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Thomas Rolland
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Message par Thomas Rolland »

Mesdames et Messieurs les journalistes, mes chers compatriotes, bonjour.

J’ai eu l’occasion de visiter, comme vous avez pu le voir dans les différents médias une université et une école. Je voulais faire un état des lieux de notre école de la république, car l’éducation au sens large est un domaine de réflexion auquel j’accorde le plus de dignité et d’importance. Il me paraissait nécessaire d’aller à la rencontre des parents d’élèves, des professeurs, ainsi que des élèves et étudiants eux-mêmes. J’ai observé, écouté avec le plus de lucidité et de pragmatisme possible car, si certes l’éducation est un domaine digne et important, c’est surtout un domaine qui semble « irréformable ». L’école de la république nous pose un défis et son constat aujourd’hui d’échec, rend la tâche qui m’incombe plus haute et importante encore. C’est un domaine qui mérite une réponse politique éclairé, c’est ainsi que je m’en vais vous déployer de la manière la plus pédagogique possible, mon diagnostique, ma méthode et de là, les futurs actions gouvernementales.

Il y a une question que j’aime beaucoup poser à mes élèves de terminale : « qu’est-ce qu’une bonne éducation ? ». Les discutions sont intéressantes même si ça reste ancré sur « l’éducation nationale », et ce que j’aime bien faire à ce niveau là c’est rappeler que l’éducation c’est un cheminement qui se déroule, ou plutôt s’effectue tout au long de la vie par des formes diverses, que se soit l’apprentissage des bonnes manières de vivre en société par la vie familiale, les fondamentaux du « lire, écrire, compter » en classe préparatoire, ou même la parentalité quand on a son premier enfant ; tout cela, toutes ces formes diverses et variés se regroupent autours d’un même terme « éducation », qui ne signifie non moins que ¾ et ce ceci est sa signification étymologique, « s’élever vers » ; oui, mais pour aller où ? Vers l’Humanité comme dirait le grand penseur des Lumières, Rousseau. L’éducation c’est le processus par lequel l’enfant devient homme, et la société devient Humanité. C’est le processus du progrès. Et si donc l’éducation nationale dans sa particularité est un constat d’échec, c’est qu’elle n’est pas source de progrès, qu‘elle n‘est plus le moyen du progrès dont on a voulu faire la reine. Mais l’éducation nationale étant une partie de l’éducation, de quelle progrès particulier est-elle le moyen ?
L’éducation nationale a une ambition qu’elle porte sur elle-même et qui lui donne comme un caractère sacré, elle est d’une importance qu’il faut toujours avoir en conscience pour saisir son importance et le défis, la tache politique qu’elle nous incombe dès lors. Victor Hugo disait « ouvrir une école, c’est fermer une prison ». Cela signifie en clair, que l’école à l’origine, dans sa forme en tant qu’école de la république, c’est-à-dire, gratuite, laïque et obligatoire, se devait d’être le vecteur d’un progrès sociale possible. Alors qu’auparavant l’école, l’instruction était un luxe, l’école de la république à partir des années 1880 a commencé à ouvrir ses portes à tous dans chaque village, proposant ainsi aux enfants des paysans et des ouvriers une éducation complémentaire, un savoir permettant une commune égalité des chances. L’école devait être le vecteur d’un « ascenseur social ».
C’est non moins rien que ceci dont l’éducation nationale devait être le moyen. Et le changement des mentalités lui ont conféré d’autres finalités. Alors que les penseurs des Lumières voyaient en l’école, le moyen du progrès et de la libération des consciences ; quand on demande aujourd’hui à un père de famille à quoi doit aboutir l’école, il nous répond généralement la même chose, et je l’ai entendu encore cet après-midi : « un métier ». En même temps que former, l’école a une autre ambition : l’instruction. L’école de la république doit former quelqu’un à quelque chose et instruire quelque chose à quelqu’un, et sur ces deux buts qu’elle s’est donnée, l’école est en échec. Procédons dès lors, si vous le voulez bien, à un examen de cet échec.
Nous sommes dans ce que Pierre Bourdieu nommait une « reproduction sociale ». L’échec de l’école est en partie un échec de la « méritocratie ». Quoiqu’on y fasse, les enfants des catégories sociales aisées baignent dans un environnement sociale, économique et culturel bien plus favorable que les enfants des classes populaires. Alors que la méritocratie est censé récompenser celui qui, comme dans une course athlétique arrive le premier en étant parti du même point de départ que tout les autres, l’état de la méritocratie aujourd’hui est celle d’une course où l’on veut récompenser le meilleur alors que beaucoup, du fait des inégalités des chances, partent déjà avec une longueur d’avance. Non, aujourd’hui les enfants d’ouvrier, de paysans, ou des professions intermédiaires n’ont pas les mêmes chances de réussite que les enfants des classes aisées. Il n’y a que très peu d’enfant des classes populaires à être admis dans les grandes écoles, et à ceci il ne reste que ce qu’on appelle « les voies de garage ». Et ce terme, j’ose le prononcer et l’affirmer, car certes, l’on peu se féliciter de taux de réussite et de participation au BNES et s’en faire son cheval de bataille, mais faire cela c’est oublier qu’ensuite le taux d’échec en étude supérieur pour la première année est près de 60%, que les diplômes ne valent plus grands choses et que beaucoup de ces élèves, le BNES en poche ne réussissent pas à s’orienter et se trouvent condamner à un travail aliénant. Sur la méritocratie, comme sur la perspective d’un avenir satisfaisant possible, l’éducation nationale est dans une politique d’échec. Mesdames et messieurs, ce ne serait guère vous mentir que de vous dire qu’il y a beaucoup de travail. L’ambition est belle et l’école le mérite.

Mais que faire ? Oui, que faire ? Tout semble pourtant avoir été fait : réforme des horaires, création de nouvelles filières, aménagements des classes et du nombre de fonctionnaire… On nous dit que l’école est irréformable. Non l’école n’est pas irréformable, encore faut-il comprendre la raison des différents échecs qu’ont subit les précédentes réformes. Il faut décortiquer leur moelle pour à partir d’elles, par ce que Hegel appelait un travail du négatif, en tirer notre propre méthode. Nous avons besoin de méthode et de lucidité, pour préparer et réussir les réformes à venir, sans répéter les erreurs des précédents gouvernements. J’estime que l’erreur des précédents gouvernements est d’avoir accentuer leurs résolutions soit sur un aspect purement qualitatif, soit sur un aspect purement quantitatif sans du coup prendre conscience de la modalité et de la relation. La méthode que le gouvernement veut mettre en œuvre dans l’esprit des réformes n’est pas celle d’un tout-ou-rien ou d’une trop grande accentuation sur une partie du problème ; il ne faut rien laisser au hasard et ne rien oublier. Il faut trouver le juste milieux et agir sur le quantitatif comme sur le qualitatif. Il faut que l’école redevienne un ascenseur sociale et la voie pour des débouchés professionnels, pour cela il faut une réforme structurelle de grande envergure, une réforme architectonique car l'école fonctionne ainsi : l'acquisition d'un savoir en CM1 présuppose d'avoir acquit ceux du CE2. C'est une affaire de bon sens. Ainsi les réformes doivent non seulement commencer par celle du primaire ; et ce n'est pas la tache la plus facile, surtout qu'on sait que les problèmes acquis dès la base contamine le reste du parcourt scolaire. C’est ainsi que se voudra l’action et la méthode du ministère.

Cette réforme architectonique, ce sera la création d'un grand pôle de recherche public. Le mécanisme est le suivant : aujourd’hui si les diplômes ne permettent plus l’accès à l’emplois ce n’est pas que parce qu’ils n’ont plus de valeurs, mais que, du fait du peu de demande et du peu d’innovation, ces diplômes sont devenus comme quasi inutile. L’ambition de ce grand pôle sera d’investir dans la recherche et l’innovation dans nos universités afin de créer les filières économiques d’avenir. Ces nouvelles filières seront en besoin de personnels intellectuels et manuels qualifiés avec de nouveaux diplômes. Si vous créé de nouvelles filières économiques, vous créez de nouveaux besoins ; besoins que seuls l’école pourra combler. Mais pour que ce grand pôle public de recherche soit viable et le moyen de notre développement économique, l’université doit considérablement changer son visage. Le président de la Cours des Comptes m’a remis un rapport sur la situation de l’université Frôceuse : ce document met en évidence, non pas qu’on investit trop, mais qu’on investi mal. Pour un peu plus de 100 000 étudiants, il y a 12 universités, ce qui fait moins de 9 000 étudiants par pôle universitaire ; nombre approximativement égal à une petite faculté. Le problème est que si nous voulons des filières d’avenirs, nous devons concentrer les financements dans un nombre réduit d’université et organisé au sein d’académies. Ces académies se regroupant autours d’une ligne de conduite bisannuel pour l’étude supérieur travaillé par le gouvernement, ainsi qu’autours d’un Commissaire Universitaire affecté à chaque Université qui aura pour charge d'entériner les décisions de l'administration universitaire en veillant au respect de la ligne de conduite du Ministère.
L’ambition du gouvernement, toujours pour la question de l’emplois et de l’orientation sera de créer un service publique de qualité. L'un des problèmes qui se pose au collège, et qui se pose aussi au lycée et à l'université, c'est l'orientation... Il y a eu beaucoup de chose là-dessus (création de conseiller d'orientation,...) ; dans l'esprit de la méthode que j'ai indiqué plus haut, voilà ce que je propose : de la meilleur information par des forums des métiers par exemple, des options de travaux manuels et de productions, des informations sur les filières économiques d'avenir, des stages d'un jour au lieu de un seul stage de 7 jours et vers des métiers qui intéressent et du coup le soutien des écoles à trouver des stages. Il ne s'agit pas de plus, mais de mieux. Et bien sûr l'effort doit être plus concentré sur les élèves qui sont susceptibles d'aller vers les filières types CAP, BEP. Il faut des cours professionnalisant qui apprennent la rédaction de CV et lettres de motivations, ainsi que des réunions inter-métiers. Mais à long terme, comme réforme de structure, il faudra surtout reformer les conditions d'accès à la fonction de Conseiller d'Orientation par la création d’un Master Pro "Conseiller d'Orientation Scolaire et Universitaire" nécessaire au passage des concours d'accès au métier.
On ne peut non plus envisager la question de l’éducation sans le cas de l’école primaire. Depuis une dizaine d’année, bon nombre de pays européen sont montrés du doigt : on sait qu’un certain nombre d'élèves du CP, passent en CE1 sans savoir ni lire, ni écrire. Soyons concret : l'école ne consiste pas en une division du savoir mais en une acquisition de celle-ci en tenant compte des attributs des enfants. J'ai remarqué qu'en CP, il y avait de l'histoire, de la géo, des sciences,... Je pense que cela ne sert à rien de trop diviser le savoir, il faut le concentrer : en CP c'est "lire, écrire, compter". C'est la base de la pensée.
Pour l'ensemble du primaire : les programmes sont trop durs à boucler, il faut les alléger et se concentrer sur l'essentiel en fonction des besoins naturels de l'enfant. Ceci est une affaire d'expert qu'il faudra convier.

Telle sera mesdames et messieurs, mes chers compatriotes, la grande première démarche du gouvernement sur la question éducative relative à l’orientation, l’université et l’emplois, et cela par une démarche architectonique. Pour autant le travail du Ministère de l'Education Nationale, de l'Enseignement Supérieur, de la Jeunesse et de la Recherche ne se limitera pas à cela et doit être poursuivis dans les autres optiques de finalités que nous avons ensemble déterminé. En attendant, de venir débattre des prochains projets de lois, je vous invite à rejoindre ma prochaine conférence de presse lundi prochain dans lequel nous ouvrirons les futurs commissions publiques sur la question éducative.

Merci
Ministre de l’Education, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche
Représentant parlementaire
20 députés

Porte-Parole du Rassemblement Socialiste et Ecologiste

« Homo sum, et humani nihil a me alienum puto. » Térence
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