[3 rue Alexandre de Frôce] Louis-Damien Lacroix de Beaufoy

[Hélène Le Menn]

En entendant son homme, Hélène le comprit aisément mais elle était un peu vexée... Et cela se ressentait dans sa voix, surtout sur la fin !

Ouais, ça doit faire drôle... Mais tu crois pas que tu entretiens mon bonheur ??? Donc je te signale que tu sers à quelque chose d'important pour moi...

[Louis-Damien Lacroix de Beaufoy]

Louis-Damien lui adressa un regard interrogateur et demanda de façon un peu crue :

- Mais est-ce que tu es heureuse au moins avec moi ? J'ai fait passer mon travail avant nous, l'annonce de ta grossesse m'a fait un choc, j'ai plus l'impression que je te cause des soucis plutôt qu'autre chose... et en plus je suis même pas capable de sourire pour tout ce que j'ai alors que je sais que ça me comble... je crois que je vais aller me recoucher...

[Hélène Le Menn]

Hélène pensait qu'elle hallucinait complètement en écoutant intensément Louis-Damien... Elle s'empressa de le rassurer !

Bien sûr que je suis heureuse ! Je serais même toute ma vie ! Je sais que j'ai pas besoin de te le demander, tu l'es ! Je comprends que tu ais des remords avec ton ancien taf'... Mais bon, je n'ai rien à te reprocher car je savais sur quoi je m'engageais à l'époque, donc ça sert à rien que tu culpabilises, mon chaton ! Par contre, tu connais la raison de pour quoi tu n'arrives à lâcher un sourire ? J'aimerais bien la connaître pour t'aider ! Tu sais que je suis heureuse depuis un bout de temps, ça me manquait vraiment depuis des années...

Voyant qu'elle arrivait sur un sujet explosif à moitié, le PASSÉ ! Elle continua comme si de rien n'était...

Enfin, quand je te vois et j'entends que tu viens de me dire, ça m'inquiète ! Donc si tu as une idée de la raison de ton "mal-être", dis-le moi et j'essayerais de t'aider, du moins je ferais tout pour ! Et sur ce genre de choses, tu sais que tu peux compter sur moi ! Car hormis le fait qu'on soit en couple et qu'on soit fiancés, tu es quelqu'un qui compte énormément pour moi... Malgré le passé !

[Louis-Damien Lacroix de Beaufoy]

Louis-Damien ne s'expliquait pas les raisons de son mal-être, il répondit, désorienté :

- Je ne sais pas pourquoi... mais j'ai envie de rien. Je me sens vidé, comme une coquille vide. J'ai envie de rien, comme si j'étais lassé et fatigué. Anthelme me manque... je m'y étais fait et pour être honnête avec toi...

Il s'arrêta de parler, conscient que ce qu'il allait dire risquait d'être très lourd pour Hélène, mais il franchit le pas, il n'avait rien à lui cacher :

- Il me taraude toujours... mon grand-père. Je le sens encore là, à me surveiller et à me parler de choses ignobles... je n'avais pas envie de partir, je me suis surpris à vouloir faire un coup d'état pour régner sans partage... J'étais à deux doigts de me maintenir par la force... j'avais cette voix qui me poussait à le faire, j'ai refusé, je ne suis pas comme lui... mais ça ne l'a pas fait taire... La voix est toujours là, plus que jamais... Hélène, penses-tu qu'il soit possible que... l'accident... enfin tu vois quoi, crois-tu possible le fait que ça ait pu me perturber ? Jusqu'à présent, j'avais cette voix mais pas ces désirs... totalitaires...

[Hélène Le Menn]

Hélène pensait qu'il fallait bien que ça débarroule sur le tapis, ce fameux jour de l'exécution sommaire de ses parents et de son frère... D'un côte le fait de parler de cela, la rassurait car cela signifiait que Louis avait enfin compris qu'il se sentait bien avec elle pour en parler...

Je pense que oui... Je me doute bien que ça doit être horrible d'être assimilé à des ordures, coupables de la mort lâche d'une partie d'une famille... D'avoir vécu dans le sillon d'un type horrible... Et par dessus le marché, d'avoir le béguin pour une nana alors que tu as participé involontairement à l'assassinat d'une partie de sa famille... Tu sais, c'était pas facile pour moi quand j'ai compris que j'étais plus qu'amoureuse de toi... Moi qui avait juré - post-mortem - à mes parents et à ma soeur que je te ferais payer cette traîtrise... J'ai bien fait de ne pas vraiment avoir mené à exécution mon plan... Oui sur le coup, j'avais qu'une envie, buter ces ordures et malheureusement toi aussi... Mais bon, quand tu as assisté à l'assassinat de ta famille, tu ne penses qu'à une chose, faire payer ça aux bourreaux... Les faire souffrir !


Hélène marqua une pause en reprenant son souffle et essayant de passer à un sujet plus plaisant, le mariage !

Tu vas voir, on va bouger un peu... Enfin on va essayer avec les enfants... D'ailleurs, c'est pour quand le mariage ??? Car je suis enceinte de 4 mois déjà ! Et ça commence à se voir de plus en plus... J'ai même 5 kilos sur les 2 derniers mois... ^^'

[Louis-Damien Lacroix de Beaufoy]

Hélène avait parfaitement résumé son état d'esprit actuel. Avec la déprime qui accompagnait son après-présidence, Louis-Damien se demandait si finalement il était quelqu'un de bien pour la jeune femme. Elle balaya ses doutes d'un revers de mains, en quelques phrases. Et elle changea de sujet, comme pour éviter de trop sombrer dans ce sujet morbide. Lacroix lui en fut reconnaissant, il n'y avait pas de mot pour exprimer toute la culpabilité qu'il ressentait, il se sentait souillé par un passé désastreux, perverti par son grand-père. Mais il eut un sursaut. Il se souvint de Stefano et de ce qu'il lui avait dit... jusqu'à présent, il n'avait jamais rien su de ses parents, autre que les éléments fournis par la Veilleuse.

- Le 14 février, pour la Saint Valentin. Usuellement, c'est une fête stupide pour faire claquer de l'argent. Autant en faire un vrai jour important pour nous deux, cela nous donnera une raison de le fêter. J'ai vu avec le rabbin, il est d'accord, en contrepartie, il veut que je paie l'installation du chauffage central à la synagogue... j'ai accepté, je n'avais pas trop le choix.

[Hélène Le Menn]

C'est pas trop tard comme date, nickel !

[Louis-Damien Lacroix de Beaufoy]

- En effet... par contre, le rabbin m'a demandé de jeûner pour me repentir d'avoir succombé au péché de la chair avant le mariage... chose que je fais à moitié, mais j'ai pas pu m'empêcher de lui dire que devant toi je ne pouvais que succomber. Il m'a regardé avec un air sévère, il a pas apprécié l'humour...

Il se leva, après avoir mis Beethoven sur le côté.

- Bon je vais prendre une douche et je vais également prendre nos dispositions. Mais pour le mariage nous sommes un peu embêtés à la Mairie, davantage qu'à la synagogue. Il faut que nous ayons un Maire actif. Or à Vauxin, même avec a candidature le mariage sera impossible. Je pensais à Aspen, mais l'idée d'être marié par la "trop retouchée", Zélie Saint Déodat m'écoeure. Il reste Karnag ou Kervern, là où t'habites, je sais jamais... et je crois qu'il n'y a pas de maire actif. Je me trompe ?

[Hélène Le Menn]

Ah la Zélie !! ^^' Une grande histoire d'amour entre nous deux ! Bah Chouchenn ! Il faut voir selon les maires actifs de la région et les contacter ! Kervern, je me suis portée candidature à la Mairie, donc je sais pas comment faire car ce serait spécial de se marier là-bas ! ^^'
Et ton jeûne durera combien de temps ?? Comme quoi, encore un exemple qui m'éloigne encore plus de la doctrine religieuse...

[Louis-Damien Lacroix de Beaufoy]

- Mon jeûne doit durer jusqu'à la naissance des triplés... c'est pour faire pénitence... et je ne peux pas m'y soustraire, j'ai donné ma parole au rabbin.

Pour Lacroix, ne pas tenir parole était déjà peu supportable mais aller jusqu'à blasphémer, était inenvisageable. Il ajouta avec une moue légèrement déçue :

- Et ce jeûne n'est pas qu'alimentaire... il est aussi... enfin il concerne aussi nos... rapports. En gros, je dois l'accompagner d'abstinence... tu me diras que de toute façon, avec trois bébés en route, je n'aurais pas été jusqu'à m'aventurer sur cette voie, par peur de faire une bêtise.

Il haussa les épaules, enleva son t-shirt de nuit et précisa avant de prendre sa douche :

- Chouchenn, ça me semble une bonne idée, tiens ! Je vais prendre rendez-vous avec Madame la Maire, pour programmer la cérémonie au 14. On ne devrait pas avoir un tas d'invités... ça devrait donc être parfait.

Pour une fois, Louis-Damien trouva un avantage à ne pas avoir de famille. Qui disait moins d'invités, disait aussi facture moins élevée, et ça, c'était le genre de chose qui ne lui échappait jamais...