda pour entrer. Effectivement de nombreux cartons étaient encore entreposés dans l'entrée. Elle se demandait bien ce qui avait pu amener Vincent à déménager tout cet attirail. C'était drôle, au fond. Elle aussi était en plein déménagement ... Elle le regarda un long moment, attendant que celui-ci l'invite à prendre place dans une pièce voisine, ce qu'il finit par faire. Lorsqu'elle fut installée, elle lui demanda :

- Vous l'aurez compris, je suis ici afin de répondre à l'invitation que vous m'aviez faite parvenir. Mais j'avoue que je n'en ai pas bien saisi le sens. Peut-être pourriez-vous m'éclairer un peu plus ? Qu'est-ce qui me vaut d'être convié par vous dans ce cadre ... privé ?

Isabel trouvait beaucoup de charme au Député-Maire de Casarastra. Mais elle ne comprenait pas bien pourquoi elle était là ... Il avait vaguement parlé d'un certain nombre d'éléments, qui lui laissaient croire que ce n'était pas une simple visite de courtoisie. Ou alors que c'était un prétexte ...

[Vincent Valbonesi]

Après quelques amabilités d’usages, Vincent fit installer Isabel dans le salon. Il lui proposa quelques apéritifs, frais, probablement tout droit venu du meilleur traiteur de la ville dont Vincent entrepose toujours quelques stocks afin de ne pas être pris au dépourvu, comme ce soir. Il servit un verre à Isabel avant de prendre un verre de martini blanc pour lui. Il s’installa alors face à elle dans l’autre fauteuil en cuir de son salon de réception.

- Effectivement, il est vrai que la situation est troublante. D’autant plus qu’il était à l’origine prévu un déjeuner de travail en bonne et due forme. Force est de constater que votre tempérament me pousse à m’adapter. C’est un plaisir pour moi. Recevoir l’Infante de Frôce n’est pas une habitude pour moi ou pour mes semblables. Ceci encore plus lorsque la beauté ne fait qu’un avec la femme que vous êtes.

Il fit un sourire du coin des lèvres avant de prendre un glaçon et de le faire tomber dans son verre. Il prit une cuillère, remua le glaçon avec l’alcool, jambes croisés, tout en fixant Isabel. Il but une gorgée, posa le verre, puis repris.

- Comme il était indiqué dans mon courrier, je ne souhaite pas uniquement aborder avec vous le cadre purement officiel de l’avenir du Castel que vous avez céder à la municipalité. Ce dont je vous remercie, une nouvelle fois. La politique est une affaire tant privée que publique. Nul besoin des formalités républicaines pour discuter de vos projets politiques, notamment pour la région et pour la ville. Il ne vous aura pas échappé que mes intérêts ici sont énormes et je tiens à ce que votre engagement politique s’établisse dès le début dans une optique de rapprochement dans nos deux activités. Nos intérêts sont communs.

[Isabel de Trastamara]

- J'en conviens. J'espère également que nous serons amenés à travailler main dans la main. Pour ma part, j'espère pouvoir accéder à la Mairie d'Uzarie, comme je vous l'avais déjà laissé entendre. Il s'agit pour moi de proposer mon aide aux cofonorians, auxquels, je le sens, je suis liée. Pour cette raison, j'accepterais évidemment d'étudier tout projet local commun avec vous. Avez-vous des idées particulières en tête ?

[Vincent Valbonesi]

- Il serait intéressant de discuter ensemble de trois projets qui sont pour moi essentiel pour le développement de notre région : l’adhésion massive de l’ensemble des municipalités au projet de Communauté d’agglomération, la rénovation de l’aéroport international de Casarastra et puis comme vous le savez l’avenir du Castel Cofonoria. Commençons point par point voulez-vous. Je suis en pleine phase de négociation avec le maire de Farelle pour la création d’une communauté d’agglomération, d’après ce que je sais, le maire d’Etchegorda est lui aussi en faveur de cette union. Je pense parvenir à une union politique sur le sujet. Pourquoi ? Parce qu’il est essentiel que nos villes soient ensemble dans le combat que mène notre région contre la capitale qui nous ignore. La Communauté d’agglomération permettra la mise en commun de nos forces pour développer notre région comme la plupart d’entre nous le souhaite : vers l’extérieur, tout en profitant des aides massives d’Aspen.

Vincent prit un petit four puis repris.

- Ensuite se pose la question de la rénovation de l’aéroport international de Casarastra qui est aujourd’hui une priorité pour nous. En effet, il est le seul aéroport d’envergure dans la région, et l’un des rares en Frôce pouvant se targuer d’être en mesure d’accueillir la très grande majorité des appareils homologués aujourd’hui. La rénovation de l’aéroport permettra sans doute la possibilité pour la structure d’accueillir un nouvel avion, comme l’A380 d’Airbus industries qui ne pouvait jusque-là pas se poser dans notre Archipel. Je souhaiterai donc là aussi un soutien plein et entier de l’ensemble des localités concernant ce projet. J’envisage même de profiter au maximum des faiblesses de l’Etat pour faire rentrer cet aéroport dans les standards internationaux visionnaires, en effet, il serait stupide de ne pas saisir notre chance dès à présent.

La gorge commençait à se faire sèche, le charme de la princesse ibérique jouait son rôle pleinement. Il prit un glaçon, se servit un nouveau verre, un kir cerise cette fois ci.

- Enfin, concernant le Castel Cofonoria, au vu de sa superficie. Nous avons deux projets en perspectives : il serait question de séparer la structure en deux parties afin d’en livrer une au public et l’autre à des investisseurs privés pour y établir un établissement hôtelier de luxe ainsi qu’un restaurant gastronomique. La situation du Castel est idéale, l’architecture ravira les plus grands promoteurs. De plus, cela sera une source de revenu supplémentaire pour la ville étant donné que le bâtiment ne sera pas cédé à proprement parler mais fera plutôt l’objet d’un bail à longue durée avec le secteur privé. L’autre partie deviendrait un haut touristique dans le sens où celle-ci verrait la rénovation du site pour en faire un musée de la couronne de Frôce, comme nous avions discuté au préalable de ma signature de l’acte de vente.

[Isabel de Trastamara]

- Et bien pour être sincère avec vous, je partage entièrement votre avis s'agissant des deux premiers points. Cofonoria doit pouvoir s'organiser, et en cela, il est nécessaire de développer une telle Communauté d'agglomération. Ensuite, le développement de la région passe bien entendu par ses relations avec l'extérieur. Et là, il devient primordial d'imaginer le désenclavement de l'archipel par le biais d'un tel aéroport.

Elle réfléchit quelques secondes en scrutant une solution imaginaire

- Oui ... C'est ce qu'il faut faire. Mais tant que le Ministre des Institutions n'a pas entériné mon entrée à la Mairie d'Uzarie, je ne vous suis pas d'une utilité flagrante ... Sauf, bien sûr, s'agissant de la dernière question. Et là encore, je vous rejoins : je pense que c'est à la fois une double opportunité pour la Ville tant d'un point de vue administratif que patrimonial, que nous ayons conclu cet acte de cession. Il faut que cela en profite à tous les cofonorians. Et je pense que votre proposition est un bon pas en ce sens.

[Sébastien Capell]

Sébastien Capell décrocha son téléphone et composa le numéro de la résidence privée de Vincent Valbonesi. Il tomba sur le répondeur ...

Vincent, c'est quoi ce bordel ? C'est qui cet abruti de gestionnaire de portefeuilles qui balance à tour de bras ? On est mal, très mal. Si jamais je chope ce zigoto, je vais lui faire passer l'envie de l'ouvrir à coups de pelles dans la tronche. En tout on fait tout disparaître.

[Vincent Valbonesi]

Vincent Valbonesi, qui était encore Président de la République, n’était à Casarastra que le weekend. Mais un homme astucieux comme lui avait tout prévu : les messages sur son répondeur à domicile étaient renvoyés vers son téléphone portable sécurisé au Palais d’Anthelme. Vincent avait d’ailleurs pris le soin de faire sécuriser l’ensemble de sa résidence principale aux frais de l’Etat, mais ça, c’est une autre question. Après une réunion avec son équipe de campagne, il retourna dans ses appartements privés d’Anthelme et écouta ses messages personnels. Le message de son ami de trente ans Sébastien Capell était d’une telle urgence qu’il le rappela immédiatement.

« Bonsoir Sébastien. Je suis comme toi, sur le cul. Il ne peut pas y avoir dix milles solutions : c’est cet abruti de vieux Saint-Imberb qui n’a pas su tenir sa langue ou qui est allé confier l’argent du contrat à un gestionnaire dont il n’avait pas entendu parler auparavant. Il est en passe de nous descendre tous les deux et lui s’en sort sans égratignure pour l’instant. Ça ne peut plus durer, tu proposes quoi ? Je suis à la présidence, j’ai le bras long pendant encore quelques jours, profitons en »