[Législatives juin] Débat Diplomatie

[André Cesari]

Connaissez-vous le principe de non-ingérence dans les affaires intérieures d’un Etat tiers ? Visiblement non.

L’Arabie Saoudite souhaite acheter des armes à l’entreprise Kent & Derek. Qui êtes-vous pour dire haut et fort que l’Arabie Saoudite est une dictature qui ne respecte pas la démocratie ? Si tel était le cas, il me semble que les Nations Unies dont vous nous parler tant depuis le début de ce débat auraient agis non ? Que constate-t-on ? Qu’il n’y a aucune réaction de quiconque parce que l’Arabie Saoudite n’est pas une dictature. Elle ne vous convient pas parce que vous partez d’un impérialisme occidental qui impose à l’ensemble des pays de la planète de vivre selon votre mode de vie, selon votre mode de pensée.

Vous êtes ici le chantre des droits de l’homme mais savez-vous qu’ils sont récusés dans une très grande partie de l’hémisphère sud ? Les constructions intellectuelles occidentales doivent rester occidentales. Elles deviendront universelles si elles sont acceptées par tous. Il est contraire aux valeurs de l’UDR de porter jugement moral ou critique à l’encontre d’un pays qui ne nous plait pas parce qu’il ne nous ressemble pas. Il faut savoir cultiver la différence M. de la Tour, vous auriez dû faire cela pendant votre fuite du pays il y a quelques années.

[Charles de la Tour]

Monsieur Césari, quand on souhaite évoquer la vie de quelqu'un, on travaille sa biographie à fond. Si vous l'aviez fait correctement, vous auriez vu que le seul moment où j'ai fui le pays, c'est au moment de la dictature, à l'image de milliers voire de millions de Frôceux. Souhaitez-vous que l'on se rappelle de cette période trouble de notre pays ?

Après ce petite cours d'histoire, un petit cours d'épistémologie grecque. Démocratie vient du latin démos kratos qui signifie "Souveraineté du peuple". Dans une démocratie, le peuple a donc des droits mais aussi des devoirs : il a notamment le droit de vote, c'est la base de la démocratie athénienne à l'époque antique, par exemple. Or, si vous connaissiez un peu le système en Arabie Saoudite, il existe une Assemblée entièrement constituée par le Roi, et non par le peuple. Donc, l'Arabie Saoudite ne semble pas être une démocratie. Etre un pays non démocratie et ne respectant pas les droits de l'Homme n'empêchent pas de faire parti de l'Organisation des Nations Unies : prenez l'exemple de la Syrie et de l'Iran notamment.

Nous souhaitons tous, il me semble, que chaque pays respecte les principes de droits, de libertés pour ces peuples. Ce n'est pas en faisant fi des problèmes démocratiques et de libertés de certains pays, en signant avec eux des contrats que nous obtiendrons gain de cause. Ce n'est pas un contrat contre une liberté ! Ce sont des négociations contre des libertés qu'il faut

[Debora Da Silva]

Je pense que la Frôce se réserve le droit de décider dans quelle condition l'on travail avec des pays qui pratiquent des décapitations attroçes. Le fait de travailler avec des Etats pratiquant ce genre de chôse ne doivent pas aboutir à une tollérance de cette nature de notre part.

Si je suis le jugement de Monsieur Cesari, ca voudrait dire que ces pays là ne peuvent d'après vous pas "évoluer" vers un minimum de raisonnabilité? Je vous rappelle que la France qui a été le pays de la guillotine à finit par l'abolir il y à plus de 30 ans.

Je ne dis pas qu'il faille rompre les relations commerciales avec ces Etats, mais la question d'éthique mérite toute son attention.

[Stefano Peruzzi]

Le mythe de la non-universalité des droits de l'Homme est une invention des dictateurs et des personnes qui cherchent à se donner bonne conscience après avoir marchandé avec un dictateur.

Les droits de l'Homme sont universels, ils sont régis par une déclaration universelle qui a été alors approuvée par des nations de tous les continents. Certains comme monsieur Césari avancent une conception typiquement occidentale, mais de nos jours, l'Amérique du Sud se démocratise alors qu'ironiquement une nation leader de l'Occident voulait l'en empêcher, et je ne pense pas qu'on puisse considérer la Corée du Sud comme un pays occidental et pourtant les progrès en matière démocratique sont considérables depuis les années 1980, progrès qui n'ont en rien entaché la croissance exceptionnelle de ce pays et qui n'ont pas déclenché de scènes de désespoir pour le retour de la dictature par ailleurs.

Ce qui n'est pas universel, c'est la vitesse de la démocratisation, mais comprendre que tout ne peut pas arriver tout de suite n'empêche pas de réagir vivement face à des actes d'une atrocité incroyable tels que l'usage de la lapidation, et ce sont ces atrocités qui font qu'il faut s'interroger du bien fondé de fournir de tels équipements à l'Arabie Saoudite.

[André Cesari]

Nous allons nous amuser un peu à tester votre versatilité en tant que gens de gauche.

L’Arabie Saoudite autorise la peine de mort. Il ne faut pas discuter avec elle parce qu’elle n’est pas démocratique. Donc que faisons-nous avec le Japon ou encore les Etats-Unis qui ont eux aussi la peine de mort dans leur code pénal ? L’Arabie Saoudite, arabe et musulmane est bien plus facile à dénigrer que les Etats-Unis ou le Japon qui tiennent une grande partie de notre économie. Puisque vous vous indignez pour la démocratie et les droits de l’homme en Arabie, j’aimerais voir dans votre programme électoral autant d’indignation pour les Etats-Unis et le Japon qui sont des monstres anti-démocratiques pour la simple et bonne raison qu’ils utilisent encore la peine capitale.

Mais ne vous en faites, je connais déjà, comme tout le peuple de Frôce, vos pirouettes.

[Stefano Peruzzi]

L'Arabie Saoudite utilise des techniques d'exécution particulièrement barbares, alors que les Etats-Unis et le Japon ont fait le choix d'abréger au maximum les souffrances du condamné.
Les procès sont beaucoup plus équitables aux Etats-Unis et au Japon qu'en Arabie Saoudite.
Aux Etats-Unis et au Japon, il faut avoir tué pour être condamné à mort, en Arabie Saoudite on peut être condamné à mort pour apostasie.
Les Etats-Unis et le Japon n'exécutent plus de personnes âgées de moins de 18 ans.
Et aux dernières nouvelles nous vendons plus de vins que d'armes aux japonais.

Il y a des différences d'importance extrême entre l'application de la peine de mort dans les pays développés qui ont fait le choix de la conserver et ce qui se fait dans des pays moins riches. De plus, la peine de mort n'est pas le seul critère d'évaluation des droits de l'Homme.