Frôce - Archives V2

Villa Esméralda

La Villa Esméralda était la plus prestigieuse des propriétés d’Uzarie selon les rumeurs. Pourtant, tout le monde connaissait la sublime propriété de Gino Finacci, mais rien n’y fait, le charme de la Esméralda était bien trop puissant. Perché sur les hauteurs d’Uzarie, à quelques minutes du centre-ville, elle semblait isolée du monde. George Montgomery avait eu un véritable coup de cœur pour cette propriété lorsqu’il s’installa en Frôce pour y démarrer une carrière de juriste. Bien trop occupé par ses activités professionnelles, il confia à sa femme Irène la tâche de trouver une propriété pouvant satisfaire à toutes les exigences du couple Montgomery. Malgré le prix élevé, Irène ne pouvait s’enlever des yeux la sublime villa qu’elle venait de visiter ce jour-là. Impatiente, elle téléphona à ses parents pour faire l’acquisition de ce bien d’exception. Sans mettre George au courant, elle finalisa la transaction avec le soutien financier de ses parents qui étaient à la tête de l’empire industriel familial, une entreprise de diamants en Afrique du Sud.

Alors qu’il sortait de la Cour Suprême où il venait tout juste d’être nommé juge, un véhicule attendait George. Le trajet vers la propriété était rapide, une quinzaine de minutes. Celle-ci se trouvait dans les hauteurs d’Uzarie, à l’écart des regards indiscrets et des journalistes. Le parc dans lequel était située la propriété était mis sous surveillance policière et disposait même d’un propre service de sécurité interne. Des dizaines de propriétés luxueuses se trouvaient dans le même quartier privé. George n’en revenait pas. Et même s’il fut question pendant quelques heures de revendre la villa parce qu’elle ne collait pas avec l’image de militant socialiste que revêtait George à l’époque, il se rendit compte lui-même du caractère d’exception de la Villa Esméralda qu’il ne quitta plus d’une semelle depuis. Il reçoit la famille et des amis régulièrement. Il y organise de grands barbecues. Mais c’est aussi un cadre exceptionnel pour la discussion de divers projets politiques ou financiers. George organise dans la villa de très nombreux déjeuners de travail.

Une petite description de la propriété s’impose. Elle dispose d’une vue sur la mer, d’une piscine chauffée de 20 x 6 mètres et d’approximativement plus de 9 000 mètres carré de parc. La propriété comprend divers patios et terrasses, elle comprend un grand séjour avec un bureau réservé à George et une cheminée. La vue du bureau ? Sur le jardin, la piscine et la mer. On peut également trouver une salle à manger avec un accès au patio dinatoire et une splendide cuisine moderne. A l’étage, une suite de maitre avec sa terrasse privée qui sur plonge la piscine et offre une vue féérique sur la mer et la pinède. La propriété comprend également quatre suites pour les invités, toutes d’un raffinement exceptionnel pour la famille ou les amis. Deux immenses caves à vin se trouvent à quelques mètres sous terre sous la salle à manger. Dès l’entrée de la propriété, un appartement de gardien se positionne. La propriété est placée sous surveillance vidéo et dispose d’une alarme ultramoderne, directement en lien avec le commissariat de police le plus proche ainsi qu’auprès des services de sécurité du parc privé.

Un message fut laissé sur le répondeur de Georges Montgomery.

Bonjour, Paul de la Brisepotière, Directeur du cabinet du Ministre des Affaires Etrangères. M. Boremanne souhaiterait rencontrer le Président Elu, le plus rapidement possible, afin de l'entretenir d'affaires de la plus haute importance.

Comme convenu, Jean-Sébastien Boremanne, accompagné d'un collaborateur, se présenta au domicile du Président élu. Celui-ci devait être briefé au sujet de la prise d'otages au Soudan. Le responsable de la sécurité de George Montgomery, les fit rentrer dans le domicile, puis un membre de l'équipe du Président élu prit le relais.

George Montgomery était au courant de la visite du ministre des Affaires étrangères en exercice. Il l’attendait près de la piscine de sa villa, où deux verres de cocktails avaient été servis. Lorsqu’on lui présenta le ministre, il se redressa pour le saluer convenablement.

« M. Boremane, je suis très heureux de vous accueillir chez moi. D’après mon conseil, il semblerait que vous souhaitiez m’entretenir de quelques affaires importantes dans le cadre de cette transition ? Je vous en prie, asseyez-vous et prenez quelque chose à boire, nous passerons à table un peu plus tard »

Jean-Sébastien Boremanne serra la main de George Montgomery

Très heureux d'enfin pouvoir vous rencontrer, M. le Président.

Si j'ai demandé à vous rencontrer c'était pour que vous soyez au courant de l'intégralité du dossier concernant la prise d'otages de quatre de nos concitoyens, la famille Thiago. Les ravisseurs demandent 500 000 Plz pour libérer la famille. Nous avons donc pris contact avec l'organisation Al-Shabbab, qui a revendiqué l'enlèvement. Lors de ce premier contact, les terroristes ont clairement signifié qu'ils souhaitaient négocier certes, mais par l'entremise d'intermédiaires. Le gouvernement frôceux, sur ma proposition, a donc soumis trois noms d'intermédiaires possibles pour mener les négociations. A savoir, l'Ouganda, le Kenya et l'Ethiopie. Les ravisseurs ont choisi l'Ethiopie.
Lors du premier entretien entre les ravisseurs et les représentants Ethiopiens, les ravisseurs ont renouvelés leur demande de rançon fixée à 500 000 Plz. A laquelle ils ont rajouté la demande de libération de quatre prisonniers Shebbab retenus dans les geôles éthiopiennes. Le gouvernement éthiopien a accepté ... mais à la condition de pouvoir recevoir le chef de l'Etat accompagné de chefs d'entreprise pour la signature d'éventuels contrats.
De plus, Les services secrets frôçeux ont pu récolter des informations précises sur le lieu de détention des otages. Ils sont dans la région de Bay qui est une région largement sous contrôle d'Al-Shabaab, sauf Baidoa. Les quatre otages sont ensemble dans un camp bien protégé avec une quarantaine d'hommes armés.

Est ce que vous avez besoin d'éclaircissements ?

George Montgomery écoutait sagement ce que lui racontait le ministre des Affaires étrangères. Mais il n’avait pas l’air d’accord avec le déroulement des opérations qui avait été prévu par l’équipe précédente. Il expliqua alors son point de vue au ministre.

« La libération des otages est une priorité. Si nous attendons plus longtemps, alors nous prenons le risque d’être face à un chantage d’exécution par ces terroristes. Mais comme je l’ai dit pendant ma campagne, et parce que je le crois profondément, je suis opposé au versement d’une rançon par l’Etat Frôceux. Qu’une entreprise privée soit en mesure d’accepter de payer pour des otages, cela ne regarde pas l’Etat. En revanche, je refuse que l’Etat paye 500 000 pluzins pour la libération de ces otages, sans oublier que d’après ce que vous me dites, il faudra ensuite payer indirectement l’Ethiopie pour son coup de pouce tout en libérant des terroristes emprisonnés en Ethiopie. Payer, c’est aussi prendre le risque une nouvelle mode qui consistera à l’enlèvement de nos ressortissants, y compris jusque dans les principales villes de ces pays. Que ferions nous dans ce cas ? Nous payerons des millions à chaque enlèvement ? C'est un risque trop important. Avez-vous un plan B ? »

Jean-Sébastien Boremanne eut un sourire en coin. Il allait enfin pouvoir dévoiler son opinion personnelle ...

Nous sommes sur la même longueur d'ondes M. le Président. Je suppose que vous rappelez qu'il y a quelques semaines, l'AIF avait dévoilé une information capitale dans cette affaire. A savoir, l'envoie d'une équipe des force spéciales sur la base française de Djibouti. Cet envoie a été réaliser à ma demande et à celle de Luca Pappa, ministre de la Défense. Avec l'accord du Premier ministre bien évidemment. Nous avons donc une équipe prête à intervenir.
Puis-je vous livrer mon sentiment personnel sur cette affaire ?

George fit lui aussi un sourire, signe de la bonne entente entre les deux hommes. Il savait qu’il pourrait travailler très prochainement avec Boremanne au plus sommet de l’Etat. Il donna une courte mais claire réponse au ministre.

« Vous connaissant, je m’y attendais M. Boremanne. Bien entendu, je vous écoute, vous êtes aux responsabilités et au cœur de cette affaire depuis le début, vous savez mieux que quiconque la problématique qui entoure cette prise d’otages. Allez-y ! »

Il demanda un cirage à l’une de ses gouvernantes qu’il alluma tout en écoutant Boremanne livrer son point de vue sur l’affaire, il fit ensuite signe à sa gouvernante d'en proposer un à son invité.

J'ai l'impression que dans cette affaire, les Shebbabs ne sont que la bras armé. La famille Thiago a été enlevé au Soudan, à une vingtaine de kilomètres de la frontière Tchadienne.

Le ministre des affaires étrangères ouvrit son porte-document en sortit plusieurs photos satellites

Pour rejoindre la région de Bay en Somalie, il y a deux routes possibles. En partant de la frontière entre le Soudan et le Tchad vous traverser le Soudan puis l'Ethiopie et enfin vous traverser la province Somalienne de Gedo et enfin vous arrivez dans la région de Bay. Je vois mal un groupe terroriste avec quatre otages traverser le Soudan et la quasi-totalité de l’Éthiopie sans un soutien logistique et financier très important. Surtout que les Ethiopiens surveillent énormément leurs frontières avec le Soudan et la Somalie. Deuxième route, toujours en partant de la frontière Soudan-Tchad, vous traverser la République du Sud-Soudan, chose facile puisque ce pays est en gestation, puis le Kenya et enfin la région de Gedo en Somalie et vous voilà dans la région de Bay. Le Kenya a du mal à surveiller sa frontière avec la Somalie. Donc je pense que nous pouvons privilégier cette deuxième route. Dans les deux cas la mise en place d'une telle opération nécessite des finances et de la logistique. Des moyens lourds mais également discrets, qui à mon avis ne peuvent être fournis que par des autorités d'un pays habitué à soutenir des groupes terroristes. Pour moi, le Soudan est derrière toute l'affaire. Nous avons une histoire très tumultueuse avec ce pays.
Nous devons mettre sur pied une opération pour libérer nos otages. Comme je vous le disais plus haut, nous avons une équipe des forces spéciales stationnées sur la base française de Djibouti. Il faut, qu'avec la collaboration des forces Kényanes et françaises, nous transférions l'équipe sur l'aéroport de Mandera au Kenya. De là, elle pourra intervenir sur la région de Bay pour libérer la famille Thiago puis retour sur Mandera, transfert à Addis-Abeba et enfin direction Aspen. Après, bombardement du camp des terroristes par des avions de l'armée de l'air frôceuse, à partir de Djibouti.

Qu'en pensez-vous ?

Observant les photos satellites, il tira une bouffée de son cigare.

« Je vois. Avez-vous une idée du pourcentage de réussite de cette opération ? Ne devrions-nous pas agir conjointement avec les forces spéciales françaises qui connaissent bien le terrain ? Je suis favorable à votre plan mais il nous faut obtenir le plus de garanties possible sur le succès de cette opération des forces spéciales. Au moindre échec, ils n’hésiteront pas une seule seconde à exécuter nos otages en réponse à notre tentative de libération. Sachez que je suis en mesure d'assumer politiquement la perte d'un otage si en contrepartie nous arrivons à sauver le reste des otages »

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[Villa Esméralda] Résidence principale de George Montgomery

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