Trois images, un monde

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Zelmire Guéry-Cohen
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Trois images, un monde

Message par Zelmire Guéry-Cohen »

Trois images du monde, trois simples légendes, pour trois évènements actuels majeurs. Deux politiciens Frôçeux, issus de deux partis politiques différents, pour deux visions différentes (ou pas...). Un concept, une rubrique, pour aborder différemment les opinons de ceux qui nous gouvernent ou aspirent à le faire.
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Arthur de Milon
Figure de la Droite Frôçeuse. Avocat et homme d'affaires. Ancien Ministre (Intérieur, Finance, Éducation ou Environnement). Ancien maire d'Aspen. Représentant Parlementaire. Actuel Garde des Sceaux, Ministre de la Justice et des Institutions. Il est Vice-Président du Rassemblement pour une Droite Forte.


Thomas Rolland
Figure de la Gauche Radicale. Philosophe et Enseignant. Ancien Ministre de l’Education, de la Santé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. Représentant Parlementaire. Porte-Parole du Rassemblement Écologiste et Socialiste.
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Le pays en guerre, se qualifie pour les phases finales de la Coupe d'Afrique des Nations.
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"S'unir avec fierté..."

C'est un symbole je pense. Un pays ravagé par le terrorisme islamiste, mais capable de s'unir avec fierté derrière son équipe nationale. J'en profite pour réaffirmer mon soutien total à l'intervention française au Mali. Cette intervention était nécessaire. Le Président Hollande a su, une fois n'est pas coutume, prendre une décision courageuse.

La Frôce soutient évidemment l'intervention et je félicite mon collègue des Affaires étrangères, Arthur Le Guen, pour sa décision, prise il y a quelques jours, d'acter dans les faits ce soutien.



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"Significatif et symbolique..."

Cette qualification de l’équipe du Mali à la phase finale de la Coupe d’Afrique des Nations est un acte qui n’est pas que symbolique mais qui est aussi un signe.

Il est symbolique car il est une démonstration de l’unité du pays. Vous n’êtes pas sans savoir que ce pays connait une crise politique sans précédent, avec ce mouvement islamiste voulant imposer la charia, ce qui a poussé notre voisin Français vers une intervention militaire ; et je ne sais pas si vous vous rappelez, justement au début de cette crise, le phénomène suivant : les troupes islamistes, alors en pleine conquête du territoire malien, voulaient imposer la Charia, la loi islamique ; et en même temps, on observait des mouvements de populations, des exodes. Cela montre bien qu’une loi ne peut être appliquée de n’importe quelle manière, ni sans prendre en considération les mœurs d’un peuple, sous peine de voir ce même peuple se dissoudre de lui-même. Cette victoire au football avec ce peuple tout entier derrière comme supporter est une démonstration de l’unité de ce peuple, qui malgré les difficultés a encore le sentiment d’appartenir à une communauté. Dès lors, cet événement est symbolique d’une victoire. C’est pour ça que je suis très content que votre photo soit celle d’un supporteur peinturluré du nom de son pays non loin de son cœur.

Mais cet événement est aussi un signe. Et il faut prendre ce terme au sens de signification. Que signifie le sport pour un pays ? Le sport a eu une place considérable, beaucoup plus qu’aujourd’hui, dans le système éducatif de la Grèce antique. On enseignait deux choses de manière prépondérante à cette époque : la gymnastique et la musique, et pas du tout pour les mêmes objectifs et donc le même état d’esprit. Aujourd’hui on demande aux sportifs de battre des records, aux athlètes grecs on leur demandait de gagner des victoires. C’est considérable : le Mali est en train de remporter une victoire ! Mais plus encore, le sport signifie une volonté qui se veut, qui s’ose. Il ne l’incarne pas de but en blanc, mais il en est imprégné dans sa chair : le sport est à un pays ce que la volonté qui se veut est à un individu ; l’expression de sa liberté.

Loin d’être un divertissement, cet événement sportif est tout à fait significatif et symbolique de ce qui arrive et de ce qu’est le Mali malgré la menace islamiste bien géré par le corps militaire Français.
D’ailleurs là-dessus je veux dire quelque chose : je soutiens la démarche de la France, c’était une situation sur laquelle le RSE avait signifié sa plus grande inquiétude. Maintenant, j’espère que le gouvernement Français travaillera à donner à ce pays, qui est l’un des plus pauvres d’Afrique les conditions de son développement et de la permanence de sa démocratie face à la tyrannie. Je tiens à dire aussi là-dessus, que certes j’approuve la décision que monsieur Le Guen a prise, celle d’envoyer des rafales soutenir le corps militaire Français. Cependant, je pense qu’il aurait été plus judicieux, plus respectueux, plus de l’ordre du bon sens que de faire part lors d’un débat à l’Assemblé Nationale de la tenue d’une telle décision. Ca ne se fait pas à la légère.
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Le premier Président Noir réélu à la tête des États-Unis.
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"Il incarne le changement et le progrès...."

Le Président Obama avait déjà été le premier président noir élu à la tête de la première puissance mondiale. Le fait qu'il soit aujourd'hui reconduit pour un second mandat prouve que la mentalité des Américains a évolué. La justice sociale, notamment dans la fiscalité, la régulation de la finance, la protection de l'environnement, la paix dans le monde, qui passe par la résolution du conflit au Proche-Orient, et le respect des droits de l'homme sont autant de dossiers importants sur lesquels le Président Obama sera attendu.

Il a déçu lors de son premier mandat, c'est vrai. Mais c'est surtout parce qu'ils avaient les mains liées par une conjoncture politique difficile. Je soutiens le Président Obama car il incarne le changement et le progrès d'une nation qui nous a toujours étonné.


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"Se séparer de l’ultralibéralisme..."

Je suis évidement satisfait que ce soit monsieur Obama et non monsieur Mitt Romney qui ait été réélu à la tête de la présidence des États-Unis d’Amérique, et j’espère qu’il arrivera à mener une bonne politique dans son pays, car lui comme nous, nous vivons dans le même monde et nous souffrons des mêmes difficultés : économique, sociale, écologique, politique. Et, je me souviens que monsieur Obama a dû affronté l’opposition des républicains sur des sujets majeurs lors de son précédent mandat.

Aujourd’hui on parle beaucoup de l’interdiction du port d’arme, mais avant, c’était le débat sur une sécurité sociale pour le domaine de la santé. Il a été traité de tous les noms : socialiste, communiste, socialo-communiste,… C’est assez typique des mentalités de droite là-bas, mais loin de là la caricature, son combat n’est pas loin du nôtre. Finalement, qu’a essayé de faire Obama ? Il a essayé de sortir d’une crise en portant des réformes, des mesures politiques et sociales. Il a voulu proposer un rôle providentiel de l’Etat à l’opinion américaine et ainsi se séparer de l’ultralibéralisme, cet ultralibéralisme qui a porté le monde dans la crise que nous tous vivons. Nous sommes dans le même combat aujourd’hui : regardez ce qui s’est passé par rapport à l’affaire Sapporo-Gesca. On a failli perdre près de 7200 emplois ! Vous vous rendez compte ? Et heureusement qu’il y a repreneur, car d’après les réponses que j’ai eu de madame de Cassagne au sujet d’une intervention ou non de l’Etat dans cette affaire (réponse qui a été sans appel : un non sans condition), s’il n’y avait pas eu repreneur, les salariés auraient eu le droit à un aller simple pour le chômage ! Le problème, c’est que chaque cas est particulier, et qu’il y en aura d’autres des PSE. On ne peut pas se remettre à la seule providence du marché et de l’économie. Que faire s’il n’y a pas de repreneur pour une entreprise qui travaille bien ? Que faire si le PSE est motivé par un licenciement boursier et non économique ? Moi je vais vous dire : il faut une loi pour encadrer tout cela, et porter les négociations d’un PSE au-delà de la sphère de l’entreprise, il faut envoyer ça devant les tribunaux et légiférer sur les modalités acceptables ou non d’un PSE. Il ne faut pas de libéralisme, même averti. Un libéralisme averti n’est somme toute qu’une politique de faible. Il faut agir ! C’est pour cela que je vous annonce qu’au Rassemblement Socialiste et Écologiste nous avons travaillé sur ce type de projet de loi de législation des PSE, que nous présenterons à la prochaine session parlementaire.
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Depuis Décembre 2010, le Printemps Arabe a gagné nombre de pays du Monde Arabe

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"Rester vigilant..."

Le mouvement du Printemps arabe est la traduction dans les faits d'une volonté de liberté, de démocratie et de progrès social portée par des millions de jeunes arabes. C'est un mouvement légitime. Néanmoins, il s'agit de l'appréhender avec recul et modération. En effet, il est absurde d'entendre certains politiques occidentaux qui aimeraient que du jour au lendemain, des dictatures sanguinaires deviennent des démocraties exemplaires. Nous ne pouvons pas transposer le modèle démocratique libéral occidental à des pays intrinsèquement différents de nous, dans tous les domaines. Long fut notre chemin vers la démocratie, laissons les pays arabes se construire sereinement, à leur rythme.

En outre, il faut rester vigilant. Très rapidement, les mouvements démocratiques peuvent s'effacer au profit de mouvements islamistes. C'est ce qui est en train de se passer notamment en Égypte. Les droits des femmes et la sécurité des communautés doivent être garantis. Ce sera un premier pas vers la démocratie.



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"Encore en marche..."

Vous savez, en tant qu’homme politique et philosophe, je suis un spectateur assidu de ces révolutions. Et l’histoire nous a appris qu’une révolution ne peut se résumer en un événement dont la conclusion serait la chute d’un pouvoir contesté par une large partie de la population. Je ne pense donc pas qu’on est encore assez de recul pour parler encore du printemps arabe. Ce printemps est encore en démarche, dans sa marche historique ; regardez le cas de la Syrie encore en proie à un véritable génocide de la part de Bachar Al-Assad. Je ne sais même pas si l’on peut réellement parler de révolution arabe, car outre le phénomène domino, le phénomène de contagion qui a permis aux révolutions qui se sont successivement déroulées en Tunisie, Égypte, Algérie de se passer dans un laps temporel commun, il y a de grandes différences, des situations différentes, des conclusions différentes : en Algérie nous avons vu des réformes, en Égypte la mise en place d‘une démocratie encore fragile de la position des Frères Musulmans.

Néanmoins, si printemps Arabe il y a encore, on peut quand même essayer de formuler un propos assez général et temporaire sur ce qu’il en est pour le moment et de ce qu’on peut en attendre : je pense qu’il va y avoir encore un travail historique sur le droit des femmes qui va se faire. Beaucoup d’entre elles réclament un dû de ces révolutions auxquelles elles ont participé ; et cela est en lien direct avec le problème des idéologies politiques qui vont se mettre en place et se stabiliser dans ces pays entre des tendances disparates d’islamistes ou des partis démocrates. Il faut encore attendre qu’au niveau politique tout cela se stabilise, prenne forme durable, et je pense qu’il faut regarder la situation de ces pays en tenant compte de ce qui s’est passé en Iran dans les années 70.


Merci à Messieurs de Milon et Rolland pour leur disponibilité et leurs réponses.
Zelmire Guéry-Cohen
Journaliste et Editorialiste
Verrouillé

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