[Bar-Restaurant] Le Piemonte Bistrot

[Xavier Krypzt-Herblain]

XKH sirotait un Glenfiddich, la cravate dénouée, de grosses cernes sous les yeux. Il était accoudé au bar lorsque son portable vibra. La composition du gouvernement venait d'être rendue publique. S'agitant soudain, il appela sa rédaction.

- Mobilisez tout le monde, il me faut des documents sur chaque nouveau ministre ! Prévenez les rotatives que l'édition du matin aura du retard ! J'arrive !

Puis il grimpa sur son scooter, et démarra en "trombe" dans la nuit, en direction du QG du "Temps".

[Alan Hamilton]

Alan était vraiment éreinté par avoir tout d'abord essayé d'avoir "choppé une info la nuit dernière sur les négociations entre l'Alliance Nationale, le RDF et l'ADL sur la mise en place de la fameuse coalition gouvernementale. De courir à droite et à gauche depuis 23h ce soir pour chopper quelques infos supplémentaires pour l'édition de demain du "Temps"... Il commanda un Coal Ila et sortit pour apprécier parfaitement ce nectar. En effet, il prit un "Cohiba" de la marque "Habanos SA" pour le fumer complètement. Ce genre de cigare le fit penser à la Révolution Cubaine. En effet, ces cigares avaient été destinées à l'origine à Fidel Castro et à quelques invités de marque pour le "Gouvernement Révolutionnaire Cubain". Mais aussi, aux années de lutte de Alan en Ecosse, exigeant l'indépendance de cette province afin qu'elle devienne socialiste. Que de chemins parcourus et ce passé était considéré par Hamilton, comme une connerie de jeunesse ! Le genre de connerie qui forge une personnalité, un caractère. Comme si le marxisme était bien selon Hamilton.

[Adrien Bouchard]

Adrien arriva serein au Piemonte, il s'assit à une table et demanda un grand café. Il sortit son agenda et regarda ce qu'il avait prévu pour cette magnifique journée. Le serveur le servi. Il bu son café, demanda l'addition. Il paya et parti car il devait aller au siège d'un parti pour remplir une demande d’adhésion.

[Marc de St Imberb]

Marc s'assit en terrasse au Piemonte, accompagné de deux gardes du corps qui s'assirent à une table voisine. Le Ministre repensa au débat télévisé qui venait de se finir aux studios de FRTV1, à quelques kilomètres d'ici. La Delaunay était une adversaire coriace, un peu démagogue mais impossible à abattre. Marc mit ses mains sur ses tempes. "Adversaire", "Abattre",... La politique était vraiment une guerre. Marc observa l'autoroute qui scintillait là haut, dans les collines. Une foule d'anonymes, gouvernés par une poignée de personnalités qui se tirent dans les pattes. Il pensa au tout nouveau président du CNS, qui devait être dans son salon quelque part près de cette colline, et se demanda si Okonda allait un jour s'engager. Aucun doute sur la question. Inconsciemment, c'est un homme politique.

Marc commanda un cognac et alluma une Dunhill.

[Marc de St Imberb]

Marc enquilla trois verres de Cognac et près de dix cigarettes, assis à la terrasse du Piemonte, vers une heure du matin. L'air frais et (presque) pur lui caressait le visage. Il sentit son cœur battre à tout rompre. Toutes ces histoires n'étaient vraiment pas bonnes.

[Marie-Claire Savary]

Marie-Claire venait de terminer sa journée quand elle décida de se rendre au Piemonte Bistrot pour prendre un dernier verre avant de rentrer dans son appartement situé en face de la mer dans le plus beau quartier d’Aspen. Et oui, de Bratt sait être généreux avec certains journalistes. Son chauffeur, payé par la chaîne Canal 4 la déposa devant le bistrot. Le garçon de café qui était en charge de tenir les portes lui fit signe de rentrer, il lui tiendrait la porte. Elle s’arrêta à sa hauteur pour lui dire quelques mots.

« Mon cher Rodrigo, ce n’est pas trop tard j’espère pour prendre un verre ce soir ? »

Le garçon de café fit un sourire et répliqua spontanément.

« Il n’est jamais trop tard pour vous Madame Savary, vous le savez. Bienvenue au Piemonte »

Marie-Claire répondit elle aussi par un sourire avant d’entrer. Le garçon de café s’occupa de prendre sa veste ainsi que sa pochette. On l’installa devant le bar, sur les tabourets comme elle en avait l’habitude. Le barman lui demanda ce qu’elle désirait. Elle pencha la tête sur le côté, et d’une voix suave répondit avec un sourire coquin en se mordillant les lèvres.

« Hum je prendrais simplement un Martini blanc pour l’instant »

On lui apporta quelques olives vertes avec du piment rouge, son péché mignon.

[Marc de St Imberb]

Marc était au Piemonte depuis une bonne heure déjà, depuis la fin de la cérémonie d'investiture à Anthelme. Une cérémonie agréable, car l’événement était de taille, mais avec une bien trop petite buvette pour permettre à un homme meurtri d'oublier certains soucis.
Marc avait fait tomber la cravate, coupé son portable qui ne faisait que de vibrer, et étalé sur une table un journal qu'il avait de plus en plus de mal à lire au fur et à mesure que les marques circulaires sur celui-ci témoignaient du débit assez professionnel de consommations. Finalement, emporté par la procrastination, il remit à plus tard la lecture de cette article consacré à Canal 4. Cette annonce de diffusion de films à caractère un peu adulte était parfaite.

Puis Marc eut un blocage lorsqu'il vit Claire Savary entrer dans le bistrot. Celui-ci était devenu sombre, habillé de son éclairage intérieur de nuit. Eclairage qui allait d'ailleurs à la perfection à cette journaliste, très élégante dans son tailleur Chanoul, le fameux couturier Aspinois.

Marc n'attendit pas. Une attente de plus de trois secondes, et c'était l'hésitation, la feuille blanche, puis plus tard le remords. Inenvisageable. Il s'approcha de la journaliste.

"J'ai pour habitude de commencer une conversation par un commentaire sur le choix de boisson de mon interlocuteur; mais je dois m'avouer décontenancé. Une femme telle que vous aurait donc un choix aussi simple qu'un Martini Blanc ?"

[Marie-Claire Savary]

Marie-Claire était assise. Elle s’apprêtait à siroter son verre de Martini blanc quand elle fut accostée par un homme d’un âge mûr qu’elle n’avait pas reconnu au premier regard. Les lumières du Piemonte étaient toujours aussi faibles qu’à l’accoutumée. Lorsque l’homme lui parla, elle se retourna, pleine de sensualité, pour le découvrir. Et quelle surprise ce fut pour elle. Le Président de la République Marc de Saint-Imberb était là, à la questionner sur le choix de sa boisson. Elle posa un coude sur le bord du bar mis son doigt sur la lèvre inférieure, relooka de haut en bas Marc et lui fit elle aussi un commentaire.

« Il est minuit passé, j’en conclu que j’ai à faire au Président de la République en exercice n’est-ce pas ? »

Elle termina sa phrase par un sourire, le fameux. Elle sirota alors son Martini blanc devant Marc qui était toujours debout à ses côtés.

« Venez, ne restez pas debout, asseyez-vous Monsieur le Prés... Tiens, comment dois-je vous appeler ce soir ? Peut-être devrais-je dire Monsieur le Président si jamais les renseignements généraux étaient partout dans ce bar, y compris mon tendre Rodrigo peut être ? »

[Marc de St Imberb]

Marc s'assit, ravi, et posa son verre sur le bar.

"En exercice depuis minuit, c'est exact. Mais je vous en prie, pas de formule à rallonge. Appelez-moi Marc."

Marc vit que la journaliste n'avait pas encore finit son verre; tant pis, il attendrait pour en demander un nouveau.

"Vous ne sortez sans doute pas si tard ce soir par nécessité... Habitude, peut-être ? Besoin exceptionnel de prendre un Martini Blanc ? Madame Savary, je vois une multitude de personnes à longueur de journée mais vous, vous me laissez perplexe..."

[Marie-Claire Savary]

« Le tout Aspen ne vit que la nuit Marc, vous devez le savoir, vous en êtes un membre éminent, encore plus éminent depuis un peu plus d’une heure officiellement désormais. Pour tout vous dire, j’aime vivre la nuit. Les gens y sont bien plus détendus. Je ne suis certainement pas une de ces journalistes qui se lève à cinq heures du matin pour faire un duplex sous la pluie au nord d’Anglès ! »

Elle éclata de rire. Elle sirota une nouvelle fois son verre mais ce dernier était désespérément vide. Elle s’est alors souvenue de la réflexion osée de Marc il y a quelques minutes à propos de son choix de commander un martini blanc à cette heure-ci. Elle décida donc de le mêler à son choix futur.

« Marc, puisque vous avez l’air d’apprécier la complexité, qu’est-ce que vous me conseillé ? Mon verre est désormais vide »

Elle jeta un œil sur le verre de Marc qui était lui aussi vide.

« Ah mais le vôtre semble lui aussi vide. Dans ce cas, oubliez ma demande, je vais vous faire confiance et constater votre sens du goût et du raffinement. Je commanderais la même chose que vous, j’ai couvert plus de guerres que vous ne pourriez en imaginer maintenant au pouvoir donc n’ayez crainte, je suis résistante, très résistante... »