- Bonsoir Hugo. Je suis heureuse de pouvoir vous accueillir "chez moi".
Bonsoir Amélia, merci de votre invitation.
- A l'approche des législatives, je suppose qu'en tant que Président de parti, vous avez pas mal de travail ?
Effectivement, les élections législatives sont, de part leur nature, importantes, et nécessitent un important travail, encore heureux au vu de l'enjeu. Néanmoins, j'ai entrepris depuis mon accession à la présidence du RDS un profond travail de renouveau, afin de présenter un projet toujours ambitieux, de gauche, mais adapté aux réalités, aux évolutions économiques et législatives. Le RDS est un parti attaché aux valeurs de gauche, mais un parti de gouvernement, qui ne se contente pas de la critique mais qui est force de propositions, comme vous le verrez lors des législatives.
- Lors des dernières élections législatives, le RDS, alors UGR, était dans une situation difficile, notamment avec le scandale "Bernin" qui venait d'éclater. Le parti a d'ailleurs vu sa représentation parlementaire fortement s'amoindrir. Pensez-vous que le climat plus serein du moment vous aidera à reconquérir ces voix perdues ?
Je le souhaite, et nous travaillerons pour. Les premiers sondages ne sont pas bons pour notre parti, mais cela est normal: la campagne n'a pas commencé. Les citoyens sont encore méfiants du fait de l'affaire que vous citez. Cette affaire nous a en effet causé beaucoup de tort. Notre parti n'en ait pas sorti indemne alors que nous étions totalement innocents. Je regrette que les responsables ne sont toujours pas jugés! La seule mesure prise l'a été par le RDS qui a exclu son ancien responsable. J'attends beaucoup de la justice dans cette affaire.
- Un scandale financier ébranle en ce moment la formation de la FDF, un peu de la même façon que le cas Bernin vous avait touché et ce, encore une fois, juste avant une période électorale d'importance. Peut-être avez-vous un conseil à leur donner ?
Il ne m'appartient pas de commenter cette affaire. Là encore, j'attends beaucoup de la justice qui devra démêler le vrai du faux dans cette histoire. La seule chose que je peux vous dire, si cette affaire est vraie, est que la Politique n'en sort pas grandi! La crise de confiance entre les responsables politiques et les citoyens ne se résorbera pas tant que de telles affaires existeront.
- On vous a souvent vu monter au créneau contre certaines positions et certains membres de la FDF, pourtant alliés de votre formation au sein du gouvernement et à l'Assemblée. Est-ce la une volonté pour le RDS d'affirmer son indépendance ou un véritable problème relationnel avec certains de ses membres ? Je pense notamment à la refonte du Code Economique par Jonathan Vueling, véritable projet phare du gouvernement McGregor, que vous avez vivement critiqué.
Alors là, Amélia, soyons bien clairs: jamais, je dis bien jamais, mes sentiments personnels d’amitié ou d'inamitié n'ont guidé ou ne guideront mon action publique. Lorsque j'agis en tant que responsable politique, je me fais en ne regardant qu'une seule chose: le bien de la Frôce et des frôceux! Je ne suis pas du genre à démissionner, à m'opposer juste parce que une personne ne me plairait pas! La Frôce mérite mieux que ces querelles stériles et puériles.
Je m'oppose parfois, vous avez raison à certains élus du FDF, comme dans le cas cité. Mais comment n'aurais-je pas pu m'opposer à ce projet qui prévoyait initialement la baisse du salaire de quasiment tous les fonctionnaires ? Ces derniers sont déjà moins bien payés que dans le privé. Grâce à la magnifique mobilisation, à laquelle le RDS a participé, le ministre est revenu sur ce projet, limitant la baisse de salaire aux chefs de service, à laquelle je me suis également opposé. Cette mesure atteste du populisme de certains élus de la FDF, et du glissement de ce parti vers le centre-droit.
Nous sommes effectivement alliés, entre partis de gauche, mais la FDF depuis le début de cette législature glisse vers le centre-droit et quitte donc petit à petit son camp politique....Alors, on ne peut demander aux autres partis de gauche de se taire devant cette évolution.
Vous dire que je ne suis pas inquiet serait un bel exemple de langue de bois! La GPC est inaudible, malheureusement, et ceci depuis des mois, le REC l'est devenu et je le regrette. Quand à la FDF, elle quitte petit à petit la gauche et vire au centre-droit.
Face à cette situation, le RDS reste à flots, et demeure le seul parti de gauche actif, présent sur le terrain, au gouvernement, où nous sommes représentés par deux excellents dirigeants, présent aussi dans les mairies et à l’Assemblée Nationale. Face au désarroi de la gauche frôceuse, le RDS doit demeurer cette balise qu'il est, en continuant à s'adresser aux classes populaires, aux classes moyennes et aux retraités de notre pays.
- D'un point de vue personnel, je vais vous proposer une série de concepts et vous devez me répondre si vous êtes "pour" ou "contre", en détaillant très rapidement si vous le souhaitez. (en deux phrases maxi)
* la légalisation des drogues douces
Je suis plutôt favorable à une dépénalisation. Un toxicomane n'a pas sa place en prison. La lutte contre la toxicomanie doit être dirigée par une chasse contre les dealers, les réseaux mafieux et non contre les consommateurs, qui ne seront donc plus poursuivis.
* l'euthanasie
Pour, 100% pour. Qui sommes-nous pour décider qu'une personne malade, en fin de vie, incurable doit rester en vie au prix de souffrances importantes alors qu'elle souhaite partir? Bien sûr, une application de l'euthanasie ne doit pas être prise à la légère: un collège de médecins doit se prononcer, le malade doit s'être clairement prononcé pour ce choix.
* la décentralisation de certains pouvoirs étatiques aux mairies
Contre. Une telle politique ne ferait qu'accentuer les inégalités entre nos territoires. Notre pays, bien que composé d'îles, n'est pas un pays important géographiquement et ne nécessite donc pas une telle politique, au risque de compliquer encore plus les décisions.
* la censure médiatique dès lors que ça touche à la vie privée de personnalités publiques
En amoureux de la liberté que je suis contre. Vous avez deux cas de figure: celui d'un responsable politique qui joue de son image, met en avant sa famille, dans ce cas, se prendre un retour de bâton est possible. L'autre cas est celui d'un responsable politique qui ne mélange pas vie publique et vie privée. Dans ce cas là, des journalistes qui diffuseraient des informations sur la vie privée de ces responsables se décrédibiliseraient tout seul, comme dernièrement.
* le cumul des mandats politiques
Ah là je sens la question personnelle. J'ai enfin l'occasion de répondre à un mauvais procès que l'on m'a fait. Oui j'ai cumulé le poste de Maire, député et Ministre. Je note que je n'ai jamais été le seul, et pourtant, j'ai été le seul à être sali. Bizarre non? Je pense surtout que ceux qui ont alimenté ce faux débat ont utilisé ceci car ils n'avaient rien à dire sur mes actions, mes propositions: aucune attaque sur le fond, ce qui atteste du niveau de certains de mes adversaires.
Pour répondre à votre question, je ne suis pas opposé au cumul des mandats. En effet, les conditions ne sont pas du tout réunis aujourd'hui pour le limiter et vouloir le limiter tout de suite relève du populisme. Si on veut le limiter alors créons un statut de l'élu, faisons du mandat de maire un mandat entier, et enfin poussons nos concitoyens à s'engager massivement en politique qui permettra de multiplier notre personnel politique qui est actuellement limité.
- Vous avez souvent des positions très tranchées mais semblez cependant prônez un dialogue avec tous les camps politiques que vous qualifiez de Républicain. Si demain, un homme à l'opposé de vos idées politiques vous invite à dîner, Jean-Baptiste Marshall ou Zénodore du Plessis par exemple, irez-vous au rendez-vous ? Et si oui, de quoi pourriez-vous bien discuter ?
Comme quoi vous voyez Amélia, on peut défendre des positions fermement sans être sectaire. Vous savez, dans la vie politique, à gauche comme à droite, il existe une famille: les républicains. Se sont ceux qui sont attachés à nos acquis républicain, démocratique, à notre socle laïque, humaniste. Les républicains de droite ne sont pas mes ennemis, mais des adversaires. Les anti-républicains de gauche, comme de droite sont eux mes ennemis. Ceux défendant une ligne transatlantique, religieuse, passéiste, réactionnaire, n'appartiennent pas au camp républicain. Et pour vous répondre, je n'ai pas pour habitude de dîner avec mes ennemis.
Je suis attaché à ma ville, voilà pourquoi je demeure Maire. La politique locale est différente oui car elle nous met face aux problèmes locaux, aux urgences. Alors que la politique nationale est là pour les prévoir! Là est la différence.
- Si demain vous aviez à choisir entre votre poste de Maire, celui de représentant parlementaire ou celui de ministre, lequel choisiriez-vous et pourquoi ?
Le poste de Maire doit rester à part, pour les raisons que j'ai cité. Entre celui de représentant parlementaire et de ministre, et bien, cela dépend des ambitions gouvernementales, des volontés gouvernementales.
- On vous a souvent apposé le qualificatif de "grande gueule", cela vous gêne-t-il ?
J'ai toujours été franc, non adepte de la langue de bois, cela change.....Voilà pourquoi une minorité utilise le terme que vous avez cité.
- Vous avez également droit à la question d'entretien d'embauche à propos de vos trois qualités premières et de vos trois défauts principaux. Quels seraient-ils ?
Mes défauts, je laisse mes adversaires les énoncer, on les entend assez. Trois qualités premières que j'ai: la fidélité en mes principes, la droiture qui m'a amené à refuser toute compromission, et l'honnêteté qui me permettra lors des prochaines législatives de regarder dans les yeux nos concitoyens et leur dire que moi, j'ai tenu mes promesses.
- Vous avez goûté il y a peu au prestige du costume de Premier Ministre, suite à la démission de Benjamin McGregor. Ca vous renterait d'y retourner ? A l'occasion des prochaines élections par exemple.
La question ne se situe pas à ce niveau. La seule question qui vaille à mes yeux est celle de la place du RDS, en faire le parti central de la gauche, rassembler nos amis autour d'un projet ambitieux pour la Frôce, un projet de gouvernement, un projet qui apportera des réponses concrètes aux problèmes des frôceux, sans se renoncer.
- Merci Hugo pour vous être ainsi confié dans Living-Room.
Merci encore de votre invitation.
)
