[9, rue Molière] Le Menn - Lacroix de Beaufoy

[Louis-Damien Lacroix de Beaufoy]

Furieux... Louis-Damien était furieux... L'adhésion de sa femme au PCF l'avait mis en colère. Il n'arrivait pas à comprendre cette obsession pour le communisme, une idéologie qui selon lui n'avait pas sa place en ce monde. Lui qui croyait que les rouges étaient définitivement morts et enterrés, voilà qu'il les revoyait revivre... Il n'avait rien dit jusqu'à présent parce qu'il respectait sa femme, et ses erreurs... Mais quand il rentra chez lui et qu'il trouva une lettre d'information aux couleurs du PCF sur la table basse, il perdit patience. Il lança un regard noir à Hélène, et sèchement il lui dit :

- C'est pas trop te demander de jeter tes déchets toxiques à la poubelle, si ? Parce qu'en plus de te voir chez ces communistes, je dois aussi me coltiner leur propagande sous mon toit ! Non et non ! Clairement pas ! Il est absolument hors de question et je te le dis, que je croise, ici, quand j'y suis, la moindre banderole, le moindre logo, dépliant ou autre gadget mensonger de ta nouvelle lubie ! Pourquoi pas repeindre la chambre des gosses en rouge aussi tant que tu y es ? Et leur offrir une faucille pour leur anniversaire ? Je te préviens, Hélène, je refuse tout compromis sur la question, tes tissus de mensonges et d'absurdités imprimées, tu les mets hors de ma vue et je ne veux entendre parler ni d'eux ni du reste d'ailleurs !

Il desserra légèrement sa cravate mais n'en paraissait pas moins énervé.

[Hélène Le Menn]

Offusquée par le simple fait d'avoir laissé ce dépliant sur la table basse car entre récupérer les enfants à l'école, faire à manger, faire un minimum de ménage en plus de son métier d'assistante sociale qui est plus que prenant (des journées officielles de 8h30 à 18h30, sans parler des heures sup' non officielles. Là le fait que Louis-Damien se mette en colère pour un dépliant, c'était la goutte qui fit déborder le vase !

Déjà d'une, tu vas te calmer car là c'est fort de café, mon petit monsieur Lacroix ! Déjà, j'ai le droit d'adhérer à n'importe quelle idéologie tout comme toi d'ailleurs. On avait fait un "marché" là-dessus. Ok je l'ai zappé ce dépliant, mais bordel ! Tu arrives un peu tard, tu fais presque rien pour les tâches quotidiennes ! Et en prime, à part quelques week-ends qui se comptent sur les doigts de la main, tu es rarement présent et les garçons le ressentent ! Pire, tu viens jamais les chercher à l'école. Alors bon ! Tu pourrais montrer un peu de tact, car le meilleur ami de mon père qui lui avait juré de veiller sur ma soeur et moi-même s'il arrivait MALHEUR A MA FAMILLE, est décédé dimanche et que depuis, ça va pas du tout fort ! Mais ça tu t'en tapes, car c'est un gauchiste comme ta bonne femme qui doit faire tout à la maison. Et qui en plus doit fermer sa gueule et penser comme monsieur ! Là c'est trop, je me vois pas passer la nuit ici ! JE ME BARRE CHEZ ROZENN !! Adios !

[Louis-Damien Lacroix de Beaufoy]

- Je ne suis pas ton petit Monsieur. Tu adhères à ce que tu veux, je m'en moque royalement. Mais tu m'épargnes le ramassis de stupidités de toute ta clique communiste. Le marché c'était qu'on évitait de parler politique ici et qu'on ne faisait rien qui gêne l'autre. Or, depuis une semaine, entre les dépliants, les tracts et tout le reste, ça commence à me pomper l'air et la chanson. Et ne commence pas à me faire retomber la faute dessus avec le coup des gosses. Tu sais parfaitement que mon cabinet d'avocat est sur Aspen et que j'ai au moins 1 heure de trajet quand il n'y a pas de bouchons. Toi tu t'en fous, tu vis ici, sur Vauxin et tu y travailles. Je te rappelle que j'ai fait le choix de revenir ici pour éviter de te fatiguer. Quant au week-end, tu sais que je fais des courses automobiles, ça tu le savais déjà quand on s'est marié. De même que le fait que le week-end, je ne travaille pas car c'est le chabat. Je te signale, que dès que j'en ai la possibilité, je t'aide, je ne peux pas être partout à la fois. Je ne peux pas travailler et aller chercher les enfants à l'école. Mais bon, c'est vrai je suis un grand égoïste, qui ne pense qu'à sa pomme... et bla bla bla et bla bla bla !

Il leva les yeux au ciel et ajouta, furieux :

- T'es vraiment gonflée ! Ressortir la mort de Gallon comme ça, dans la conversation. De toute façon, avec toi, c'est chaque fois comme ça. On parle d'un sujet et tu as tellement peu d'arguments que tu pars sur autre chose, afin qu'on s'apitoie. Mais là, ça prendra pas, je te le dis cash. J'en ai ras la casquette de passer pour le méchant en permanence alors que jusqu'à maintenant j'ai cédé à tous tes caprices ou presque. C'est toi qui as voulu revenir sur Vauxin, alors maintenant nous y sommes. Tu assumes ton choix et tu me fous la paix. Mais bon c'est TROP te demander.

Il se dirigea vers la chambre des jumeaux et rétorqua alors qu'Hélène voulait partir.

- C'est ça, va chez Rozenn, va cracher ton venin... va lui raconter que je suis un mari méchant égoïste et tyrannique. Va te plaindre et débarrasse-moi tes détritus au passage !!!

[Hélène Le Menn]

(HRP \ Désolé, mais j'ai complètement zappé ça ! ^^' / HRP)

En fin de compte, Hélène n'a jamais voulu partir chez sa soeur. Elle était allée flâner dans le plus beau parc de la ville, situé à quelques encablures de leur domicile. Un lieu paisible, charmant... Quand on sortait de ce parc, on était limite choqué d'avoir la ville devant nous. Après près d'une heure de "méditation", de réflexion plutôt, Hélène décida de revenir à la maison et de s'excuser pour son comportement puéril.

Louis ? Je tenais à m'excuser pour mon comportement minable, mais j'attends aussi que tu évites d'élever le ton comme tu l'as fait, ok. On a eu tous les deux tort dans cette affaire, mais j'avoue que j'ai été la pire et je m'en excuse ! Je ne supporte pas qu'on s'engueule, mon petit Monsieur Lacroix ! (^^')

[Louis-Damien Lacroix de Beaufoy]

Louis-Damien avait ruminé sa colère en changeant les gosses et en leur donnant à manger. Il s'assit ensuite sur le canapé, en lisant ses mails sur son téléphone. Il n'avait qu'une envie c'était de courir après Hélène pour qu'elle revienne mais sa fierté l'en empêchait. Après quelques minutes qui semblèrent durer une éternité, sa femme rentra. Il la regarda l'air austère et méfiant. Il se demandait pourquoi elle était revenue, était-ce pour enterrer la hache de guerre ou bien pour en rajouter une couche ? Peut-être essayer de prendre les enfants avec elle. Finalement après quelques instants, elle s'excusa. Le visage de Lacroix se radoucit, même s'il fronça les sourcils quand elle prononça les mots "mon petit Monsieur Lacroix". Il opina du chef et lui répondit :

- Je sais que je n'aurais pas du m'énerver, mais là, après la journée exécrable que je viens d'avoir au bureau, ce dépliant, ça a été la goutte d'eau. Je n'aime pas non plus quand on s'engueule. Cela dit, au moins ça permet de vider ce que l'on a sur le coeur et de se calmer ensuite. Excuse-moi, ma belle... je suis saturé ce soir. J'ai couché les jumeaux mais là, je suis crevé... je pense que je vais prendre une douche et me coucher, la journée sera meilleure demain. Et puis j'ai mal au dos... le stress sans doute...

[Hélène Le Menn]

En voyant la réaction de son homme sur l'expression "Mon petit monsieur Lacroix", Hélène ne put s'empêcher de sourire !

Bon n'en parlons plus, ok ? Et un massage te ferait du bien ? J'aime beaucoup la façon détournée que tu veuilles un massage ! Coquin va ! Allez au lit, mon grand !

Hélène lui prit le bras pour l'inciter à sortir du canapé.

[Louis-Damien Lacroix de Beaufoy]

Cette dispute avait eu le mérite de les faire repartir sur de meilleures bases. Louis-Damien était devenu plus attentionné quand il rentrait à la maison et il prenait son rôle de père un peu plus au sérieux. Ainsi, le matin, il partait plus tôt pour préparer ses dossiers et revenait chez lui vers les 16 heures pour récupérer les enfants à la crèche et s'en occuper jusqu'au retour d'Hélène, qui avait organisé son travail surtout l'après-midi. Le week-end, dans la mesure où de toute façon, il n'aurait jamais renoncé à ses courses automobiles, il s'arrangeait pour que sa petite famille y assiste dans le local VIP. Et quand il n'y avait pas de compétition, il restait toute l'après-midi dans le garage pour toucher un peu à la mécanique, le matin étant consacré aux tâches ménagères. Un moment toujours très drôle parce qu'il enchaînait les bourdes. Hélène avait d'ailleurs posé un périmètre de sécurité autour de la machine à laver qu'il ne fallait plus qu'il approche... Ce dimanche, pas de course prévue. Louis-Damien en avait simplement profité très tôt dans la matinée pour exploser les limitations de vitesse sur l'autoroute. Il faut dire que sa nouvelle Ferrari avait une vitesse de croisière qui tournait autour des 250 km/h. Après ça, il était rentré chez lui et avait aidé sa femme. Mais en ce début d'après-midi, il avait décidé de se concentrer sur son future projet... la construction d'un garage souterrain pour y garer ses voitures. Il commençait à en avoir un paquet maintenant... Alors qu'Hélène venait de se faire un café, et qu'elle revenait dans le salon, il lui montra un plan :

- Regarde, si on se sert de la cave, on aura pas besoin de toucher aux fondations de la maison, au contraire, on pourra les renforcer. Et l'isolation sonore pourra même être parfaite. Qu'est-ce que tu en penses ?

[Hélène Le Menn]

Hélène soupira un peu, posa son café sur la table basse du salon et s'asseya à côté de son homme.
Ecoute, mon Loulou. Je respecte tes passions, mais n'est-ce pas démesuré de construire une pièce aussi grande que la baraque pour des machines ?

Hélène marqua une pause et demanda à son mari :
Au fait, j'aimerais savoir tes intentions "futur très proche" vu que la droite est revenue au pouvoir dans notre pays ? Ministère ou pas ? Juste car tu m'en as toujours pas parlé en fait. Car si jamais tu accepterais un portefeuille, il faudrait que nous revenions sur Aspen et donc va falloir qu'on s'arrange pour les jumeaux... Car tu sais bien que je ne vais pas abandonner mon taf' comme ça pour le simple bonheur de mon mari.

[Louis-Damien Lacroix de Beaufoy]

Les voitures n'étaient pas un hobby partagé par Hélène, même si elle ne ratait pratiquement jamais aucune de ses courses. Louis-Damien posa son stylo et arqua un sourcil quand sa femme enchaîna sur ses activités politiques.

- Le jour où je serais Ministre de Valentino Borgia n'est pas arrivé. Encore moins dans un Gouvernement où se retrouvent les nationalistes et nostalgiques de la Dictature. Je n'accepterais aucun porte-feuille. Pour l'instant, mes activités vont se concentrer sur l'ARC, et uniquement sur ça. Mais je ne vais pas te cacher mon objectif, j'entends bien que ce parti devienne incontournable et qu'il perce. Qui sait, un jour peut-être, si le coeur m'en dit, je retournerais à Anthelme. Sa grande bibliothèque me manque !

Il ajouta :

- De toute façon, ça n'est pas pour tout de suite. Nous aurons tout le loisir d'en rediscuter plus tard. Pour l'instant, tu peux être tranquille, je n'occuperais aucun poste politique au national.

Considérant que le chapitre était clos, il enchaîna, un peu boudeur :

- Cette cave ne nous sert à rien. Je ne bois pas de vin et toi, tu préfères la bière irlandaise... donc, autant revendre les bouteilles de collection qui y sont dedans et avec l'argent récupéré plus un peu d'épargne, aménager la cave pour qu'elle soit plus utile. Je ne peux tout de même pas laisser ces bijoux à l'extérieur en permanence ! Elles sont fragiles !

Soit dit en passant, ça ne l'avait jamais empêché de rouler à 240 km/h avec... Comme quoi, quand on parlait automobile, tout était subjectif. L'air de rien, il ajouta :

- Il faudra que l'on invite Julian Robson, tu sais, le nouveau Maire, il avait déjà occupé la fonction. J'aimerais bien qu'il lance quelques projets pour la ville, surtout pour toi. S'il met en place un tramway, tu éviterais les bouchons et en plus ce serait... comment tu dis déjà... ah oui ! "Ecolo" ! En parlant de ça, je vais peut-être avoir besoin de toi pour me mettre au vert... si je veux que l'ARC soit un parti cohérent, il me faut quelques "cours" en matière d'environnement tout ça... je pense que tu peux m'aider, non ?

[Hélène Le Menn]

Hélène l'écouta attentivement et répondit tranquillement avec une bonne bière artisanale... bretonne ! Une Coreff pour les connaisseurs.

Oui c'est vrai que j'avais oublié le fait que des nationalistes (Là juste en prononçant le mot "nationaliste", Hélène eut un rictus qui aurait pu faire réfléchir Louis à partager sa vie avec elle...) arriveront avec ce Borgia. Il m'inspire pas trop confiance ce type, m'enfin on verra !

Elle montra sa bière et lui dit :

Y'a pas que les bières irlandaises, mon cher Louis-Damien !

Elle ne préfèra pas s'étendre sur le sujet du garage. Surtout les bouteilles de vin n'avaient pas coutume de s'éterniser chez eux... Elles étaient là pour un bon petit repas en famille (quand Rozenn - la petite soeur de Hélène - ou quand Daniel Gallon de son vivant venaient manger à la maison ou des amis du couple ou plutôt des parents à des copains des jumeaux.) donc elles ne faisaient pas "long feu" par ici.

Oui, invite-le si tu en as envie, je n'y vois pas d'objection. Tu sais j'ai appris depuis pas mal de temps que je peux apprécier des personnes au delà du clivage que peut être la politique. Tu en es la parfaite preuve vivante ! Pour les cours d'environnement, je sais pas si mon égo pourrait supporter si j'aide à installer le centre durablement en politique. Mais c'est toujours mieux que l'extrême-droite avec l'Alliance Nationale ou le parti du pro-dictature, Carapin. Tiens lui, il s'est toujours pas carapater loin d'Aspen, malheureusement...
Le Tramway, je suis pas trop fan, je préfère le métro... D'ailleurs, il serait bien "un de ces quatre matins" d'aller visiter Rennes, j'ai une ancienne copine de mon ancienne école d'assistance sociale, qui m'attend depuis belle lurette, surtout qu'elle a hâte de te connaître et aussi les jumeaux... Je l'ai eu au téléphone y'a deux semaines pour me souhaiter la bonne année... Et vu que ça fait bien 6-7 ans qu'on s'est pas vu, elle sera très heureuse de nous accueillir et puis tu connaîtras la Bretagne ! Région magnifique et la gastronomie entre les galettes de sarazin, le kig ha farz, le kouign amann et autres. Cela devrait te plaire. Non ? Au lieu de partir skier ? Et puis d'Aspen, on peut aller depuis peu jusqu'à Rennes directement via le Train/TGV !