[Périphérie ouest] Fort Agrume

[Mike Harper]

Le Fort Agrume est une base militaire de l'Armée de terre à Karnag. C'est la plus grande base uniquement dédiée à l'Armée de terre sur l'Ile de l'Agrume. Elle comprend aussi des garde-côtes qui veillent à la sécurité du littoral de Karnag et ses environs.

[Mike Harper]

Mike Harper, maire de Karnag, et Laurent de Montredon, ministre de l'Intérieur et de la Défense il y a encore quelques heures, arrivèrent dans un immense hangar qui avait été spécialement aménagé. Une foule de militaires était présente. Les deux hommes devaient tenir un discours depuis une estrade où il y avait un pupitre. Ils montèrent sur la scène, Mike se précipita sur le micro après avoir adresser un signe de la main histoire de saluer toutes ces personnes, de toute façon, il irait prendre un bain de foule comme à son habitude une fois les deux discours terminés. Il sortit ses feuilles et les plaça sur le pupitre. Puis, il démarra son allocution.

"Mes chers amis du Fort Agrume,

L'enfant de Karnag que je suis connait le lien si particulier qu'entretient l'Armée, le Fort Agrume, et notre jolie ville. Au-delà de l'aspect purement économique qui bénéficie de la présence de ces nombreuses familles dans notre commune, nous entretenons une relation historique. La première fois que j'ai véritablement été en contact avec les militaires ce fut en 1959. La dictature venait d'être mise en place et dans peu de temps j'allais partir pour les Etats-Unis. Un jour d'automne, le pouvoir avait de lancer une vague d'arrestations et de réquisitions via la Veilleuse, la police politique, et l'Armée. Oui, vous, militaires, deviez expropriés par la force nos concitoyens qui étaient soit trop virulents politiquement, soit trop riches, soit trop intelligents ou soit là au mauvais moment. La logique aurait été que vous assumiez sans vergogne votre tâche. On ne vous l'aurait pas reproché car vous êtes subordonné au pouvoir exécutif. Alors que j'étais tranquillement en train de diner, on frappa à la porte et deux officiers de la Veilleuse entrèrent chez moi. Mon père n'avait pas été docile avec le nouveau régime puisqu'il avait demandé au maire de Karnag de ne pas céder aux menaces que faisait planer le gouvernement d'Aspen sur l'économie de notre ville. La Veilleuse devait arrêter mon père et des militaires étaient là pour aider la police politique. Seulement, un officier se révolta en bidouillant une histoire pour prouver que l'arrestation n'était pas justifié. Puis il dit que ses hommes s'opposeraient à arrêter un membre de ma famille. Faute de réelle accusation, la Veilleuse laissa mon père et partit. J'imagine que beaucoup de maisons ont pu connaitre une telle histoire, malgré la pression du pouvoir, certains militaires ont désobéi et se sont dressés contre des ordres venant d'en haut. L'Armée n'est pas là pour défendre le gouvernement et ses intérêts, l'Armée est là pour défendre le peuple (francs applaudissements) !

J'ai donc découvert l'Armée de manière différente que nos jeunes qui eux la voit dans les jeux vidéos. D'ailleurs, mon fils me bat assez facilement à Call Of Duty (rires). Toute une génération d'habitants de la ville vous sont donc redevables et je profite de mon passage ici pour vous remercier au nom de la ville d'avoir défendu la population. Mais nous avons une nouvelle génération qui n'a connu que la fin de la dictature, ou alors ne s'en souvient plus à cause de leur jeune âge. C'est pourquoi, je souhaite créer une journée de l'Armée à Karnag, toutes les écoles vous rendront visite ici, au Fort Agrume, pour voir ce que sont les militaires, comment ils vivent et pourquoi ils sont importants dans notre ville et dans notre pays. Vous êtes les défenseurs de la Nation et je vous oublierai pas, même si les opérations militaires sont aujourd'hui au point mort. Dans mon parcours politique je souhaite réhabiliter l'Armée, je crois en vous mesdames et messieurs militaires et votre engagement et un signe fort de votre attachement aux valeurs de la République.

Quand j'ai été élu au poste de maire, la première chose sur laquelle je me suis penché ce fut sur le Fort Agrume. Pourquoi ? Parce que vous êtes avec le tourisme le poumon économique de notre ville. Vous êtes avec la plage le symbole de notre ville. Vous êtes avec nos vieilles bâtisses l'Histoire de notre ville. Vous comptez pour nous (applaudissements) ! J'ai été effaré de voir que depuis la fin de la dictature, aucun membre du gouvernement n'est daigné venir ici. Heureusement que désormais vous avez un VRP en tant que maire (rires). J'ai donc pris mon téléphone et ai appelé le ministère de la Défense. Cependant, l'exécutif s'est refondé ces dernières heures donc le ministre présent aujourd'hui n'est plus ministre de la Défense, j'espère qu'il saura passer le message au nouveau titulaire du poste. En ce jour, je crois que le Fort Agrume de part cette présence est enfin reconnu par Aspen et que régulièrement cette base reviendra sur le devant de la scène nationale. En tout cas, je m'y attèlerai dans mes modestes fonctions de maire de Karnag.

Bon, je ne vais pas continuer à vous embêter plus de temps que cela. J'ai déjà beaucoup monopolisé la parole, je suis désolé mais je suis un politicien qui aime bien faire des discours. J'aurais parfaitement ma place dans le gouvernement actuel alors (rires). En parlant du gouvernement actuel, je vous présente l'ancien ministre de l'Intérieur et de la Défense, actuellement ministre de l'Intérieur et des Services Publics: Monsieur Laurent de Montredon !"

Le maire serra chaleureusement la main de Montredon pour les photographes et lui laissa prendre place à la tribune pour s'adresser aux militaires.

[Laurent de Montredon]

Laurent de Montredon prit place au pupitre, face aux soldats alignés devant lui. Impressionné, il se racla la gorge pour dissimuler une voie qui pourrait être tremblante ce qui ne serait pas pardonné :

Soldats de Frôce, c'est d'abord un privilège que d'être parmi vous aujourd'hui.
Je remercie le maire de Karnag de m'avoir convié et de me permettre de vous rencontrer. Je profite d'ailleurs pour spécifier que techniquement je suis toujours ministre de la défense, mon remplaçant et moi même n'ayant pas encore accompli la passation de pouvoir. Mais ceci n'est qu'un détail.

Monsieur Harper a très bien résumé le sentiment de fierté qui anime les Frôceux envers leur armée, sentiment que je partage et que j'ai essayé de maintenir depuis ma nomination à la défense. Je vous assure que je transmettrai ce message à mon remplaçant.

Je ne peux personnellement pas vous raconter une histoire liée à ma vie et à l'armée frôceuse. Je dois bien avouer, et je ne m'épanche que très rarement sur le cas, que je suis un fils de la patrie comme on dit, autrement dit on m'a trouvé un beau matin devant la porte d'un inconnu, mes parents m'ayant abandonné. Cela ne m'a pas pour autant empêché de grandir avec une haute idée de l'humanité, de la Frôce, de la patrie. Cela ne m'a pas empêché de grandir en étant peu à peu convaincu que l'armée c'était toujours l'avenir, même aujourd'hui ! Certes l'idée d'un conflit à grande échelle s'éloigne au fur et à mesure que notre pays s'ancre dans la démocratie et que nos voisins font de même ! Mais je suis convaincu que l'armée peut encore jouer un rôle, qu'elle a toute son importance notamment dans les moments de grande détresse des populations mais pas seulement, dans l'accompagnement des jeunes notamment dans leur entrée dans la vie active et puis l'armée offre un débouché pour ceux et celles qui se trouveraient des qualités de meneur, d'administrateur, d'organisateur et de courage !

Vous le savez, il y a peu nous en débattions dans tout le pays, j'ai proposé l'instauration d'un service civique, pas encore voté par l'assemblée mais qui devrait bientôt l'être, je l'espère en tous cas. Ce service civique vise, en partie, à permettre à l'armée de se rendre indispensable de par son offre de formation et les débouchés qu'elle propose. Je ne veux pas faire des soldats des agents de la force publique luttant contre le chomage des jeunes NON ! je veux faire de vous des modèles, des exemples, des formateurs, des enseignants de la rigueur, des apôtres de l'excellence, des messagers de la réussite par le courage !

Car c'est bien tout cela que vous représentez aux yeux de notre nation.
Cette base de Karnag offre toutes les qualités pour accueillir des soldats aussi nombreux et indispensables que vous. Il n'est pas question de remettre en cause cela.
Vous n'avez pas de souci à vous faire pour cela. Cependant, je préfère être honnête, il y aura des transformations, des réaffectations pour mieux organiser les choses.

Monsieur Harper disait que l'armée ne servait pas un gouvernement mais le peuple. Je suis d'accord, mais l'armée, au delà de servir le peuple, doit obéissance au gouvernement tant que celui ci agit dans un cadre démocratique. En échange de cette fidélité, le gouvernement oeuvre à la perennité de la force militaire frôceuse.
Cet échange, cet accord officieux, il permet aujourd'hui à notre République de prospérer et tant que l'armée oeuvrera aux côtés des gouvernements successifs à la sauvegarde de la démocratie, alors l'avenir est prometteur car c'est par la stabilité intérieur qu'un pays peut voir plus loin et se rêver autrement.

Laurent de Montredon se retire légèrement du pupitre pour signaler que son discours est terminé.