[Restaurant Le Prestige] Une demande très spéciale (PV)

[Louis-Damien Lacroix de Beaufoy]

Louis-Damien tiqua :

- Tu veux donc dire que tu l'as jamais rencontré visuellement parlant ? Et tu lui as donné quoi comme type d'information très exactement ? Jusqu'où as-tu été dans les détails ?

Il restait très calme mais sa voix laisser percer une tout petite pointe d'inquiétude. L'idée qu'un détective privé sache tout de sa vie et se balade comme ça dans la nature ne lui plaisait guère. Hamilton savait des choses et risquait fort de devenir un cas gênant pour Lacroix. Cas dont il allait devoir s'occuper lui-même.

[Hélène Le Menn]

Je l'ai eu simplement par téléphone d'un hôtel miteux de Hofbach à chaque fois... Je voulais juste qu'il te retrouve qu'il te donne la date et l'heure du fameux rendez-vous à la Gare de Casarastra... Je voulais savoir un minimum pourquoi tu voulais tellement me revoir alors que tu te doutais pertinemment que je pouvais pas du tout te blairer à l'époque, bien que je t'aimais déjà à l'époque... Je t'ai ignoré, humilié quelques fois, car j'avais fait une promesse post-mortem à mes parents et mon frère, ainsi qu'à ma petite sœur, sauf qu'heureusement, pour ma sœur cette promesse n'était pas post-mortem ! Je leur avais promis que j'allais montrer à ces assassins qu'ils allaient le payer en les traînant devant la justice... Et pis une p'tite droite n'aurait pas été de refus... Malheureusement tu en faisais partie...

Hélène marqua un temps d'arrêt, pris une bonne bouffé d'air. Mais pendant qu'elle pris cette inspiration, une soudaine montée de larmes lui vinrent en même temps et les laissa couler. Mais cela ne la gêna pas pour reprendre malgré le sanglot assez distinct pour Louis...
Tu sais Loulou que j'ai jamais su où étaient mes parents et mon frère depuis leur mort... Pourrais-tu faire ça et les enterrer à Chouchenn ? Histoire que je fasse complètement mon deuil, car il est important de connaître un lieu défini pour me recueillir auprès d'eux ! Ils me manquent plus que je ne l'aurais imaginé... C'est tout ce que je te demande ! Qu'ils aient aussi un "adieu" digne de ce nom, que leurs filles ou sœurs puissent faire leur deuil !

[Louis-Damien Lacroix de Beaufoy]

Un silence, une caresse. Il essuya ses larmes de ses doigts avec délicatesse.

- Après... après la fusillade, les corps ont été emmenés pour euh... pour identification par les dirigeants de la Veilleuse. Ensuite, ils ont été acheminés en fosse commune pour y être enterrés. J'ai payé moi-même pour avoir laissé s'échapper deux membres de la famille, toi et ta soeur. C'est moi qui ait creusé leurs tombes, le jour et la nuit, en "punition". Mais j'ai mis aucun corps dans la fosse commune. Je les ai enterrés dans un caveau familial, qui appartenait à une famille ayant été exterminée par la Veilleuse quelques jours plus tôt. J'ai utilisé leurs tombes vides pour y placer ta famille, ne pouvant me résoudre à les laisser croupir à même la terre. Ils sont au cimetière de Deux-Chateaux, dans le caveau des Forempic.

Il serra sa main et ajouta, navré :

- Je peux demander leur extraction vers Chouchenn. Mais j'ai pris soin de leurs dépouilles... je ne sais comment me racheter de toutes ces horreurs que l'on m'a obligé à commettre. C'est pour ça que je travaille sans relâche pour me racheter. Mais le plus important pour moi, c'est de soigner les brèches de ton coeur, d'éviter qu'elles ne te fassent souffrir, car j'ai mal lorsque tu ressens de la douleur.

[Hélène Le Menn]

Hélène s'était repris quand Loulou lui avait serré la main... Elle avait repris son air habituel, un air sérieux et enthousiaste à la fois.

Tu as fait ça pour mes parents ??? Tu sais quoi, je sais pas comment je pourrais te remercier un jour ! Je trouve que ton geste est plus que noble. Il a permis à une personne de pouvoir vraiment faire son deuil, et ça je pense que c'est important... Oui, j'aimerais bien que l'on fasse le transfert à Chouchenn, il y a un caveau familial donc voilà !

[Louis-Damien Lacroix de Beaufoy]

- Je ferais le nécessaire dans ce cas pour que les corps sont transférés. J'en profiterais pour permettre ce transfert à d'autres familles également, victimes de la dictature. Un décret suffira et l'Etat prendra en charge le transfert des dépouilles.

Il la regarda, intensément :

- Tu sais, j'aurais aimé que ta famille soit toujours là... surtout pour ce que j'ai à te demander, Hélène...

Ils avaient fini leur plat et Lacroix avait quelque peu baissé la voix pour entrer dans la confidence. Ses yeux bleus reflétaient toute l'émotion qu'il avait enfermée en lui, c'était rare qu'il soit si expressif, surtout depuis qu'il était Président de la République.

- J'avais préparé un texte, je l'ai appris pas coeur, mais je l'ai oublié... je suis désolé ! Ces dernières semaines ont été les plus heureuses de ma vie, car quand je doutais de moi, quand je me lassais de mon poste, tu étais là. Pas physiquement, pas tout le temps, mais je savais qu'en rentrant, qu'en revenant dans ce palais qui jusqu'alors m'a toujours paru froid et austère, je te trouverais. C'est un peu à l'image de cet âtre de cheminée que l'on quitte à regret mais que l'on retrouve avec le sourire, simplement parce qu'il éclaire et qu'il est doux. Je suis fou de toi, Hélène, vraiment fou de toi, depuis que je t'ai vue. J'ai des craintes que ta présence apaise, des remords que tes gestes atténuent et des doutes que ta voix fait disparaître. J'ai envie de passer ma vie avec toi, parce que sans toi, la vie n'aurait pour moi plus aucun intérêt.

Il se leva, se mit à genoux à côté d'Hélène devant quelques regards surpris alentour. Ilsortit de sa poche un petit écrin et l'ouvrit, le lui présentant. A l'intérieur, une bague magnifique, en or, avec au milieu, une emeurade sertie de diamant. L'ouvrage avait été fait sur commande, en unique exemplaire, par Louis-Damien. Il demanda alors, ému, mais tentant de se maîtriser, d'oublier ce noeud qui lui enserrait l'estomac et la gorge :

- Hélène, acceptes-tu de me faire l'honneur de t'épouser ?

La bague pour les curieux :

[Hélène Le Menn]

Heureusement qu'ils avaient fini de manger, car sinon Hélène se serait sûrement étouffée... Quelle surprise, jamais un mec n'était allé aussi que Louis... Enfin quelqu'un d'entreprenant, mais bizarrement tout cela l'inquiétait ! Elle était à des années lumière du simple fait de penser au mariage... Et là, quelques semaines après leur première nuit passés ensemble, c'était le cas... Elle ne savait comment réagir face à cette demande et pris quelques secondes, les plus importantes de sa vie, avant de répondre...

Loulou, je sais pas quoi te dire ! Évidemment que ça me fait vraiment plaisir, mais je me sens pas à l'aise dans cet endroit... On nous regarde ! Enfin, je sais pas comment te le dire... Je crois... que j'suis... pas encore prête à ce genre de chose qu'un mariage ! Tu comprends, c'est pas un non définitif, mais juste que c'est trop tôt... Je t'aime plus que tout mais mais je veux être sûr que je fais le meilleur choix de ma vie en étant avec toi... Alors peux-tu m'accorder, un délai d'attente si j'ose dire ça comme ça ?

Hélène regardait Loulou d'une telle façon qu'elle lui prouvait ainsi son amour, son attachement à lui et sa sincérité... Elle espérait juste qu'il comprenne et ne soit pas trop déçu... Mais pour la déception, Hélène avait un excellent remède, bien des hommes vous le diront ! (petit hommage à Brassens au passage ! ^^')

[Louis-Damien Lacroix de Beaufoy]

Il était suspendu à ses lèvres et après la chaleur du stress et de l'attente, il venait de prendre comme une douche froide. Certes Hélène mettait des gants, pour ne pas dire les choses de façon trop blessante. Mais l'effet était le même. Séisme dans le monde merveilleux et niais qu'il s'était construit. Louis-Damien devint livide. Il mit plusieurs secondes avant de réagir. Lentement, il referma l'écrin et s'assit sur sa chaise, le regard perdu et hagard. Quelle claque ! Il se passa une éternité pour qu'il rompe le silence. Quand il reprit la parole, on sentait bien qu'il ne savait pas comment réagir, et qu'il ne s'y attendait pas :

- Un délai... oui... un délai... d'accord...

Un goût d'amertume dans la bouche venait de se faire sentir. Elle ne l'aimait pas comme lui l'aimait... il se serait damné pour elle, il voulait vivre pour toujours à ses côtés. Mais elle avait d'autres projets dans l'immédiat, elle ne ressentait pas la même chose. La pillule était dure à avaler. Il ne put s'empêcher de demander, dans un souffle :

- Dans combien de temps ? Ne m'aimes-tu pas ?

[Hélène Le Menn]

Si, je t'aime plus que tout, mais j'aime pas chambouler mes projets... J'ai 28 ans à peine, et je pensais profiter un peu de cette liberté d'être volatile jusqu'à mes 30 piges à peu près... Mais imaginons que je sois enceinte là et que je le sache, j'aurais dit oui je pense ! Un délai, quelques mois tout au plus ! Mais je te l'accorde que la surprise ne sera plus la même, mais elle sera là... Donc retente ça d'ici mars-avril !

Mais t'inquiète, je t'aime tellement, que j'ai mal quand je te vois pas ! Mais il faut juste un peu de temps. Je veux pas non plus prendre ce genre de décision à la légère, tu comprends ? On est ensemble depuis aller, un mois et demi, c'est du tout neuf. On vit un peu en mode bisounours, pas une seule engueulade, et ça pour un couple, c'est rare, sauf au tout début de la relation ! ^^'

[Louis-Damien Lacroix de Beaufoy]

Louis-Damien était dérouté, il avait du mal à comprendre tout ce qu'Hélène lui disait. Un peu plus brusque qu'il ne l'aurait voulu il demanda :

- C'est ça qui t'effraie ? Que nous ne soyons jamais disputé depuis que nous sommes ensemble ? Mais enfin, si tu m'aimes et que je t'aime aussi, si nous n'avons jamais eu de disputes, c'est que notre couple va bien, non ? Je croyais que les sentiments suffiraient à ce qu'on se marie... je ne comprends pas, je ne comprends plus...

Il était vraiment perdu. Il secoua néanmoins la tête et dit, sans y mettre du coeur, un peu las :

- Attends le temps qu'il te faudra... quand tu seras prête. Nous nous sommes offerts l'un à l'autre dès la première nuit... ce n'était pas trop tôt, nous étions prêts... ai-je fait quelque chose de mal ? Sois franche s'il te plait, parce que je ne sais plus où j'en suis, je croyais t'avoir compris mais je me suis totalement planté, sur toute la ligne, visiblement...

[Hélène Le Menn]

Écoute, pour être franche, je suis pas encore prête, enfin je le pense. J'ai besoin de réfléchir... Ce qui me dérange dans tout ça, c'est l'endroit de ta demande... L'invitation en elle-même, je suis ravie, mais j'aurais préféré que tu me demandes cela dans un endroit bien plus intime, c'est tout !

Sur ces mots, Hélène lui fit un beau clin d'œil. L'un de ses plus beaux, et même accompagné de son "meilleur" sourire. Histoire de lui montrer qu'elle n'était pas totalement contre le fait qu'ils se marieraient un jour ou l'autre... Cela pourrait même arrivé bien plus vite que ne le pensait Hélène et donc Louis-Damien !