[Bar-Restaurant] Le Piemonte Bistrot

[Marc de St Imberb]

Marc sourit et resta songeur pendant quelques secondes. Son regard s'attarda sur les lèvres de la journaliste. Ne surtout pas s'attarder.

"Vous savez, Marie-Claire... Il y a certaines choses auxquelles on résiste moins bien que certains alcools les plus forts..."

Il fit un signe au barman.

"Gino, approche s'il te plait. [Marc se pensa et chuchota quelque chose à l'oreille du Barman, puis il se rassit, un sourire aux lèvres.]"

Une minute plus tard, Gino déposa sur le bar les cocktails. En tendant un verre à Marie-Claire Savary, Marc fit un clin d'oeuil et révéla le nom du cocktail.

"Nuit de folie !"

[Marie-Claire Savary]

Marie-Claire était quelque peu perturbée par le ton employé par Marc pour lui présenter son cocktail dont elle ne savait pas grand-chose, si ce n’est nom si délicat auquel elle répondit par un sourire.

« Est vous certain qu’il s’agit bien du nom de votre cocktail Marc ? »

Après quelques regards vers Marc, elle tourna la tête, remua délicatement la petite cuillère qui était dans le verre. Elle porta le verre à hauteur de bouche puis se délecta avec raffinement des saveurs qui se dégageaient du verre. Elle regarda le barman pour savoir si elle pouvait lui faire confiance, Marc étant occupé à regarder de l’autre côté, Gino lui fit signe de la tête qu’elle pouvait boire en toute confiance.

« Allons-y ! »

Marie-Claire bu une première gorgée. Elle était visiblement agréablement surprise par ce "Nuit de folie".

[Marc de St Imberb]

Marc eut un sourire et ne répondit pas. Ce cocktail, bien connu, avait des vertus assez intéressantes. Il aurait pu ressentir un peu de remords mais, après tout, cette journaliste n'était-elle pas "très résistante" ?

" Vous savez Marie-Claire... Je vais vous faire une révélation, et j'espère que votre instinct de journaliste ne vous poussera pas à la crier partout. Mais après tout, elle n'intéresserait pas grand monde. Cette vie politique pleine d'action, de rebondissements, de stress, de fatigue, de dépressions, d'une certaine violence en fin de compte... Elle n'est plus faite pour moi, ma santé ne fait que de me le rappeler, cruellement. Il faut que j'arrête cette vie que je mène depuis dix ans. Mais j'ai peur de retomber dans la même inactivité larvée que lorsque ma femme est décédée, avant que je ne m'engage en politique. La solitude, je me rends compte que je ne peux pas la vivre. Je suis pris entre mon généraliste qui me supplie d'arrêter, et moi-même qui suis convaincu qu'il s'agirait là d'une mort tout aussi atroce..."

[Marie-Claire Savary]

Marie-Claire écoutait avec attention Marc. Elle lui prêtait une oreille toute particulière. Une confidente ? Peut-être se disait-elle dans le fond.

« Permettez-moi une légère clarification Marc. Ici, vous n’êtes pas le Président de la République et je ne suis pas la directrice de l’information de Canal 4. Nous sommes adultes, nous savons tous les deux qu’une quelconque fuite sur ne serait-ce qu’un verre entre vous et moi provoquerait des remous inimaginable. Je ne souhaite pas nuire à votre carrière et il me semble que votre élégance implique une réciprocité »

Après cette petite pique à l’intention de Marc, Marie-Claire sirota encore un peu de son cocktail. Elle commençait à avoir un peu chaud dans ce bar qu’elle connaissait pourtant si bien. Elle demanda au serveur de lui apporter quelques glaçons supplémentaires. Puis elle continua.

« Marc. Je vais vous dire quelque chose et pardonnez à l’avance mon insolence. Mais une bête politique comme vous n’a rien à craindre de quiconque. Vous avez une carrière politique exemplaire. Pas l’ombre d’un nuage pour l’instant et je n’ai pas de raison de croire que cela devrait changer maintenant que vous êtes l’homme le plus puissant de Frôce »

Après ces quelques mots, Marie-Claire posa sa main sur celle de Marc, puis elle termina.

« Il vous faut une présence à vos côtés, c’est indéniable. Tout le monde n’est pas Valbonesi qui changeait de conquête trois fois par semaine. Vous êtes un homme différent, empreint d’élégance et de prestance. Vous avez su charmer le peuple de Frôce, vous arriverez sans peine à trouver une oreille attentive, j’en suis certaine »

[Marc de St Imberb]

Marc sourit en écoutant parler Marie-Claire. Une oreille attentive se faisait si rare, dans ce milieu. Il frémit imperceptiblement lorsque la journaliste posa sa main sur la sienne.

"Il est vrai que j'ai besoin de quelqu'un. Vous savez, j'ai des centaines de contacts dans mon répertoire, mais presque aucun ami réel. Le pouvoir est intéressant, mais je persiste à penser que le vrai pouvoir est celui d'être heureux. Le bonheur, je ne le perçois pas dans la solitude; la politique comble artificiellement cette solitude, mais il me faut une autre dimension dans mes rapports humains."

Marc serra légèrement la main de la directrice de C4.

"Qu'en est-il de votre côté, Marie-Claire ? Pourquoi venez-vous au Piemonte si tard, personne ne vous attends ?"

[Marie-Claire Savary]

« Les journées sont difficiles. Mon fils est maintenant grand, il peut se débrouiller sans moi. J’ai donc le temps de venir prendre un verre ici, faire des rencontres diverses, avec des amis ou bien des inconnus que je ne connais mais pour qui je suis loin d’être une inconnue. C’est peut-être là notre grand problème, la notoriété. Je suis aux commandes du journal télévisé de Canal 4 depuis tellement longtemps... »

L’air désabusé, elle prit une nouvelle gorgée de son cocktail.

« Depuis mon divorce, je n’ai jamais eu l’opportunité de rencontrer un homme en mesure de supporter ma notoriété, mon train de vie et ma conscience professionnelle. Je reconnais que ce n’est pas facile pour un homme que d’avoir une femme dans mon genre dans sa vie. Il faut être en mesure de mettre son égo d’homme de côté »

Elle fit un sourire à Marc après cette dernière phrase.

[Marc de St Imberb]

Marc sourit à son tour.

"Eh oui, la notoriété est dure à supporter pour l'entourage. Pour les conjoints, comme les enfants. Enfin les miens particulièrement. Ça va encore puisque je suis un modéré, davantage social-démocrate que socialiste; je n'ose pas imaginer ce que c'est pour les enfants de personnalités politiques impopulaires. J'ai un frère, qui est curé à quelques encablures d'ici, avec qui la communication est rompue depuis au moins vingt ans. Les histoires de famille..."

Le Président soupira. Il demanda à Gino, barman du bar à présent presque vide à part les deux personnalités, de mettre sur la platine le vinyle posé juste à sa gauche. Un slow.

"Vous dansez ?"

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=jhdFe3evXpk[/youtube]

[Marie-Claire Savary]

Marie-Claire était attentive aux propos de Marc. Lorsque ce dernier décida de mettre un slow, elle fit une moue pour laquelle plus d’un homme se serait mis à ses pieds.

« Je ne suis pas très slow Marc. Je suis plutôt adepte des tangos ou de la salsa, bien que dans des circonstances spéciales, je ne suis pas contre une valse... »

Elle était néanmoins surprise par le choix de Marc, il aurait dû se douter qu’elle n’était pas le genre de femme, la cinquantaine passée, à danser un slow comme il y a trente ans, dans sa jeunesse. Le passé est le passé, et il parfois bon de ne pas s’y replonger se disait-elle.

[Marc de St Imberb]

Marc fut un peu déçu. D'un autre côté, quel idiot de se comporter comme un adolescent.

"Vous avez raison. Pour ma part, j'ai bien peur d'être maladroit, il y a fort longtemps que je n'ai pas mis les pieds sur une piste de danse. Je propose que nous sortions prendre un peu l'air, je ne sais pas pour vous mais je commence à avoir un peu chaud. A moins que vous désiriez reprendre un verre ?"

[Elise Lantier]

Elise faisait son entrée dans le restaurant, cela faisait un moment qu'elle n'était pas sortie le soir:

" Oh! Chouette un slow! Tiens donc il y a Monsieur le Président....

Monsieur le Président, vous m'accorderez bien le plaisir de cette danse? Je me revois déjà étant étudiante....Vous n'êtes pas en mesure de me la refuser, ahah ! "

Elise s'empressait de prendre les mains de Marc de St Imberb, il faut dire qu'elle avait deviné le petit jeu entre le Président et la journaliste pimpante. Elle s'amusait de cette situation cocasse ou encore une fois elle servait de grain de sable.