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Re: [Législatives octobre] Débat justice
Posté : 13 oct. 2011, 22:13
par Noah Gayet
C'est vrai ça, c'est plus utile d'avoir un vieux violeur en liberté et un jeune en taule pour 50 ans juste parce que le premier a sa vie de faite. Pas grave si par ricochet on pourrit définitivement la vie du second.
Il ne sera pas réinséré. Reprenons votre exemple. Le jeune rentre en prison à 20 ans. Il a possibilité d'aller travailler à l'extérieur à 40 ans. Et d'être libre à 50 ans. A 50 ans pour un homme on peut concevoir une famille et encore mais pour une femme ?
On a déjà une discrimination à l'embauche qui se fait par les entreprises sur les jeunes habitant des zones dites sensibles. En sachant cela comment vous allez faire embaucher des prisonniers par les entreprises ?
Re: [Législatives octobre] Débat justice
Posté : 13 oct. 2011, 22:26
par Laurent de Montredon
Vous ne faites que caricaturer.
Et surtout, vous prônez la déresponsabilisation de l'individu. L'état ne va pas s'excuser face à un criminel qui, à un moment de sa vie, a fait le choix de l'illégalité en tuant un autre homme. Ce genre de faute, plus que toute autre, s'assume. Et puis n'oubliez pas que la prison n'est pas une cellule imperméable dans les relations humaines. Il faut féliciter les personnels de ces prisons d'ailleurs et les associations qui s'y rattachent pour les animations qu'ils proposent pour maintenir un semblant de normalité dans le quotidien des détenus. Beaucoup de détenus se marient en prison et des endroits sont même aménagés pour que la vie de couple puisse s'épanouir y compris dans le fameux domaine qui relève de la vie privée et dont nous avons brièvement parlé.
Quant à l'insertion des détenus dans les entreprises, sujet intéressant que vous évoquez à juste titre, il faudra aux entreprises de faire un bon "investissement" si je peux m'exprimer ainsi. Déjà non seulement les entreprises bénéficieront de la recommandation de l'état et qui mieux que l'état peut appuyer un demandeur d'emploi ? En récupérant ces détenus dans leurs ateliers ou bureaux, les entreprises récupèreront des salariés formés, avec une expérience plus ou moins longue selon la durée de la peine incompressible. C'est déjà beaucoup.
Par la suite, la porte reste ouverte à tout forme d'incitation à l'embauche. Mais je dois dire que je suis personnellement assez réticent à utiliser les réductions de charges notamment.
Re: [Législatives octobre] Débat justice
Posté : 13 oct. 2011, 22:34
par Noah Gayet
Je ne déresponsabilise personne et je caricature pas. Il y a beaucoup de travail à faire sur la réinsertion, je suis entièrement d'accord sur le principe de faire travailler les prisonniers. Ce que je critique c'est la différence de traitement entre un jeune et un vieux, comme si le fait d'être âgé excusait un crime et le rendait moins important.
Le prison freine le lien social quand elle ne le coupe pas. Certes il y a des aménagements, mais le parent ne peut pas s'occuper de son enfant et l'enfant ne peut pas profiter de son parent. Et les moments de couple sont brefs. De façon plus globale, la prison doit rester la dernière mesure, l'ultime. Il faut privilégier les sanctions-réparations et séparer les prisonniers pour éviter de mettre des jeunes ayant fait du trafic de stupéfiant avec des pédophiles ou des psychopathes.
Plus qu'une incitation, c'est une obligation qu'il faut en imposant un quota de prisonniers à engager par les entreprises.
Re: [Législatives octobre] Débat justice
Posté : 14 oct. 2011, 21:50
par Dimitri Fevernov
[Mon soutien va aux candidats UGR]
J'ai moi-même du mal à comprendre le point sur la peine calculée en fonction de l'âge. La proposition me parait totalement contradictoire avec le positionnement politique de la FDF. J'avoue être inquiet de voir le centre gauche de notre pays piocher dans des idées de la droite de la droite conservatrice...
Je pense qu'une bonne politique en matière de justice ça revient à travailler sur trois axes : le respect de la dignité humaine, l'égalité face à la justice et la présence de la justice.
Le respect c'est quelque chose qui se perd malheureusement à cause des politiques menées par la droite depuis des années, conduisant au conflit social à l'aggravation de la pauvreté et à la discrimination. On ne doit pas perdre de vue que les prisonniers sont des êtres humains et qu'ils doivent être traités comme tels. Si des gens ont jadis pris la peine d'écrire la déclaration universelle des droits de l'Homme, ça n'est pas pour faire joli à l'ONU. La prison, ça a été dit, c'est un milieu dangeureux. On y trouve toutes sortes de criminels mélangés. Il faut séparer les différents condamnés pour limiter les risques de suicide ou encore de récidive à la sortie. Faire embaucher les prisonniers est une idée intéressante, que nous proposons aussi dans notre programme sous la forme de travaux d'intéret général. Le suivi par bracelet électronique se pratique déjà en Frôce, il faut renforcer le dispositif. Ce que l'on a besoin d'ajouter en plus de tout cela c'est une réinsertion sociale et professionnelle. Dès l'intant où un individu entre en prison il doit être suivi par des équipes médicales, psychologiques et par du personnel social. Cette prise en charge va limiter l'isolement, permettre au prisonnier de changer de vie, de façon d'agir. C'est un travail qui en vaut la peine et qui portera ses fruits. L'idée c'est de créer des animations culturelles comme ce fut le cas il y a quelques temps dans une prison des Philippines. Les prisonniers ont été placé sous la direction d'un chorégraphe pour reprendre des chansons de Michael Jackson. Le travail a été titanesque mais il a renforcé l'esprit de solidarité, le caractère humain des prisonniers et leur a permis de s'exprimer, de créer. L'expérience est d'ailleurs renouvelée ailleurs alors pourquoi pas en Frôce ? Qu'est-ce que cela va coûter d'essayer ? Il faut nous donner les moyens d'innover et de trouver un vrai remède à la délinquance. Soit on utilise les méthodes archaïques de la droite et on se comporte comme des hommes préhistoriques, soit on utilise notre tête, notre logique et on travaille à résoudre les problèmes de fond. Le respect c'est aussi le droit d'être innocent, de ne pas être suspecté pour sa façon d'être, pour son ethnie, son âge. En chaque citoyen ne réside pas un délinquant. Si la délinquance était majoritaire dans notre pays, nous ne serions plus une République mais une anarchie. La présomption d'innoncence et les raccourcis douteux auxquels a pu notamment se livrer le PRF contre les adhérents de l'UGR sont là pour nous rappeler que le respect c'est aussi un combat quotidien.
L'égalité devant la justice c'est permettre au citoyen pauvre de pouvoir bénéficier d'un avocat comme le ferait un riche. C'est effacer les disparités sociales pour faire appliquer la loi. L'UGR s'est toujours battu pour une justice sociale et nous assumons aujourd'hui cette lutte plus que jamais. Quant à la présence de la Justice, je ne vais pas répéter ce qui a été dit jusqu'à présent. La justice est un service public, il faut qu'elle soit accessible à tous, notamment à ceux qui n'ont pas de moyen de locomotion.