Troisième et dernier meeting pour l'équipe de campagne du RSE. A l'instar des deux précédents, les principaux participants avaient unis leurs efforts pour assurer le spectacle mais aussi et surtout faire passer leurs messages. Ainsi, en cette ravissante soirée, Noah faisait partie des nombreux invités du meeting RSE pour les législatives à venir et notamment des intervenants. Tout avait été préparé avec soin, il avait lui-même supervisé la disposition des choses, pour qu'ils puissent accueillir un maximum de monde. Assez grande, la scène était d'une simplicité absolue, des micros, un pupitre et au fond, un écran géant sur lequel se diffusait un paysage, une forêt luxuriante. Le plus surprenant restait sans doute cette nacelle au milieu, où on avait placé une platine. Les projecteurs étaient conçus pour suivre les intervenants tout au long de leur allocution avec un jeu de lumière au visuel attirant et qui suivait l'ambiance en virant, au vert, au rouge, au bleu et au jaune. Il allait y avoir du spectacle en cette fin de journée. La foule s'était massivement mobilisée dans l'Arène qui était comble, grâce notamment à la bonne campagne de tractage des militants RSE. Tandis que la nuit tombait, des applaudissements retentirent quand le DJ fit son entrée sur la nacelle. Il s'écoula quelques secondes avant qu'il ne commence son show avec quelques musiques à la mode, histoire d'enflammer un peu la salle du Zénith. 17000 personnes avaient fait le déplacement et occupaient les lieux avec une attitude positive et enjouée. On voyait flotter de nombreux drapeaux RSE. D'ailleurs chaque militant avait été équipé d'un bracelet en fonction de sa disposition de la salle. Il y avait des bracelets rouges, des blancs et des verts, chaque personne s'étant vu attribuer une place numérotée. Après un peu plus de trois-quart d'heure de spectacle musical, un clip évocateur s'enclencha annonçant le début de ce meeting qui promettait d'être grandiose et musclé.
Quand la vidéo se termina, le paysage sur l'écran géant afficha l'affiche de campagne du RSE, regroupant tous ses candidats. Un zoom aléatoire se promena sur l'image pour finalement s'arrêter sur le visage de Thomas Rolland. Ce dernier apparut dans une gerbe de flammes et sous l'ovation d'un public debout, survolté. Il salua le public d'un geste de la main, en la portant à son coeur régulièrement pour montrer toute son émotion. La foule entonna alors : "Thomas à Belley ! Thomas à Belley !" ce qui déclencha chez l'intéressé un grand sourire. Il s'approcha du micro pour le prendre en main et se placer au bord de la scène, au plus près des gens. Il en profita pour serrer quelques mains et récupérer une rose rouge qu'il tendit fièrement. Le geste, bien qu'habituel ne fit qu'amplifier les acclamations. Il ne put prendre la parole que cinq minutes plus tard.
Thomas Rolland attendit que le calme régna tel un silence royal, avant de sortir un beau papier de la poche de son veston pour y lire retranscrit quelques vers de Hugo.
« Le mot qu’on le sache est un être vivant, la main de l’auteur vibre et tremble en l’écrivant. La plume, de l’aile envisageant l’envergure, frémit sur cette feuille quand surgit cette figure ». Ces vers sont de Victor Hugo, poète pour lequel j’accorde la plus grande admiration. Nous pouvons être à Aspen comme ce soir, comme nous aurions pu être à Chouchenn, Farelle ou Elrado, car ce qui, au-delà des villes, du temps, des époques, des langues, des coutumes, des promesses, des demandes, ce qui nous réuni est pour une bonne part, la part la plus grande, la force des mots. Les mots ont un pouvoir sur les choses, comme un pouvoir sur les hommes. L’homme d’ailleurs est doué de parole. Il parle, et sa parole est parlante et même quand il se tait, le mot peut provoqué un silence, un silence royal. Surement l’homme, et j’en suis convaincu, n’aurait guère été le même sans la parole, et autant que nous sommes, nous n’aurions surement pas été les mêmes sans les mots. Que cela soit les mots d’une mère, des mots d’amours, des mots de plaintes, les mots encourageant d’un professeur.
Quand on est politicien, on use de parole, parfois même pour dire des âneries, mais on parle, on parle.
On a appris à parler d‘ailleurs, à faire usage des mots. On peut connaitre nombre de mots mais les agencer entre eux demande une logique presque musicale. Les mots sont à la fêtes quand sortant de notre bouche, ils laissent échapper quelques vers fait d’or et de cristal, et surement n’aurions-nous pas été les mêmes sans les avoir éprouver, car ce n’est pas chose facile, au sein de l’école républicaine. Vous l’aurez compris chers camarades, ce soir je veux vous parler d’éducation.
La réalisation s'attarde sur les pancartes "pas touche à l'école publique" des militants
L’éducation c’est quelque chose que je connais bien, non pas simplement parce que je suis ministre de l’éducation, mais parce que je suis enseignant, et mon ton de ce soir vous fera deviner aisément que je suis un professeur de philosophie.
Cela m’a été d’ailleurs reproché il y a quelque temps. C’était au début de la législature : monsieur Carapin, qui a eu le droit d’être repris pour une erreur de jugement, de langage, une erreur sur la compréhension des mots, m’a reproché, vexé surement de ne pas faire de politique et d’être trop abstrait. Seigneur Carapin aurait dû, en tant que patriote frôceux fier de son pays et de sa langue, lire plus de philosophie, notre langue est celle de Rousseau, Descartes et Montaigne. Car contrairement à ce qu’il croit, la philosophie est quelque chose de concrète. C’est une discipline qui développe l’esprit critique et tend à analyser les problèmes autant sur un plan logique, pratique, que moral, et qui cherche à trouver des propositions qui tirent leur légitimité sur le plan politique de la raison, et non forcement du rationnel, car le rationnel n’est pas toujours raisonnable.
En tant que Ministre de l’Education, de la Santé, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, j’ai agi en philosophe, et ceux pour deux raisons principales. La première c’est que l’éducation est un domaine politique des plus compliqués : J’ai eu l’occasion de visiter, comme vous avez pu le voir dans les différents médias, bons nombres d‘établissements publics de l‘éducation national pendant que j‘en occupais le poste de ministre. Je voulais faire un état des lieux de notre école de la République et il me paraissait nécessaire d’aller à la rencontre des parents d’élèves, des professeurs, ainsi que des élèves et étudiants eux-mêmes. J’ai observé, écouté avec le plus de lucidité et de pragmatisme possible car, si certes l’éducation est un domaine digne et important, c’est surtout un domaine qui, quand je suis arrivé en poste, semblait « irréformable ». L’école de la République nous posait un défi et son constat d’échec, rendait la tâche qui m’incombait plus haute et importante encore. C’est un domaine qui mérite une réponse politique éclairé, ce que à mon sens j’ai réussi en partie à le faire.
Nous avons fait des choses nouvelles, cherchant le plus de consensus possible : on a fait un pôle public de recherche, des académies, on a diversifié l’offre éducative, légiférer et améliorer les conditions d’attributions de bourses, fait une loi sur les universités. On est pas sans bilan, et on a recherché le plus de pragmatisme possible. Bien sûr, tout n’est pas finie et n’a pas été si facile. Car, le temps que j’ai été ministre, si j’ai cherché le juste milieu le plus efficace dans les lois, d’autres, se disant d’un pragmatisme ni gauche, ni droite des plus absolus, n’ont pas été fichus de participer aux débats, ni même de formuler une critique, ni même de lire les projets de lois, non, rien de cela, mais juste par un esprit d’opposition, mais alors là, des moins constructifs et des moins compétents, ils n’ont fait que voter contre ! Ils ont été jusqu'à voter contre le statut des universités, le statut administratif !
"Borgia recrache tes somnifères" disent les pancartes des militants RSE, très mécontents de l'opposition fort peu constructive durant ce mandat
Comment on peut être contre l’organisation d’un conseil d’administration ? Posons qu’on peut l’être, mais pourquoi n’avoir pas fait d’amendements ? Par incompétence ? Par couardise ? Je pense que monsieur Borgia, et madame de Cassagne n’ont qu’à rabaisser leurs caqués quand il parle de ni gauche, ni droite et de dialogue. Ils ont été dans l’opposition destructrice, et n’ont jamais été capable de prouver par les actes leurs positions idéologiques. Et si déjà, ils ne savent pas faire un travail d’opposition, je préfère pas savoir comment ils comptent gouverner si un jour, ils en ont la responsabilité. Mais nous ferons tout pour ne pas leur en donner l’occasion.
Vifs applaudissements de l'assistance, les bannières "Non à la casse sociale ! Non à la mort de l'école publique ! Non aux engins de la mort ! Non à l'ADL !" sont mises en avant
La deuxième raison de mon choix pour un pragmatisme philosophique c’est que, selon moi, la philosophie est peut-être la seule discipline capable de surmonter les difficultés que posent l’éducation et ainsi de guider l’action politique. Il y a une question que j’aime beaucoup poser à mes élèves de terminale : « qu’est-ce qu’une bonne éducation ? ». Les discutions sont intéressantes même si ça reste ancré sur « l’éducation nationale », et ce que j’aime bien faire à ce niveau là c’est rappeler que l’éducation c’est un cheminement qui se déroule, ou plutôt s’effectue tout au long de la vie par des formes diverses, que se soit l’apprentissage des bonnes manières de vivre en société par la vie familiale, les fondamentaux du « lire, écrire, compter » en classe préparatoire, ou même la parentalité quand on a son premier enfant ; tout cela, toutes ces formes diverses et variés se regroupent autours d’un même terme « éducation », qui ne signifie non moins que ex-ducere et ceci est sa signification étymologique, « s’élever vers » ; oui, mais pour aller où ? Vers l’Humanité comme dirait le grand penseur des Lumières, Rousseau. L’éducation c’est le processus par lequel l’enfant devient homme, et la société devient Humanité. C’est le processus du progrès. Mais l’éducation nationale étant une partie de l’éducation, de quelle progrès particulier est-elle le moyen ?
L’éducation nationale a une ambition qu’elle porte sur elle-même et qui lui donne comme un caractère sacré, elle est d’une importance qu’il faut toujours avoir en conscience pour saisir son importance et le défis, la tache politique qu’elle nous incombe dès lors. Victor Hugo disait « ouvrir une école, c’est fermer une prison ». Cela signifie en clair, que l’école à l’origine, dans sa forme en tant qu’école de la république, c’est-à-dire, gratuite, laïque et obligatoire, se devait d’être le vecteur d’un progrès sociale possible. Alors qu’auparavant l’école, l’instruction était un luxe, l’école de la république à partir des années 1880 a commencé à ouvrir ses portes à tous dans chaque village, proposant ainsi aux enfants des paysans et des ouvriers une éducation complémentaire, un savoir permettant une commune égalité des chances. L’école devait être le vecteur d’un « ascenseur social ».
C’est non moins rien que ceci dont l’éducation nationale devait être le moyen. Et le changement des mentalités lui ont conféré d’autres finalités. Alors que les penseurs des Lumières voyaient en l’école, le moyen du progrès et de la libération des consciences ; quand on demande aujourd’hui à un père de famille à quoi doit aboutir l’école, il nous répond généralement la même chose : « un métier ». En même temps que former, l’école a une autre ambition : l’instruction. L’école de la république doit former quelqu’un à quelque chose et instruire quelque chose à quelqu’un. C’est ces processus de progrès que l’école républicaine doit accomplir, toute la difficulté est de savoir comment. Et vous en tant que citoyen votre tâche est d’autant plus grande : comment savoir que ça va marcher ?
Et là, je suis encore obligé de critiquer la droite, de Borgia à Carapin car ils ratent tous sur le plan de la politique éducative. Allons dans le sens inverse et commençons par le programme de l’Alliance National : je lis « Libérer l’école des idéologies socialo-communistes qui sont un frein à son développement ». Bon, c’est pas surprenant que l’AN, et c’est de bonne guerre, voie en l’idéologie socialiste et communiste, une menace. Il est normal qu’en histoire par exemple on étudie l’URSS et les pays satellites. Mais est-ce pour autant une raison de bannir « l’idéologie » ? En quoi par exemple l’idéologie de monsieur Pastor puant le conservatisme et le racisme n’est pas non plus un frein ? Et pour qui se prend-il ? C’est quoi cette attitude de dictateur visant à empêcher les élèves de penser par eux-mêmes ? Attention Big Pastor vous regarde et vous interdit de penser par vous-même !
Une pancarte "Big Pastor, petite intelligence" est déployée par des militants provoquant les rires d'une partie de l’assistance
Est-ce par peur qu’on critique sa politique ma fois somme toute des plus critiquable ? Monsieur Pastor est un ennemi de la pensée libre. Mais jetons aussi un œil sur l’orientation, comment monsieur Pastor compte l’améliorer : « Mise en place de « Forum des métiers » régulier dans la vie scolaire d’un élève » ; « Développement des stages en entreprise dès le secondaire pour faire connaître le monde de l’entreprise à l’élève ». Ce problème est symptomatique d’une mauvaise compréhension de la situation. La ça mérite toute votre attention :
Vous pourrez donner le plus de moyen quantitatif et obliger les élèves à aller à des Forum ou faire des stages, ça ne sert à rien, car le problème de l’orientation est qualitatif. Ce n’est pas un problème de structure, mais d’encadrement à améliorer, non seulement en formant dans nos universités des gens compétents pour aider l’élève à s’orienter, mais en élargissant le dispositif de stage dès le collège aux seuls élèves voulant découvrir un métier. Si vous leur donnez un stage à faire sur un temps ponctuel, comme une corvée, ils chercheront certes un stage, mais pas pour découvrir un métier qui les intéresse, juste un stage. Par contre, on peut former des conseillers d’orientations, qui accompagne l’élève sur le long de l’année, avec lequel il peut prendre rendez-vous, il puisse être amené à des filières, et au moment seul où l’élève fait un choix, de son plein gré, on puisse lui donner la possibilité d’un stage. C’est comme que ça marche, mais encore là l’Alliance Nationale préfère l’illusion de la quantité à la qualité, il rate le cadre de la finalité de l‘emploi et du développement de la citoyenneté. Passons à un autre programme, celui du RDF.
Les pancartes "Du Plessis en Arabie" de mars 2010 sont ressorties à l'évocation de la mouvance de droite néo-conservatrice
Déjà remarqué la taille impressionnante sur laquelle ça tient ! Parce que, on nous critique, on nous critique, on nous dit qu’on va tout reprendre de zéro, mais n’empêche que là, laissez-moi vous dire qu’on remplacera par pas grand-chose. Mais bon, regardons ce qui est proposé : « Instaurer un système de notation strict et sélectif ». « Promouvoir à l'école la sélection fondée sur le mérite et l'effort ». « Réaffirmer la possibilité pour les familles de choisir librement l'établissement de leurs enfants ». La méritocratie est acceptable quand elle est possible mais, c’est à oublier une chose : notre réalité. Nous sommes dans ce que Pierre Bourdieu nommait une « reproduction sociale ».
L’échec de l’école est en partie un échec de la « méritocratie ». Quoiqu’on y fasse, les enfants des catégories sociales aisées baignent dans un environnement sociale, économique et culturel bien plus favorable que les enfants des classes populaires. Alors que la méritocratie est censé récompenser celui qui, comme dans une course athlétique arrive le premier en étant parti du même point de départ que tout les autres, l’état de la méritocratie aujourd’hui est celle d’une course où l’on veut récompenser le meilleur alors que beaucoup, du fait des inégalités des chances, partent déjà avec une longueur d’avance. Non, aujourd’hui les enfants d’ouvrier, de paysans, ou des professions intermédiaires n’ont pas les mêmes chances de réussite que les enfants des classes aisées.
Il n’y a que très peu d’enfant des classes populaires à être admis dans les grandes écoles, et à ceci il ne reste que ce qu’on appelle « les voies de garage ». Et ce terme, j’ose le prononcer et l’affirmer, car certes, l’on peut se féliciter de taux de réussite et de participation au BNES et s’en faire son cheval de bataille, mais faire cela c’est oublier qu’ensuite le taux d’échec en étude supérieur pour la première année est proche de 60%, que les diplômes ne valent plus grands choses et que beaucoup de ces élèves, le BNES en poche ne réussissent pas à s’orienter et se trouvent condamnés à un travail aliénant. Sur la méritocratie, comme sur la perspective d’un avenir satisfaisant possible, l’éducation nationale est dans une politique d’échec. Mesdames et messieurs, ce ne serait guère vous mentir que de vous dire qu’il y a beaucoup de travail. L’ambition est belle et l’école le mérite. Mais la solution n’est pas d’augmenter le mérite, mais de rendre une politique méritocratique possible.
Pour cela, il ne faut privatiser l’enseignement comme le préconise l’ADL, au contraire, le caractère public, laïc et gratuit de l’école sont les conditions sine qua non d’une vrai politique éducative. En tout cas, ce que nous voulons au RSE, ce ne sont pas les solutions de facilités, nous voulons rendre l’école juste sans la vendre, non n’abandonnons rien, contrairement à ce que préconise Borgia. Nous n’avons pas peur de nos engagements, et il y a des choses sur lesquelles on ne peut négocier, et si Borgia pense que l’éducation se négocie, se vend pour se débarrasser d’elle comme d’un fardeau, il ne mérite même pas la parole, car le seul qu’il a sa bouche c’est : privatisation, privatisation, privatisation ! C’est inacceptable monsieur Borgia, dehors ! Dehors ! Dehors !
La foule reprend à l'unisson "dehors Borgia !"
Non monsieur Borgia, monsieur Carapin, monsieur Pastor, monsieur le Guen l’éducation est une entreprise, une économie, un marché où les établissements se font concurrences ! C’est le symbole, le glaive de notre politique pour la citoyenneté et l’égalité. Nous ne laisserons pas pourrir entre les mains de ces ennemies de l’école républicaine notre idéal ! Et même si c’est difficile, décourageant, compliqué, jamais, oh non grand jamais, nous devons être des lâches, des peureux, des personnes qui choisissent les solution de facilité ! On ne vote pas pour des personnes afin que ceci prennent des solutions faciles ! On vote pour des personnes qui relèvent le défis car c’est notre tâche ! Notre raison de faire de la politique ! C’est pas nous qui dirigeons l’école, c’est l’école, toujours l’école qui doit commander notre faire-politique. Et nous répondrons aux défis que l’école nous posent sans nous défiler, mais avec une volonté de fer !
Je vais vous dire comment on peut faire : il faut garantir l’égalité ! C’est la seule condition : pour garantir la méritocratie, que faut-il ? L’égalité des chances, permettre à ce que chacun partent avec les mêmes chances de réussites, et pour cela, il ne faut pas séparer les écoles selon les classes sociales, il faut la mise en place d'une carte scolaire spécialement dessinée pour favoriser la mixité sociale. Après, il est sur que ce n’est pas suffisant : les catégories sociales se concentrent selon des zones, c’est pas nouveaux, les riches dans une banlieue, les classes populaires dans une autre. C’est pour cela que j’ai envie de prendre cet exemple qui s’est quelque peu développé aux Etats-Unis : nous voulons la mise en place de coordination inter-scolaire à ambition pédagogique et culturel. Cela peut consister en échanges : les élèves des classes aisées vont passer une partie de la semaine dans une école de banlieue pauvre et inversement. On peut même, à partir de là, créer des sortes de binômes permanent : les élèves travailleraient ensemble, s’émuleraient, créeraient une amitié profonde et durable Le but étant de permettre l'émulation entre les élèves et le développement le plus équitable possible d'un capital culturel.
La foule applaudit vivement Thomas aux cris d'"égalité pour tous"
Dans le même esprit de rendre les conditions d’égalités des chances possibles, le RSE entend réformer la politique d’allocation familiale en y rentrant une nouvelle allocation : une allocation de rentrée scolaire sous condition de ressources qui ne varierait pas selon le cursus scolaire de l’enfant et qui serait des plus proportionnel possible. Et c’est en continuité avec ce qu’on a fait au sein du ministère que nous allons interdire l’enseignement privée, et continuer les débats nationaux autour de l'éducation et de la méritocratie.
C’est ainsi que le RSE tient continuer les réformes : égalité, égalité, égalité ! Je vais maintenant me retirer camarades, je vais laisser la parole à mes camarades. Frôceuse Frôceux, vous savez ce qu’il vous reste à faire. Merci et vive la république, vive le socialisme, vive la Frôce !
Alors que Thomas disparut dans l'ombre sous un tonnerre de cris de soutiens et d'applaudissements nourris, un clip s'enclencha.
Quand il fut terminé, la foule fit part de son contentement et de son impatience par des applaudissements nourris. Dans les coulisses, Noah sut que c'était désormais à lui d'assurer la suite. Il embrassa tendrement Julian et monta sur la scène sous les acclamations d'un public debout, visiblement en forme et échauffé par Thomas. Il avait volontairement choisi une tenue en rupture avec les codes. Pas de costard, ni de cravate. Il avait même un costume totalement décalé ! Il portait un t-shirt en col V et un short blanc avec une paire de baskets ! Dans la main gauche, il tenait un drapeau RSE et dans la droite un club de golf, électronique. Il salua la foule en agitant le drapeau et avec un sourire ravi. Quand il fut devant le micro, il prit la parole :
Bonsoir Aspen ! Bonsoir la Capitale !
Des vivas se firent entendre, Noah planta fièrement et avec détermination le drapeau dans le socle juste à côté de lui, ce qui ne fit qu'enflammer la foule. Il posa le club sur son épaule et toujours avec son sourire, il enchaîna :
Ce soir, je vais probablement faire jaser les journalistes, les chaînes de télévision et quelques politiciens. J'ai hâte de voir les critiques. Gayet, habillé comme un sac... le RSE se choisit un touriste pour parler à ses militants et aux électeurs... Je leur dirais qu'ils ont sans doute raison, après tout, niveau vêtements, qui peut s'y connaitre mieux qu'un col blanc cravaté qui se moque du sport comme de sa première chemise en soie ?
Il y eut des rires et des sifflets pour soutenir cette petite boutade bien envoyée.
Non, en fait je dois être sincère avec vous. Je ne me balade jamais en short en plein hiver, surtout ce soir, il fait particulièrement froid même si cette salle est chaude... pas vrai ?
Le public répondit aussitôt par des cris et des sifflets, obligeant Noah à attendre quelques instants pour reprendre.
Je viens seulement réaliser un défi que m'a lancé Stefano. Il m'a dit, l'autre soir, "Noah, t'es pas chiche de venir au meeting d'Aspen et d'exploser littéralement la droite pour ces élections..."
Des cris d'encouragement et quelques huées feintes résonnèrent. Noah se mit à rire et concéda :
Il est joueur, ce Stefano, mais moi aussi. Je le suis même encore plus que lui. Alors j'ai répondu : "Chiche ! Mais je décide de la méthode à employer !". J'aime bien choisir la façon dont je démolis quelque chose. L'accord a été conclu et donc me voici... en short. Non, ma méthode n'est pas de paraître ridicule pour vous démontrer que voter RSE sera le seul choix utile et cohérent. Mais quand je fais de l'exercice j'aime bien porter la tenue adéquate. Et c'est un sacré sport de laminer les idées réactionnaires et libérales ! Ce devrait même être un sport national !
La foule, décidément très réactive applaudit de plus belle alors que sifflets et cris d'approbation se faisaient entendre. Noah se mit à rire à nouveau et sautilla légèrement sur place pour s'échauffer. Cela déclencha quelques rires.
Ce sport se pratique en équipe. Et ça tombe bien, je dois avoir quoi... 3000 personnes avec moi ce soir dans cette salle ?
Un clameur contestataire s'éleva...
Hum... 5000 ?
Des "ouh" fusèrent. Gayet, amusé, et volontairement joueur avec son public précisa :
Quoi... 5500 ? Je ne sais pas vraiment ! Difficile de vous compter. Peut-être que si je vous entendais crier...
Des cris s'élevèrent alors accompagnés de sifflets, d'applaudissements. Noah les laissa résonner un long moment sans discontinuer et précisa enfin, sur un faux air d'excuse :
Ah ! Ok pardon ! Disons 17000 !
Des cris montrèrent l'approbation du public.
Ah oui ! Là c'est mieux ! Alors commençons la partie ! Je vous explique le principe. Je vais mettre cette paire de lunettes. Ce ne sont pas des lunettes de soleil, je sais qu'Aspen éblouit le monde entier par sa beauté et son charme mais tout de même ! Non, grâce à ses lunettes, je vais pouvoir orienter mes tirs vers mes cibles. Cet écran derrière vous vous permettra de suivre le tout en direct, comme si vous y étiez. Enfin ce club est équipé de capteurs high-tech qui détectent tous mes mouvements et donnent la trajectoire de la balle virtuelle sur ce magnifique terrain de golf.
Un technicien s'approcha sous les applaudissements et vint déposer un capteur au sol. Noah le remercia et se plaça près du capteur après avoir mis les fameuses lunettes. Là, il ressemblait vraiment à un touriste. Il reprit :
On pourrait croire que l'extrémisme s'arrête là où commence la bêtise mais l'Alliance Nationale vient nous montrer le contraire ! Elle persiste et signe ! L'une de leurs mesures effarantes est de donner un statut juridique à l'embryon humain. En d'autres termes, une femme qui a été violée et qui malencontreusement, sans que ça soit de sa propre volonté, je le rappelle au cas où ils ne sachent pas ce qu'est un viol, est tombée enceinte, devra garder son enfant. L'avortement lui sera interdit, sous prétexte que son embryon est une personne comme vous et moi. En gros, si elle avorte, elle sera considérée comme une meurtrière et donc passible de la perpétuité. Waouh ! Quelle classe ces nationalistes ! Quel beau cadeau pour la gente féminine. Ils vont permettre à des femmes déjà anéanties de se voir détruire leur vie par un enfant non désiré. Et que dire des ados qui vont tomber enceintes à 15 ou 16 ans ? Vont-elles recevoir une aide d'état pour élever leur gamin sans travail ni formation ? Que dire des malchanceuses pour qui le préservatif se sera déchiré au moment fatidique ou qui ont oublié leur pilule ? Les fabricants vont-ils leur payer des dommages et intérêts ? Que dire des femmes qui doivent avorter pour des raisons médicales ? Les pompes funèbres feront d'une pierre deux coups ? Chouette leur programme de santé publique ! Il a été écrit par Mathusalem ? Un accident, un oubli, un problème de santé et votre vie est foutue. Non mais franchement... quelle espèce de réactionnaire a écrit ce torchon ? Est-il sorti un jour de sa caverne d'homme préhistorique pour se rendre compte des problèmes de la société et des enjeux sanitaires d'aujourd'hui ? Il n'en donne pas l'impression ! Messieurs, Dames, attention... après la statut juridique du foetus viendra le statut juridique pour vos spermatozoïdes et vos ovules. Tout gamète perdu et n'ayant pas servi à la conception sera susceptible de vous envoyer à l'ombre pour le restant de vos jours. Alors mesdames, à chaque cycle menstruel, vous allez prendre cher ! Et messieurs, fini les séances privées avec Pôpol sur vos canapés... J'en connais qui vont rapidement devenir frustrés. Remarquez, il ne vous restera plus qu'à adhérer à l'Alliance Nationale, pas vrai ?
Il y eut un éclat de rire général alors que les acclamations fusèrent. Noah reprit la parole, en haussant le ton.
Jusqu'à quel niveau de l'absurde allons-nous descendre ? Jusqu'à quel niveau d'insultes ? Allons-nous avoir droit au même spectacle désolant qu'aux Etats-Unis ? Souvenez-vous des propos qui avaient été tenus à l'encontre des femmes violées ! "Inconsciemment consentantes" ! Je n'accepterais jamais que dans un pays comme le nôtre, nous tombions aussi bas ! Je n'accepterais pas que les femmes soient considérées de corps comme d'esprit comme uniques propriétés d'un homme, de législateurs en mal de servitude, de nostalgiques de la mysoginie. Je ne tolère pas qu'un parti qui se prétend démocratique et républicain ose s'attaque à la liberté fondamentale de disposer de son corps ! Ce n''est pas un cri d'impuissance que je lance ce soir, c'est un cri de colère, une colère sourde, profonde. Une colère que j'ai besoin d'extérioriser parce qu'elle me révolte ! Et je ne sais que je ne suis pas le seul dans ce cas. Aussi, la première chose que je souhaite démolir, c'est l'atteinte pure et simple aux droits des femmes, à leur DIGNITE, à leurs LIBERTES !
D'un geste assuré, il balança le club dans un arc de cercle énergique. Sur l'écran, une petite balle de golf vola en l'air et vint se loger sur cette image.
A l'écran, elle éclata en mille morceaux sous l'ovation du public.
Et d'une injustice ! UNE !
Il reposa le club sur son épaule et quand les applaudissements retombèrent au bout de quelques minutes, il reprit :
A droite, ils veulent favoriser les moyens contraceptifs pour faire diminuer les cas d'avortement ! Non ! Sans blague ! Nous n'y avions pas pensé ! Durant toutes ces années, nous avons attendu qu'ils débarquent pour lancer des campagnes sur la contraception ! Hé, au fait les gars, les capotes sont gratuites depuis mai 2011. Je le sais, J'AI écrit la loi. Pourquoi vouloir rembourser le préservatif alors qu'il est GRATUIT ??? Je m'interroge ! Et d'ailleurs pourquoi le préservatif ? Parce qu'il reste le seul contraceptif efficace contre les MST. C'est suffisant pour en faire un objet d'utilité publique. Chers membres de la droite frôceuse, vous avez encore un train de retard ! C'est quand même malheureux de vouloir faire perdurer la locomotive à vapeur alors qu'il y a désormais les TGV ! Et ça l'est d'autant plus de prétendre à la représentation nationale lorsque l'on ne connait pas la législation du pays ou son histoire récente. Enfin bon, avec eux l'amusant c'est qu'on en revient encore au train train habituel... Leur vision du monde s'est gelée au Moyen-Âge. La révolution industrielle ? Pfff !!! Une utopie ! Allons ça n'a jamais existé ! Ce que j'ai là derrière moi, c'est une diablerie, les écrans plats, ça n'existe pas ! Et on retrouve dans leur programme, éternellement, l'abrogation de la Loi Marie-Madeleine. Ils sont beaucoup à le dire, beaucoup à hurler comme des vierges effarouchées quand ils repensent au fait que la prostitution est légalisée en Frôce. Ils en oublient volontairement les chiffres et l'encadrement tout autour. Ils ne se demandent pas si la mesure est efficace, si elle a permis de protéger des vies et de sortir des gens de la misère dans laquelle ils étaient. Ils abrogent, purement et simplement, à la façon des ignorants les plus stupides de l'Histoire. Et nous citoyens de Frôce, qui vivons dans la modernité, nous devrions faire confiance à ces gens-là ? Légaliser la prostitution a permis de l'encadrer, de faire la lumière sur un réseau de l'ombre où les femmes étaient battues, exploitées, asservies au rang d'objets sexuels. Qu'est-ce qui a changé ? Aujourd'hui, la prostitution est devenue un choix personnel et non plus une finalité. Nous n'avons pas légalisé les bordels en leur donnant carte blanche pour faire n'importe quoi ! Nous avons prévu des dispositifs de réinsertion. Oui, la prostitution est quelque chose qui doit être combattue quand elle est imposée soit par quelqu'un, soit par une situation. Ces dispositifs demeurent plus efficaces que les enquêtes à l'aveugle sur des réseaux illicites. Nous avons fait parler, nous avons mis en place un projet colossal, une avancée énorme dans la lutte contre les violences faites envers les femmes. La droite veut un retour en arrière ! Je leur dis non. Je ne peux cautionner que nous en revenions à ces réseaux de proxénètes qui utilisaient les femmes comme des planches à fric contre leur volonté ! "Tapine et tais-toi", voilà ce qu'ils disent ! C'est honteux ! Ces personnes valent bien plus que des profits ! Et je souhaite exploser la loi du silence que veut nous imposer la droite !
De la même façon, il balança le club à nouveau et la balle fracassa sous les applaudissements une nouvelle image :
ET DE DEUX !
A nouveau, Noah laissa les acclamations nourries retomber doucement avant de poursuivre :
Mais les femmes ne sont pas les seules ennemies de la droite. Sur la liste, il y a aussi les homosexuels. Ah !!! J'imagine ce qu'il se passe dans leurs pauvres petites têtes... "Ces pédés et ces gouines ! Cette triste engeance qui perdra l'humanité ! Mais que va-t-on pouvoir en faire ? Comment les soigner de leur terrible maladie !"... Sérieusement ! Est-ce que j'ai l'air malade ? Est-ce que j'ai l'air de ne pas pouvoir assumer un gosse parce que je suis gay ? Regardez-moi bien ! J'ai l'air pervers ? J'ai l'air de vouloir imposer à un enfant d'être gay parce que c'est mon choix personnel ? Est-ce que le fait que j'aime un autre homme fait de moi une bête de foire, un sous-homme ? On croyait cette vision de la société révolue et pourtant... certains sont toujours là pour agiter les relents de haine et d'intolérance. Ils se disent amoureux de leur pays, mais quand on aime son pays, on en accepte la diversité ! On accepte les origines, le sexe de la personne, son orientation sexuelle, sa couleur, ses croyances religieuses. Quand on aime son pays, on y reste, on ne part pas dans un paradis fiscal pour se faire plus de fric ! Quand on aime son pays, on accepte la vie en communauté, on fait preuve de tolérance. Je n'ai pas besoin de tenir une arme ou un drapeau pour montrer que j'aime la Frôce. Je n'ai pas besoin d'aller me faire massacrer sur un champ de bataille au nom du sacro-saint impérialisme pour montrer mon patriotisme ! Quand on aime la Frôce, on se bat pour préserver sa diversité et non pour formater les gens et ghettoïser les minorités. Les homos seraient-ils des criminels en puissance parce qu'ils ont le DROIT de se marier et d'adopter eux aussi ? Les lesbiennes seraient-elles des plaies parce qu'elles veulent bénéficier de la procréation médicalement assistée ? Je suis un être humain comme un autre, je revendique les mêmes droits que les autres. Et je m'insurge contre l'institutionnalisation de cette discrimination d'état, contre ces projets nauséabonds visant à régresser sur la question du mariage gay, sur les avancées sociétales. J'entends bien briser ça !
Une nouvelle balle se fracassa contre l'image pour l'exploser à nouveau sous les cris d'un public en liesse :
Alors qu'il allait prendre la parole, Noah se fit doubler par le public qui lança un : "ET DE TROIS !". Il sourit et reprit :
Cette haine de l'autre est la même que celle que l'on retrouve contre les étrangers. Ils cautionnent le laisser-mourir, la fin de tout soin sur notre territoire. Pourquoi ? Parce que les soins ont un coût ? Parce que ce n'est pas à nous de payer pour les autres. La solidarité ne connait pas de nationalité, elle ne connait pas de couleur de peau ! Qui peut tolérer de laisser crever une personne à ses pieds parce qu'elle n'est pas frôceuse ? Qui peut accepter de gâcher une vie humaine pour une question d'argent ? Des égoïstes, des nombrilistes. Il ne s'agit pas de dire à tout le monde, venez en Frôce vous faire soigner, c'est gratuit. Il s'agit de préserver l'accès aux soins pour les étrangers dont la vie est en danger. Cette peur de l'étranger, ça s'appelle la xénophobie, et ça me remémore de sombres moments. Distinguer l'être humain en plusieurs catégories, ça porte un nom, ça s'appelle le racisme. Et avec la droite que notre pays se paie, il a encore de beaux jours devant lui ! Rendez-vous compte, l'UPF propose même d'interdire aux médecins étrangers d'exercer en Frôce. Autrement dit, mon futur mari, le Docteur Ramirez, d'origine cubaine, celui qui a sauvé deux anciens présidents de la République d'un empoisonnement par des nostalgiques de l'ère Lacroix, ne serait pas digne d'exercer en Frôce ? Parce qu'il est cubain et non né ici ! Quel crétinisme, comment peut-on en arriver à ce stade aussi lamentable de réflexion ? Le repli sur soi, n'aide pas à vaincre sa peur de l'autre, il l'alimente, il conduit à la méfiance, à l'incompréhension, à la haine. Alors qu'il est tellement plus facile de communiquer et de parler directement avec l'autre pour le comprendre et apprendre de lui ! Sommes-nous des gens civilisés ou des sauvages ? L'atteinte à l'égalité des chances n'a pas sa place dans notre République et c'est une chose que je vais démolir avec un grand plaisir !
La balle brisa une nouvelle image sous les applaudissements et le public ajouta : "ET DE QUATRE !". Noah eut encore un sourire.
Décidément, vous apprenez vite !
Le public s'auto-congratula quelques instants.
Que dire de la volonté affichée de la droite de vouloir tout privatiser ? Les retraites, l'assurance santé... les hôpitaux. Elle va avantager toujours les mêmes : ceux qui ont de l'argent. Plus votre compte bancaire sera rempli, plus vous aurez de chances de vous faire soigner. Ce sytème élitiste et purement inégalitaire est inspiré des Etats-Unis des années néoconservatrices. Mais depuis, là-bas, ils font marche arrière. Quand on voit le président Obama lutter pour permettre à ceux qui n'ont rien d'avoir accès aux soins, on se dit qu'il était temps, qu'il fallait enfin agir ! Quand on voit son engagement pour permettre aux gens qui ont travaillé toute leur vie mais n'ont pas assez gagné pour capitaliser leurs revenus de toucher une pension décente, on se dit que c'est hallucinant. La Frôce, comme la plupart de ses voisins européens a de la chance d'avoir toujours su porter la solidarité et de l'entretenir. Pour que notre société avance, il est de notre devoir de nous serrer les coudes, de créer l'unité. La santé n'est pas l'affaire de gros bonnets de la finance, mais bien celle de tous. La couverture maladie est sans aucun doute, l'un des projets qui a le mieux fonctionné. Son existence a permis de rallonger l'espérance de vie. Elle permet aux malades d'Alzheimer, de Parkinson, du SIDA ou du cancer de se soigner, d'être accompagnés gratuitement. Si le système était privé, aucune assurance n'accepterait de couvrir ces gens parce que c'est trop cher ! Faire confiance aux assurances, les mêmes qui augmentent leurs tarifs de manière éhontée et qui lors d'un sinistre essaient toujours de trouver le détail pour ne rien indemniser ? Non merci sans façon, je laisse cette confiance aveugle à la droite ! Nous sommes des citoyens comme les autres, nous méritons d'avoir accès aux mêmes soins, aux mêmes médicaments pour aller mieux. La maladie n'est pas un sujet de casino, on ne joue pas à la roulette russe ou au bluff avec elle. Elle n'a ni pitié, ni limite. Et si elle n'est pas combattu efficacement, elle met la personne en danger mais aussi dans de nombreux cas tout son entourage et donc la société. Si les vaccins n'étaient pas gratuits, serions-nous aussi nombreux aujourd'hui ? Quand on se permet de faire un programme de santé publique, il faut de la cohérence, de la logique et surtout des connaissances. La droite n'a aucun de ses éléments là, elle agit bêtement, sans se soucier des conséquences économiques et sociales sur le long terme de ses mesures. Et puis le jour où une crise leur tombe sur le coin de la tronche, ils dénoncent l'état, qu'ils ont pratiquement dédouané de tout auparavant... J'ai été le Ministre à l'initiative de l'IPS, notre institut de solidarité publique. J'ai été fier de porter ce projet. Et il va de soi que comme toutes les avancées sociales que nous avons obtenues à la sueur de notre front, parfois même par le sang, je m'opposerais toujours à son démantèlement. En tout temps et en tout lieu, je vous fais le serment ce soir que je veillerais en tant que Président du RSE à ce que jamais vous n'ayez à pâtir de telles injustices. Je lutterais corps et âme contre l'injustice sociale !
Il y eut des applaudissements quand les logos des partis adverses apparurent sur l'écran et furent brisés...
Noah posa alors le club sur son épaule et attendit que l'ovation se termine :
Mais je ne suis pas venu ici devant vous ce soir avec pour unique mission de pilonner nos adversaires, même si je le fais toujours avec grand plaisir ! Je suis venu aussi pour vous parler du RSE, pour vous parler de son projet, basé sur la solidarité, l'égalité et l'innovation. Si nous avons placé notre campagne à gauche ce n'est pas un hasard. C'est par la gauche que la Frôce trouvera son Salut. En contrôlant l'économie et en régulant le marché, nous apporterons la stabilité et l'investissement nécessaire à la croissance. Mais c'est par notre politique sanitaire que nous exprimerons le mieux notre volonté d'avancer dans l'unité, dans l'Histoire. Nous militerons pour que les droits fondamentaux soient préservés, comme l'euthanasie. Arrivé à un certain stade d'une maladie, si l'individu souhaite mettre un terme à ses souffrances, il s'agit de son choix personnel et chacun doit le respecter, sa famille, son médecin, l'Etat. Il ne s'agit pas d'un meurtre mais d'un service que l'on accepte de lui rendre. Quel bon vivant peut parler de l'ignominie de cette démarche sans avoir eu à se voir dépérir ? La dignité humaine revêt une importance capitale. Quand un animal de compagnie arrive en fin de vie, on peut abréger ses souffrances. Lui n'a pas le choix alors qu'une homme ou une femme peut choisir. Je ne jugerais pas ces personnes, parce que je ne sais pas ce qu'elles vivent au quotidien, le désespoir d'être fauchées par la mort, l'attente douloureuse, le choc de voir leur entourage souffrir à mesure que l'avenir s'assombrit. Afin d'encadrer davantage ce droit de mourir, nous instaurons des comités d'éthique dans les hôpitaux afin d'éviter l'acharnement thérapeutique et de redonner espoir quand il y a lieu d'en avoir aux personnes en mal être. Ils veilleront à ce que les actes médicaux d'ordre général ne soit pas abusifs.
Et parce que les soins sont d'une importance majeure, nous mettrons en place un remboursement à 100% effectué par l'IPS. La santé ne doit pas être une question d'argent mais de responsabilités. Nous créerons un pole public du médicament, comprenez par là que nous mènerons une guerre sans merci contre les laboratoires pharmaceutiques privés qui vendent les médicament à des tarifs scandaleux ! En centralisant cela par l'Etat, nous aurons une grande liberté d'action sur les prix pratiqués et donc sur le coût de revient pour l'IPS. L'efficacité et la qualité ne riment pas forcément avec un système ultra-dépensier. Nous favoriserons la répartition des medecins dans les zones abandonnées par les professionnels de la santé et nous interdirons purement et simplement les dépassement d'honoraires. Pratiquer la médecin, c'est un art, c'est un métier d'utilité publique, déjà rémunéré. Il est inutile et dangereux de laisser penser le contraire. Refuser de soigner un patient correctement parce qu'il ne peut pas aligner 100 pluzins supplémentaires c'est une honte et c'est indigne des fondements même de la médecine ! Qu'il soit ce soir que nous sanctionnerons avec la plus grand sévérité les voyous, qu'ils soient médecins, patrons, financiers ou issus des réseaux illégaux. On ne joue pas avec la santé de tout un pays !
Le public se mit à applaudir.
A une époque, certains disaient que le sport était ringard que son bienfait sur la santé était limité. Nous avions toujours expliqué le contraire et l'Histoire nous a encore donné raison puisque désormais le sport est indissociable de la santé publique. En la matière nous n'y allons par quatre chemins, nous proposons l'accès au sport gratuit pour les jeunes et les seniors. Les premiers sont davantage touchés par l'obésité et les seconds par la sédentarité. Avec un mode de vie sain, nous améliorerons notre cadre de vie. Et à côté de ça, nous travaillerons avec les syndicats et le patronat pour le développement des sports d'entreprises. Certaines s'y sont déjà mises et organisent des minis compétitions internes. Une idée qu'il faut généraliser car en plus de créer un bien-être aux employés elle permet aussi un développement social hors du commun. C'est important et nous insisterons là-dessus. Je vais d'ailleurs m'attarder sur le sport par les jeux vidéos. Beaucoup de consoles proposent de vous faire bouger devant votre écran, de façon pédagogique et ludique. C'est un filon parfait pour nos enfants. Un moyen de leur faire aimer les activités sportives et de leur faire comprendre que cela leur permet de rester en forme. Il s'agit du même type de logiciels que j'ai utilisé ce soir, et d'ailleurs, on peut même y jouer à plusieurs...
Des cris résonnèrent dans la salle quand Hugo Salinovitch arriva sur la scène, sa canne à la main, boitant légèrement. Noah tourna la tête et le vit alors, surpris :
Ben Hugo, tu devais arriver après...
Je sais. Mais je t'ai vu jouer. Pas mal... même si je peux mieux faire !
Toi ? Mieux faire ? Ca, j'en doute !
Il y eut quelques huées dans la salle, car Noah regardait sa canne avec un faux air moqueur. Hugo ne se départit pas de son calme et ajouta :
On prend les paris ? Si tu gagnes, je danses la macarena. Si je gagne, tu nous fait un petit show de chippendale...
Il y eut de nombreux rires dans le public
Ah ouais ! T'es comme ça toi ! Vieux pervers va ! Ok, pari tenu ! Tu vas mordre la poussière
La régie redémarra le jeu et ils s'affrontèrent en deux sets sous les rires du public. Finalement, Hugo l'emporta et il regarda fièrement Noah.
Bon, ben voilà, mon petit Noah, tu as ta râclée... tu sais ce qu'il te reste à faire !
Le public commença alors à applaudir sans laisser d'échappatoire à Gayet. Ce dernier, non sans un air boudeur enleva son haut. A peine fut-il torse nu qu'il y eut un éclat de rire général et des sifflets admiratifs. Sur l'écran géant, le public pouvait voir qu'il avait fait "imprimer" la seconde affiche du RSE avec les visages de ses colistiers sur son torse et son dos. Il se justifia, avec un sourire :
Je comptais faire campagne aussi dans les night-clubs après ce meeting...
Hugo avait un air malicieux et il répondit :
Tu vas leur en mettre plein la vue. Mais ton show n'est pas terminé... faut enlever le short maintenant !
Dans la salle, la foule redoubla d'applaudissements et de sifflets. Noah hésita puis enleva son short pour dévoiler un caleçon rouge et vert, avec dessus le logo RSE. Sur la ceinture, il y avait écrit en boucle "Votez". Alors que l'hilarité fut à nouveau générale, Gayet haussa les épaules et expliqua :
Ben ça, c'était pour l'après night-club...
Quand la vidéo se termina, le paysage sur l'écran géant afficha l'affiche de campagne du RSE, regroupant tous ses candidats. Un zoom aléatoire se promena sur l'image pour finalement s'arrêter sur le visage de Thomas Rolland. Ce dernier apparut dans une gerbe de flammes et sous l'ovation d'un public debout, survolté. Il salua le public d'un geste de la main, en la portant à son coeur régulièrement pour montrer toute son émotion. La foule entonna alors : "Thomas à Belley ! Thomas à Belley !" ce qui déclencha chez l'intéressé un grand sourire. Il s'approcha du micro pour le prendre en main et se placer au bord de la scène, au plus près des gens. Il en profita pour serrer quelques mains et récupérer une rose rouge qu'il tendit fièrement. Le geste, bien qu'habituel ne fit qu'amplifier les acclamations. Il ne put prendre la parole que cinq minutes plus tard.
Thomas Rolland attendit que le calme régna tel un silence royal, avant de sortir un beau papier de la poche de son veston pour y lire retranscrit quelques vers de Hugo.
« Le mot qu’on le sache est un être vivant, la main de l’auteur vibre et tremble en l’écrivant. La plume, de l’aile envisageant l’envergure, frémit sur cette feuille quand surgit cette figure ». Ces vers sont de Victor Hugo, poète pour lequel j’accorde la plus grande admiration. Nous pouvons être à Aspen comme ce soir, comme nous aurions pu être à Chouchenn, Farelle ou Elrado, car ce qui, au-delà des villes, du temps, des époques, des langues, des coutumes, des promesses, des demandes, ce qui nous réuni est pour une bonne part, la part la plus grande, la force des mots. Les mots ont un pouvoir sur les choses, comme un pouvoir sur les hommes. L’homme d’ailleurs est doué de parole. Il parle, et sa parole est parlante et même quand il se tait, le mot peut provoqué un silence, un silence royal. Surement l’homme, et j’en suis convaincu, n’aurait guère été le même sans la parole, et autant que nous sommes, nous n’aurions surement pas été les mêmes sans les mots. Que cela soit les mots d’une mère, des mots d’amours, des mots de plaintes, les mots encourageant d’un professeur.
Quand on est politicien, on use de parole, parfois même pour dire des âneries, mais on parle, on parle.
On a appris à parler d‘ailleurs, à faire usage des mots. On peut connaitre nombre de mots mais les agencer entre eux demande une logique presque musicale. Les mots sont à la fêtes quand sortant de notre bouche, ils laissent échapper quelques vers fait d’or et de cristal, et surement n’aurions-nous pas été les mêmes sans les avoir éprouver, car ce n’est pas chose facile, au sein de l’école républicaine. Vous l’aurez compris chers camarades, ce soir je veux vous parler d’éducation.
La réalisation s'attarde sur les pancartes "pas touche à l'école publique" des militants
L’éducation c’est quelque chose que je connais bien, non pas simplement parce que je suis ministre de l’éducation, mais parce que je suis enseignant, et mon ton de ce soir vous fera deviner aisément que je suis un professeur de philosophie.
Cela m’a été d’ailleurs reproché il y a quelque temps. C’était au début de la législature : monsieur Carapin, qui a eu le droit d’être repris pour une erreur de jugement, de langage, une erreur sur la compréhension des mots, m’a reproché, vexé surement de ne pas faire de politique et d’être trop abstrait. Seigneur Carapin aurait dû, en tant que patriote frôceux fier de son pays et de sa langue, lire plus de philosophie, notre langue est celle de Rousseau, Descartes et Montaigne. Car contrairement à ce qu’il croit, la philosophie est quelque chose de concrète. C’est une discipline qui développe l’esprit critique et tend à analyser les problèmes autant sur un plan logique, pratique, que moral, et qui cherche à trouver des propositions qui tirent leur légitimité sur le plan politique de la raison, et non forcement du rationnel, car le rationnel n’est pas toujours raisonnable.
En tant que Ministre de l’Education, de la Santé, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, j’ai agi en philosophe, et ceux pour deux raisons principales. La première c’est que l’éducation est un domaine politique des plus compliqués : J’ai eu l’occasion de visiter, comme vous avez pu le voir dans les différents médias, bons nombres d‘établissements publics de l‘éducation national pendant que j‘en occupais le poste de ministre. Je voulais faire un état des lieux de notre école de la République et il me paraissait nécessaire d’aller à la rencontre des parents d’élèves, des professeurs, ainsi que des élèves et étudiants eux-mêmes. J’ai observé, écouté avec le plus de lucidité et de pragmatisme possible car, si certes l’éducation est un domaine digne et important, c’est surtout un domaine qui, quand je suis arrivé en poste, semblait « irréformable ». L’école de la République nous posait un défi et son constat d’échec, rendait la tâche qui m’incombait plus haute et importante encore. C’est un domaine qui mérite une réponse politique éclairé, ce que à mon sens j’ai réussi en partie à le faire.
Nous avons fait des choses nouvelles, cherchant le plus de consensus possible : on a fait un pôle public de recherche, des académies, on a diversifié l’offre éducative, légiférer et améliorer les conditions d’attributions de bourses, fait une loi sur les universités. On est pas sans bilan, et on a recherché le plus de pragmatisme possible. Bien sûr, tout n’est pas finie et n’a pas été si facile. Car, le temps que j’ai été ministre, si j’ai cherché le juste milieu le plus efficace dans les lois, d’autres, se disant d’un pragmatisme ni gauche, ni droite des plus absolus, n’ont pas été fichus de participer aux débats, ni même de formuler une critique, ni même de lire les projets de lois, non, rien de cela, mais juste par un esprit d’opposition, mais alors là, des moins constructifs et des moins compétents, ils n’ont fait que voter contre ! Ils ont été jusqu'à voter contre le statut des universités, le statut administratif !
"Borgia recrache tes somnifères" disent les pancartes des militants RSE, très mécontents de l'opposition fort peu constructive durant ce mandat
Comment on peut être contre l’organisation d’un conseil d’administration ? Posons qu’on peut l’être, mais pourquoi n’avoir pas fait d’amendements ? Par incompétence ? Par couardise ? Je pense que monsieur Borgia, et madame de Cassagne n’ont qu’à rabaisser leurs caqués quand il parle de ni gauche, ni droite et de dialogue. Ils ont été dans l’opposition destructrice, et n’ont jamais été capable de prouver par les actes leurs positions idéologiques. Et si déjà, ils ne savent pas faire un travail d’opposition, je préfère pas savoir comment ils comptent gouverner si un jour, ils en ont la responsabilité. Mais nous ferons tout pour ne pas leur en donner l’occasion.
Vifs applaudissements de l'assistance, les bannières "Non à la casse sociale ! Non à la mort de l'école publique ! Non aux engins de la mort ! Non à l'ADL !" sont mises en avant
La deuxième raison de mon choix pour un pragmatisme philosophique c’est que, selon moi, la philosophie est peut-être la seule discipline capable de surmonter les difficultés que posent l’éducation et ainsi de guider l’action politique. Il y a une question que j’aime beaucoup poser à mes élèves de terminale : « qu’est-ce qu’une bonne éducation ? ». Les discutions sont intéressantes même si ça reste ancré sur « l’éducation nationale », et ce que j’aime bien faire à ce niveau là c’est rappeler que l’éducation c’est un cheminement qui se déroule, ou plutôt s’effectue tout au long de la vie par des formes diverses, que se soit l’apprentissage des bonnes manières de vivre en société par la vie familiale, les fondamentaux du « lire, écrire, compter » en classe préparatoire, ou même la parentalité quand on a son premier enfant ; tout cela, toutes ces formes diverses et variés se regroupent autours d’un même terme « éducation », qui ne signifie non moins que ex-ducere et ceci est sa signification étymologique, « s’élever vers » ; oui, mais pour aller où ? Vers l’Humanité comme dirait le grand penseur des Lumières, Rousseau. L’éducation c’est le processus par lequel l’enfant devient homme, et la société devient Humanité. C’est le processus du progrès. Mais l’éducation nationale étant une partie de l’éducation, de quelle progrès particulier est-elle le moyen ?
L’éducation nationale a une ambition qu’elle porte sur elle-même et qui lui donne comme un caractère sacré, elle est d’une importance qu’il faut toujours avoir en conscience pour saisir son importance et le défis, la tache politique qu’elle nous incombe dès lors. Victor Hugo disait « ouvrir une école, c’est fermer une prison ». Cela signifie en clair, que l’école à l’origine, dans sa forme en tant qu’école de la république, c’est-à-dire, gratuite, laïque et obligatoire, se devait d’être le vecteur d’un progrès sociale possible. Alors qu’auparavant l’école, l’instruction était un luxe, l’école de la république à partir des années 1880 a commencé à ouvrir ses portes à tous dans chaque village, proposant ainsi aux enfants des paysans et des ouvriers une éducation complémentaire, un savoir permettant une commune égalité des chances. L’école devait être le vecteur d’un « ascenseur social ».
C’est non moins rien que ceci dont l’éducation nationale devait être le moyen. Et le changement des mentalités lui ont conféré d’autres finalités. Alors que les penseurs des Lumières voyaient en l’école, le moyen du progrès et de la libération des consciences ; quand on demande aujourd’hui à un père de famille à quoi doit aboutir l’école, il nous répond généralement la même chose : « un métier ». En même temps que former, l’école a une autre ambition : l’instruction. L’école de la république doit former quelqu’un à quelque chose et instruire quelque chose à quelqu’un. C’est ces processus de progrès que l’école républicaine doit accomplir, toute la difficulté est de savoir comment. Et vous en tant que citoyen votre tâche est d’autant plus grande : comment savoir que ça va marcher ?
Et là, je suis encore obligé de critiquer la droite, de Borgia à Carapin car ils ratent tous sur le plan de la politique éducative. Allons dans le sens inverse et commençons par le programme de l’Alliance National : je lis « Libérer l’école des idéologies socialo-communistes qui sont un frein à son développement ». Bon, c’est pas surprenant que l’AN, et c’est de bonne guerre, voie en l’idéologie socialiste et communiste, une menace. Il est normal qu’en histoire par exemple on étudie l’URSS et les pays satellites. Mais est-ce pour autant une raison de bannir « l’idéologie » ? En quoi par exemple l’idéologie de monsieur Pastor puant le conservatisme et le racisme n’est pas non plus un frein ? Et pour qui se prend-il ? C’est quoi cette attitude de dictateur visant à empêcher les élèves de penser par eux-mêmes ? Attention Big Pastor vous regarde et vous interdit de penser par vous-même !
Une pancarte "Big Pastor, petite intelligence" est déployée par des militants provoquant les rires d'une partie de l’assistance
Est-ce par peur qu’on critique sa politique ma fois somme toute des plus critiquable ? Monsieur Pastor est un ennemi de la pensée libre. Mais jetons aussi un œil sur l’orientation, comment monsieur Pastor compte l’améliorer : « Mise en place de « Forum des métiers » régulier dans la vie scolaire d’un élève » ; « Développement des stages en entreprise dès le secondaire pour faire connaître le monde de l’entreprise à l’élève ». Ce problème est symptomatique d’une mauvaise compréhension de la situation. La ça mérite toute votre attention :
Vous pourrez donner le plus de moyen quantitatif et obliger les élèves à aller à des Forum ou faire des stages, ça ne sert à rien, car le problème de l’orientation est qualitatif. Ce n’est pas un problème de structure, mais d’encadrement à améliorer, non seulement en formant dans nos universités des gens compétents pour aider l’élève à s’orienter, mais en élargissant le dispositif de stage dès le collège aux seuls élèves voulant découvrir un métier. Si vous leur donnez un stage à faire sur un temps ponctuel, comme une corvée, ils chercheront certes un stage, mais pas pour découvrir un métier qui les intéresse, juste un stage. Par contre, on peut former des conseillers d’orientations, qui accompagne l’élève sur le long de l’année, avec lequel il peut prendre rendez-vous, il puisse être amené à des filières, et au moment seul où l’élève fait un choix, de son plein gré, on puisse lui donner la possibilité d’un stage. C’est comme que ça marche, mais encore là l’Alliance Nationale préfère l’illusion de la quantité à la qualité, il rate le cadre de la finalité de l‘emploi et du développement de la citoyenneté. Passons à un autre programme, celui du RDF.
Les pancartes "Du Plessis en Arabie" de mars 2010 sont ressorties à l'évocation de la mouvance de droite néo-conservatrice
Déjà remarqué la taille impressionnante sur laquelle ça tient ! Parce que, on nous critique, on nous critique, on nous dit qu’on va tout reprendre de zéro, mais n’empêche que là, laissez-moi vous dire qu’on remplacera par pas grand-chose. Mais bon, regardons ce qui est proposé : « Instaurer un système de notation strict et sélectif ». « Promouvoir à l'école la sélection fondée sur le mérite et l'effort ». « Réaffirmer la possibilité pour les familles de choisir librement l'établissement de leurs enfants ». La méritocratie est acceptable quand elle est possible mais, c’est à oublier une chose : notre réalité. Nous sommes dans ce que Pierre Bourdieu nommait une « reproduction sociale ».
L’échec de l’école est en partie un échec de la « méritocratie ». Quoiqu’on y fasse, les enfants des catégories sociales aisées baignent dans un environnement sociale, économique et culturel bien plus favorable que les enfants des classes populaires. Alors que la méritocratie est censé récompenser celui qui, comme dans une course athlétique arrive le premier en étant parti du même point de départ que tout les autres, l’état de la méritocratie aujourd’hui est celle d’une course où l’on veut récompenser le meilleur alors que beaucoup, du fait des inégalités des chances, partent déjà avec une longueur d’avance. Non, aujourd’hui les enfants d’ouvrier, de paysans, ou des professions intermédiaires n’ont pas les mêmes chances de réussite que les enfants des classes aisées.
Il n’y a que très peu d’enfant des classes populaires à être admis dans les grandes écoles, et à ceci il ne reste que ce qu’on appelle « les voies de garage ». Et ce terme, j’ose le prononcer et l’affirmer, car certes, l’on peut se féliciter de taux de réussite et de participation au BNES et s’en faire son cheval de bataille, mais faire cela c’est oublier qu’ensuite le taux d’échec en étude supérieur pour la première année est proche de 60%, que les diplômes ne valent plus grands choses et que beaucoup de ces élèves, le BNES en poche ne réussissent pas à s’orienter et se trouvent condamnés à un travail aliénant. Sur la méritocratie, comme sur la perspective d’un avenir satisfaisant possible, l’éducation nationale est dans une politique d’échec. Mesdames et messieurs, ce ne serait guère vous mentir que de vous dire qu’il y a beaucoup de travail. L’ambition est belle et l’école le mérite. Mais la solution n’est pas d’augmenter le mérite, mais de rendre une politique méritocratique possible.
Pour cela, il ne faut privatiser l’enseignement comme le préconise l’ADL, au contraire, le caractère public, laïc et gratuit de l’école sont les conditions sine qua non d’une vrai politique éducative. En tout cas, ce que nous voulons au RSE, ce ne sont pas les solutions de facilités, nous voulons rendre l’école juste sans la vendre, non n’abandonnons rien, contrairement à ce que préconise Borgia. Nous n’avons pas peur de nos engagements, et il y a des choses sur lesquelles on ne peut négocier, et si Borgia pense que l’éducation se négocie, se vend pour se débarrasser d’elle comme d’un fardeau, il ne mérite même pas la parole, car le seul qu’il a sa bouche c’est : privatisation, privatisation, privatisation ! C’est inacceptable monsieur Borgia, dehors ! Dehors ! Dehors !
La foule reprend à l'unisson "dehors Borgia !"
Non monsieur Borgia, monsieur Carapin, monsieur Pastor, monsieur le Guen l’éducation est une entreprise, une économie, un marché où les établissements se font concurrences ! C’est le symbole, le glaive de notre politique pour la citoyenneté et l’égalité. Nous ne laisserons pas pourrir entre les mains de ces ennemies de l’école républicaine notre idéal ! Et même si c’est difficile, décourageant, compliqué, jamais, oh non grand jamais, nous devons être des lâches, des peureux, des personnes qui choisissent les solution de facilité ! On ne vote pas pour des personnes afin que ceci prennent des solutions faciles ! On vote pour des personnes qui relèvent le défis car c’est notre tâche ! Notre raison de faire de la politique ! C’est pas nous qui dirigeons l’école, c’est l’école, toujours l’école qui doit commander notre faire-politique. Et nous répondrons aux défis que l’école nous posent sans nous défiler, mais avec une volonté de fer !
Je vais vous dire comment on peut faire : il faut garantir l’égalité ! C’est la seule condition : pour garantir la méritocratie, que faut-il ? L’égalité des chances, permettre à ce que chacun partent avec les mêmes chances de réussites, et pour cela, il ne faut pas séparer les écoles selon les classes sociales, il faut la mise en place d'une carte scolaire spécialement dessinée pour favoriser la mixité sociale. Après, il est sur que ce n’est pas suffisant : les catégories sociales se concentrent selon des zones, c’est pas nouveaux, les riches dans une banlieue, les classes populaires dans une autre. C’est pour cela que j’ai envie de prendre cet exemple qui s’est quelque peu développé aux Etats-Unis : nous voulons la mise en place de coordination inter-scolaire à ambition pédagogique et culturel. Cela peut consister en échanges : les élèves des classes aisées vont passer une partie de la semaine dans une école de banlieue pauvre et inversement. On peut même, à partir de là, créer des sortes de binômes permanent : les élèves travailleraient ensemble, s’émuleraient, créeraient une amitié profonde et durable Le but étant de permettre l'émulation entre les élèves et le développement le plus équitable possible d'un capital culturel.
La foule applaudit vivement Thomas aux cris d'"égalité pour tous"
Dans le même esprit de rendre les conditions d’égalités des chances possibles, le RSE entend réformer la politique d’allocation familiale en y rentrant une nouvelle allocation : une allocation de rentrée scolaire sous condition de ressources qui ne varierait pas selon le cursus scolaire de l’enfant et qui serait des plus proportionnel possible. Et c’est en continuité avec ce qu’on a fait au sein du ministère que nous allons interdire l’enseignement privée, et continuer les débats nationaux autour de l'éducation et de la méritocratie.
C’est ainsi que le RSE tient continuer les réformes : égalité, égalité, égalité ! Je vais maintenant me retirer camarades, je vais laisser la parole à mes camarades. Frôceuse Frôceux, vous savez ce qu’il vous reste à faire. Merci et vive la république, vive le socialisme, vive la Frôce !
Alors que Thomas disparut dans l'ombre sous un tonnerre de cris de soutiens et d'applaudissements nourris, un clip s'enclencha.
Quand il fut terminé, la foule fit part de son contentement et de son impatience par des applaudissements nourris. Dans les coulisses, Noah sut que c'était désormais à lui d'assurer la suite. Il embrassa tendrement Julian et monta sur la scène sous les acclamations d'un public debout, visiblement en forme et échauffé par Thomas. Il avait volontairement choisi une tenue en rupture avec les codes. Pas de costard, ni de cravate. Il avait même un costume totalement décalé ! Il portait un t-shirt en col V et un short blanc avec une paire de baskets ! Dans la main gauche, il tenait un drapeau RSE et dans la droite un club de golf, électronique. Il salua la foule en agitant le drapeau et avec un sourire ravi. Quand il fut devant le micro, il prit la parole :
Bonsoir Aspen ! Bonsoir la Capitale !
Des vivas se firent entendre, Noah planta fièrement et avec détermination le drapeau dans le socle juste à côté de lui, ce qui ne fit qu'enflammer la foule. Il posa le club sur son épaule et toujours avec son sourire, il enchaîna :
Ce soir, je vais probablement faire jaser les journalistes, les chaînes de télévision et quelques politiciens. J'ai hâte de voir les critiques. Gayet, habillé comme un sac... le RSE se choisit un touriste pour parler à ses militants et aux électeurs... Je leur dirais qu'ils ont sans doute raison, après tout, niveau vêtements, qui peut s'y connaitre mieux qu'un col blanc cravaté qui se moque du sport comme de sa première chemise en soie ?
Il y eut des rires et des sifflets pour soutenir cette petite boutade bien envoyée.
Non, en fait je dois être sincère avec vous. Je ne me balade jamais en short en plein hiver, surtout ce soir, il fait particulièrement froid même si cette salle est chaude... pas vrai ?
Le public répondit aussitôt par des cris et des sifflets, obligeant Noah à attendre quelques instants pour reprendre.
Je viens seulement réaliser un défi que m'a lancé Stefano. Il m'a dit, l'autre soir, "Noah, t'es pas chiche de venir au meeting d'Aspen et d'exploser littéralement la droite pour ces élections..."
Des cris d'encouragement et quelques huées feintes résonnèrent. Noah se mit à rire et concéda :
Il est joueur, ce Stefano, mais moi aussi. Je le suis même encore plus que lui. Alors j'ai répondu : "Chiche ! Mais je décide de la méthode à employer !". J'aime bien choisir la façon dont je démolis quelque chose. L'accord a été conclu et donc me voici... en short. Non, ma méthode n'est pas de paraître ridicule pour vous démontrer que voter RSE sera le seul choix utile et cohérent. Mais quand je fais de l'exercice j'aime bien porter la tenue adéquate. Et c'est un sacré sport de laminer les idées réactionnaires et libérales ! Ce devrait même être un sport national !
La foule, décidément très réactive applaudit de plus belle alors que sifflets et cris d'approbation se faisaient entendre. Noah se mit à rire à nouveau et sautilla légèrement sur place pour s'échauffer. Cela déclencha quelques rires.
Ce sport se pratique en équipe. Et ça tombe bien, je dois avoir quoi... 3000 personnes avec moi ce soir dans cette salle ?
Un clameur contestataire s'éleva...
Hum... 5000 ?
Des "ouh" fusèrent. Gayet, amusé, et volontairement joueur avec son public précisa :
Quoi... 5500 ? Je ne sais pas vraiment ! Difficile de vous compter. Peut-être que si je vous entendais crier...
Des cris s'élevèrent alors accompagnés de sifflets, d'applaudissements. Noah les laissa résonner un long moment sans discontinuer et précisa enfin, sur un faux air d'excuse :
Ah ! Ok pardon ! Disons 17000 !
Des cris montrèrent l'approbation du public.
Ah oui ! Là c'est mieux ! Alors commençons la partie ! Je vous explique le principe. Je vais mettre cette paire de lunettes. Ce ne sont pas des lunettes de soleil, je sais qu'Aspen éblouit le monde entier par sa beauté et son charme mais tout de même ! Non, grâce à ses lunettes, je vais pouvoir orienter mes tirs vers mes cibles. Cet écran derrière vous vous permettra de suivre le tout en direct, comme si vous y étiez. Enfin ce club est équipé de capteurs high-tech qui détectent tous mes mouvements et donnent la trajectoire de la balle virtuelle sur ce magnifique terrain de golf.
Un technicien s'approcha sous les applaudissements et vint déposer un capteur au sol. Noah le remercia et se plaça près du capteur après avoir mis les fameuses lunettes. Là, il ressemblait vraiment à un touriste. Il reprit :
On pourrait croire que l'extrémisme s'arrête là où commence la bêtise mais l'Alliance Nationale vient nous montrer le contraire ! Elle persiste et signe ! L'une de leurs mesures effarantes est de donner un statut juridique à l'embryon humain. En d'autres termes, une femme qui a été violée et qui malencontreusement, sans que ça soit de sa propre volonté, je le rappelle au cas où ils ne sachent pas ce qu'est un viol, est tombée enceinte, devra garder son enfant. L'avortement lui sera interdit, sous prétexte que son embryon est une personne comme vous et moi. En gros, si elle avorte, elle sera considérée comme une meurtrière et donc passible de la perpétuité. Waouh ! Quelle classe ces nationalistes ! Quel beau cadeau pour la gente féminine. Ils vont permettre à des femmes déjà anéanties de se voir détruire leur vie par un enfant non désiré. Et que dire des ados qui vont tomber enceintes à 15 ou 16 ans ? Vont-elles recevoir une aide d'état pour élever leur gamin sans travail ni formation ? Que dire des malchanceuses pour qui le préservatif se sera déchiré au moment fatidique ou qui ont oublié leur pilule ? Les fabricants vont-ils leur payer des dommages et intérêts ? Que dire des femmes qui doivent avorter pour des raisons médicales ? Les pompes funèbres feront d'une pierre deux coups ? Chouette leur programme de santé publique ! Il a été écrit par Mathusalem ? Un accident, un oubli, un problème de santé et votre vie est foutue. Non mais franchement... quelle espèce de réactionnaire a écrit ce torchon ? Est-il sorti un jour de sa caverne d'homme préhistorique pour se rendre compte des problèmes de la société et des enjeux sanitaires d'aujourd'hui ? Il n'en donne pas l'impression ! Messieurs, Dames, attention... après la statut juridique du foetus viendra le statut juridique pour vos spermatozoïdes et vos ovules. Tout gamète perdu et n'ayant pas servi à la conception sera susceptible de vous envoyer à l'ombre pour le restant de vos jours. Alors mesdames, à chaque cycle menstruel, vous allez prendre cher ! Et messieurs, fini les séances privées avec Pôpol sur vos canapés... J'en connais qui vont rapidement devenir frustrés. Remarquez, il ne vous restera plus qu'à adhérer à l'Alliance Nationale, pas vrai ?
Il y eut un éclat de rire général alors que les acclamations fusèrent. Noah reprit la parole, en haussant le ton.
Jusqu'à quel niveau de l'absurde allons-nous descendre ? Jusqu'à quel niveau d'insultes ? Allons-nous avoir droit au même spectacle désolant qu'aux Etats-Unis ? Souvenez-vous des propos qui avaient été tenus à l'encontre des femmes violées ! "Inconsciemment consentantes" ! Je n'accepterais jamais que dans un pays comme le nôtre, nous tombions aussi bas ! Je n'accepterais pas que les femmes soient considérées de corps comme d'esprit comme uniques propriétés d'un homme, de législateurs en mal de servitude, de nostalgiques de la mysoginie. Je ne tolère pas qu'un parti qui se prétend démocratique et républicain ose s'attaque à la liberté fondamentale de disposer de son corps ! Ce n''est pas un cri d'impuissance que je lance ce soir, c'est un cri de colère, une colère sourde, profonde. Une colère que j'ai besoin d'extérioriser parce qu'elle me révolte ! Et je ne sais que je ne suis pas le seul dans ce cas. Aussi, la première chose que je souhaite démolir, c'est l'atteinte pure et simple aux droits des femmes, à leur DIGNITE, à leurs LIBERTES !
D'un geste assuré, il balança le club dans un arc de cercle énergique. Sur l'écran, une petite balle de golf vola en l'air et vint se loger sur cette image.

Et d'une injustice ! UNE !
Il reposa le club sur son épaule et quand les applaudissements retombèrent au bout de quelques minutes, il reprit :
A droite, ils veulent favoriser les moyens contraceptifs pour faire diminuer les cas d'avortement ! Non ! Sans blague ! Nous n'y avions pas pensé ! Durant toutes ces années, nous avons attendu qu'ils débarquent pour lancer des campagnes sur la contraception ! Hé, au fait les gars, les capotes sont gratuites depuis mai 2011. Je le sais, J'AI écrit la loi. Pourquoi vouloir rembourser le préservatif alors qu'il est GRATUIT ??? Je m'interroge ! Et d'ailleurs pourquoi le préservatif ? Parce qu'il reste le seul contraceptif efficace contre les MST. C'est suffisant pour en faire un objet d'utilité publique. Chers membres de la droite frôceuse, vous avez encore un train de retard ! C'est quand même malheureux de vouloir faire perdurer la locomotive à vapeur alors qu'il y a désormais les TGV ! Et ça l'est d'autant plus de prétendre à la représentation nationale lorsque l'on ne connait pas la législation du pays ou son histoire récente. Enfin bon, avec eux l'amusant c'est qu'on en revient encore au train train habituel... Leur vision du monde s'est gelée au Moyen-Âge. La révolution industrielle ? Pfff !!! Une utopie ! Allons ça n'a jamais existé ! Ce que j'ai là derrière moi, c'est une diablerie, les écrans plats, ça n'existe pas ! Et on retrouve dans leur programme, éternellement, l'abrogation de la Loi Marie-Madeleine. Ils sont beaucoup à le dire, beaucoup à hurler comme des vierges effarouchées quand ils repensent au fait que la prostitution est légalisée en Frôce. Ils en oublient volontairement les chiffres et l'encadrement tout autour. Ils ne se demandent pas si la mesure est efficace, si elle a permis de protéger des vies et de sortir des gens de la misère dans laquelle ils étaient. Ils abrogent, purement et simplement, à la façon des ignorants les plus stupides de l'Histoire. Et nous citoyens de Frôce, qui vivons dans la modernité, nous devrions faire confiance à ces gens-là ? Légaliser la prostitution a permis de l'encadrer, de faire la lumière sur un réseau de l'ombre où les femmes étaient battues, exploitées, asservies au rang d'objets sexuels. Qu'est-ce qui a changé ? Aujourd'hui, la prostitution est devenue un choix personnel et non plus une finalité. Nous n'avons pas légalisé les bordels en leur donnant carte blanche pour faire n'importe quoi ! Nous avons prévu des dispositifs de réinsertion. Oui, la prostitution est quelque chose qui doit être combattue quand elle est imposée soit par quelqu'un, soit par une situation. Ces dispositifs demeurent plus efficaces que les enquêtes à l'aveugle sur des réseaux illicites. Nous avons fait parler, nous avons mis en place un projet colossal, une avancée énorme dans la lutte contre les violences faites envers les femmes. La droite veut un retour en arrière ! Je leur dis non. Je ne peux cautionner que nous en revenions à ces réseaux de proxénètes qui utilisaient les femmes comme des planches à fric contre leur volonté ! "Tapine et tais-toi", voilà ce qu'ils disent ! C'est honteux ! Ces personnes valent bien plus que des profits ! Et je souhaite exploser la loi du silence que veut nous imposer la droite !
De la même façon, il balança le club à nouveau et la balle fracassa sous les applaudissements une nouvelle image :

A nouveau, Noah laissa les acclamations nourries retomber doucement avant de poursuivre :
Mais les femmes ne sont pas les seules ennemies de la droite. Sur la liste, il y a aussi les homosexuels. Ah !!! J'imagine ce qu'il se passe dans leurs pauvres petites têtes... "Ces pédés et ces gouines ! Cette triste engeance qui perdra l'humanité ! Mais que va-t-on pouvoir en faire ? Comment les soigner de leur terrible maladie !"... Sérieusement ! Est-ce que j'ai l'air malade ? Est-ce que j'ai l'air de ne pas pouvoir assumer un gosse parce que je suis gay ? Regardez-moi bien ! J'ai l'air pervers ? J'ai l'air de vouloir imposer à un enfant d'être gay parce que c'est mon choix personnel ? Est-ce que le fait que j'aime un autre homme fait de moi une bête de foire, un sous-homme ? On croyait cette vision de la société révolue et pourtant... certains sont toujours là pour agiter les relents de haine et d'intolérance. Ils se disent amoureux de leur pays, mais quand on aime son pays, on en accepte la diversité ! On accepte les origines, le sexe de la personne, son orientation sexuelle, sa couleur, ses croyances religieuses. Quand on aime son pays, on y reste, on ne part pas dans un paradis fiscal pour se faire plus de fric ! Quand on aime son pays, on accepte la vie en communauté, on fait preuve de tolérance. Je n'ai pas besoin de tenir une arme ou un drapeau pour montrer que j'aime la Frôce. Je n'ai pas besoin d'aller me faire massacrer sur un champ de bataille au nom du sacro-saint impérialisme pour montrer mon patriotisme ! Quand on aime la Frôce, on se bat pour préserver sa diversité et non pour formater les gens et ghettoïser les minorités. Les homos seraient-ils des criminels en puissance parce qu'ils ont le DROIT de se marier et d'adopter eux aussi ? Les lesbiennes seraient-elles des plaies parce qu'elles veulent bénéficier de la procréation médicalement assistée ? Je suis un être humain comme un autre, je revendique les mêmes droits que les autres. Et je m'insurge contre l'institutionnalisation de cette discrimination d'état, contre ces projets nauséabonds visant à régresser sur la question du mariage gay, sur les avancées sociétales. J'entends bien briser ça !
Une nouvelle balle se fracassa contre l'image pour l'exploser à nouveau sous les cris d'un public en liesse :
Cette haine de l'autre est la même que celle que l'on retrouve contre les étrangers. Ils cautionnent le laisser-mourir, la fin de tout soin sur notre territoire. Pourquoi ? Parce que les soins ont un coût ? Parce que ce n'est pas à nous de payer pour les autres. La solidarité ne connait pas de nationalité, elle ne connait pas de couleur de peau ! Qui peut tolérer de laisser crever une personne à ses pieds parce qu'elle n'est pas frôceuse ? Qui peut accepter de gâcher une vie humaine pour une question d'argent ? Des égoïstes, des nombrilistes. Il ne s'agit pas de dire à tout le monde, venez en Frôce vous faire soigner, c'est gratuit. Il s'agit de préserver l'accès aux soins pour les étrangers dont la vie est en danger. Cette peur de l'étranger, ça s'appelle la xénophobie, et ça me remémore de sombres moments. Distinguer l'être humain en plusieurs catégories, ça porte un nom, ça s'appelle le racisme. Et avec la droite que notre pays se paie, il a encore de beaux jours devant lui ! Rendez-vous compte, l'UPF propose même d'interdire aux médecins étrangers d'exercer en Frôce. Autrement dit, mon futur mari, le Docteur Ramirez, d'origine cubaine, celui qui a sauvé deux anciens présidents de la République d'un empoisonnement par des nostalgiques de l'ère Lacroix, ne serait pas digne d'exercer en Frôce ? Parce qu'il est cubain et non né ici ! Quel crétinisme, comment peut-on en arriver à ce stade aussi lamentable de réflexion ? Le repli sur soi, n'aide pas à vaincre sa peur de l'autre, il l'alimente, il conduit à la méfiance, à l'incompréhension, à la haine. Alors qu'il est tellement plus facile de communiquer et de parler directement avec l'autre pour le comprendre et apprendre de lui ! Sommes-nous des gens civilisés ou des sauvages ? L'atteinte à l'égalité des chances n'a pas sa place dans notre République et c'est une chose que je vais démolir avec un grand plaisir !
La balle brisa une nouvelle image sous les applaudissements et le public ajouta : "ET DE QUATRE !". Noah eut encore un sourire.

Le public s'auto-congratula quelques instants.
Que dire de la volonté affichée de la droite de vouloir tout privatiser ? Les retraites, l'assurance santé... les hôpitaux. Elle va avantager toujours les mêmes : ceux qui ont de l'argent. Plus votre compte bancaire sera rempli, plus vous aurez de chances de vous faire soigner. Ce sytème élitiste et purement inégalitaire est inspiré des Etats-Unis des années néoconservatrices. Mais depuis, là-bas, ils font marche arrière. Quand on voit le président Obama lutter pour permettre à ceux qui n'ont rien d'avoir accès aux soins, on se dit qu'il était temps, qu'il fallait enfin agir ! Quand on voit son engagement pour permettre aux gens qui ont travaillé toute leur vie mais n'ont pas assez gagné pour capitaliser leurs revenus de toucher une pension décente, on se dit que c'est hallucinant. La Frôce, comme la plupart de ses voisins européens a de la chance d'avoir toujours su porter la solidarité et de l'entretenir. Pour que notre société avance, il est de notre devoir de nous serrer les coudes, de créer l'unité. La santé n'est pas l'affaire de gros bonnets de la finance, mais bien celle de tous. La couverture maladie est sans aucun doute, l'un des projets qui a le mieux fonctionné. Son existence a permis de rallonger l'espérance de vie. Elle permet aux malades d'Alzheimer, de Parkinson, du SIDA ou du cancer de se soigner, d'être accompagnés gratuitement. Si le système était privé, aucune assurance n'accepterait de couvrir ces gens parce que c'est trop cher ! Faire confiance aux assurances, les mêmes qui augmentent leurs tarifs de manière éhontée et qui lors d'un sinistre essaient toujours de trouver le détail pour ne rien indemniser ? Non merci sans façon, je laisse cette confiance aveugle à la droite ! Nous sommes des citoyens comme les autres, nous méritons d'avoir accès aux mêmes soins, aux mêmes médicaments pour aller mieux. La maladie n'est pas un sujet de casino, on ne joue pas à la roulette russe ou au bluff avec elle. Elle n'a ni pitié, ni limite. Et si elle n'est pas combattu efficacement, elle met la personne en danger mais aussi dans de nombreux cas tout son entourage et donc la société. Si les vaccins n'étaient pas gratuits, serions-nous aussi nombreux aujourd'hui ? Quand on se permet de faire un programme de santé publique, il faut de la cohérence, de la logique et surtout des connaissances. La droite n'a aucun de ses éléments là, elle agit bêtement, sans se soucier des conséquences économiques et sociales sur le long terme de ses mesures. Et puis le jour où une crise leur tombe sur le coin de la tronche, ils dénoncent l'état, qu'ils ont pratiquement dédouané de tout auparavant... J'ai été le Ministre à l'initiative de l'IPS, notre institut de solidarité publique. J'ai été fier de porter ce projet. Et il va de soi que comme toutes les avancées sociales que nous avons obtenues à la sueur de notre front, parfois même par le sang, je m'opposerais toujours à son démantèlement. En tout temps et en tout lieu, je vous fais le serment ce soir que je veillerais en tant que Président du RSE à ce que jamais vous n'ayez à pâtir de telles injustices. Je lutterais corps et âme contre l'injustice sociale !
Il y eut des applaudissements quand les logos des partis adverses apparurent sur l'écran et furent brisés...

Mais je ne suis pas venu ici devant vous ce soir avec pour unique mission de pilonner nos adversaires, même si je le fais toujours avec grand plaisir ! Je suis venu aussi pour vous parler du RSE, pour vous parler de son projet, basé sur la solidarité, l'égalité et l'innovation. Si nous avons placé notre campagne à gauche ce n'est pas un hasard. C'est par la gauche que la Frôce trouvera son Salut. En contrôlant l'économie et en régulant le marché, nous apporterons la stabilité et l'investissement nécessaire à la croissance. Mais c'est par notre politique sanitaire que nous exprimerons le mieux notre volonté d'avancer dans l'unité, dans l'Histoire. Nous militerons pour que les droits fondamentaux soient préservés, comme l'euthanasie. Arrivé à un certain stade d'une maladie, si l'individu souhaite mettre un terme à ses souffrances, il s'agit de son choix personnel et chacun doit le respecter, sa famille, son médecin, l'Etat. Il ne s'agit pas d'un meurtre mais d'un service que l'on accepte de lui rendre. Quel bon vivant peut parler de l'ignominie de cette démarche sans avoir eu à se voir dépérir ? La dignité humaine revêt une importance capitale. Quand un animal de compagnie arrive en fin de vie, on peut abréger ses souffrances. Lui n'a pas le choix alors qu'une homme ou une femme peut choisir. Je ne jugerais pas ces personnes, parce que je ne sais pas ce qu'elles vivent au quotidien, le désespoir d'être fauchées par la mort, l'attente douloureuse, le choc de voir leur entourage souffrir à mesure que l'avenir s'assombrit. Afin d'encadrer davantage ce droit de mourir, nous instaurons des comités d'éthique dans les hôpitaux afin d'éviter l'acharnement thérapeutique et de redonner espoir quand il y a lieu d'en avoir aux personnes en mal être. Ils veilleront à ce que les actes médicaux d'ordre général ne soit pas abusifs.
Et parce que les soins sont d'une importance majeure, nous mettrons en place un remboursement à 100% effectué par l'IPS. La santé ne doit pas être une question d'argent mais de responsabilités. Nous créerons un pole public du médicament, comprenez par là que nous mènerons une guerre sans merci contre les laboratoires pharmaceutiques privés qui vendent les médicament à des tarifs scandaleux ! En centralisant cela par l'Etat, nous aurons une grande liberté d'action sur les prix pratiqués et donc sur le coût de revient pour l'IPS. L'efficacité et la qualité ne riment pas forcément avec un système ultra-dépensier. Nous favoriserons la répartition des medecins dans les zones abandonnées par les professionnels de la santé et nous interdirons purement et simplement les dépassement d'honoraires. Pratiquer la médecin, c'est un art, c'est un métier d'utilité publique, déjà rémunéré. Il est inutile et dangereux de laisser penser le contraire. Refuser de soigner un patient correctement parce qu'il ne peut pas aligner 100 pluzins supplémentaires c'est une honte et c'est indigne des fondements même de la médecine ! Qu'il soit ce soir que nous sanctionnerons avec la plus grand sévérité les voyous, qu'ils soient médecins, patrons, financiers ou issus des réseaux illégaux. On ne joue pas avec la santé de tout un pays !
Le public se mit à applaudir.
A une époque, certains disaient que le sport était ringard que son bienfait sur la santé était limité. Nous avions toujours expliqué le contraire et l'Histoire nous a encore donné raison puisque désormais le sport est indissociable de la santé publique. En la matière nous n'y allons par quatre chemins, nous proposons l'accès au sport gratuit pour les jeunes et les seniors. Les premiers sont davantage touchés par l'obésité et les seconds par la sédentarité. Avec un mode de vie sain, nous améliorerons notre cadre de vie. Et à côté de ça, nous travaillerons avec les syndicats et le patronat pour le développement des sports d'entreprises. Certaines s'y sont déjà mises et organisent des minis compétitions internes. Une idée qu'il faut généraliser car en plus de créer un bien-être aux employés elle permet aussi un développement social hors du commun. C'est important et nous insisterons là-dessus. Je vais d'ailleurs m'attarder sur le sport par les jeux vidéos. Beaucoup de consoles proposent de vous faire bouger devant votre écran, de façon pédagogique et ludique. C'est un filon parfait pour nos enfants. Un moyen de leur faire aimer les activités sportives et de leur faire comprendre que cela leur permet de rester en forme. Il s'agit du même type de logiciels que j'ai utilisé ce soir, et d'ailleurs, on peut même y jouer à plusieurs...
Des cris résonnèrent dans la salle quand Hugo Salinovitch arriva sur la scène, sa canne à la main, boitant légèrement. Noah tourna la tête et le vit alors, surpris :
Ben Hugo, tu devais arriver après...
Je sais. Mais je t'ai vu jouer. Pas mal... même si je peux mieux faire !
Toi ? Mieux faire ? Ca, j'en doute !
Il y eut quelques huées dans la salle, car Noah regardait sa canne avec un faux air moqueur. Hugo ne se départit pas de son calme et ajouta :
On prend les paris ? Si tu gagnes, je danses la macarena. Si je gagne, tu nous fait un petit show de chippendale...
Il y eut de nombreux rires dans le public
Ah ouais ! T'es comme ça toi ! Vieux pervers va ! Ok, pari tenu ! Tu vas mordre la poussière
La régie redémarra le jeu et ils s'affrontèrent en deux sets sous les rires du public. Finalement, Hugo l'emporta et il regarda fièrement Noah.
Bon, ben voilà, mon petit Noah, tu as ta râclée... tu sais ce qu'il te reste à faire !
Le public commença alors à applaudir sans laisser d'échappatoire à Gayet. Ce dernier, non sans un air boudeur enleva son haut. A peine fut-il torse nu qu'il y eut un éclat de rire général et des sifflets admiratifs. Sur l'écran géant, le public pouvait voir qu'il avait fait "imprimer" la seconde affiche du RSE avec les visages de ses colistiers sur son torse et son dos. Il se justifia, avec un sourire :
Je comptais faire campagne aussi dans les night-clubs après ce meeting...
Hugo avait un air malicieux et il répondit :
Tu vas leur en mettre plein la vue. Mais ton show n'est pas terminé... faut enlever le short maintenant !
Dans la salle, la foule redoubla d'applaudissements et de sifflets. Noah hésita puis enleva son short pour dévoiler un caleçon rouge et vert, avec dessus le logo RSE. Sur la ceinture, il y avait écrit en boucle "Votez". Alors que l'hilarité fut à nouveau générale, Gayet haussa les épaules et expliqua :
Ben ça, c'était pour l'après night-club...