Législatives italiennes de 2013

[Benoit Pripyat]

Mais le souci, c'est que quand ces grands patrons trempent dans la politique, ils ont souvent beaucoup de difficultés à visualiser la frontière entre l'intérêt personnel et général, entre la direction personnelle d'une entreprise et la direction démocratique d'un Etat.

Tout à fait d'accord avec vous sur ce point.

[Silvio de Bratt]

C’est probablement pour ça que les Etats d’aujourd’hui sont gérés comme des entreprises. On ne gère pas un pays en bon père de famille, c’était le temps de l’absolutisme ça. Même dans les régimes communistes, c’est une entreprise avec une planification totale. Par conséquent, on ne peut pas reprocher aux régimes démocratiques d’avoir des responsables qui agissent en chef d’entreprise quand dans le même temps, chez l’ennemi idéologique, c’est la même chose mais avec des mots différents. Je n’ai pas envie de me lancer dans une confrontation idéologique entre le capitalisme et le marxisme mais vous comprenez mon propos. Berlusconi a été élu démocratiquement à chaque fois, il n’a pas fait de coup d’Etat, il n’a pas fait de révolution. Il a été mis en cause dans des affaires judiciaires qui tournent très largement autour de ses frasques personnelles, un peu de corruption (comme partout dans le monde), mais pas pour des faits graves. J’estime plus grave les rétros commissions versées aux politiques français dans l’affaire Karachi qui ont couté la vie à des civils français au Pakistan plutôt qu’au Rubygate.

Qu’un homme qui a réussi dans les affaires ne soit pas bon pour la politique, je suis d’accord. Je n’ai jamais prétendu que c’était une condition impérative, presque une règle générale, non. Par contre, que l’on vienne vanter les mérites d’un humoriste qui base son argumentation sur la clownerie populiste dans ce qu’elle a de plus dégradant, aussi bien pour l’Etat italien que pour le peuple Italien, c’est incroyable. On peut aimer ou pas Berlusconi, c’est un personnage de théâtre au final, mais il a le soutien des italiens à chaque fois qu’il se présente. Il ne pourra pas toujours gagner, mais après 30 ans de vie politique au plus haut sommet, il arrive encore à surprendre et à faire un score miraculeux quand on se souvient de sa sortie il y a plus d’un an. Même un gauchiste n’a pas le droit (moralement) de se laisser aller au populisme de Beppe Grillo.

[Marc Okonda]

Je ne comprends pas l'allusion au marxisme et à "l'ennemi" (je suis même surpris de voir encore de telles références aujourd'hui). J'espère qu'elle n'est pas contre moi, car ce serait une grave erreur. Je suis au contraire profondément démocrate. Néanmoins, je pense que la démocratie ne s'arrête pas au vote, et il y a même plus important que le vote : ce sont les lois fondamentales, que l'on trouve dans la Constitution de nos Etats de droit, ainsi (et même surtout) dans la Convention européenne des droits de l'Homme. Alors je ne suis pas un spécialiste des affaires touchant Berlusconi, mais la condamnation reçue aujourd'hui pour un fait de divulgation d'une écoute (illégale je crois, en plus) est une preuve de la difficulté de ces hommes de faire la part entre la raison d'Etat (et donc la démocratie et son fonctionnement) et la raison personnelle (qui est celle du gain, donc de la réélection).

Après, qu'il soit populaire et réélu je ne lui enlève pas ça, et les italiens font bien ce qu'ils veulent. Je détesterai qu'on nous donne des leçons, ce n'est pas pour en donner aux italiens.

[Marc de St Imberb]

C'est sur que la corruption est présente en politique dans tous les pays. Pour moi Berlusconi est un personnage antipathique à ce niveau, mais aucun personnage politique n'est "clean"; par exemple Mario Monti est sans doute davantage politiquement correct mais on ne saura réellement jamais à quel niveau il est encore lié chez Goldman Sachs.
A mon avis l'enthousiasme pour Grillo est moins une manifestation de sympathie à l'égard de son programme qu'une manifestation d'antipathie à l'égard de la politique en général, et même des politiques. Alors oui c'est dangereux ce type de montée en puissance de populisme, mais on ne peut pas totalement en vouloir au personnage ni à ses électeurs.

[Silvio de Bratt]

Travailler pour Goldman Sachs n’est pas une tare, encore faut-il le répéter.

[Marc de St Imberb]

Ça on n'en sait pas grand chose...

[Gavroche Finacci]

Le M5S semble refuser toute confiance à un Gouvernement qu'il ne dirigerait pas.

Il semblerait que les cadres du Parti Démocrate négocieraient en coulisses avec Monti (rien d'étonnant jusque là) et avec la Lega Nord (le principal partenaire de Berlusconi qui avait failli faire défection en début d'année) pour avoir une majorité au Sénat. Inutile de dire que foutre un parti connu pour quelques dérapages xénophobes avec le parti écologiste risque de provoquer une instabilité conséquente.

C'est donc un beau bordel qui s'annonce.

[Marc Okonda]

Ils ne vont pas essayer de revoter, finalement?

[Gavroche Finacci]

Il ne peut pas y avoir de dissolution avant le 15 mai, donc ils doivent meubler jusque là.

[Luca Pappa]

Un bordel infini. Si les italiens revotent, vous pensez que Bersani sera reconduit pour le Parti Démocrate ? Et si non, Renzi ? Et le M5S aura-t-il autant de voix potentielles sachant que les italiens tiennent quand même à leur pays ?