Discours du Ministre Quineault

[Henri Quineault]

- Henri ? Henri ? HEN-RI ? HENRIIIII ? cira la directrice de cabinet du nouveau MInistre.
- Hein... quoi.. pardon.. oui ? dit Henri en s'éveillant lentement, lui qui venait de passer deux heures assoupis dans le canapé de son bureau.
- Vous est prêt ? demanda-t-elle d'un air décomposé.
- Heu... non... vous savez je m'attendais pas à un poste avec autant de responsabilités... moi qui pensait récupérer la culture ou un truc facile dans ce genre... mais là les Institutions.. enfin bon... quand faut y aller, faut y aller.
- Voilà votre discours.
- Ah merci, mais j'aurais pu le faire tout seul hein... je suis écrivain, l'oubliez pas. Je vous sers un verre ?
- Quoi ?
- De whisky, un verre de whisky ?
- Mais vous êtes fous, pas maintenant.
- Ah je suis désolé mais j'en ai besoin là. Je peux pas réfléchir sans.
- Bon... dit-elle d'un air dépité... Ca commence dans 5 minutes. Vous feriez mieux d'être prêt.
- Vous inquiétez pas Françoise, je maitrise. Sinon vous êtes libre ce soir. On pourrait se faire un diner ?
- D'affaire ?
- Non, juste un diner, pour mieux vous connaitre.
- Heu.. non désolé, j'ai une famille.
- Moi aussi... enfin, j'avais.. enfin j'ai toujours... bref, un diner vous ferait pas mal, il faut se détendre dans ce job, dit il en avalant cul-sec son Jack Daniels. Bon allez c'est parti.

Henri sortit de son bureau en direction de la salle de presse du Ministère. Il resserra sa cravate, tenta de se recoiffer en vain et entra dans la salle comble de journaliste.

- Hum bonsoir, tout le monde.

Il regarda la feuille que Françoise avait préparé, puis la chiffonna sous les yeux incrédules de son auteur. Il lui murmura à l'oreille.

- Vous inquiétez pas, je vais improviser.

Et continua.

- Alors. D'abord vous devez vous demander comment j'ai pu atterrir dans un tel ministère. Qui est donc cet homme qui n'a que pour gloire quelques polars sortis lors de la dernière décennie et qui n'a jamais su écrire un article correct en six mois de journalisme à l'AFP. Et bien, je pense que je suis l'homme de la situation pour la crise institutionelle qui nous traverse. Vous le savez notre Sénat n'a pas de major...
- Assemblée Nationale, lui souffla Françoise.
- heu.. pardon, notre Assemblée Nationale n'a pas de majorité fixe. Qui de mieux qu'un homme indépendant pour répondre à ce genre de besoins régaliens ? C'est la question que vous devez vous poser j'en suis sur. L'autre question est sans doute, quelle est la solution. Et ma réponse est claire : Je ne sais pas. Mais je le saurai bientôt. En effet, avec le Premier Ministre nous allons discuter de la situation et mener une réflexion sur l'avenir de nos institutions. Des débats publics seront bien entendu ouvert à tous pour que chaque citoyen contribue et apporte sa pierre à l'édifice. Une solution juste et efficace sera trouver, j'en fais la promesse. J'ai déjà entendu beaucoup de chose sur des changements constitutionnels importants, mais mon premier avis est que d'importantes modifications ne sont pas forcément nécessaires. Une simple modification comme la suppression du vote de confiance pourrait permettre d'éviter de telle crise. Je ne dis pas que c'est la solution qui sera adoptée, mais c'est l'une des pistes de réflexions. Voilà... alors... heu...

Henri se gratta la tête, ne sachant plus trop quoi dire.

- heu...je pense que j'en ai fini maintenant. Je suis prêt à répondre à vos questions, Mesdames, Messieurs.

[Yevgueni Makhno]

Y'a pas de place pour deux écrivains dans ce pays.